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Critiques de Ziad Majed (3)
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Dans la tête de Bachar al-Assad

Une dictature, des crimes, des soutiens venus tant de l’extrême-droite que d’une partie de la gauche aveuglée par son campisme



Hafez al-Assad, Bachar al-Assad, le père et le fils, la Syrie, le gouvernement des vivant·es et des mort·es… un pays « effectivement brulé, sa population décimée, les haines ethniques et confessionnelles se sont exacerbées, et Bachar est toujours là, paonnant dans les décombres ».



Subhi Hadidi, Ziad Majed, Farouk Mardam-Bey proposent une histoire de « la famille, la secte, le clan », une histoire de la construction des individu·es et du pouvoir en Syrie. Ils analysent l’édification d’un « état patrimonial », des appareils de sécurité et du contrôle sur les rouages économico-institutionnels du pays.



Je ne souligne que certains éléments, la doctrine nosaïrite et la hiérarchie socio-religieuse, les « alaouites », les modifications de structure du régime, les changements dans l’armature du pouvoir, les hommes nouveaux et la « vieille garde », ceux qui pensaient « qu’une part de l’exploitation familiale qu’était devenue la Syrie au cours des trente années de la dictature de Hafez al-Assad leur revenait de droit », l’entre-soi fondé « sur un partage fonctionnel et précis des intérêts, des privilèges et des pouvoirs », la « stabilité dans l’asservissement », la « répurchie » (république monarchique), la transmission des pouvoirs, « le message sanglant sur le degré de violence qu’était prêt à déployer Hafez pour assoir le pouvoir de son fils »…



Il ne faut négliger les luttes intestines pour le pouvoir. Les auteurs montrent la transformation d’un fils en successeur, la métamorphose d’un colonel en chef de l’armée, le comment de la succession dynastique, les contextes de répression des libertés ou de démembrement du « corps social », les discours classiques des régimes répressifs et dictatoriaux, la « patrie » comme propriété privée de la famille régnante. Je souligne la partie sur « le printemps de Damas »et « le retour du bâton ».



Subhi Hadidi, Ziad Majed, Farouk Mardam-Bey analysent les fissures et les bouleversements, la « famille » et la communauté alaouite (et les « intérêts contradictoires qui existent au sein de cette communauté, comme de toute autre »), les politiques étrangères, les relations avec l’Iran et le Hezbollah… Ils nous rappellent que « la charpente triangulaire du régime – sécuritaire, militaire et économique – n’est en rien confessionnelle, quelle que soit la prépondérance numérique dans ses rangs de telle ou telle confession »,



Il convient de lire avec attention les paragraphes consacrés à l’armée et aux appareils sécuritaires, cette « gigantesque toile d’araignée qui compte près de 80 000 agents employés, en plus des centaines de milliers d’informateurs » dont hérita Bachar al-Assad.



Les auteurs insistent aussi sur la « trinité du régime – la famille, la secte et le clan – », les intérêts et les privilèges partagés, les réseaux d’allégeance… Ils soulignent aussi le culte de la personnalité et la machine d’endoctrinement idéologique, les visions essentialistes de l’arabité, les dérégulations « distillées avec parcimonie » de l’« ouverture économique », les relations de la bourgeoisie d’Etat et de la bourgeoisie d’affaires, les modifications structurelles de l’environnement socio-économique (entre autres, la réduction de la population rurale et de la part de l’agriculture dans l’économie) et l’émergence de nouveaux secteurs et leur accaparement…



Un système idéologique totalitaire, une image du président et sa fabrication, « Son image devait donc marquer un changement dans la continuité : le changement en tant que président réformiste, modernisateur, libéralisateur de l’économie, et la continuité qui était sa seule légitimité auprès des siens », les éléments constitutifs de l’image : « le modernisme, l’anti-impérialisme et la laïcité » et derrière les discours leurs réalités, les relations inter-étatiques et la coopération dans la « lutte antiterroriste », les populations Kurdes, le dossier libanais, les fonctionnements clientélistes, la monopolisation des nouveaux secteurs économiques et de ceux qui furent privatisés, les jeux de la « fibre confessionnelle », l’anti-impérialisme de pacotille mais qui a fonctionné et fonctionne encore – y compris dans une partie de la gauche radicale, empêtrée dans une vision campiste du monde -, la conception très particulière d’une « laïcité » revendiquée… et « La violence spectaculaire de Daech a détourné les regards de tout le reste »…



Les auteurs insistent, à juste titre me semble-t-il, sur des éléments d’histoire, en faisant des retours sur le père où l’histoire plus ancienne, des éclairages qui permettent de mieux comprendre, les relations avec l’Etat d’Israël et leur instrumentalisation, des objectifs de Hafez al-Assad : « l’assujettissement de l’OLP afin de se servir de la cause palestinienne comme atout dans son jeu régional et international, et une mainmise durable de la Syrie sur le Liban », le tournant représenté par le 11 septembre 2001, et le soulèvement des populations en Tunisie et les effets de contagion dans l’ensemble de la région…



Subhi Hadidi, Ziad Majed, Farouk Mardam-Bey détaillent les discours du pouvoir sur ces soulèvements, avant et après leur extension en Syrie, les évolutions des interventions de l’Iran en Syrie, la présence sur le terrain de « Gardiens de la révolution », l’entrée en Syrie des forces du Hezbollah libanais, des développements de luttes et de la répression, le nettoyage social et confessionnel dans plusieurs zones reconquises, l’usage du gaz sarin, l’acceptation internationale de fait accordant à Bachar al-Assad « un permis de tuer par toutes les armes en sa possession », les atrocités spectaculaires de Daech et la mise en silence des crimes du régime, l’intervention de la Russie…



Violence et immunité, crimes de guerre et probablement crimes contre l’humanité, architecture totalitaire, négation des droits des populations Kurdes, violence quotidienne, Syrie comme propriété privée, éradication des oppositions, tortures et viols, inscription de « la terreur dans la chair et dans l’esprit des Syriens », gestion bureaucratique des meurtres, déportations de populations, pillages et confiscations de biens, utilisation des armes chimiques, « la focalisation sur cette arme prohibée a eu pour effet de relativiser l’impact de tous les autres crimes », impunité construite et soutenue par bien de « nos ami·es »…



Une étude sur la construction et la transmission d’un pouvoir dictatorial.
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Syrie, la révolution orpheline

La révolution orpheline est, disons-le d’emblée, un document très précieux, un ouvrage indispensable à toute personne qui souhaite mieux comprendre la révolution syrienne et la longue descente de ce pays vers l’enfer actuel. Il s’agit donc d’un ouvrage dont la parution au printemps dernier est à saluer à plus d’un titre.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Dans la tête de Bachar al-Assad

Un dictateur après l’autre : dans cette série « Dans la tête de », trois auteurs décryptent le régime autoritaire de Bachar al-Assad, en rappelant l’héritage qu’il doit à son tyran de père, Hafez al-Assad.



Ce dernier profita de la mort de Nasser pour appliquer la doctrine « diviser pour mieux régner », en attisant les dissensions entre Palestiniens et factions libanaises, réprima très violemment la population syrienne, notamment à Hama en 1982, où naquit une contestation au parti Baas menée par les Frères musulmans. Bachar n’a donc rien d’un innovateur ; son père pratiquait déjà torture, viols, enlèvements et disparitions non seulement sur le sol syrien, mais aussi sur le sol libanais. Cet autoritarisme propre aux Assad fait l’objet d’une transmission planifiée et organisée par Hafez, qui manque de bol voit son héritier proclamé périr dans un accident de voiture : le timide Bachar doit prendre la relève de son frère Bassel…Si seulement il avait pu prendre cette succession un peu moins au sérieux !



D’après les auteurs, le triptyque modernisme, anti-impérialisme et laïcité permit au régime syrien d’être considéré comme digne de relations diplomatiques avec les pays occidentaux parmi le chaos régional ambiant ; l’épouse de Bachar, Asma, faisant d’ailleurs office de jolie vitrine du prétendu progressisme syrien et reçues dans nombre de capitale occidentales.



Nuançant le schéma classique d’une Syrie où les sunnites affronteraient la famille Assad liée aux alaouites, ce livre rappelle que les liens avec cette communauté existent certes, mais que cette dernière n’est pas homogène et rencontre les mêmes problématiques (fracture sociale, pauvreté, commerçants, urbains, ruraux…) que les autres communautés syriennes.

Ce qui répugne le plus reste sans doute l’incroyable prétention d’un président considérant son pays comme son domaine, sa chasse gardée, au mépris le plus total de la population. La « ligne rouge » des Américains durant la guerre civile est d’ailleurs critiquée, puisque polarisant tout le débat et laissant dans l’ombre les autres crimes odieux, comme s’ils étaient moins graves que l’utilisation d’armes chimiques. Une ligne rouge que le président Assad franchit allègrement et sans hésitation, manipulant l’opinion publique en se jouant de la rumeur et des peurs américaines suite au scandale des armes chimiques en Irak inexistantes.



Un fils décidément digne des atrocités de son père, tout aussi efficace dans la distillation du doute et du soupçon. On ne peut qu’être dégouté à la normalisation progressive de ce bourreau sur la scène arabe et internationale.
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