La résistance indienne aux États-Unis du XVIe au XXIe siècle de
Élise Marienstras
À la fin des hostilités, lorsque la France, après avoir subi défaite sur défaite, dut se retirer du continent, les Amérindiens se trouvèrent dans une situation dangereuse. Autant les tribus alliées des Britanniques que celles qui avaient fait cause commune avec les Français avaient tout à craindre des colons désormais débarrassés des entraves françaises. En 1762 et 1763, deux mouvements conjoints tentent de remédier à la fois à la démoralisation interne des tribus et aux empiétements des envahisseurs blancs. Le grand réveil religieux suscité par le prophète delaware et la guérilla généralisée dite faussement « rébellion de Pontiac » sont deux aspects d’une première volonté de panindianisme qui aura des suites tout au long de l’histoire amérindienne.
Dans l’hiver 1762, Neolin, un prophète delaware, eut une vision. Après maintes péripéties, il rencontra le Maître de Vie qui lui dit :
« Je suis le Maître de Vie. […] Je suis le créateur du ciel et de la terre, des arbres, des lacs, des rivières, des hommes et de tout ce que tu peux voir au ciel et sur la terre. Et parce que e vous aime, vous devez faire selon ma volonté et éviter ce que je hais. Je hais que vous buviez comme vous le faites jusqu’à en perdre la raison. Je ne veux plus que vous vous combattiez les uns les autres. […] La terre sur laquelle vous vivez, je l’ai faite pour vous et non pas pour d’autres : pourquoi donc souffrez-vous que les Blancs habitent vos terres ? Je sais que ceux que vous appelez les enfants de votre Père tout-puissant pourvoient à vos besoins. Mais, si vous n’étiez pas mauvais comme vous l’êtes, vous sauriez vous en passer. Avant l’arrivée de ceux que vous nommez vos frères, n’aviez-vous pas votre arc et vos flèches pour trouver votre subsistance ? Vous n’aviez alors besoin ni de fusil, ni de poudre, ni d’aucun autre objet. La chair des animaux constituait votre nourriture, leur peau votre vêtement. Mais quand j’ai vu comme vous incliniez à faire le mal, j’ai déplacé les animaux vers la profondeur des forêts et vous êtes devenus dépendants de vos frères. […] Redevenez bons et faites selon ma volonté. J’interdis désormais que vous souffriez la présence des enfants de votre Père parmi vous. Je les aime ; ils me connaissent ; ils m’adressent leurs prières ; je pourvois à leurs besoins et je leur donne ce qu’ils vous apportent. Mais il n’en est pas de même avec ceux qui viennent vous troubler dans vos possessions. Rejetez-les. Faites-leur la guerre. Je ne les aime pas. Ils ne me connaissent pas. […] Renvoyez-les vers les terres que j’ai faites pour eux, et qu’ils y restent. » (chapitre II)
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