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Critiques de Zehra Doğan (16)
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Nous aurons aussi de beaux jours

Nous aurons aussi de beaux jours n'est pas un livre ordinaire. Ce recueil des lettres écrites en prison par Zehra Doğan est une lecture puissamment humaine, terriblement émouvante, prouvant toute la force de l'esprit et de l'art pour venir à bout de l'oppression féroce et aveugle.

Journaliste et artiste plasticienne kurde, Zehra Doğan a créé JINHA, la première agence d'information de femmes en Turquie. Elle a réalisé un énorme travail auprès des femmes yézidies persécutée par Daesh mais a subi cinq mois de prison, accusée de « propagande pour une organisation terroriste » puis a été à nouveau incarcérée de juin 2017 jusqu'au 24 février 2019. Elle confie, dans une des premières lettres, que si la France lui avait accordé un visa, elle ne serait pas enfermée avec d'autres prisonnières politiques dans la geôle d'Amed, sinistre prison de Diyarbakır, ville importante du sud-est de la Turquie.

Toutes les lettres que je viens de lire ont été écrites durant ces vingt-et-un mois d'incarcération. Elles étaient adressées à son amie, Naz Öke, journaliste turque vivant en France. Avec Daniel Fleury, elle anime le webzine Kedistan, luttant pour la liberté d'expression.

En débutant ce livre que j'ai eu la chance de lire grâce à Babelio (Masse critique) et à l'éditrice des Femmes-Antoinette Fouque, je ne m'attendais pas à un contenu aussi riche et aussi érudit. Zehra Doğan m'a appris beaucoup de choses tant sur plan politique qu'historique, culturel et social.

Sans jamais larmoyer, l'autrice se confie, décrit avec précision ses conditions de vie sans oublier celles qui partagent le même sort, certaines ayant leur enfant avec elles ou étant très âgées comme mère Sisê (80 ans). Elles sont toutes prisonnières politiques et font preuve d'un courage admirable.

Zehra Doğan aborde tous les sujets, parle de la lune qu'elle parvient à voir entre les barbelés, des chats, des moineaux, des pigeons, d'une souris qui leur rendent visite mais c'est surtout lorsque ces femmes débattent des sujets les plus sérieux que ce qu'elle écrit va très loin dans la réflexion sur l'oppression exercée par les hommes sur les femmes. Malgré un quotidien très difficile, elles gardent une lucidité impressionnante et avancent des solutions qui feraient grandement progresser nos sociétés vers une réelle égalité.

Zehra Doğan ne fait pas qu'écrire des lettres si bien traduites par Naz Öke et Daniel Fleury, elle dessine et peint. C'est d'ailleurs parce qu'elle avait diffusé sur les réseaux sociaux une photo et son dessin de la ville de Nusaybin détruite par l'armée turque, qu'elle avait été condamnée. le matériel pour peindre ou dessiner étant interdit, elle rivalise d'imagination pour créer sur les supports les plus divers et utilise du concentré de tomate, du café, du thé, de la cendre de cigarette, du curcuma, du sang menstruel, de l'urine, du chou noir, de la mousse, de l'eau de javel afin d'obtenir des oeuvres étonnantes qu'elle peut communiquer à l'extérieur et dont certaines sont exposées au MUCEM, à Marseille. J'ajoute qu'un superbe cahier central en couleur sur papier glacé permet d'apprécier le talent de l'artiste.

De leur côté, Naz Öke et Daniel Fleury lui écrivent beaucoup, mobilisent des soutiens dans le monde entier, organisent des festivités pour faire parler de Zehra qui dit parfois sa gêne devant tant de générosité.

Lorsque vient enfin la libération tant attendue, après un transfert traumatisant loin de sa famille, à Tarsus, Zehra Doğan tient à citer nommément plusieurs amies très chères qu'elle doit laisser derrière les barbelés, ajoutant un mot précis et émouvant sur chacune d'elles.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Nous aurons aussi de beaux jours

Zehra Doğan représente, comme l'écrivaine Asli Erdoğan (voir mon billet du 19 juillet 2017) d'ailleurs, un colossal danger pour le potentat qui malheureusement gouverne la Turquie actuelle. C'est dingue comme cet esprit éclairé compte des ennemis à l'intérieur et à l'extérieur de son royaume. À tel point même qu'il a éprouvé le besoin d'organiser, en 2016, un coup d'état manqué afin de mettre des dizaines de milliers d'ennemis en taule. le manque de place dans l'univers carcéral turc l'a obligé pour recueillir ces nouvelles recrues, de vider de prison des milliers de droit commun. Pourtant le président turc est un homme très pieux comme le prouve sa décision récente (le 10 juillet 2020) de transformer le musée de la Sainte-Sophie à Istanbul en lieu de culte islamique.



Autant que j'apprécie Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938) qui a modernisé sa nation, autant que le rétrograde Recep Tayyip Erdogan, en fonction depuis déjà 6 ans, me déplaît foncièrement.



Toujours est-il que Zehra Doğan qui n'a que 32 ans en a déjà passé 2 en prison. Sa faute ?

Être intelligente, Kurde et dynamique. Fonder une agence d'information féministe kurde "Jinha" , obtenir à 27 ans le Prix du journalisme en écrivant sur les femmes yéźidies, divulguer une gravure sur les dommages aux bâtiments de la ville de Nusaybin, proche de la frontière syrienne, écrire sur la situation à l'est de la Turquie etc.... a été un peu trop pour le maître borné et tout-puissant des lieux.



"Nous aurons aussi de beaux jours" est un recueil de lettres que Zehra a écrites pendant ses 600 jours d'emprisonnement et compte presque 300 pages. Il est illustré entre autres avec des ďessins au crayon et stylo-bille de la jeune artiste incarcérée et des oeuvres peintes avec son sang après qu'on lui avait confisqué son matériel.



Zehra a partagé son séjour au bagne avec un autre élément dangereux : la belle barde kurde, Nûdem Durak, un an plus âgé qu'elle (née en janvier 1988) qui a, en 2015, écopé pour propagande terroriste, à savoir ses chansons folkloriques kurdes, 10 ans et demi de taule, mais une peine qui a été augmentée l'année suivante à 19 ans. Aussi bien qu'elle retrouvera la liberté en ... 2034 ! Une campagne internationale d'une rare ampleur a été menée pour sa libération cette année sous les auspices d'Angela Davis, Noam Chomsky, Ken Loach... et du côté Français de Françoise Vergès, Elsa Dorlin, Laurent Gaudé, Gérard Mordillat, etc.

Nûdem s'est plainte de tortures et que les gardiens lui ont cassé sa guitare (l'arme du crime).



Les lettres de Zehra Doğan sont adressées à la journaliste turque Naz Öke, qui vit en France, et couvrent une période qui va du 21 juillet 2017 au 3 février 2019. Si dans l'ensemble le ton des missives de Zehra est optimiste, dans le sens du titre du recueil, l'auteure traverse bien entendu des moments difficiles. Pour ne pas s'enfermer dans ce qu'elle appelle sa "prison intérieure", elle lit "sans cesse", surtout sur l'histoire du Moyen-Orient, et elle donne des cours de dessin à ses codétenues.



Les lettres sont très littéraires, voire poétiques, et certaines de vrais bijoux. Son âme artistique transparaît même dans la description de la visite journalière d'un chat qui y vient manger et des tourterelles qui ont fait leur nid dans une des pelotes de barbelés qui surplombent la promenade et y ont eu 2 petits.



Lorsqu'en novembre 2017, à Zurich, le Prix de la libre pensée est décerné à Zehra Doğan c'est sa correspondante Naz Öke qui va le recevoir en son nom.



Au début de son incarcération notre Zehra nota : "La vie est dure, mais si tu es Kurde, ou si tu appartiens à un peuple opprimé de n'importe quel pays, alors la vie est dix fois plus dure".

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Prison n°5

Zehra Doḡan, journaliste et artiste kurde est condamnée à 2 ans, 9 mois et 22 jours de prison pour « propagande terroriste »… après avoir dessiné la destruction de la ville de Nusaybin ! Elle réussit à faire sortir de prison les planches qu’elle réalise au quotidien et qui témoignent de la vie dans les geôles turques : « C’est eux qui ont détruit et brûlé les villes. Moi, je n’ai fait que le dépeindre. »

En octobre 2015, l’État rejette le processus de paix, à la suite d’un attentat pendant une manifestation à Ankara. Il utilise l’artillerie lourde, des blindés et des avions de chasse contre la résistance qui s’organise. En 2016, des milliers de fonctionnaires sont limogés par décret, des universitaires sont exclus et arrêtés pour avoir lancé un appel à ce que cesse la guerre. Zehra Doḡan raconte l’intense répression du régime contre la communauté kurde : explosions, morts, arrestations, couvre-feu, assassinats par centaines.

Elle parle aussi de l’organisation dans le quartier BK4 de la geôle d’Amed, avec ses compagnes d’infortune, prisonnières politiques : les repas pris ensemble, partagés de façon égalitaire, les temps de réflexions, la lecture collective et commentée des journaux. Elle en présente quelques unes, enfermée depuis plus de vingt ans ou avec leur enfant. Elle évoque la joie retrouvée en leur compagnie et qui ne la quittera plus : « Il reste une parcelle de bonheur en nous. Peu importe le lieu, il devient vivable. »

Elle revient sur l’histoire sanglante de la Turquie et de sa politique nationaliste, qui impose l’assimilation par la force à toutes les minorités, sur l’histoire de la résistance kurde et du PKK, depuis sa création en 1978, reliant la plupart de ces récits à cette prison militaire, nommé « n°5 » depuis le coup d’État de 1980 : une interminable série de tortures, persécutions et d’humiliations, plus abjectes les unes que les autres, auxquelles répondent des actes désespérés ou des actions de résistance et de révolte.



« Toutes les pages de ce livre sont sorties de la prison en cachette, une à une. » Il ne s’agit pas là d’une bande dessinée ordinaire, mais d’un témoignage direct, brute et brutal, animé par le seul souci de rendre compte et hommage.



Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Les yeux grands ouverts : Journal d'une con..

Je lirais ce livre dès sa sortie ne serait-ce qu'en raison du fait que Zehra Dogan est incarcérée pour la seconde fois pour délit d'opinion sur ordre du " très démocrate " Erdogan .

Journaliste rebelle à la dictature , Zehra Dogan , tout comme bien d'autres opposants refusant de courber servilement l'échine , se bat avec obstination et courage pour dénoncer l'inacceptable .

Le site Kedistan.fr donne régulièrement des nouvelles , non officielles , de ce qui se passe dans ce pays des lumières éteintes . Y sont donc montrés à voir le sort réservé aux contestataires de l'autorité d'Erdogan : Asli Erdogan par exemple .

Nos gouvernements sont bien silencieux sur ces faits troublants et rien ne sert de vouloir les rappeler à leurs obligations morales , ils en sont dépourvus quand ça les arrangent .

A ceux qui auraient lu " Midnight express " il est inutile d'expliquer que les prisons turques n'ont jamais été comparables à des camps de vacances et que les droits des détenus peuvent varier de moins 10 à zéro . Que les autres se renseignent ou se portent volontaires pour y aller voir .

Grace au talents de l'actuel pouvoir turc , l'inflation de la monnaie turque s’aggrave et la courbe des résultats économiques plonge . Vous pouvez aider en décidant de ne pas être touriste en ce beau pays , en vous abstenant de consommer tout abricot venant de Turquie ( ils sont loin d'être bio ) en boycottant l'électroménager Beko etc .... quand le peuple et le capitalisme turc en auront assez de se serrer la ceinture il donneront congé au dictateur !
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Les yeux grands ouverts : Journal d'une con..

Ce livre est le récit de plusieurs mois de clandestinité vécus par une jeune journaliste féministe kurde dans son propre pays la Turquie. Zehra Doğan, condamnée à 2 ans et 10 mois de prison, pour un dessin puis pour avoir publié la lettre et la photo d'une fillette kurde de 10 ans. Elle est incarcérée une première fois pendant 141 jours au cours desquels elle mobilise ses codétenues pour la fabrication toute artisanale d'un journal illustré des oeuvres de Zehra. Car cette jeune femme de 28 ans, outre ses études de journalisme, est une artiste talentueuse et reconnue.



Remise en liberté provisoire dans l'attente de son procès, elle ne se rend pas à la confirmation du verdict de sa condamnation et se cache de Mars à Juin 2017. Elle est arrêtée le 12 Juin alors qu'elle tente de visiter sa famille. Elle est depuis détenue à la prison de haute sécurité de Diyarbakir, ville dont elle est originaire, au sud-est de la Turquie, à une encablure des frontières irakienne et syrienne. Cette fois, aucune autorisation de dessiner ou de peindre ne lui est donnée.



Pendant les mois de clandestinité, elle peint et témoigne de la guerre que mène l'état au Kurdistan turc. Elle vit plusieurs mois dans la ville de Nusaybin alors sous couvre-feu permanent et assiste, impuissante, à la violence, aux massacres de familles et d'enfants, à la destruction des maisons par les chars turcs, sans qu'aucun écho n'arrive à nos oreilles occidentales, ou alors sous forme de vagues communiqués de lutte antiterroriste.



Le magazine KEDISTAN et son association mènent une campagne d'information formidable ainsi que de soutien aux journalistes emprisonnés. On peut, par exemple, adresser des livres aux bibliothèques des prisons, des cartes postales aux détenus (modèles écrits en turc sur le site). Grâce à la complicité d'une éditrice, les oeuvres de Zehra Doğan ont pu sortir de Turquie et circuler en Europe. La seconde partie du livre les présente. Elles se sont arrêtées en Janvier en Finistère, au Dourduff en mer, où j'ai pu aller visiter l'exposition. J'allais dire admirer, tant le talent de Zehra est grand et percutant, mais ce verbe renvoie à la beauté et il est indécent de penser que la guerre puisse en générer. Par contre, la guerre génère du courage et Zehra Doğan n'en manque pas.



Photos et liens sur le blog.
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Nous aurons aussi de beaux jours

Cet ouvrage est une claque, un coup de poing, qui nous frappe lorsqu'on s'y attend le moins. La première moitié est plus douce, Zehra raconte son quotidien, ses peintures et exprime son attachement à Naz sa correspondante au travers de lettres assez courtes. Mais au fil de la détention de Zehra, ces lettres deviennent ensuite plus longues, plus politiques, plus engagées, et surtout plus déchirantes. Nous découvrons son histoire et les destins des femmes qui l'entourent en prison et notre ventre se serre devant tant d'horreur et d'inhumanité. Zehra sait raconter, elle sait rendre lisible l'indicible. Je n'ai pas eu envie d'arrêter ma lecture, mais j'ai eu envie de me lever pour défendre ces femmes qui donnent leur liberté ou leur vie pour leur.s combat.s.

Un témoignage fort, féministe et admirablement écrit.



Livre lu dans le cadre de la masse critique Babelio - Merci aux Editions des Femmes - Antoinette Fouque.
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Nous aurons aussi de beaux jours

Mes mots seront pour certain(e)s sévères mais dans la mesure où ils expriment mon ressenti avec honnêteté je ne peux ici les écarter. Je suis déçue de l'ouvrage que j'ai lu; terriblement déçue. Quoi? Comment? diront les sympathisants de la cause kurde qui aiment et apprécient, comme moi, Zehra Dogan. Oui, en effet, mais laissez-moi argumenter chers camarades. C'est parce qu'il s'agit d'elle que je suis si terriblement déçue. C'est parce qu'il s'agit d'elle que j'espérais tout sauf une publication de lettres privées qui n'ont, dans l'ensemble, pas vraiment d'intérêt. Et ce n'est pas tant l'auteure des lettres que je blâme mais celles et ceux qui ont décidé de les traduire et les publier en l'état sans travailler l'ensemble.



Les lettres écrites par la journaliste, artiste et militante féministe kurde pour laquelle j'ai une grande admiration sont des lettres privées envoyées à Naz Öke (journaliste d'origine turque qui vit en France et participe au site Kedistan) pendant toute la période de son incarcération. Zehra Dogan, pour celles et ceux qui l'ignorent, a effectivement été emprisonnée entre 2017 et 2019 pour un dessin numérique qui représente la destruction de la ville de Nusaybin en 2016 par les autorités turques à l'origine de véritables crimes contre l'humanité au Kurdistan. Arrêtée le 21 juillet 2016 à Mardin puis relâchée, elle est de nouveau incarcérée le 12 juin 2017 par décision du Tribunal qui la condamne à une peine d'enfermement de 2 ans, 9 mois et 22 jours. Et c'est ici, à partir de la prison de Diyarbakir, qu'elle commence son échange épistolaire avec Naz Öke.



Les deux femmes échangent énormément. C'est d'ailleurs grâce à ces échanges que les planches de Zehra Dogan sortiront clandestinement de prison pour être publiées dans « Prison N°5 », un ouvrage magnifique que je vous conseille absolument. Mais si j'ai adoré ses planches, je n'ai pas été intéressée par ses lettres écrites de prisons car, je persiste à le dire, ces échanges privés n'avaient pas vocation à être tous publiés. La majorité ne dit rien, ne présente aucun intérêt - à mes yeux en tout cas - et celle-là pollue l'ouvrage, l'alourdit, l’appesantit. Celle-là noie les quelques-autres qui peuvent présenter un intérêt. Dans certaines d'entres elles, Zehra Dogan témoigne, dessine le profil des femmes kurdes incarcérées injustement, arbitrairement. Dans certaines d'entres elles, l'artiste pose des questions intéressantes, aborde des thématiques nourrissantes, parle de l'ingéniosité employée pour peindre et dessiner dans une prison qui interdit toute activité artistique. Et ce sont elles qu'il fallait privilégier. Ce sont elles qu'il fallait mettre en avant. Il ne fallait pas publier le tout, sans faire de tri, comme si toutes se valaient. Sinon, on accouche d'un livre soporifique, qui ennuie, qui endort car je le répète ses lettres sont d'abord privées et on n'écrit pas des lettres privées comme on écrirait des lettres publiques. La différence se perçoit tant que les dernières lettres sont plus intéressantes que les premières car la dessinatrice sait, visiblement, qu'elles seront publiées.



Il ne suffit pas de s'appeler Zehra Dogan pour intéresser. Le nom de l'auteure ne suffit pas. Il faut de la matière, du contenu. Et il en manque ici cruellement. Zehra Dogan n'est pas une marque mais un contenu et ce n'est pas lui rendre hommage que de publier un livre aussi mal agencé dont on ne retient que les louanges dressées à longueur de lettres à Naz Öke. Ces échanges épistolaires là, moi, ne m'intéressent pas. 



Je vous avais prévenu, mes mots sont sévères.



Et s'il fallait découvrir Zehra Dogan, ce que je vous invite à faire, je vous conseillerai surtout de la découvrir à partir de ses dessins, ses peintures, ses planches publiées dans le formidable "Prison numéro 5." Lisez ses lettres si vous voulez découvrir ce qu'elle y dit mais je vous préviens de l'ennui que vous y subirez.
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Prison n°5

Encore, Kani? Encore les Kurdes et leurs souffrances? Encore la tristesse et les larmes? Encore le coeur brisé et l'âme torturée? Encore, oui. Encore car on en parle jamais assez ; encore puisque la répression n'a pas cessé ; encore parce qu'il faut dire haut et fort ce qu'ils font subir aux Kurdes, ici prisonniers. Encore. Quitte à vous soûler, vous lasser. 



La talentueuse et courageuse Zehra Dogan raconte ici les tortures physiques et psychologiques infligées aux prisonniers politiques dans les geôles turques. Armée de son crayon, elle dessine et témoigne pour que le monde sache ce qu'il se passe derrière les murs de béton, pour qu'il entende les cris étouffés, pour qu'il voit les corps meurtris à jamais. 



Et qui mieux qu'elle pour en parler? L'artiste kurde témoigne en effet de l'intérieur. Arrêtée et  emprisonnée pour avoir simplement dessiné la répression sanglante qui a eu lieu en 2015 à Nuseybin - où je le rappelle l'armée turque est coupable de véritables crimes contre l'humanité, la jeune femme a réussi à sortir clandestinement ses planches pour témoigner de la répression continue en milieu carcéral. En Turquie, rien n'a changé, en effet. 



La prison numéro 5, titre de son album, est une prison "célèbre" pour avoir été le haut lieu de la torture en Turquie au lendemain du coup d'Etat militaire en 1980.  Située dans la ville kurde d'Amed (Diyarbakir) et dirigé par le tortionnaire Esen Oktay Yildiran, elle a accueilli des dizaines de milliers de prisonniers politiques kurdes qui y ont subis des sévices inimaginables - racontées et documentées par quelques survivants dont Mehdi Zana qui a publié un livre sur le sujet (Prison n° 5, 11 ans dans les geôles turques). Zehra Dogan les rappelle. Elle ne les oublie pas, elle non plus, car elles font parties de notre Histoire. Elle ne les oublie pas car les tortures sont toujours aujourd'hui infligées aux Kurdes en Turquie. Elle ne les oublie pas et veille à ce que VOUS ne les oubliez pas. 



Lisez. D'urgence. Lisez car vous serez avertis des horreurs commises en Turquie. Lisez par solidarité. Lisez par soucis d'humanité.  









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Nous aurons aussi de beaux jours

Vous m’avez permis de ne jamais vivre la solitude



Naz Öke dans son « Préambule d’une traductrice aux cheveux rouges », indique « Alors, peu importe si c’est à moi que sont adressées ces lettres… Zehra nous parle à toutes et tous, elle murmure de sa plume, au nom de ses ami·e·s emprisonné·e·s, au nom des femmes, au nom de son peuple ».



Des échanges épistolaires pour l’une et pour toustes, la privation de liberté et la précieuse conviction que « Nous aurons aussi des beaux jours »…



Une femme, artiste, peintre, dessinatrice, poétesse, écrivaine, une femme et d’autres femmes, « Ils nous ont toutes mises dans cette cage », le gris et les fleurs, « Il est difficile de décrire la nostalgie qu’on peut ressentir pour une fleur », une prison et ses quartiers, des lettres et des dessins, des histoires, « J’ai commencé aussi à écrire des nouvelles. Ici, chaque femme a sa propre histoire. Je pense les écrire et les illustrer. Si je sors un jour, je pourrais les peindre aussi sur toile. A ces pensées, mon incarcération me pèse moins », la confiscation et le vol des rêves, la solidarité en la souffrance, l’enfermement et l’esprit non prisonnier, les projections avec la correspondante amie…



Zehra Doğan parle de domination masculine et des femmes, « Nous devons combattre avec encore plus de force la domination masculine, qui décide comment nous devons vivre, comment nous devons parler, nous vêtir, nous maquiller, quelle taille et quel poids nous devons avoir, de quelle façon nous devons pratiquer le sexe, et même de quelle façon nous devons mourir », de dessins confectionnés grâce aux déchets, de jinéologie, des vies et des espérances des unes, de la révolte d’autres, de langue et des Kurdes, « Si on ne supporte même pas le nom d’un seul Kurde, comment pouvons-nous parler d’humanité ? », des dogmes religieux créés par des hommes dans des ziggourats, des particularités de chacun·e, des expositions et des lectures qui lui sont consacrées, des prix aux prisonnier·es d’opinion, d’art et d’indépendance, « L’art qui mange dans la main du pouvoir est déjà en état de putréfaction », des répétitions et des clichés, des libertés étouffées…



Par ces lettres et dessins, l’autrice nous fait parcourir les conditions de l’enfermement et les pensées de l’émancipation, les résistances aux pouvoirs, les solidarités derrière les murs…



La geôle et les montagnes, le 25 novembre des femmes contre les violences, la réduction de la pensée en copier/coller, les simulations de la vie, les chats sur le toit, le lierre des pensées, la morale devenue obéissance, le jargon pédant d’intellectuels constipés… Le temps en prison se conjugue en différentes couleurs, « il y a des jours où je ne parviens plus à imaginer que ces mauvais jours auront une fin »…



J’ai notamment apprécié, le retour sur les procès, les audiences en kurde, le ruissellement du savoir et le nouvel alliage, la peur qui murmure, la soirée de lecture, les violences contre les Yézidi·es, les viols de petites filles, « Combien de personnes ont entendu la voix de cette enfant ? On peut les compter sur les doigts d’une main. Dans les yeux de cette petite fille destinée au marché aux esclaves, il y avait tout l’univers. Ces yeux n’avaient pas accepté d’être occultés par ce rideau taché du sperme patriarcal », la résistance des femmes « kurdes, yézidies et de toutes les femmes nous honore », la puanteur des aisselles du monde masculin, la vie toxique au nom de la liberté, le monde masculin des dieux et des prescriptions, les hommes et leurs fantasmes sexuels, la double morale et le sexe, « Je pense que le jour où les dieux et les prophètes seront morts, les femmes danseront »…



Les peintures proposées en disent, pour moi, bien plus que bien des mots.



Je souligne aussi les paragraphes sur les langues, l’interdiction de langues dites maternelles, « Pour anéantir un peuple, les dominants commencent par anéantir sa langue », les tentes d’exilé·es, l’invasion « à partir du corps des femmes », le tabou du sexe et des organes génitaux, « Il est frappé d’interdit. Il l’est même pour nous. Ils nous ont même interdit… nous-mêmes », le massacre des Arménien·nes, l’hostilité anti-arménienne du fait du nationalisme…



« Cette lettre est la dernière de ma période d’emprisonnement. Je vais fermer, avec ces lignes, notre correspondance de prison. Le temps que cette lettre t’atteigne, je serai libérée »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Nous aurons aussi de beaux jours

Ce livre dont je vais vous parler plutôt longuement aujourd'hui, a pour sous-titre "Écrits de prison". Il est paru aux Editions des Femmes, à la fin du mois de novembre dernier. Je l'ai reçu lors de la dernière Masse Critique de Babelio, que je remercie ici ainsi que l'éditeur pour leur confiance.

Evidemment j'ai pris tout mon temps pour le découvrir, car ces lettres bouleversantes, écrites en prison par la journaliste et militante kurde, Zehra Dogan ne peuvent se lire comme un roman, vous le comprendrez. Elles sont adressées à Naz Öke, une journaliste devenue son amie, installée en France, qui en a assuré la traduction avec l'aide de Daniel Fleury, tous deux animant le site d’information "Kedistan" pour la liberté d'expression. Je vous mets en lien l'article écrit par Daniel Fleury. Vous y verrez certaines œuvres de Zehra Dogan, car cette jeune femme est aussi une artiste d'exception. Un cahier central présente d'ailleurs quelques-unes de ses oeuvres.



Zehra Dogan a été emprisonnée pour propagande terroriste et dessin subversif, entre juillet 2017 et février 2019. Ces lettres constituent donc un témoignage récent de la situation en Turquie.



En août 2016, alors que l'armée turque bombarde la ville de Nusaybin et que des milliers de civils fuient, des chars pénètrent dans la ville. La photo de ces chars surmontés par de nombreux drapeaux turcs, va être diffusée par tous les médias, et devenir un objet de propagande et le symbole de la victoire de l'armée turque.



Zerha Dogan qui habite la ville en fait un dessin...qu'elle partage sur les réseaux sociaux. Elle sera jugée coupable d'avoir "dépassé les limites de la critique" et va devenir la première femme au monde, condamnée et emprisonnée pour un dessin.

Vous trouverez de nombreux sites qui reprennent en détails son histoire...

Elle a reçu en 2015, le prix Metin Göktepe en récompense de son travail sur les femmes yézidies, qu'elle a été la première journaliste à interviewer. Je vous rappelle que ces femmes ont échappé à Daesh et que leur témoignage est précieux.



En 2016, Zehra Dogan avait déjà été emprisonnée et accusée de propagande pour une organisation terroriste, mais elle avait été relâchée quelques mois plus tard.

Ce qui m'a révoltée c'est d'apprendre qu'elle avait demandé à la France un visa, qui est arrivé bien trop tard après sa seconde arrestation, une arrestation qui aurait pu donc être évitée...



Ces lettres chargées d'espoir, et emplies d'humanité, montrent à quel point cette femme est courageuse et prête à tout pour continuer à militer pour la liberté d'expression et la liberté des femmes, ainsi que pour le droit des kurdes, même en étant emprisonnée. Si elle a des moments de découragement bien compréhensibles, ils ne durent jamais bien longtemps et sont suivis par des moments de réflexion, favorisés dit-elle par son incarcération.

Au fil de ces lettres, tandis que Zehra fait connaissance avec Naz, qu'elle rêve de rencontrer, et que toutes deux se lient d'amitié, le lecteur découvre la vie en prison dans ces quartiers de femmes.

Zehra apprend à Naz la vie de ses co-détenues avant leur emprisonnement, tandis que Naz parle de sa maison, de ses chats, de son jardin et leur apporte soutien et rêves éveillés.

Toutes échangent aussi sur la situation politique extérieure, dont les dernières nouvelles n'atteignent pas toujours le quartier des femmes alors que Naz, de la France, en sait davantage.

J'ai trouvé émouvant les passages où elle décrit leur condition de détention mais aussi les nombreux échanges qu'elles ont entre co-détenues. Ces femmes courageuses, qui ne savent pas toujours pourquoi elles ont été arrêtées, la soutiennent dans son art, lui livrant avec confiance leur ressenti, et elle qui est une artiste accomplie, tient compte de leur remarque, n'hésite pas à leur apprendre à dessiner, à apprendre d'elles en mettant en valeur ce que chacune a de richesses intérieures.

Elles cherchent aussi ensemble, des explications sur les causes de l'emprisonnement des femmes, dans l'histoire mais aussi auprès des philosophes et des intellectuels.

Zehra n'hésite pas à revisiter son enfance à se questionner sur la façon dont elle a été élevée, sur l'éducation qu'elle a reçue de ses parents, bien consciente qu'elle leur doit d'être ce qu'elle est aujourd'hui. Elle nous donne aussi son avis sur sa vision du couple et de l'homme, dans cette société si étouffante pour la parole des femmes.

Elle raconte aussi comment elle a été obligée de travailler pour étudier, de fuir comme des milliers de kurdes, ce qui explique qu'elle se sente si solidaire de ses co-détenues et se batte pour leur cause.

En parallèle à cette vie de recluse, Zehra Dogan ne cesse jamais de créer alors qu'on lui a enlevé tout son matériel. Elle utilise ce qu'elle trouve comme pigment : de la sauce tomate, du curcuma, de l'urine, du sang menstruel, du marc de café, des fientes d'oiseaux. Elle fabrique des pinceaux avec des plumes ou des cheveux. Et utilise comme support des tissus, des journaux, des enveloppes.

Régulièrement les gardiens la dérangent dans sa création, lui confisquent ses pigments, mais en cachette, elle arrive à faire sortir certaines de ses œuvres qui vont être exposées alors qu'elle est toujours emprisonnée. Une première série "Les yeux grands ouverts" a été exposée en France (un livre du même nom vous fera découvrir ses œuvres). Elle a reçu plusieurs prix.

Enfin, elle ne se contente pas de peindre, parfois couchée sous son lit, la nuit à la lumière de la lune, ou installée dans un placard, elle écrit aussi, et pas seulement des lettres passionnées à son amie, mais des nouvelles, des témoignages dans lesquels elle raconte la vie de ces femmes qui l'entourent et lui apportent courage et désir de poursuivre sa lutte.

Cependant, un jour de désespoir (et de rage) elle a déchiré la plupart de ses cahiers : elle venait d'apprendre qu'elle allait quitter sa ville natale pour être transférée à la prison de Tarse, un transfert qui l'a isolé et éloigné de ses amies.



Zehra Dogan vit désormais à Londres où elle est invitée en résidence et ses œuvres n'ont de cesse d'être exposées dans le monde entier comme en France, en Italie...

Mais elle ne demande pas l'asile, elle veut croire qu'un jour prochain elle pourra rentrer chez elle et retrouver son pays, libre, un pays où elle espère qu'enfin tous les intellectuels pourront s'exprimer librement et le peuple vivre en harmonie.

Vous pouvez la retrouver sur son propre site ou sa page Facebook.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Nous aurons aussi de beaux jours

" Les Kurdes ont la résistance au coeur et elles ne sont pas seules, jamais. Elles lisent ensemble et débattent, dessinent, font de la gymnastique, conversent sans fin, se racontent, élaborent des stratégies, rient, pleurent et rient encore. (...) Dans cette assemblée bruissante de femmes enfermées où les noms et les visages se précisent puis s'estompent, les histoires personnelles forment la trame d'une Histoire commune tragique, celle du peuple kurde et celle des femmes kurdes, dans le tourbillon des massacres, de la répression sans fin, mais aussi d'une résistance acharnée, avec la vitalité gazonnante d'une végétation qui s'entête à verdir et fleurir sa terre. (...)"

Extrait de "Nous aurons aussi de beaux jours de Zehra Dogan", Double Marge, octobre 2019
Lien : https://doublemarge.com/nous..
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Les yeux grands ouverts : Journal d'une con..

" Les yeux grands ouverts, journal d'une condamnation / chronique d'une exposition, de Zehra Doğan, est un magnifique petit livre qui rassemble dessins et courts textes sur une période de quelques mois. (...) Jusqu'au 21 juillet 2016, le journal de bord relate le quotidien effroyable d'une guerre génocidaire qui ne dit pas son nom. (...) La plus grande partie du recueil est composée des dessins de Zehra, et on comprend que les yeux grands ouverts sont ceux de Ceylan Önkol, enfant tuée en 2009 par l'armée : « Comment pouvait-elle savoir qu'elle allait raconter au monde que tout ce qui se disait (ici) était des mensonges? » (...) "

Extrait de l'article publié dans le magazine Double Marge le 30 octobre 2019
Lien : https://doublemarge.com/les-..
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Prison n°5

Un aperçu de l'enfer. Nous, occidentaux privilégiés (plus ou moins mais quand même bien plus que dans beaucoup de pays) aimons nous faire peur parfois, regarder des films, des séries ou lire des livres et des BD qui imaginent un monde totalitaire, violent et où la vie serait plus terrifiante que la mort. Quand je lis ce genre d'ouvrage, cette réalité dépeinte, je réalise toute notre futilité et notre aveuglement. Ce n'est pas comme si je ne savais pas mais ce ne sont que des idées vagues, ça se passe loin, ça ne me concerne pas. Vraiment ? je suis terrifiée quand je lis ça, mortifiée aussi parce que je ne comprends pas, vraiment pas, qu'on puisse encore tolérer ces régimes, pire encore, s'en faire des amis au nom de la diplomatie qui cache en fait un tout autre moteur : l'argent. Et je ne dis pas ça sous couvert de "en temps qu'occidentale je sais ce qu'il y a de mieux pour les autres" je ne dis pas que la démocratie sous laquelle je vis est bonne, encore moins parfaite ou pleine d'espoir, en vérité plus le temps passe plus j'ai le sentiment qu'ils ne prennent même plus la peine de soigner le masque de cette démocratie, nous glissons vers quelque chose de sombre voilà pourquoi je suis terrifiée quand je lis cette BD, l'histoire de la Turquie, des Kurdes, de ce qui s'y passe encore. Je suis en colère pour eux, je ne peux même pas imaginer comprendre moi qui ai toujours été protégée, qui ai toujours eu un toit, ma liberté de mouvement et d'expression. Mais je suis terrifiée parce que l'humain est capable de ça. Il peut infliger ces sévices, ça ne sort pas de l'imagination de l'autrice, ils et elles (les prisonniers et les kurdes) survivent à ça et il y a des humains qui prennent plaisir à infliger ça. Les droits sont bien fragiles face à la violence aveugle où que ce soit dans le monde. Il faut arrêter de croire que nous en sommes à l'abris.

Le pire dans cette BD c'est peut-être le ton employé, aucun pathos, juste une énumération de faits, une neutralité totale, presque aucune colère, une pointe de mélancolie et de tristesse peut-être mais à peine. L'autrice pointe du doigt, c'est tout. Et à quoi servirait de faire plus ? La réalité est tellement terrible en soi qu'elle ne nécessite rien d'autre que d'être énoncée.

Et, en finalité, demeure un sentiment d'impuissance face à une volonté stérile de faire imploser tous ces systèmes qui vivent sur la souffrance, la violence, l'intolérance.
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Prison n°5

Récit réalisé au crayon et stylo rouge sur papier kraft, au verso de lettres envoyées par une amie libre, Prison n°5 est à la fois un témoignage individuel d’une réalité rarement documentée, et un geste politique.
Lien : http://www.bodoi.info/prison..
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Prison n°5

Carnet de détention d’une prisonnière kurde dans les geôles de Turquie.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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Prison n°5

Prison n°5 est un témoignage frontal, éprouvant et bouleversant.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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