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Critiques de Ödön von Horváth (30)
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Casimir et Caroline

Une pièce surprenante où tout dépasse du cadre.

L'histoire est des plus banales en apparence : un couple de jeunes gens se dispute, à l'occasion de la fête de la bière à Munich (1931), et pour des raisons futiles et des prétextes bancals, se séparent, regrettent, se retrouvent et se fuient.

Casimir est un chauffeur idéaliste que la désillusion d'un licenciement récent rend amer, jusqu'à la dureté : la hantise de son déclassement l'isole et le rend taciturne. Caroline, jeune employée de bureau, est au contraire toute légèreté : elle rêve d'ailleurs, d'une vie simple et facile.

La dispute initiale pose les bases de ce qui va affleurer sur toute la pièce : entre deux phrases, entre deux gestes, deux scènes, se révèlent des abîmes de non-dits qui séparent les protagonistes de cette histoire d'amour et de société, qui les font se croiser, se lier, se délier... L'enchaînement de scènettes en apparence décousues et musicale colle d'ailleurs au décor surréaliste : un manège, qui tourne, tourne, et tourne.



Cette pièce ne brille pas par la finesse du scénario, bien au contraire : elle s'illustre plutôt par son épaisseur, cette couche d'informulé qui articule les dialogues. Derrière les personnages, c'est une société de classe en pleine mutation qui se dessine, des déceptions et des illusions qui se devinent dans cette Allemagne de l'entre-deux-guerres.



Inconséquence, refus, cynisme, colère : autant de d'attitudes qui défilent dans le carrousel des mots d'Ödön von Horth, qui passent, disparaissent, et puis...



Et puis, "encore trois autres tours", demande Caroline, d'une voix mutine. Quelqu'un a-t-il décidé de l'arrêter, depuis ?
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Casimir et Caroline

Je ne connaissais pas l'auteur. Je suis tombée sur "Casimir et Caroline" à la médiathèque, une quatrième de couverture tentante... Allons-y !

Vite lu. Style très moderne, actuel; sujet aussi, voire intemporel (une dispute entre deux amoureux, des non-dits).

Mais je m'y suis ennuyée. Je n'ai pas apprécié la violence des mots et la brutalité des personnages (certains).

L'auteur indiquait qu'il décrivait la vie telle qu'elle était.

Là, juste quelques portraits ; des gens que l'on pourrait connaître, ou rencontrer. Sans plus d'intérêt.
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Dósa (fragments)

Il s’agit juste d’un fragment, datant de 1923-1924. Cela devait être un vaste « drame historique hongrois ». L’action se passe en 1495, et la figure principale, qui donne son titre à la pièce, est un personnage historique, le chef d’une révolte paysanne, mis à mort par le voïvode de Transylvanie en 1515. Le texte n’a été publié qu’en 1970.



Même si nous somme en face d’un fragment, il laisse entrevoir une grande ambition, un grand souffle. Les personnages sont nombreux, très caractérisés, entre les nobles voulant à tout prix défendre leurs privilèges, et l’entourage de Dósa, prêt à en découdre avec les précédents. Le personnage titre est dessiné de façon puissante : guerrier, indomptable, fier.



C’est frustrant de ne pas pouvoir en lire plus.
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Figaro divorce

La date de l'écriture de la pièce varie suivant les sources entre1935 et 1937), en tous les cas à un moment où l'auteur a fui l'Allemagne, à cause de la montée du nazisme. Figaro divorce est crée à Prague en 1937.



Ödön von Horváth reprend dans son œuvre un certain nombres de personnages de la pièce de Beaumarchais, Le mariage de Figaro. Les deux titres se répondent : au mariage du premier s'oppose le divorce du second. Nous sommes donc quelques années après, la Révolution gronde, et le comte et la comtesse Almaviva fuient leur pays pour se réfugier en Allemagne. Suzanne et Figaro, mariés, les accompagnent. Suzanne par attachement, Figaro pour suivre sa femme. La situation matérielle du comte et de sa femme se dégrade rapidement. Figaro décide de les quitter et de reprendre une boutique de coiffeur dans une petite ville. Sa femme l'accompagne, même si elle est pleine de doutes. Les relations se dégradent rapidement entre les époux, et l'accueil dans la petite ville est loin d'être chaleureux pour ces immigrés. Suzanne rejoint le comte (la comtesse est morte entre temps) et travaille dans un bar tenu par Chérubin. Figaro décide de revenir dans son pays, dans lequel la révolution passe à une nouvelle étape, dans laquelles « les repentis » peuvent retrouver une place. Figare devient ainsi l'intendant du château du comte, devenu entre temps un orphelinat pour les pupilles de la nation. Le comte et Suzanne finissent eux aussi par revenir, mais la réconciliation semble impossible.



Il est très difficile de résumer cette pièce, composée de courtes scènes, d'une grand intensité, qui suggèrent à travers une situation, énormément de choses à chaque fois. Même s'il situe sa pièce au XVIIIe siècle, von Horváth s'inspire à l'évidence de la montée du nazisme en Allemagne, mais, et c'est sans doute la très grand richesse de ce théâtre, il crée une situation prototypique, qui pourrait s'appliquer à énormément de lieux et de temps différents. Ce qu'il met en évidence, ce sont des mécanismes, au-delà d'événements précis et anecdotiques. Le discours de Figaro à sa prise de fonction dans l'orphelinat, est un exemple de manipulation de foules, inquiétant et d'une efficacité redoutable, qui pourrait être mis dans la bouche de n'importe quel dictateur de n'importe quel temps. Il y a aussi une analyse de l'exil, de ce qu'il suppose, chez les exilés, mais aussi chez les gens qui les accueillent, le moins que l'on puisse dire, pas forcément de bon cœur. La peinture de la petite ville allemande est effrayante, et aussi la façon dont Figaro refuse de le voir, essayant à tout prix de « s'intégrer » au risque d'y perdre son âme. Aux passages qui semblent réalistes, se superpose une dimension conte, présent en particulier chez certains personnages, comme le garde chasse et la sage femme, les scènes dans le forêt également, mais un vrai conte à l'ancienne, effrayant, qui remue les peurs ancestrales, qui évoque la mort.



Nous sommes très loin d'un Figaro plein de vitalité et de ressources, il y a quelque chose de mortifère et de malsain dans le personnage, et c'est pourquoi Suzanne qui ne le reconnaît plus, décide de le quitter. Les femmes semblent garder chez von Horváth davantage de lucidité et de bienveillance, d'humanité pourrait-on dire, tout en subissant un sort encore plus lourd que les hommes.



C'est terriblement pessimiste, très juste et dense. Une immense pièce.
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Geschichten aus dem Wiener Wald

von Horvath Ödön – " Geschichten aus dem Wiener Wald" – Suhrkamp, 1986 (ISBN 3-518-38870-3) éd. sous la direction de Traugott Krischke –

Le volume contient "Geschichten aus dem Wiener Wald : Volksstück in sieben Bildern" (pp. 9-100)

suivi de "Geschichten aus dem Wiener Wald : Volksstück in drei Teilen" (pp. 101-207)

suivis d'annexes (Anhang pp. 209-246).

Pubié en français sous le titre « Légendes de la forêt viennoise » (ISBN 978-2851816566)



(NB : je n’ai lu que l’original en allemand, je n’ai pas lu la traduction française.)



Publié à l'origine en 1931, cette pièce valut à son auteur d'être récompensé la même année par le "Kleist-Preis". Sa lecture aujourd'hui ne présente plus – à mes yeux – qu'un intérêt historique. L'auteur illustre ici le thème usé jusqu'à la corde de la "critique éclairée" de ce qu'il suppose être les mœurs des "Spießer", terme injurieux désignant "les petits bourgeois" ou, dans le langage actuel, "les bourges". C'est fou ce que ce thème a pu inspirer comme littérature dans la sphère culturelle occidentale depuis le début du dix-neuvième siècle, surtout aux auteurs (comme c'est le cas ici) issus des couches les plus aisées de la population souhaitant à tout prix passer pour "libéraux", "éclairés", "progressistes" ou – aujourd'hui – "de gôôôche" : les ondes de France-Culture et les pages de revues comme Télérama en sont saturées.



Issu de l'aristocratie, Horvath se propose froidement de ressusciter le "théâtre populaire" (Volksstück), à une époque où d'autres intellectuels se proposaient de créer une littérature ou un théâtre "ouvriers", c'est-à-dire d'inspiration plus ou moins marxiste. Ce genre plaît beaucoup dans les milieux cultureux. petits-bourgeois (Marx lui-même mena d'ailleurs une vie des plus bourgeoises, sans vergogne aucune, incluant la pantalonade à la Feydeau).



Comme dans d'innombrables autres textes de l'époque, l'auteur centre ici son récit sur des fiançailles rompues par la fiancée tombée amoureuse d'un gourgandin de passage, qui bien entendu l'abandonne à son triste sort de "fille mère" (comme cela se disait en ces temps-là), et tout se termine fort mal pour elle, tandis que les autres se réconcilient plus ou moins.



Il est d'usage (et la règle est respectée dans la préface de l'ouvrage) de préciser combien les suppôts du nazisme furent irrités par cette pièce, ce qui incite les spectateurs à communier dans un noble anticonformisme moutonnier. A l'époque, ce genre de littérature était sensée contribuer à la lutte contre la montée du nazisme, le moins que l'on puisse constater est que l'échec fut total.

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Jeunesse sans dieu

C’est un petit livre curieux et acerbe. On y découvre, sous les pensées quotidiennes d’un professeur d’histoire géographie (le narrateur), la montée du nazisme dans l’esprit d’une classe de collégien...



La suite sur mon blog :
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Jeunesse sans dieu

Un récit à lire aujourd'hui pour comprendre la mécanique des changements de mentalités, l'automatisation des pensés et la mise en place d'une norme dont on peut difficilement échapper.
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Jeunesse sans dieu

Cela change du style des vieux emmerdeurs. La jeunesse sans Dieu libère aussi des idéaux littéraires qui ne plaisent qu’aux esthètes, c’est-à-dire, à ceux qui n’aiment pas l’humain qui se cache parfois derrière l’écrivain. Les temps le nécessitaient : il fallait démystifier. Il était urgent de faire tomber un certain style d’imaginaire qui précipitait un réel effroyable.





La disparition de Dieu entraîne la prévalence d’autre chose, par exemple un demi-dieu, un dictateur. Je me demande ce qui succède au demi-dieu : la demi-merde ?

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Jeunesse sans dieu

Un roman simple, facile à lire (difficulté moyenne en vo) qui prend bien la température de l'époque - mais qu'est-ce qui est le plus cynique, ces jeunes "sans Dieu" qui répètent la radio ou désirent perdre leur humanité et être des "outils", des obus, grenades... ou ces adultes lâches qui se taisent et tentent de sauvegarder leur retraite, gagne-pain... Laisse songeur, avec un profond sentiment de malaise.
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Jeunesse sans dieu

C'est un nouveau coup de cœur que je viens de terminer !

Je ne connaissais pas Ôdön von Horvath, son nom m'était inconnu jusqu'alors... et quel tort ! Sa plume ne fait pas grand bruit, mais pourtant quelle pertinence !



Ce livre a été écrit en 1938 en Allemagne, le narrateur est un jeune professeur qui est en proie a un violent décalage avec ses élèves. En plein questionnement sur sa "foi" (après avoir vécu une guerre), il doute que la jeunesse croie encore en quelque chose... Montée du nihilisme, ou d'un idéalisme assez singulier...

Ce roman fait écho en nous, ne serais-ce que pour l'attitude des générations précédentes à l'égard d'une jeunesse que l'on ne comprend pas, qui nous est étrangère...



A lire sans plus tarder, les chapitres sont très courts (le plus long fait 9 pages !) et l'histoire vaut le détour. La réflexion sur Dieu peut en irriter certains, cependant en cette période troublée de l'histoire cela offre une clé de lecture pour la pensée de l'époque.



Bref, à lire d'urgence !
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Jeunesse sans dieu

Encore une lecture que je dois a Danilo Kis qui, dans la nouvelle "L'apatride", racontait les errances et la Mort d'Odon von Horvath. Je te remercie, Danilo. Benie soit ta memoire.





Un prof d'histoire-geo dans une Allemagne qui commence a se nazifier. Ses eleves sont influences par les slogans que tonnent partout les haut-parleurs du regime. Ils veulent servir la patrie, se preparer a la guerre. Un prof mal vu, pointe du doigt pour avoir soutenu que les noirs ne sont pas des "infrahumains". Mais il s'accroche a son poste: il faut bien vivre. Il accompagne ses eleves en colonie de vacances, qui est en fait un camp d'entrainement para-militaire. Un des eleves y est assassine mysterieusement, et le prof est implique. Il s'evertuera a trouver le coupable et y arrivera finalement, mais marque comme "antipatriotique", il ne pourra continuer a enseigner et devra s'exiler en Afrique, chez "ses" noirs.





Un court roman ou Horvath essaie d'expliquer la genealogie du nazisme, comment tout un peuple se livre corps et ame a une ideologie raide, autoritaire, butee, comment il idealise un plebeien moyen, eleve au rang de "plebeien supreme" (le titre dont Horvath affuble le dictateur sans nom). Comment ce peuple s'abetise, plus, se bestialise. Et c'est ecrit en 1937!





Horvath ecrit dans un style simple, epure, sans fioritures, en courtes phrases. Quand il transmet les pensees de son heros c'est par une sorte de court dialogue interieur, par questions-reponses, par affirmations succintes, tres loin des monologues interieurs ou courants de conscience auxquels d'autres nous ont habitues. Je qualifierais son ecriture de naive, sachant quel travail, quelle intelligence, quel art, requiert ce semblant de naivete. Et cette simplicite, cette economie de moyens servent tres pertinemment le dessein de l'auteur.





Ecrit en 1937, ce livre ne peut etre publie a Vienne, ou habite Horvath. Il doit s'exiler, le faire paraitre en Hollande, puis rejoindre Paris, comme nombre de ses compatriotes. C'est la qu'un jour d'orage une branche de marronnier s'abat sur lui et le tue, dans les Champs Elysees. C'etait en juin 1938. Il n'avait pas 38 ans.





Jeunesse sans Dieu est un livre de combat. Cela suffirait pour que je le conseille. En plus il est ecrit admirablement, en une prose qui se veut maigre mais n'est jamais ni plate ni dessechee, une prose qui sert, epaule et soutient le message de l'auteur, qui enrichit ce message. Une prose qui, sans flatter le lecteur, est a meme de le seduire. Un style tres special, que j'ai trouve fascinant. C'est donc pour lui aussi que je conseille ce livre.
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Jeunesse sans dieu

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Jeunesse sans dieu

Il ne s’agit pas de la révolte de l’enseignant d’une jeunesse fanatisée. Pas de stéréotypes dans ce texte qui n’a rien de la fresque historique, le propos est dense, intimiste, sans pathos. Il se fait révélateur de situations et d’une période troubles – comme le sera ce meurtre, aux mobiles qui n’ont rien de politique au sens strict -, révélateur de cette société allemande entre crise économique, nationalisme et racisme. Il se fait annonciateur de jours froids, de la damnation d’un peuple, de la quête de rédemption d’un homme.



Ni l’époque ni le pays ni la doctrine nazie ne sont nommés explicitement, le lecteur sait – par l’intervention de personnages secondaires plus âgés que le narrateur y faisant référence en précisant qu’ils sont de la génération l’ayant vécue – que les faits se déroulent environ une dizaine d’années après la Grande Guerre.



Amère et cruelle lucidité dans ce roman rédigé en monologue rythmé par des chapitres courts, une narration particulière tant sont prégnantes les angoisses et les questions du narrateur : l’écriture, exigeante et incisive, néanmoins parfaitement limpide, parvient à rendre le paradoxe entre cette acuité, ce réalisme social et la forme de démence dans laquelle ces scènes, ces dialogues, semblent entraîner parfois le narrateur. Mais cette folie n’est pas la sienne. C’est en cela que son enquête sur l’assassinat de l’élève durant un camp de plein air ( d’entraînement militaire ), ses choix de vérité, se font quête. Pourtant, Ödön von Horvath ne donne pas de sens à son récit – y-a-t-il encore du sens ? « Les hommes ont perdu la tête et ceux qui ne l’ont pas perdue n’ont pas le courage de passer la camisole des fous » -, il prononce une sentence : pour jugement, l’enfer qui attend les adolescents de cette génération et leurs parents, filant non pas la métaphore du mouton mais celle du poisson, de la métamorphose en poisson, hors humanité ce corps froid au regard rond, impavide. Métamorphose, oui, il y a quelque chose de kafkaïen dans les angoisses du narrateur aux prises avec son monde, son temps.

Un roman écrit en exil en 1938 qui raconte l’égoïsme, la bêtise, la misère, la lâcheté ordinaires, le nazisme au quotidien sans le nommer, « la peste brune » qui contamine les esprits. Bien-sûr le meurtre, mais la violence de ce roman est finalement ailleurs, plus complexe malgré l'évidence, elle est grouillante, grondante. Ce malaise, le malsain, les âmes perdues, encore quelques unes avec des idéaux face à l’idéologie quelques jeunes, dans cette classe ils sont quatre, déjà, encore… Rien de sensible dans ce roman au sens premier du terme, pourtant une perspicacité au cœur des hommes, dérangeante tant elle semble juste. Et universelle.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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Jeunesse sans dieu

Un récit à lire aujourd'hui pour comprendre la mécanique des changements de mentalités, l'automatisation des pensés et la mise en place d'une norme dont on peut difficilement échapper.
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L'institutrice

Il s’agit en réalité d’une esquisse de pièce, l’oeuvre n’a jamais été achevée. Elle a été publiée pour la première fois en 1970. Ödön von Horváth s’est sans doute inspiré d’un cas réel, celui d’une institutrice Elly Maldaque. Il a pu avoir connaissance de sa situation alors qu’il travaillait pour la Ligue allemande des droits de l’homme en 1926-1927 à Berlin.



Nous avons donc quelques scènes, dont certaines ont deux versions. Dans un premier temps, nous faisons connaissance avec Ella et son amie Eva tout juste sortie de prison. Ella a rejeté son éducation chrétienne ; son soutien à Eva lui vaut une perquisition, une phrase dans son journal intime qui laisse penser à une sympathie communiste, provoque son licenciement de l’enseignement. Elle tente de faire valoir ses droits, soutenu dans un premier temps par un journaliste. Mais très vite des menaces se précisent sur ceux qui l’aident, ses démarches se heurtent soit à une indifférence dissuasive, soit à une violence feutrée. Elle finit par perdre son calme et à être internée comme dangereuse.



Ce n’est qu’une ébauche, mais c’est d’une grande force. Ödön von Horváth met à nu un système de violence institutionnelle d’état, la façon dont elle fait plier les individus pour en devenir des rouages, et élimine ceux qui ne veulent ou ne peuvent rentrer dans le rang. Certaines répliques font froid dans le dos, en particulier par leur actualité. Puissant.
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La nuit italienne

Le personnage de Don Juan a fait couler beaucoup d'encre. Cette version moderne est pour le moins cynique. Le anti-héros a fait la grande guerre et revient chercher sa fiancée à qu'il a abandonnée avant celle-ci.

Sur son chemin des femmes désespérées, qui toutes attendent de lui l'amour. Il y a comme une sorte de malédiction, toutes vont tomber dans ses bras, ou en rêver, puis le haïr. Le personnage détaché de tout sentiment aura finalement ce qu'il mérite moralement pour avoir délaissé toutes ces femmes : la mort. Pas de rédemption possible....

A moins que l'on voit sa mort comme un hommage à Roméo et Juliette, Don Juan a retrouvé celle qu'il cherchait et la rejoint là où elle est.

Il y a un décalage terrible entre le désintéressement de ce personnage principal qui recherche celle qu'il a abandonnée des années plus tôt et la folie meurtrière qu'il déclenche, presque (oui, presque) à ses dépends auprès de ces femmes.
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Légendes de la forêt viennoise : Pièce populaire ..

Un naufrage sur un air de Strauss joué sur un piano déglingué



Marianne croit pouvoir briser ses chaînes, échapper à une vie étriquée et mesquine, elle croit au grand amour qu’elle éprouve pour Alfred, qui la rend « si grande et si vaste », et rompt ses fiançailles avec son voisin, Oscar, le boucher.



Mais, dans cette Vienne des années 20, l’heure n’est pas à l’émancipation, et les amours de Marianne virent au désastre.



Une peinture sombre et amère de la puissance délétère du carcan social et des travers petits-bourgeois.



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Légendes de la forêt viennoise : Pièce populaire ..

La légende de la foret viennoise est une pièce de théâtre écrite par un allemand , qui se nomme Odon Von Horvath .J'ai étudié une partie du texte dans mon cours de théâtre , et j'ai vu une représentation, dont le metteur en scène était Yoan Dacosta .

Cette pièce pose la question du conflit entre notre sens des responsabilités et notre part de liberté. D’un côté, elle met en scène la lutte entre l’individu et la société en nous rappelant que l’égoïsme et la bêtise sont le terreau du fascisme. De l’autre côté, elle met en scène des personnages abandonnés, à la dérive.

Pour moi , j'ai bien aimé cette pièce car la mise en scène me semblait très bien joué et on arrive à comprendre facilement le but des personnages .
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Meurtre dans la rue des Maures

Considérée comme la première pièce de von Horváth, Meurtre dans la rue des Maures ne sera publiée qu’en 1970 et jouée pour la première fois en 1980. C’est une pièce courte, (en trois actes) et donc en principe associée à une autre œuvre lors de représentations.



Au premier acte, nous sommes chez les Klamuschke. La mère s’entend mal avec sa belle fille, la jeune fille, Ilse est courtisée par un étudiant, Müller, avec qui elle doit sortir ce soir. La venue du fils prodigue, Wenzel, alourdit encore l’atmosphère : Paul, son frère a peur qu’il ne soit venu encore une fois, pour extorquer de l’argent à leur mère. Mais Wenzel ne demande pas d’argent et semble quelque peu étrange.



Au deuxième acte, nous suivons Wenzel dans la rue. Il rôde devant une bijouterie, au rideau fermé. Des prostituées et agents de police vont et viennent, le rideau baissé, finit par attirer l’attention. Le bijoutier a été assassiné, Wenzel est le coupable, mais il réussit à s’échapper.



Au troisième acte, la police vient au domicile des Klamuschke chercher Wenzel, mais ne trouve que son cadavre : il s'est pendu. Les membres de la famille se défont encore plus.



Un univers habité par la médiocrité et la mesquinerie de la petite bourgeoisie, entre égoïsme et sentiment de culpabilité dans une société de contrôle de l’individu, aussi bien par la famille, que par les institutions (la police). Tout cela dans une atmosphère crépusculaire, en noir et blanc, comme dans un vieux film.



Sans doute pas encore complètement maîtrisé, mais prometteur.
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Théâtre complet, tome 1

La pièce Le Belvédère a été écrite pour une création prévue à Dresde en 1929. Elle a été finalement éditée en 1970 et jouée pour la première fois en 1969 à Graz. le village d'Europe centrale dans lequel Ödön von Horváth situe l'action a été inspiré par Murnau en Haute-Bavière, que connaissait très bien l'auteur. Certains personnages de la pièce peuvent même être identifiés, comme le garçon Max, qui aurait eu pour modèle un serveur impertinent, qui avait l'habitude d'effectuer son service sans chaussures.



Le premier acte expose la situation. Strasser, le propriétaire de l'hôtel du Belvédère est au bord de la faillite. Il a une seule cliente, Ada, baronne von Stetten. La vieille femme appâte tous les hommes présents par sa fortune, en a fait ses amants, et les manipule avec cruauté. En plus de Strasser, il y a Max le garçon, et Karl, le chauffeur. Ils sont tous les deux un passé trouble. Arrive Müller, un représentant, qui réclame de l'argent à Strasser, qui ne peut le payer, puis Emmanuel, le frère d'Ada, qui a besoin d'argent ; sa soeur joue avec lui, ne lui disant ni oui ni non. L'acte se termine par l'arrivée de Christine, une jeune femme pauvre, avec qui Strasser a eu une liaison.



Au deuxième acte, l'action se resserre autour de Christine. Ada veut que Strasser la mette à la porte, Emmanuelle suggère que les hommes présents fassent semblant de reconnaître en elle une ancienne maîtresse, ce qui permettra à Strasser s'en débarrasse sous prétexte de mauvais conduite. Les hommes s'en donnent à coeur joie sous le regard goguenard d'Ada. Mais la scène a une fin inattendue : Christine a hérité une jolie somme et elle était venue dans le but de remettre à flot l'hôtel de Strasser. Après le traitement qu'elle a subi, elle veut prendre le premier train le lendemain matin pour repartir.



Au troisième acte, les hommes tentent tous de convaincre Christine de prendre le train en question en leur compagnie. Ada est délaissée et humiliée à son tour. En tentant de séduire la jeune femme, chacun des protagonistes se révèle tel qu'il est. Elle décide de partir toute seule et d'élever l'enfant qu'elle a eu de Strasser.



Plus qu'une comédie de moeurs, c'est une farce cruelle. Elle met en évidence les différentes façons dont les hommes utilisent et instrumentalisent les femmes. Strasser le charmeur, au fond totalement impitoyable sous des allures avenantes, Karl qui veut s'imposer par la force, Müller qui veut les réduire à des épouses soumises et conventionnelles sans aucune liberté, Emmanuel qui veut les attirer par un titre une position sociale, des manières policées et en échanger les dépouiller… C'est à chaque fois un jeu de dupes. C'est aussi un tableau pitoyable d'une société en décomposition : le noble ruiné, décadent, prêt à tout pour conserver sa manière de vivre, l'individu dangereux et prêt à basculer dans la violence pour obtenir ce qu'il désire, et tous les autres, capables de tous les mensonges et de toutes les compromissions pour un gain plus ou moins dérisoire, prêts à s'avilir devant n'importe qui possédant un peu d'argent, la seule valeur qui a cours. Au final, l'opportunisme et l'absence de toute éthique, ne va amener tous ces personnages qu'à une impasse, à un échec sans recours.



Excellente pièce.
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