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Devant la porte je ne balaie pas la neige ;
Sur les tuiles je ne m'occupe pas du givre.
Le printemps passe sur l'étang, sur la pente où la libellule
Baise le parfum profond de l'herbe...
A la hâte elle fait un joli nœud, puis
Comme prise d'une illumination
Là où personne n'est allé, elle s'en va s'effacer...
...
Cendres
Extrait 1
L'homme, même au plus fort de la joie, ne peut faire durer
son ivresse ; alors, il pense à la souffrance.
Goya
Ils ont été réduits en cendres
Le jour des vœux et du crâne rasé
Brûlés sur le givre d'une feuille qui tournoyait
Très beau très soudainement
L'automne cette année-là, et le givre venu vraiment tôt !
Mais moi je suis accoutumé à la solitude et aux frimas ;
Je n'aime guère être dérangé, qu'on se colle à moi
Être mis en feu
Même si c'est par le plus tendre des incendies.
Peut-être est-ce le reproche du ciel. Peut-être sont-ce les restes
brûlés d'un univers
Sortis d'une fumée froide.
La route est à faire et à faire, usée par la résignation des semelles !
…
Cendres
Extrait 2
Face à ces jours passés
Comme une dépouille après la mue
Qu'on reconnaît et ne reconnaît pas
Lorsqu'on tourne la tête. Sans savoir vraiment ce qui est le mieux
Les porter à ses lèvres, avec des larmes de remords et de joie ?
Ou les garder dans la distance, comme un miroir qu'on a traversé ?
Blessure insinuante, pénétrante :
Séparé par des montagnes plus éloignées à mesure que l'on va
Ils ont été réduits en cendres. Autrefois
Je fus le vent
Brûlé sur une feuille prise de givre et qui tournoyait.