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Critiques de Ödön von Horváth (30)
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Un fils de notre temps

Près de 80 ans après sa publication, ce petit roman peut se lire avec un regard contemporain et offrir un parallèle troublant avec l'époque actuelle. Le titre 'un fils de notre temps' s'applique tout à fait aux moments présents. Il montre en effet comment le déclassement social alimente les dérives et hystéries collectives et peut conduire une personne à aliéner sa liberté individuelle pour se soumettre à un ordre et une autorité supérieurs. J'ai lu ce livre en pensant par exemple à ces jeunes qui ne trouvant pas leur place dans notre société, décident de rejoindre la Syrie pour y combattre au sein de l'armée islamique.

Le roman met bien en lumière le conflit entre le collectif et l'individuel, les accommodements de survie que chacun peut être amené à mettre en oeuvre pour échapper à sa fragilité, les idéologies de récupération et d'embrigadement des individus dans lesquelles Odön von Horvath inclut aussi les idéologies actives dans le monde de l'entreprise. C'est un roman noir et désespéré, description d'un monde où chacun doit se débrouiller seul et où les plus faibles sont voués à la marge et à la mort. Roman d'une étonnante actualité.
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Jeunesse sans dieu

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Geschichten aus dem Wiener Wald

von Horvath Ödön – " Geschichten aus dem Wiener Wald" – Suhrkamp, 1986 (ISBN 3-518-38870-3) éd. sous la direction de Traugott Krischke –

Le volume contient "Geschichten aus dem Wiener Wald : Volksstück in sieben Bildern" (pp. 9-100)

suivi de "Geschichten aus dem Wiener Wald : Volksstück in drei Teilen" (pp. 101-207)

suivis d'annexes (Anhang pp. 209-246).

Pubié en français sous le titre « Légendes de la forêt viennoise » (ISBN 978-2851816566)



(NB : je n’ai lu que l’original en allemand, je n’ai pas lu la traduction française.)



Publié à l'origine en 1931, cette pièce valut à son auteur d'être récompensé la même année par le "Kleist-Preis". Sa lecture aujourd'hui ne présente plus – à mes yeux – qu'un intérêt historique. L'auteur illustre ici le thème usé jusqu'à la corde de la "critique éclairée" de ce qu'il suppose être les mœurs des "Spießer", terme injurieux désignant "les petits bourgeois" ou, dans le langage actuel, "les bourges". C'est fou ce que ce thème a pu inspirer comme littérature dans la sphère culturelle occidentale depuis le début du dix-neuvième siècle, surtout aux auteurs (comme c'est le cas ici) issus des couches les plus aisées de la population souhaitant à tout prix passer pour "libéraux", "éclairés", "progressistes" ou – aujourd'hui – "de gôôôche" : les ondes de France-Culture et les pages de revues comme Télérama en sont saturées.



Issu de l'aristocratie, Horvath se propose froidement de ressusciter le "théâtre populaire" (Volksstück), à une époque où d'autres intellectuels se proposaient de créer une littérature ou un théâtre "ouvriers", c'est-à-dire d'inspiration plus ou moins marxiste. Ce genre plaît beaucoup dans les milieux cultureux. petits-bourgeois (Marx lui-même mena d'ailleurs une vie des plus bourgeoises, sans vergogne aucune, incluant la pantalonade à la Feydeau).



Comme dans d'innombrables autres textes de l'époque, l'auteur centre ici son récit sur des fiançailles rompues par la fiancée tombée amoureuse d'un gourgandin de passage, qui bien entendu l'abandonne à son triste sort de "fille mère" (comme cela se disait en ces temps-là), et tout se termine fort mal pour elle, tandis que les autres se réconcilient plus ou moins.



Il est d'usage (et la règle est respectée dans la préface de l'ouvrage) de préciser combien les suppôts du nazisme furent irrités par cette pièce, ce qui incite les spectateurs à communier dans un noble anticonformisme moutonnier. A l'époque, ce genre de littérature était sensée contribuer à la lutte contre la montée du nazisme, le moins que l'on puisse constater est que l'échec fut total.

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Un fils de notre temps

Un fils de notre temps. Les enfants de nos villes. « en réalité tu découvriras l'enfer sur terre et tu mourras seul, loin de chez toi ». C'est une phrase de la campagne lancée par le gouvernement à l'adresse de ces enfants qui partent se jeter dans le gouffre de la haine. Est ce que cela est suffisant ? Que doit on dire à tous ? Que doit on enseigner à cette jeunesse, quels mots se sont trouvés absents de nos livres, de nos bouches, nous tous parents de ces enfants ?

Comment leur faire entendre que cette histoire est vieille comme le monde ? Que lorsqu'il y a une guerre c'est toujours au départ une question d'argent. Une question de draps, de poudre, d'acier, de charbon, de ciment. Que s'ils ont faim, s' ils ont froid, si ils pensent n'être rien, n'être personne, qu'ils sachent que même le dernier des pauvres chiens sait qu'il ne doit pas partager le festin d'une hyène.

Les mots absents. L'absence des mots que l'on comble, comme on remplirait une tombe. Qui efface peu à peu toute possibilité de réponse.

Ödön Von Horvath est étonnant par sa lucidité, sa clairvoyance. Son écriture est stupéfiante par son ton, sa modernité, son rythme. Il nous est entièrement contemporain. Par la façon dont il dresse devant nous l'effroyable vérité qui éclaire toute l'injustice d'une réalité.

« Lorsqu'en 1933, les nazis brûlent les livres, ceux d'Ödön von Horváth en sont. Un ami lui écrit : « L'information disant que tu n'es plus joué, « auteur dégénéré », vaut plus que n'importe quel prix littéraire. Elle te confirme publiquement comme poète ! ». »

Lorsqu'une parole est immortelle, qu'elle s'adresse à tous, quelque soit le siècle, la religion, la couleur, le sexe de l'homme, lorsque cette parole l’interpelle, et se dresse face à lui et lui rappelle qu'il n'est ni chien, ni hyène, et que son seul choix reste l'humain, alors cette parole est belle parce qu'elle est juste, et cette parole il faut la donner et la faire entendre.

« Un fils de notre temps » , création 2015, adaptation, mise en scène par Simon Delétang se joue au Théâtre des Célestins à Lyon jusqu'au 31 janvier 2015.



Astrid Shriqui Garain

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Jeunesse sans dieu

C'est un nouveau coup de cœur que je viens de terminer !

Je ne connaissais pas Ôdön von Horvath, son nom m'était inconnu jusqu'alors... et quel tort ! Sa plume ne fait pas grand bruit, mais pourtant quelle pertinence !



Ce livre a été écrit en 1938 en Allemagne, le narrateur est un jeune professeur qui est en proie a un violent décalage avec ses élèves. En plein questionnement sur sa "foi" (après avoir vécu une guerre), il doute que la jeunesse croie encore en quelque chose... Montée du nihilisme, ou d'un idéalisme assez singulier...

Ce roman fait écho en nous, ne serais-ce que pour l'attitude des générations précédentes à l'égard d'une jeunesse que l'on ne comprend pas, qui nous est étrangère...



A lire sans plus tarder, les chapitres sont très courts (le plus long fait 9 pages !) et l'histoire vaut le détour. La réflexion sur Dieu peut en irriter certains, cependant en cette période troublée de l'histoire cela offre une clé de lecture pour la pensée de l'époque.



Bref, à lire d'urgence !
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Jeunesse sans dieu

Il ne s’agit pas de la révolte de l’enseignant d’une jeunesse fanatisée. Pas de stéréotypes dans ce texte qui n’a rien de la fresque historique, le propos est dense, intimiste, sans pathos. Il se fait révélateur de situations et d’une période troubles – comme le sera ce meurtre, aux mobiles qui n’ont rien de politique au sens strict -, révélateur de cette société allemande entre crise économique, nationalisme et racisme. Il se fait annonciateur de jours froids, de la damnation d’un peuple, de la quête de rédemption d’un homme.



Ni l’époque ni le pays ni la doctrine nazie ne sont nommés explicitement, le lecteur sait – par l’intervention de personnages secondaires plus âgés que le narrateur y faisant référence en précisant qu’ils sont de la génération l’ayant vécue – que les faits se déroulent environ une dizaine d’années après la Grande Guerre.



Amère et cruelle lucidité dans ce roman rédigé en monologue rythmé par des chapitres courts, une narration particulière tant sont prégnantes les angoisses et les questions du narrateur : l’écriture, exigeante et incisive, néanmoins parfaitement limpide, parvient à rendre le paradoxe entre cette acuité, ce réalisme social et la forme de démence dans laquelle ces scènes, ces dialogues, semblent entraîner parfois le narrateur. Mais cette folie n’est pas la sienne. C’est en cela que son enquête sur l’assassinat de l’élève durant un camp de plein air ( d’entraînement militaire ), ses choix de vérité, se font quête. Pourtant, Ödön von Horvath ne donne pas de sens à son récit – y-a-t-il encore du sens ? « Les hommes ont perdu la tête et ceux qui ne l’ont pas perdue n’ont pas le courage de passer la camisole des fous » -, il prononce une sentence : pour jugement, l’enfer qui attend les adolescents de cette génération et leurs parents, filant non pas la métaphore du mouton mais celle du poisson, de la métamorphose en poisson, hors humanité ce corps froid au regard rond, impavide. Métamorphose, oui, il y a quelque chose de kafkaïen dans les angoisses du narrateur aux prises avec son monde, son temps.

Un roman écrit en exil en 1938 qui raconte l’égoïsme, la bêtise, la misère, la lâcheté ordinaires, le nazisme au quotidien sans le nommer, « la peste brune » qui contamine les esprits. Bien-sûr le meurtre, mais la violence de ce roman est finalement ailleurs, plus complexe malgré l'évidence, elle est grouillante, grondante. Ce malaise, le malsain, les âmes perdues, encore quelques unes avec des idéaux face à l’idéologie quelques jeunes, dans cette classe ils sont quatre, déjà, encore… Rien de sensible dans ce roman au sens premier du terme, pourtant une perspicacité au cœur des hommes, dérangeante tant elle semble juste. Et universelle.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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La nuit italienne

Le personnage de Don Juan a fait couler beaucoup d'encre. Cette version moderne est pour le moins cynique. Le anti-héros a fait la grande guerre et revient chercher sa fiancée à qu'il a abandonnée avant celle-ci.

Sur son chemin des femmes désespérées, qui toutes attendent de lui l'amour. Il y a comme une sorte de malédiction, toutes vont tomber dans ses bras, ou en rêver, puis le haïr. Le personnage détaché de tout sentiment aura finalement ce qu'il mérite moralement pour avoir délaissé toutes ces femmes : la mort. Pas de rédemption possible....

A moins que l'on voit sa mort comme un hommage à Roméo et Juliette, Don Juan a retrouvé celle qu'il cherchait et la rejoint là où elle est.

Il y a un décalage terrible entre le désintéressement de ce personnage principal qui recherche celle qu'il a abandonnée des années plus tôt et la folie meurtrière qu'il déclenche, presque (oui, presque) à ses dépends auprès de ces femmes.
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Jeunesse sans dieu

C’est un petit livre curieux et acerbe. On y découvre, sous les pensées quotidiennes d’un professeur d’histoire géographie (le narrateur), la montée du nazisme dans l’esprit d’une classe de collégien...



La suite sur mon blog :
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Jeunesse sans dieu

Un récit à lire aujourd'hui pour comprendre la mécanique des changements de mentalités, l'automatisation des pensés et la mise en place d'une norme dont on peut difficilement échapper.
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Un fils de notre temps

Lecture jeune, n°121 - Fin des années 30 en Allemagne. Un jeune chômeur s’engage dans l’armée. L’uniforme, la discipline, l’exaltation de la patrie l’enflamment et le réhabilitent à ses propres yeux. Il vénère son capitaine, un « père idéal », mais méprise son propre père, pacifiste depuis son retour de la guerre de 14. L’armée envahit sans déclaration préalable un petit pays et procède à un « nettoyage » systématique. Blessé en voulant sauver son capitaine, médaillé mais devenu invalide, le jeune soldat est lâché par l’armée. Tout s’effondre pour lui lorsqu’il apprend par une lettre posthume de son capitaine les vraies raisons de la mort de ce dernier. Ce roman précurseur nous plonge dans un avant-guerre de mensonges, froid, normatif, idéologique, où l’individu n’a plus sa place. Seuls quelques résistants rasent les murs. Le héros acerbe, profiteur et misogyne, présente néanmoins une faille dans sa carapace d’inhumanité, en construisant un amour imaginaire pour une jeune femme à peine entrevue. Ce monologue grinçant et cinglant d’un homme désabusé est écrit dans un style incisif et percutant. A lire absolument. Brigitte de Bergh
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