Zoé Davide

Encore une … Frayer avec les stars du showbiz va finir par me transformer en une véritable alcoolique si je ne peux éviter toutes ces fêtes où l’alcool et la drogue sont quasiment proposés sur des plateaux. Mon mal de crâne s’amplifie, frisant presque le mach 10, lorsque je me revois la nuit dernière regagner laborieusement ma chambre, soutenue par Kerstin Nilsson, mannequin comme moi. Je titubais tellement que la pauvre Kerstin n’avait eu d’autre choix que de me jeter sur le lit XXL avant de rejoindre elle-même sa chambre en oscillant dangereusement sur ses talons vertigineux. Ah, les talons… so sexy, mais avant tout, super pratique pour gagner en centimètres. Je ne suis pas très grande pour un mannequin et si le recruteur qui m’avait remarquée à l’époque n’avait pas misé sur mon potentiel photogénique, sans doute l’agence ne m’aurait-elle jamais proposé ce contrat miraculeux qui avait changé le cours de ma vie.

Il m’arrive de regretter d’avoir choisi la voie du mannequinat, mais je gagne tellement bien ma vie que je n’imagine pas faire marche arrière et risquer de me retrouver derrière la caisse d’un supermarché. Absorbée par la blancheur immaculée du plafond, je me demande avec inquiétude ce que penserait ma mère de ma vie dissolue. Elle pense que je suis toujours la même, une gentille petite fille sage qui fait son boulot et qui ensuite rentre chez elle pour peindre et dessiner. La pauvre, si elle savait… Un profond et soudain sentiment de honte s’empare de moi et m’étreint le cœur. Elle a toujours espéré que je deviendrais illustratrice. Elle était prête à tous les sacrifices pour me permettre d’intégrer une prestigieuse école où j’aurais perfectionné mon art, car c’est vrai, j’ai une véritable prédisposition pour le dessin. Mais le destin en a décidé autrement.

À l’instar de n’importe quel individu de la gent masculine, il appréciait naturellement la vue des courbes féminines, mais là, nota-t-il, la jeune femme était dotée d’un assortiment de courbes en tout genre. Un peu trop à son gout.

Quand elle m'a annoncé qu'elle me quittait, ça a été un véritable cataclysme dans ma tête et dans mon cœur. Dépression, dévalorisation, perte de goûts, d'envies, et d'espoir sont venus frapper à ma porte et je les ai laissé entrer. J'ai sabré le champagne en compagnie de l'autodestruction pendant des mois et puis un soir, je suis tombé de moto, un accident heureusement sans gravité, mais qui m'a finalement fait prendre conscience de la chance que j'avais d’être là, de profiter des instants simples de la vie. Victoire est toujours dans mes pensées, mais plus de la même façon.

Merveille dégage une aura de sensualité qui me fout carrément sens dessus dessous chaque fois qu’elle s’approche de moi. Dès le premier regard, elle m'a plu. Ça fait un an qu’elle squatte mon auto-école dans l’espoir d’obtenir son permis. C’est le genre de fille à ne pas s’inquiéter si on lui dit qu’elle a un pneu crevé puisque seul le bas est à plat … (misère !) Elle est devenue la plaie des inspecteurs et je n’en suis pas étonné, car elle manque effroyablement de concentration. Tout est bon pour distraire son attention.

Elle apprécia la galanterie, d'autant qu'elle avait toujours en tête leur toute première rencontre. Si quelqu’un lui avait dit qu’après ça… La vie réserve parfois de drôles de surprises.

Victoire était le genre de filles qui aime les belles choses, je l'aimais comme un fou et puis si on savait à l'avance de quoi demain sera fait … Il faudrait que je songe sérieusement à en refaire toute la déco pour effacer l'empreinte qu'elle y a laissé, ou bien le mettre en vente, ce qui me semble être de loin la meilleure solution. Tourmenté par mes pensées, j’essore la poignée des gaz et ma bécane bondit en avant. L'adrénaline qui inonde alors mes veines me procure un apaisement immédiat.

Seule et sans argent, maman a dû se battre pour nous assurer une vie décente. Elle travaillait le jour comme vendeuse dans une boulangerie et étudiait la nuit. Je me souviens qu’à chaque Noël, je n’avais qu’un seul cadeau, mais il était toujours magnifique et j’en prenais grand soin pour le conserver longtemps. Mon premier vélo est arrivé en même temps que j’ai compris que le père Noël n’existait pas.

Imaginer l'avenir sans elle me rend dingue et en même temps, je la hais d'être de qu'elle est, une séductrice manipulatrice. Merveille n'est peut-être pas honnête, et à trop espérer me tromper sur son compte, je vais sans doute finir par me faire vraiment mal, mais une irrépressible envie de la voir me fait pourtant claquer la porte de chez moi pour aller la retrouver au Boomer.

Si tu veux te donner une vraie chance d’évoluer dans ce pays, tu dois absolument en maîtriser la langue.