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Citation de coco4649


Poèmes posthumes

Frère Alfus
I


Ce fut un homme chaste, humble, doux et savant
Que le vieux frère Alfus, le moine des légendes.
Il vivait à Olmutz dans un ancien couvent.

Il avait un renom de par beaucoup de landes,
Son esprit était plein d’un immense savoir
Car la Science lui fit ses insignes offrandes.

De tous bords l’on venait pour l’aimer et le voir ;
Son chef s’était blanchi sous des frimas d’idées
Mais son penser restait sur un point sans pouvoir.

Parmi les grandes paix des retraites sondées,
Dès l’aube, tout rêveur il venait là souvent
Quand les herbes chantaient sous les primes ondées.

Il écoutait la source et l’oiseau, puis le vent,
Et comme en désespoir de solver le mystère
Il retournait pensif toujours vers son couvent.

On le vit se voûter comme l’arbre au parterre.
Peu à peu dans son âme une tempête entra
Car le Doute y grondait comme un rauque cratère.

Du glaive de l’orgueil l’humble foi s’éventra
Et le vieux moine allait portant sur ses épaules
Les douleurs que l’enfer sans doute y concentra

Parfois il se disait marchant sous les hauts saules,
L’index contre la tempe et le missel au bras,
Dieu peut-être est chimère ainsi que vains nos rôles.

À quoi nous servirait ainsi jusqu’au trépas
De cambrer nos désirs sous les cilices chastes
Et vivre en pleine mort pour un ciel qui n’est pas ?

Son cœur confabulait avec des voix néfastes,
Le ciel, l’arbre, l’oiseau, la terre étaient joyeux
Et le Moine était triste au fond de ces bois vastes.

p.215-216-217
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