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Critiques de Émilie Querbalec (244)
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Guerres stellaires : Une anthologie autour ..

Du PJ en moins bien.



Une anthologie de neuf nouvelles par neuf auteurs, français bien sur.

L’univers est parfaitement respecté. Nous aurons des pilotes de vaisseaux de combat de l’espace, des planètes à gogo, des usines à bébés clones et toujours une bonne guerre parfaitement inutile, immorale où des pauvres gens meurent pour que les profiteurs et dirigeants s’enrichissent.



Mais ce sont des nouvelles, et à l’instar de leur aîné qui nous gratifiait si souvent d’un background anémique et de personnages transparents écrits au lance pierre, ici c’est au lance grenade voir au silo à missile de portée interstellaire que nous sont envoyés les nouvelles. Heureusement qu’on navigue, à vue, en territoire connu avec P.J (que j’adore, ne vous méprenez pas). Mais si vous ne connaissez pas l’univers qu’il a développé au fil de ses romans, reprenant toujours les même thèmes, vous vous demanderez peut-être ce que vous êtes venus faire dans cette galère ? Bah, allez, tout le monde a déjà lu un ou deux Hérault dans sa carrière de lecteur de SF assidu. Oubliez.



Une mention spéciale toutefois à la préface de L. Genefort, qui à elle seule vaut bien l’achat de ce livre pour tout admirateur de notre héros national, papa de Gurvan. On t’aime P.J. Hérault.
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Les chants de Nüying

Sur une lointaine planète couverte d’eau, on a entendu des chants. Pas des chants de sirène, ni de baleine. Mais quelque chose d’approchant, de troublant. Suffisamment, en sus des ressemblances avec la Terre à une époque plus ancienne, pour motiver une expédition à travers les étoiles. Brume, William, Jon et Dana sont du voyage.



On commence avec Brume, qui revient d’un long séjour scientifique lors duquel elle a travaillé avec une dauphine. Elle s’est en quelque sorte liée avec elle pour découvrir les mondes marins, laissant des traces dans son esprit : une envie de comprendre l’autre, avec respect, mais avec une curiosité forte, très forte. Un besoin même. Les premières pages la montrent hésitant à choisir la voie humaine ou la voie marine. Cette ambivalence va la mener lors de ce roman à faire des choix radicaux, mais sensés. En attendant, elle se prépare en repassant voir son père. Pour la dernière fois, car le voyage vers Nüying va durer trente-six ans et demi. Mais les difficultés de communication entre générations sont trop importantes pour permettre un adieu serein.

Puis on découvre William, sur qui tombe Brume lors de sa préparation au voyage dans la base lunaire de Taihe-Concordia (Émilie Querbalec a imaginé un futur – nous commençons en 2563 – où les Chinois ont largement phagocyté la conquête spatiale ; et on en est à plusieurs générations d’humains nés sur la Lune, les Sélénites, qui se sentent de plus en plus différents des Terriens). Ce Canadien jovial est spécialisé en cybernétique et a été engagé pour participer au projet RNA : un programme de réincarnation. Un être humain pourrait ainsi vivre éternellement, en transférant son esprit de clone en clone, au fur et à mesure de leur dégradation.

C’est Jonathan Wei, propriétaire de la compagnie finançant le voyage, qui va profiter le premier de cette technique. Ce milliardaire a tout de l’Elon Musk ou du Steve Jobs, par son côté charismatique et visionnaire. Du moins, pour certains, car tous ne partagent pas son enthousiasme. Son personnage m’a rappelé, du moins au début, le Peter Isherwell du film Don’t Look Up (Adam McKay – 2021) ou le Dev Ayesa de la troisième saison de la série For All Mankind (Ronald D. Moore – 2019), des entrepreneurs riches et qui possèdent leur idée de l’avenir et de la société. Et sont prêts à l’imposer aux autres. Ici , Jonathan Wei s’éloigne un peu de ces modèles par son côté spirituel, voire religieux : il est accompagné d’un gourou prônant le bouddhisme. Ce qui aura un rôle capital dans la suite de l’histoire.

Enfin, on trouve Dana : cette cogniticienne travaille elle aussi pour Jonathan et gère, entre autres, le protocole RNA. Elle est très professionnelle et rigoureuse dans son travail, mais son patron semble avoir des projets cachés, qui perturbent la bonne tenue du programme. Et elle aussi connaît des difficultés relationnelles dans sa famille : sa fille et elle ne se comprennent pas, leurs visions du monde s’opposant très souvent. Trop souvent.



Vous l’aurez compris, Les Chants de Nüying n’est pas un roman « bêtement » linéaire. Il est composé de trois grandes parties. La préparation du voyage et la rencontre de certains membres de l’expédition. Le voyage en lui-même… enfin, certains de ses moments. Puis l’arrivée sur Nüying, la survie et les découvertes. Comme dans Quitter les monts d’automne, on se retrouve dans un roman multiple, qui peut surprendre, mais enchante forcément. Émilie Querbalec ne choisit pas la facilité en racontant tout, en expliquant tout. Elle fait des ellipses, des sous-entendus, fait confiance à son lecteur pour comprendre de lui-même, sans prémachage inutile. La trame globale, tout comme les liens entre les personnages, se construisent progressivement, parfois de manière indirecte. Tout en délicatesse.



Ce qui m’a impressionné, c’est donc la multiplicité des thèmes bordés. Aïe, se diront certains, ça va encore survoler et brasser du vent. Pas du tout. C’est qui est enthousiasmant dans l’écriture d’Émilie Querbalec : elle aborde plusieurs thèmes profonds et sait les illustrer avec richesse. Les Chants de Nüying parlent, entre autres, de découverte de mondes étrangers et étranges (j’ai failli écrire « colonisation », mais cette expédition est tout sauf une « colonisation », en tout cas de la part des protagonistes principaux) : c’est le point de départ, avec ces chants étranges. On a l’attrait et le mystère de l’inconnu, associé à la complexité du premier contact. L’arrivée en force avec les grands sabots, c’est terminée, en principe. On pense avec respect, essayant de ne pas renouveler les erreurs passées : ne pas polluer la planète avec nos propres miasmes. Et ce passage de l’histoire est particulièrement réussi : envoûtant.

Mais on parle aussi de vie éternelle : thème central dans la SF et qui apparaît dans la vie réelle, avec les transhumanistes et les rêves de certains milliardaires. L’être humain peut-il vivre plus longtemps qu’une centaine d’années ? Est-ce utile ? Est-ce souhaitable ? Si oui, dans quel but ? Et dans quel état l’individu se retrouvera-t-il ? Quels changements interviendront dans son esprit et donc sa façon de penser le monde, les autres et soi-même ? Enfin, quelle place l’informatique et, par voie de conséquence, les I.A. aura-t-elle dans ce processus ? L’éventail de questions posées est large et certaines auront des réponses. Ou, du moins, des pistes.

Enfin, ce roman aborde les difficultés de communication dans les familles. Comme je le signalais lors de la présentation des personnages, plusieurs d’entre eux ont du mal à comprendre leurs proches. Le lien entre les générations n’est pas aisé : entre opposition de base et les prises de position très éloignées, le dialogue n’est pas facile. Et le silence est souvent très puissant, impossible à briser. Les barrières se dressent avec les années et retrouver voix est quasi impossible. L’autrice nous le fait ressentir dans notre chair, avec force. C’en est presque douloureux parfois. Comme avec l’épisode, qui revient, de la flûte, transmise par le père, musicien, mais refusée indirectement par la fille : Brume ne voulant pas se montrer dure la prend mais l’oublie (sans doute volontairement) dans un taxi. Terrible acte, compréhensible, mais tellement violent.

Ces trois axes sont traités avec force. L’autrice se laisse le temps, sans ralentir la narration (un tour de force), d’évoquer ces thèmes par différents prismes, selon des points de vue différents. Ainsi le lecteur n’est pas tributaire, prisonnier d’une façon de voir les choses : il a la possibilité de choisir au gré des arguments. Et c’est tant mieux, car les sujets sont importants et tellement personnels parfois qu’ils en touchent à l’intime. La relation avec une potentielle immortalité ; les liens familiaux distendus ou difficiles, la difficulté à exprimer l’attachement, l’amour pour ses proches ; les rapports à l’autre, quel que soit son niveau de différence, et donc d’étrangeté. Je ne vais pas aller plus, en ayant déjà dit assez : il faut laisser sa place à la découverte.



J’aurais encore beaucoup à écrire sur ce roman qui, comme Quitter les monts d’automne, m’a enchanté. Le style d’Émilie Querbalec, sa sensibilité et son respect de l’autre, son empathie pour ses personnages, la force des thèmes choisis, la profondeur des réflexions font des Chants de Nüying un roman incontournable en cette rentrée littéraire et pour de nombreuses années.
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Les Sentiers de Recouvrance

Deux jeunes gens avancent. Ils ne se connaissent pas et viennent de régions différentes. Mais ils ont quitté leur domicile et ils avancent. Vers quelle direction ? Ils n’en ont qu’une vague idée. Le voyage avant tout compte. L’eau, le feu les accompagnent dans leur périple. Jusqu’à la rencontre…



Anastasia vit en Espagne, à Sarsa de Surta, charmant hameau qui, comme beaucoup de cités de la région, peine à trouver de l’eau pour vivre au quotidien. Suite à un drame, elle finit par le quitter. Et part vers un ailleurs différent. Elle chemine dans une nature belle et accueillante, mais exigeante et dangereuse. Au moindre faux pas, elle punit. Nas le sait mieux que quiconque. Elle est d’ailleurs tout sauf naïve. Elle sait la nature, elle sait les plantes, elle sait les animaux. Son père les lui a appris et elle l’aime.



Ayden quitte sa banlieue suite à un accident : à trop jouer avec le feu, on se brûle. Et le voilà lui aussi sur les chemins. Lui aussi marche des heures et des jours dans une nature qui semble n’exister que pour lui. Les autres personnes présentes sont comme figées dans le décor. À part des rencontres, tel l’Iguane qui lui permet de se sustenter, de se reposer, de s’interroger sur son périple, sa raison d’être.



Dans un monde proche du nôtre, en 2035, après la poursuite de la dégradation des conditions climatiques, ils se dirigent, sans le savoir, l’un vers l’autre. Elle est l’eau, il est le feu. Ils cherchent une autre voie, une rédemption, une explication, un moyen de continuer. Dans ce monde si réaliste où pointent cependant des vagues de fantastique, ils foulent une terre qu’on a envie de fouler nous aussi tant les descriptions de l’autrice la rendent tangible, sensible. Tant les arbres paraissent se dressent, là, hors des pages.



Comme ce lieu où semblent se diriger, ils l’ignorent encore, les deux jeunes gens. L’île de Recouvrance, dont le nom fait penser à Brest et un de ses quartiers fameux. Mais aussi à l’île de Batz (plus au nord), avec certains côtés de sa description : surtout son jardin botanique, protégé du climatique océanique et qui permet de voir en Bretagne pousser et s’épanouir des plantes exotiques. Lieu dont le nom semble promettre une nouvelle chance ou un moyen de revenir à un état ancien et souhaité. Avant les dégâts commis à la planète. Aux femmes et aux hommes. On est loin ici des solutions sans doute difficilement réalisables d’Elisa Beiram (Le Premier jour de paix) ou de la bienveillance trop naïve des récits de Becky Chambers (Un psaume pour les recyclés sauvages et Une prière pour les cimes timides). Le futur proposé par Émilie Querbalec s’inscrit dans la suite directe de ce que nous vivons. Et c’est ce qui renforce l’impression de profondeur de ses descriptions.



Comme dans ses œuvres précédentes parues chez A.M.I., Émilie Querbalec n’hésite à user de ruptures de construction. L’histoire que nous suivons pendant la première moitié du récit va prendre une toute autre tournure à la page 121. Soit presque pile au centre de l’ouvrage. Ensuite, elle embraye sur une histoire qui a évidemment des liens profonds avec tout ce que nous avons lu depuis le début, mais qui part dans une autre direction, une autre ambiance, plus proche de la SF que du fantastique qui imprégnait les premières pages. Mais je m’arrête là, ne voulant pas vous ôter le plaisir de ce bouleversement. Je tenais tout de même à évoquer ce changement, car j’ai lu dans pas mal de critiques de Quitter les monts d’automne et, surtout, des Chants de Nüying se plaindre de ce manque de linéarité et donc de cette perturbation dans leurs attentes. Cela peut légitimement s’entendre, même si de mon côté j’avais apprécié ces variations. D’où mon avertissement : ici aussi vous serez un peu secoué. Mais cela, à mon avis, s’avère tout à fait justifié. Et je dois avouer que cette bifurcation m’a très agréablement surpris, car je me demandais bien comment Émilie Querbalec allait pouvoir continuer son récit.



Autre grand changement : l’espace est totalement absent de ce roman. Même la technologie est reléguée à l’arrière-plan. La modernité vient plutôt des plantes, de la terre encore. C’est de là que vient la solution qui peut permettre de s’en sortir, de compenser. Alors bien sûr, on a encore besoin d’électronique pour aider, pour soigner. Mais cela ne vient qu’après le passage du monde vivant.



Il y aurait encore beaucoup à dire tant ce roman est riche et construit, empli d’indices glissés dès les premières pages et qui auront un sens plus tard, beaucoup plus tard. Et aussi de références à d’autres textes plus anciens (comme Voltaire et son Candide). Mais en parler ici dévoilerait trop et ce n’est pas mon but.



Les Sentiers de Recouvrance est un roman court, mais il transporte loin et vite. Les paysages décrits par Émilie Querbalec se sont imposés à moi avec force et précision. Je me suis vu cheminer à travers eux en compagnie de Nas et d’Ayden. Puis, après le changement de cap, j’ai continué sans effort à les accompagner dans leur parcours difficile mais positif. Je reste un admirateur de l’œuvre de cette autrice, qui n’hésite pas à surprendre, et j’attends, confiant, de voir dans quelle direction elle va nous mener la prochaine fois.
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Quitter les monts d'automne

Dès sa sortie, j’ai eu très envie de lire ce livre et de découvrir une nouvelle auteure par la même occasion. Malheureusement, je suis un peu passée à côté de ce roman.



Le début était très prometteur et j’ai pensé que Kaori serait une héroïne aussi charismatique que la célèbre Mara de Raymond E. Feist & Janny Wurts. Mais je l’ai trouvé plutôt en retrait tout au long du roman dans le sens qu’elle



L’univers créé par Emilie Querbalec sur la planète Tasai m’a énormément plu avec cette société d’inspiration japonaise où l’écrit est tabou, avec ses conteuses et ses danseuses. J’étais intriguée par l’objet que Kaori hérite de sa grand-mère, Lasana, et par la mystérieuse Dame en Mauve...



Je me suis sentie embarquée dans un beau voyage jusqu’à ce que je tombe du train en marche avec



Ensuite, l’histoire a pris un tournant qui ne m’a pas plu et j’ai eu beaucoup de mal à me passionner pour la partie space opera (malgré quelques passages intéressants). Emilie Querablec fait traîner les non-dits trop longtemps et je n’ai pas trop compris ce qui reliait les tenants des aboutissants de l’histoire.



Cela étant dit, l’écriture en elle-même ne m’a pas déplu et j’ai son autre roman « Les oubliés d’Ushtâr » à lire. Je ne lui ferme donc pas la porte…









Challenge SFFF 2021

Challenge mauvais genres 2021

Challenge multi-auteures SFFF 2021
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Les chants de Nüying

Je ne connaissais pas le roman d'Emilie Querbalec il y a seulement quelques jours. C'est donc une lecture totalement inattendue et imprévue.

Elle est dû à la combinaison de plusieurs facteurs, à savoir la lecture d'un article sur le Net vantant les qualités du livre, la belle couverture qui jette un regard sombre et poétique sur des fonds marins, la critique très inspirante de Lenocherdeslivres (que je remercie encore) et la découverte fortuite du roman dans ma médiathèque, il était posé en évidence sur un présentoir, comme s'il m'attendait.



*

Sommes-nous seuls dans L Univers ? Combien de fois, en regardant le ciel étoilé, l'homme s'est-il posé cette question ? A quoi pourraient ressembler les formes de vie et les écosystèmes sur d'autres planètes ?



« Devant ma couche, une mare de lumière

Serait-ce le givre sur le sol ?

Je lève les yeux, la lune brille dans le ciel.

Je baisse la tête, la maison me manque ! »

Li Bai



L'histoire débute au 26ème siècle. Les scientifiques ont découvert de possibles traces de vie extraterrestre sur la planète de Nüying, distante de vingt-quatre années-lumière du système solaire. En effet, une sonde a capté des sons étonnants rappelant le chant des baleines.



« … les premières notes résonnèrent, si tant est que l'on puisse qualifier de notes ces vibrations qui ne rappelaient rien de ce que l'on connaissait sur Terre. Après quelques longues secondes, un écho abyssal déchira cette nappe sonore. Plusieurs autres cris de différentes intensités répondirent à cette première ligne mélodique, esquissant les contours d'une symphonie profondément étrange. »



Une telle découverte questionne sur leur origine. Est-ce la confirmation que L Univers n'est pas vide et stérile ? Ou bien ces vibrations sont-elles le fait de facteurs climatologiques ou géologiques ?

Quoi qu'il en soit, elles laissent l'espoir inespéré de découvrir une forme de vie extraterrestre intelligente sur cette planète.



*

Rêves est un mot me vient spontanément à l'esprit lorsque je repense à ce roman au moment d'écrire ces mots.



Rêve d'un ailleurs.

Rêve de liberté et d'une vie meilleure.

Rêve de prendre en main son existence.

Rêve de pouvoir et de domination.

Rêve de conquête et d'aventure, d'évasion et de voyage lointain.

Rêve d'une terre inconnue, vierge cachée dans l'immensité de l'univers.

Rêve de rencontrer de nouvelles formes de vie extraterrestre.

Rêve de se fondre dans l'océan.



Brume, la bioacousticienne et spécialiste de la communication inter-espèce, est envoûtée depuis son enfance par ces chants mystérieux qui font « penser à des dragons asiatiques, des dragons gigantesques nageant dans les profondeurs marines des océans de cette planète lointaine ». Ayant travaillé dans les eaux froides de l'Arctique sur le comportement des baleines boréales et participé à l'élaboration d'une technologie d'interfaces neurales dans la communication homme-animal, elle est recrutée pour découvrir l'espèce à l'origine de ces chants.



*

Je dois avouer que ce roman est vraiment surprenant : la ligne éditoriale et la couverture m'ont induite en erreur sur son contenu. Je pensais que l'histoire serait centrée sur l'exploration de Nüying. J'imaginais plonger dans ses abysses à la rencontre de cette intelligence extraterrestre au chant si fascinant aux côtés de Brume.



Après un moment de déconvenue, le récit me semble plus original que ce que laissait penser la quatrième de couverture. J'ai découvert un récit intimiste dans lequel Brume est le fil rouge, sans être toutefois le personnage principal de l'histoire.



*

Ainsi, d'autres protagonistes participent au voyage dans un récit à plusieurs voix.



William participe à l'aventure pour des raisons différentes de celles de Brume.

Ce cybernéticien a travaillé sur une technologie essentielle dans les voyages spatiaux, celle de la réincarnation numériquement assistée (RNA). Elle consiste, pour le temps du voyage, à placer une partie des passagers dormants dans des caissons cryogéniques et de séparer l'esprit de leur corps afin de stopper le processus de vieillissement.



Dana, une cogniticienne cybernéticienne d'origine Russe, est responsable du projet RNA. Elle a vécu toute sa jeunesse sur une base implantée sur la Lune. Elle fait partie de ce peuple qui n'a pas vécu sur la Terre et que l'on appelle les Sélènes.

Les Sélènes constituent la majorité de l'équipage embarqué sur le vaisseau-monde Yutu Meng. Ils ont eux aussi un rêve en embarquant pour ce long voyage.



Cependant, il n'y aurait pas de voyage sans Jonathan Wei, un homme d'affaires et milliardaire américain qui a investi des milliards pour financer le projet Shun. Lui aussi a des motivations, mais elles nous sont cachées.



*

Ce livre est un récit de voyage vers une autre planète et peut-être vers une autre forme de vie, mais dans ce lieu confiné qu'est le vaisseau spatial, c'est avant tout un voyage vers l'autre et une découverte de soi. En ce sens, l'autrice nous parle d'identité, de souvenirs et de mémoire, de diversités (sociales, culturelles, religieuses, ...) et d'altérité, d'interaction et de difficultés de communication, de conflits intergénérationnels et du poids de la culpabilité.



Cette oeuvre ample et complexe aborde d'autres thèmes forts : le transhumanisme et le clonage, le monde virtuel et la sauvegarde informatique de notre conscience, la religion et les dérives sectaires, la politique et les intérêts personnels.

L'autrice joue beaucoup sur l'opposition entre l'esprit et le virtuel, la technologie et la spiritualité, la science et l'immortalité.



*

Une autre originalité qui m'a beaucoup plu : l'autrice varie le rythme de sa narration en déstructurant le temps, en divisant la trame du récit en trois grands moments, en y insérant des ellipses narratives et des flashbacks. Chacun d'entre eux a une ambiance qui lui est propre.

Si la première partie est assez classique puisqu'elle est consacrée à la préparation de la mission Shun, les deux autres sont comme des arrêts sur image dans le déroulement de la mission. Tout n'est pas dit et le lecteur doit reconstituer les parties évidées.



Ce procédé, particulièrement astucieux et captivant, a accru mon intérêt au fil des pages. Les dernières pages sont surprenantes, l'autrice les conclut de manière magistrale.



*

J'ai trouvé l'écriture de Emilie Querbalec agréable à lire, d'une lenteur mesurée, claire et précise, poétique et scientifique dans ses descriptions.

Elle prend le temps d'installer les décors, de varier l'atmosphère de chaque partie, de nous immerger avec beaucoup de sensibilité dans l'intimité des personnages. Et puis, on n'a qu'une hâte, c'est d'arriver au terme du voyage, de découvrir la planète de Nüying et ses fonds marins.

Mais, bien sûr, le voyage ne va pas se passer comme prévu et va réserver bien des surprises.



*

Pour conclure, « Les chants de Nüying » est un roman choral à la construction originale, un voyage aux doux parfums de nostalgie, une plongée dans les méandres de l'âme humaine.



A découvrir.
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Le deuxième sang

Alors qu’Albin Michel Imaginaire publie bientôt un roman d’Émilie Querbalec, ils proposent en hors d’œuvre numérique cette nouvelle gratuite, censée nous donner un avant-goût de son style.



S’ils avaient souhaité me convaincre… hé bien c’est réussi. En quelques pages, l’auteure brosse un décor d’une Chine médiévale onirique, avec Cité Interdite, esprits perdus, divinités étranges et monastères guerriers intégrés. Sauf que ce sont les femmes qui apprennent à devenir des guerrières ultimes dans les monastères. L’histoire évoque l’une de ces femmes dont les choix de vie seront profondément marqués dans son intimité même.

L’héroïne Lha-mi m’a vaguement rappelé Qing-Jao, l'élue des dieux dans Xenocide d’Orson Scott Card. L’auteure reste proche de ses pensées, de ses craintes, de ses doutes et de ses certitudes. Son écriture est poétique et sensible.

Le monde donne simplement envie de le visiter plus avant.



Bref, promotion réussie en ce qui me concerne.

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Les chants de Nüying

Après un premier roman remarqué en 2021 (« Quitter les monts d’automne »), Émilie Querbalec revient en cette rentrée avec un nouvel ouvrage de science-fiction. L’intrigue telle qu’elle nous est présentée au départ consiste à mettre en scène un premier contact entre l’humanité et une potentielle intelligence extraterrestre. C’est vers Nüying, une planète située à vingt-quatre années lumières de la Terre avec laquelle elle partage de nombreux traits communs, que se portent tous les espoirs des scientifiques suite à l’enregistrement par une sonde envoyée sur place de chants étranges. Personne ne sait d’où ils viennent ni quelle sorte de créature peut bien en être à l’origine, mais cela n’empêche pas les théories les plus folles de circuler. Brume est bioacousticienne marine, et elle fait partie de la centaine de scientifiques a avoir été choisis pour embarquer à bord du vaisseau qui va entreprendre le voyage vers cette planète afin de lever le voile sur ce mystère. Elle voyagera en stase, comme une grande partie des passagers, tandis que d’autres effectueront la traversée sans que leur corps ne soit préservé du vieillissement. Pour cette raison, l’autrice se voit forcée de diversifier un peu ses points de vue en cours de route. Centrale dans les cent premières pages, Brume disparaît ainsi brutalement de l’intrigue pour ne réapparaître qu’une centaine de pages avant la fin. La plus grande partie du roman n’est ainsi pas du tout consacré à cette histoire de premier contact mais repose sur une autre intrigue mettant cette fois en scène un milliardaire mégalo à l’origine de l’expédition sur Nüying, et deux scientifiques impliqués dans la dernière lubie de leur chef qui rêve, bien sûr, d’immortalité. Un processus a en effet été mis au point et sera finalement testé au cours du voyage, l’objectif étant d’extraire numériquement la personnalité du big-boss pour la transférer dans le corps d’un clone, lui permettant ainsi de vivre pour toujours. Tout va toutefois être compliqué par la proximité, jugée inquiétante par certains, d’un guru tibétain dont l’influence sur le milliardaire semble de plus en plus importante.



Autant j’ai été emballée par l’idée de cette première rencontre entre humains et intelligence extraterrestre, autant je suis complètement passée à côté de cette histoire d’Elon Musk en plein trip spirituel cherchant l’immortalité. Les deux intrigues cohabitent d’ailleurs assez mal, au point qu’on a l’impression de lire un premier roman, puis un second, puis de revenir au premier, sans qu’il n’y ai forcément beaucoup de connexion entre les deux. Les personnages souffrent, à mon sens, de cette cassure à mi-chemin dans l’intrigue et peinent à susciter l’empathie du lecteur. Brume est trop froide, le milliardaire mégalo trop délirant, quant à Dana ou William ils sont bien plus attachants mais trop souvent cantonnés au rôle de spectateurs. D’autres personnages secondaires font leur apparition en cours de route, mais aucun n’est suffisamment développé pour éveiller l’intérêt. En parallèle de ces histoires de voyage spatial, l’autrice s’est beaucoup documentée sur l’histoire du Tibet, et notamment son invasion et sa colonisation par la Chine. Ces passages sont intéressants, seulement ils sont rattachés très artificiellement au reste de l’intrigue à laquelle ils s’intègrent laborieusement. J’ai également au beaucoup de mal avec tout le volet spirituel qui prend une place de plus en plus démesurée dans l’intrigue, de même qu’avec la focalisation sur des détails techniques liés au fonctionnement du vaisseau ou du système chargé de préserver la personnalité du grand chef. Tout cela est fort dommage, car le roman contient malgré tout de belles scènes, notamment sur la fin qui renoue avec l’intrigue initiale et la promesse d’exploration qu’elle contenait. On ne saura finalement pas grand-chose de Nüying ni des mystères qu’elle renferme, aussi est-ce avec un sentiment de frustration que l’on referme la dernière page de ce roman déstabilisant.



On s’attendait avec « Les chants de Nüying » à une histoire d’exploration spatiale et de premier contact, or Emilie Querbalec fait ici le pari de dévier de trajectoire en cours de route, pour finalement y revenir tardivement. Nul doute que certains seront sensibles à l’audace de cette construction narrative (le roman a fait l'objet de nombreuses critiques élogieuses), pour ma part cela n’a pas pris...
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Quitter les monts d'automne

Un roman surprenant car l'on commence dans une ambiance de japon médiéval pour évoluer finalement dans un space opéra, avec une technologie très évoluée. J'ai adoré l'ambiance du début : cette jeune Kaori qui grandit auprès de sa grand mère dans un endroit reculé des monts d'automne et qui rêve à un destin glorieux. Puis sa vie à Kulunsk , alors qu'elle découvre la vie en ville et détient ce mystérieux rouleaux hérité de sa grand mère, un écrit , ce qui est totalement interdit dans ce monde où tout passe par l'oral, le Dit.

Ensuite, alors qu'elle rejoint la ville principale, les évènements se précipitent pour elle et la voilà protégée, bringuebalée et une nouvelle aventure commence dans l'espace. Elle apprend en même temps que nous , découvre, grandit, passe des caps , tout en poésie et flirts.

Clairement c'est un roman de SF immersif, surprenant (encore une fois ^^), bien construit, dont la lecture est fluide . Il ne laisse pas indifférent, c'est clair ! Quelques petites longueurs au milieu du roman mais qui seront balayées par des révélations . Une belle découverte.

Challenge Mauvais genres 2020

Challenge auteure SFFF
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Les Sentiers de Recouvrance

C’est un chemin qui porte bien son nom, mais qui pourtant avance masqué. Son cheminement s’avère plus tortueux. Émilie Querbalec nous emmène quelques années en avant, en 2035, sur Les Sentiers de Recouvrance, avec des images, des idées et une volonté de trouver des notes d’optimisme.



Le récit va donc s’appuyer sur la jeune génération, celle pour qui le futur est encore à écrire. Deux adolescents qui n’ont pas encore trouvé leur place dans le monde, englués dans leurs difficultés et leur mal-être.



Ils partent, tracent la route dans des conditions difficiles, le réchauffement climatique ayant continué à bouleverser l’écosystème, dans une société qui cherche un nouveau souffle. Direction l’île de Recouvrance, la bien nommée ? Un mot de l’ancien temps pour tenter de construire cet avenir.



Dit ainsi, vous pensez imaginer facilement le genre d’histoire que nous raconte l’autrice, loin de ses premiers romans qui se passaient dans l’espace infini. Mais vous êtes dans l’erreur.



Ce roman n’est pas tout à fait ce qu’il semble être, va réserver une grande surprise en chemin, pour présenter les deux personnages différemment et nous inviter à nous questionner d’une autre manière.



Ces deux ados sont différents, l’un joue avec le feu, l’autre cherche l’eau ; métaphores d’un monde qu’on détruit peu à peu. Et pourtant…



Oui, pourtant, l’écrivaine use d’un ton posé, tout sauf moralisateur, souffle à l’oreille du lecteur des idées et des sujets à travers le destin de ces deux personnages qui ne sont que des héros du quotidien.



À voir pointer des notes d’espoir, quand ils vont se prendre en main pour tenter de réparer des morceaux de vies brisées. Cette espérance en un endroit meilleur est symbolique de quêtes intérieures. Le paradis se trouve-t-il devant soi ou en soi ?



La narration est sobre, parfois contemplative, tout en retenue, comme un appel à la tempérance pour des ados qui, par définition, bouillonnent de vie et de stress.



L’autrice travaille surtout à nous faire entrer en empathie, sans chercher plus avant à décrire ce futur dans le détail. En usant de la manière douce pour faire passer des messages et des émotions, sur l’écologie autant que sur la place des humains. Une manière originale de secouer le lecteur, et les personnages, dans leurs certitudes.



Le roman est très court, tout comme les chapitres, 220 pages, trop à mon goût. Il y avait de la place pour encore accentuer ces ressentis, un peu frustrant. Cela n’enlève pas l’intérêt général.



Les Sentiers de Recouvrance sont une voie (voix) à suivre, Émilie Querbalec se démarque par son espérance en l’avenir et dans la génération future, à travers ce roman qui pourra parler à un large public.
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Quitter les monts d'automne

C’est grâce aux conseils avisés de mon libraire que je me suis lancée dans la lecture de ce livre, encore merci à lui ! Il faut dire que c’est un spécialiste de la littérature de l’imaginaire et qu’il connait bien mes gouts….

Rien que le titre de ce livre fait rêver : Quitter les Monts d’Automne…Avouez qu’il stimule l’imagination et la jolie illustration de couverture en rajoute une couche, il faut le dire…



Pour commencer, je ne peux que saluer le talent d’Emile Querbalec : son écriture est d’une limpidité et d’une poésie… On se laisse vraiment transporter par son récit qui nous fait suivre les aventures de la jeune Kaori. Et il est vrai que Kaori va nous emmener loin, très loin des Monts d’Automne qui ont été son seul horizon pendant son enfance et sa jeunesse.



Cette jeune orpheline, est élevée par sa grand-mère dans un monde rural sur la planète Tasai. Si elle descend d’une lignée de célèbres conteuses, ( les écrits sont interdits dans cette culture ), elle n’est cependant pas dotée du même talent…. A la mort de sa grand-mère, la jeune fille va quitter son petit monde et se lancer dans un voyage qui va l’emmener bien plus loin que prévu….

Si l’histoire débute dans une sorte de Japon médiéval, on va par la suite réaliser que nous sommes bien dans un roman de science-fiction et partir dans l’espace avec Kaori…

La place qu’occupe l’écriture dans cette histoire est originale et est aussi le fil conducteur de ce livre….

Le seul petit bémol, pour ma part, c’est qu’autant j’ai lu avec beaucoup d’enthousiasme les deux premiers tiers du livre, autant la dernière partie souffre selon mes critères très personnels de quelques longueurs, j’avais envie que les choses bougent un peu plus vite…Mais en même temps, au vu du contexte et de la durée des voyages dans l’espace, cela peut se comprendre, je pense…

Une jolie découverte…



Challenge Mauvais Genres 2020

Challenge ABC 2020/2021

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Les Sentiers de Recouvrance

Année 2036 : la Terre subit les conséquences du réchauffement climatique ; l’eau est rare à l’intérieur des terres, des feux géants ravagent des forêts et les réfugiés s’entassent dans des tentes.



Nas est une adolescente d’une région isolée d’Espagne, au milieu d’un environnement qui devient désertique tant l’eau manque. Très proche de son père, elle escalade avec lui les magnifiques paysages autour de la ferme tandis que sa mère peine à gagner de l’argent avec des traductions. Nas vit une enfance presque rêvée, entourée de la nature. Lors d’une noyade, elle est sauvée par un ange.



Ayden, lui, grandit dans un habitat plus difficile, une banlieue de béton en France, et est très — trop — attiré par le feu. Un jour, il se blesse grièvement en franchissant les interdits et en tirant des feux d’artifice.



C’est un vrai plaisir de retrouver la plume d’Émilie Querbalec, qui brosse ici le portrait de deux adolescents solitaires dans un futur proche en pleine mutation, et qui prend le temps d’évoquer le quotidien de ses héros que rien ne destinait à se rencontrer.



Survint une rupture au milieu du roman dont je ne peux pas vous parler sans vous gâcher le plaisir de la découverte.



Disons simplement que l’auteure explore le thème des rêves, de l’adolescence en perdition, de la difficulté de surmonter la dépression, avec une très grande sensibilité. Les rêves, ici, sont le domaine de l’enfance, mais ils amènent aussi un espoir thérapeutique, idée parfois étudiée en SF. Évasion, exutoire, échappatoire ou voyage initiatique, les rêves façonnent la réalité de ces jeunes gens handicapés par un mauvais coup du destin, rêves qu’ils devront dépasser pour justement revenir à la réalité.



Réparer la terre, réparer les âmes, tel est le thème de ce roman, ancré dans une anticipation proche avec un soupçon de fantastique où l’enfance peine à entrer dans un monde saccagé par les adultes. Émilie Querbalec nous offre une ballade touchante, teintée de poésie et de tendresse envers ces deux adolescents.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Quitter les monts d'automne

C'est un très beau texte et une très belle histoire que Emilie Querbalec, autrice française née au Japon nous fait découvrir ici.

C'est l'histoire de cette jeune fille, Kaori, conteuse au pays des Monts d'Automne qui va s'en échapper pour percer le secret d'un rouleau de calligraphie que sa grand-mère en mourant lui a confié.

La première partie se déroule dans son monde, sorte de Japon médiéval.

La 2ème dans la capitale Pavané qu'elle ne connaissait pas du tout.

De la 3ème à la 5ème partie, l'action s'accélère, et elle se retrouve dans l'espace, sur d'autres planètes, et dans un vaisseau spatial, face et avec d'étranges personnages, tout en "sautant" des milliers d'années.

Elle vivra moultes péripéties avec de nombreux rebondissements.

Face aux événements, elle est tantôt fataliste, tantôt fonceuse et déterminée malgré tout ce qu'elle traverse.

Je ne résumerais pas ici (car beaucoup d'autres l'ont déjà fait) ce roman passionnant et merveilleux tant l'histoire nous fait tourner la tête et se lit de façon fluide malgré l'immensité des découvertes sur le secret de ce rouleau que tout le monde voudrait bien avoir. Mais le déchiffrement n'appartient qu'à elle, qu'à Kaori, et le dénouement ne peut être que poétique.

Kaori a une personnalité forte, Emilie Querbalec une plume magnifique.


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Le deuxième sang

Je n'avais pas trop aimé le roman de l'auteure ‘Quitter les monts d'automne'. Aussi, avant de me lancer dans ‘Les oubliés d'Ushtâr', j'ai pensé que ce serait une bonne idée de lire cette nouvelle disponible gratuitement sur ma plateforme numérique.



Cette histoire n'est pas parvenue à capter mon intérêt. Je ne sais pas si c'est parce que j'aurais aimé en apprendre davantage sur les dzum ou à cause des rituels liés au sang ? Peut-être un peu les deux.



Bref, je suis un peu passée à côté. Dommage.









Challenge ABC 2021/2022

Challenge mauvais genres 2022

Challenge multi-auteures SFFF 2022
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Quitter les monts d'automne

À mon tour de découvrir ce roman de science-fiction français dont on parle en ce moment ! D’autant plus que sa couverture évoquant un cadre japonisant et Space-Opera intrigue.



La jeune Kaori grandit aux côtés de sa grand-mère dans une communauté d’artistes isolée sur Tasai, planète dont les habitants vivent dans une société prétechnologique. N’ayant pas connu le Ravissement, Kaori ne peut devenir conteuse et est durement formée à être simple danseuse. Son rêve est de partir, un jour, loin des Monts d’Automne de son enfance. À la mort de sa grand-mère, Kaori est contrainte de rejoindre une autre famille et elle voit de près les mystérieux moines Talanké qui l’effraient. Un danger indicible se dessine, et très vite l’héroïne apprend à cacher un grand secret.



Cette première partie est un enchantement ; l’auteure nous plonge dans un monde qu’on croit reconnaître, celui du Japon moyenâgeux, et cependant il est si différent avec une mystique déconcertante et des évocations d’un univers plus vaste au-delà des étoiles. L’écrit y est banni sans qu’on en comprenne la raison, pourtant personne ne songe à remettre en cause cette interdiction sur laquelle veillent les Talanké. La civilisation hiérarchisée et codifiée renforce l’impression d’étrangeté, car le lecteur devine que d’autres sociétés plus technologiques se déploient dans l’espace.



Les épreuves parfois traumatisantes n’épargnent pas Kaori, et les vicissitudes de l’existence l’arracheront à sa planète natale. Elle se retrouvera propulsée dans un étrange voyage galactique. Étranges machines, étranges personnages, étranges décors… Le voyage mystérieux et onirique est étonnant, et l’auteure réussit à nous surprendre constamment. La trame n’est pas cousue de fil blanc et recèle des rebondissements inattendus. À chaque nouvelle étape, Kaori doit laisser quelque chose derrière elle. Même si un peu avant la fin, on ressent un essoufflement dans cette aventure, la conclusion se révèle très poétique.



Une jolie découverte.


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Les chants de Nüying

Roman de science-fiction en apparence simple — un voyage spatial vers une autre planète à explorer — et qui commence par un prologue empreint de poésie et de mystère, Les Chants de Nüying se révèle riche en thématiques, tout en proposant une atmosphère réaliste, crédible, et sensible.



Brume, scientifique d’origine vietnamienne, spécialiste des mondes aquatiques et des interfaces homme-machine, se rend à Paris voir une dernière fois son père avant de s’embarquer vers Taihe-Concordia, pour ensuite rejoindre le vaisseau qui mettra vingt-sept ans à atteindre la planète Nüying, où des chants mystérieux ont été captés par une sonde. Brume a passé des années à étudier le chant des baleines, rêve d’écouter ceux de Nüying, et surtout de découvrir quels êtres les émettent dans les océans glacés de cette planète inhospitalière.



Insidieusement, le lecteur est plongé dans un monde légèrement uchronique. Légèrement, car on croyait être au début du XXIe siècle qu’on connaît, et l’auteure sait capter des moments de vie si crédibles, avec les gestes quotidiens familiers et les non-dits entre les êtres, mais en même temps… Nous sommes au XXIVe siècle, et le monde est dominé par la Chine. L’histoire se révèle un peu différente de celle que nous connaissons, mais suffisamment pour des moments étranges : l’importance de la culture asiatique, la prépondérance de la langue chinoise, et cependant tout semble si réel !



Le roman suit l’arrivée de Brume dans la station, sa rencontre avec d’autres personnages et notamment Jonathan, milliardaire chinois qui finance la mission et qui est un membre éminent de l’Éveil, courant religieux né du bouddhisme en exil. La longue préparation au voyage — qui, miracle de l’écriture, est vivante et passionnante — est l’occasion de mieux découvrir cet univers, les personnages avec leurs espérances, et quelques thématiques fortes.



Ce roman de science-fiction ne va jamais là où on l’attend. Le voyage de plusieurs années est perturbé par les fidèles de l’Éveil, et l’auteure explore le sectarisme religieux avec cette croyance eschatologique qui séduit les Sélénites. Pour une fois, nous avons autre chose qu’un dévoiement d’un des monothéismes que nous connaissons si bien. Au contraire, elle imagine une version radicale du bouddhisme tibétain, qui s’est propagé dans la population de la station et qui perturbera le cours de l’histoire.



Très rapidement arrive un autre thème classique de la science-fiction, celui des esprits téléchargés dans des matrices informatiques. Jonathan, le milliardaire, a enregistré ses souvenirs destinés à être transférés dans des clones quand le vaisseau approchera de Nüying. Mais ce nouveau Jonathan sera-t-il toujours Jonathan ? Peut-on sauvegarder ce qui fait l’essence même de notre esprit, supérieur à la somme de nos souvenirs ? L’auteure pousse plus loin la réflexion, et, sans dévoiler des éléments essentiels de l’intrigue, elle interroge ce désir d’immortalité — ou du moins, de vie très longue — acquis grâce à une technologie inévitablement faillible, même si, sur ce sujet comme sur d’autres, elle propose une fin sujette à interprétation.



Le changement de point de vue — d’autres personnages deviennent narrateurs — éclaire de différentes visions un voyage interstellaire vers un but que chacun s’est assigné : tous n’ont pas les mêmes espoirs, et cette communauté s’avère bien fragile. Mais chaque fois, on y croit, tant l’auteure sait capter une atmosphère et décrire des personnages si humains, aussi bien dans leurs actions que dans leurs objectifs.



Parlons-en, des personnages : Brume, William, Jonathan, Dana et les autres… on croirait les avoir déjà rencontrés, tant ils sont sensibles, non exempts de défauts, et somme toute très réalistes. Ils sont vivants. Le récit prend le temps de les faire découvrir dans un quotidien à la fois familier et science-fictif, assumant l’optique de raconter avant tout le destin d’êtres humains qui entreprennent un voyage qui s’avérera différent des plans initiaux. Ou peut-être pas.



À titre personnel, j’ajoute qu’ayant eu un mois de septembre très chargé professionnellement — j’ai fini écrasée sous une montagne de tableaux Excel — j’étais ravie de retrouver le soir ce livre qui m’offrait un moment d’évasion, de rêve et de réflexion, et j’ai aimé accompagner les protagonistes jusqu’à leur destination.



Un roman solide, convaincant, bien écrit et riche en thématiques, qui confirme la maturité de l’auteure et sa place sur la scène de la science-fiction française.


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Les chants de Nüying

Tu aimes sortir ?

Tu aimes faire la fête ?

Alors n'achète pas ce bouquin,

Car dès les premières pages lues,

Impossible de le lâcher



Avec Emilie Querbalec,

Ta vie sociale s'évanouit,

Ton imaginaire s'épanouit



D'Emilie Querbalec, j'ai lu son premier livre, puis son second. A l'annonce de la sortie de son nouveau roman le 31 août, il a de suite rejoint la liseuse. Et j'ai encore plus rapidement commencé à le lire. Et dès les premières pages, avec un préambule écrit de manière poétique, j'ai été happé. Émilie a une plume, c'est certain. Mais jamais elle ne l’étale, on revient vite dans une écriture classique qui nous conte l'aventure de Brume qui va quitter notre cailloux pour un autre cailloux, peut être identique, qui aurait peut-être accueilli la vie. Nous sommes au 26ème siècle, l'homme existe toujours mais les problèmes sont bien présents, trop présents. La découverte de cette planète pourrait remplacer la notre, usager, sale... Mais pas si vite, pas si simple surtout que cette planète recèle un chant, celui du titre. Et c'est parti pour un voyage de 27 ans, destination la planète Nuying, située à vingt-quatre années-lumière du système solaire.



Ce que j'ai aimé, ou disons plutôt adoré soyons honnête, est fait de petites choses qui font pour moi de grands romans : L'histoire individuelle face à la grande Histoire. (Tu as déjà lu du Robert Charles Wilson ?). Ici c'est centré sur l'individu. Pourquoi vouloir quitter sa famille, sa planète dans un voyage peut-être sans retour ? L'autrice nous narre le point de vue de 4 personnages pris dans le tourbillon de la Vie et happé par le chant des sirènes de Nuying. Des personnages "avec des problèmes d'homme, simplement, des problèmes de mélancolie" (bien vu Weirdaholic)

Il y a aussi la manière de l'autrice de combler l'amateur éclairé de SF et le petit nouveau. Pas de grand étalage technique, mais au détour d'une phrase, elle montre son savoir faire et sa connaissance du genre. Un exemple : sur une station en apesanteur, des olives servies comme amuse gueule dans un ballon et qu'il faut attraper à l'aide d'une pince. Tout est dit sans trop ennuyé le lecteur peu féru de sciences. De l'anecdotique qui a du sens. Son interrogation autour de la science m'a emporté, mais chut. Et impossible de ne pas faire de nombreux parallèles avec notre monde.



Un roman en trois actes, la préparation, le voyage et enfin l'arrivée. Classique, comme les thématiques, le premier contact, le transhumanisme, la religion et la science. Mais ici le traitement dans une ambiance asiatique est magnifiquement fait, tout en douceur pour nous interroger sur le sens de notre vie. Si tu aimes les histoires, ce livre est pour toi. En outre, j'ai cru savoir où voulait m'emmener ce voyage, mais Emilie a plus d'un tour dans son sac... Je suis certain de me replonger dans ce roman dans quelques années.

Alors Le Chien, pourquoi il faut lire Les Chants de Nüying ? "Parce que le vertige"
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Quitter les monts d'automne

En cette rentrée 2020, en plus de La Marche du Levant, le label Albin Michel Imaginaire propose un autre roman de SF francophone avec Quitter les monts d’automne, d’Émilie Querbalec !



Roman initiatique

Kaori est une jeune disciple vivant au sein de son clan des Monts d’Automne. Sur cette planète, la vie est assez traditionnelle et Kaori fait partie d’un clan résolument tourné vers l’art du spectacle. Pour cela, leurs plus éminents membres sont touchés par le Dit et deviennent conteurs, métier particulièrement recherché par la population. Toutefois, Kaori n’a pas l’occasion d’hériter du don de ses ancêtres et, contrairement à sa grand-mère qui fait figure de matriarche, elle doit se résoudre à devenir danseuse. Tourmentée par cette contrariété que sa vie lui rappelle sans cesse, Kaori tente de se faire malgré tout une place dans son clan. Pour ne rien arranger, sa grand-mère meurt en laissant à ses seuls soins un rouleau calligraphié qui pourrait aussi bien répondre à toutes ses questions sur ses origines que lui valoir la peine capitale pour avoir possédé un tel bien. Le voyage de Kaori débute véritablement quand elle ose franchir le pas et envisager une autre vie que celle guidée par son clan.



Space opera teinté de japonisme

Même si ce n’est pas évident au départ, Quitter les monts d’automne est un space opera : or, c’est un roman qui débute comme un planet opera, mais sa première phase pourrait tout autant être le début d’un roman de fantasy médiévale. Clairement, l’autrice a misé sur une progression radicale de l’intrigue. Un peu comme dans L’Enfant de poussière, de Patrick Dewdney, la protagoniste passe des caps grâce à différents mentors (et à des événements dramatiques voire traumatiques) et, à chaque fois, c’est un nouveau pan de son histoire et de sa géographie mentale qui s’ouvrent. De la même façon, à l’image du Chant des cavalières, de Jeanne Mariem Corrèze, on peut voir en Kaori une anti-héroïne bringuebalée par les événements et les autres protagonistes rencontrés ; pourtant, elle incarne une jeune femme tout à fait sensée qui recherche un autre but à sa vie. Même si cela peut être noté dans la présentation du roman, nous ne sommes pas dans un roman très influencé par le Japon. Elle-même née au Japon, on comprend qu’Émilie Querbalec ait pu être fortement influencée par la culture japonaise et cela modifie légèrement l’approche classiquement occidentale du space opera. Toutefois, ce ne sont ici que quelques allusions, peu de références explicites, davantage une ambiance en arrière-plan qui fait penser à un Japon vu de loin. Au contraire, les « Dits » japonais qu’on peut connaître de loin renvoient d’habitude à des luttes de pouvoir entre clans de samouraïs (pour les écrits du Japon médiéval) ; ici, c’est la lutte toute individuelle d’une Kaori qui découvre le monde que nous suivons.



La puissance de l’Écrit

Il est toujours particulier de suivre un roman sur une société qui a abandonné (de gré ou de force) l’usage de l’écrit. Ici, le Dit rythme la vie de cette petite communauté itinérante ; pourtant, en arrière-plan, est toujours placé un pouvoir central plus ou moins installé qui, on se doute, doit bien avoir besoin de l’écrit pour fonctionner. Alors que le Dit se refuse à Kaori, c’est cette pulsion de l’Écrit qui bouleverse sa vie et ses projets. On sent bien qu’on peut y voir un parallèle avec la force que peut comporter un roman, mais la dimension philosophique apportée au gré du récit par la rencontre d’une IA de vaisseau ou celle d’un gardien millénaire laisse le lecteur assez libre de trouver un peu ce qu’il souhaite dans la gestion que fait Kaori de son « temps ». Ajoutons à cela de nombreux passages où le style est particulièrement bon, notamment pour exprimer sentiments et sensations lors de moments cruciaux. La fin pourra être vue par certains lecteurs comme longuette par rapport à la montée en puissance du récit, voire classique par d’autres. Pourtant, le voyage est beau, et c’est ce qu’il faut conserver au bout du compte.



Quitter les monts d’automne est donc une bien belle aventure, lue d’une traite pour ma part, dont il faut garder la légèreté du personnage et la belle plume qui l’accompagne.



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Les chants de Nüying

Nous sommes en l'an 2563 dans une société dominée par l'Asie, lors d'un grand voyage vers la planète Nüyin qui est potentiellement un abri pour une forme de vie inconnue, et nous allons suivre la vie de "Brume" de "William" de "Dana" et de "Jonathan", le tout en alternance d'un chapitre à l'autre avec quelques variations de temps mis en place par des flash-back (on ne se perd pas car chaque chapitre précise la date et le lieu).

Le roman se déroule en trois parties sur plusieurs années, tout d'abord la préparation (physique, mentale, logistique et scientifique) sur une base lunaire qui verra le départ d'un énorme bâtiment pour un voyage de 27 ans à travers l'espace puis l'arrivée sur Nüying.

Les personnages sont intéressants, tous vraiment différents et bien travaillés, mais ce n'est pas le plus important dans ce roman, ici ce sont les thèmes abordés qui on l'intérêt principal.

De la décision de tout quitter et ne jamais revoir ses proches, de la science et particulièrement le transhumanisme, le clonage, le transfert de conscience, la religion, les croyances et les dérivent sectaires, les mutineries et la possibilité d'un premier contact avec la vie ailleurs dans l'univers.

La fin elle m'a bluffée, elle laisse libre cours à l'interprétation de chacun. (J'en ai discuté avec d'autres lecteurs et lectrices et on ne l'interprète pas tous de la même manière), mais c'est aussi une bonne chose car chacun y verra ce qu'il souhaite surtout, et c'est bien le principal !

Pour conclure, "Émilie Querbalec" à écrit un livre très différent de son précédent (quitter les monts d'automne), mais où onirisme, asiafuturisme, science et religion en font une très bonne histoire, variée et accessible à tous/tes.
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Quitter les monts d'automne

Ancrant le début de son récit dans une société proche du Japon médiéval, Émilie Querbalec nous convie ensuite à un voyage fascinant à travers les étoiles et nos origines. Dans un texte d’une grande sensibilité et d’une remarquable richesse, elle nous entraine à la suite de Kaori, une jeune fille dont le destin semblait tout tracé. Mais rien ne va se dérouler comme prévu. Et les surprises vont aller croissant.



Kaori est une jeune fille espiègle dont le destin est de devenir conteuse comme sa grand-mère. Elle attend, espère, le moment où elle obtiendra son Don : le Ravissement marque le passage d’une aspirante conteuse à une conteuse. Quand le Flux, cette entité qui régit l’ordre du monde, passe par ces femmes capables, alors, de raconter des histoires fascinantes, tirées non de leur esprit, mais d’une sorte de mémoire commune. Le phénomène est peu compris, mais il est reconnu pour sa valeur. Les conteuses sont très recherchées et les nobles et riches marchands se les arrachent pour animer leurs soirées et s’attirer ainsi l’admiration. Mais pour Kaori, dont la mère est morte voilà des années dans des circonstances mystérieuses, pas de Ravissement. Elle ne sera pas touchée par le Don. Elle se trouve donc obligée de changer de carrière. Dans la troupe avec laquelle elle vit, pas vraiment le choix. Elle sera danseuse. Elle a un certain talent pour cela. Mais pas assez de rigueur, selon sa professeure.



Ce démarrage, aussi plaisant soit-il, et malgré certaines finesses et l’apparition de certains éléments de SF (le Flux et ses gardiens, les moines, aidés de machines inquiétantes et modernes, bien plus que le monde dans lequel vit Kaori), m’a semblé classique. Un peu trop pour m’accrocher aussitôt. Mais rapidement, les évènements s’accélèrent. Nous sommes en 13111 du calendrier A.S. Dans le futur donc, ce que nous découvrirons progressivement. Comme l’intégralité de l’univers créé par Émilie Querbalec. Un univers qui m’a surpris, après le départ situé dans un monde japonisant, donc. Mais qui m’a ravi. Car l’autrice n’hésite pas à secouer son fil chronologique (et son lecteur par la même occasion), sans que cela nuise à la narration. Les sauts dans le temps sont justifiés et passent très bien. Le Flux et les autres inventions sont réussies, car bien associées et forment un tout cohérent, qui explique pas mal de choses aperçues au début et justifient la conduite de Kaori.



En parlant de Kaori, Émilie Querbalec n’y va pas avec le dos de la cuillère. Elle fait subir à son héroïne un nombre de retournements de situation, un nombre de bouleversements et même un nombre de mauvais traitements assez impressionnant. Même si, dans le cours de l’histoire, ils sont justifiés, la liste est grande et ce qu’elle subit sur sa planète (attention, pour ceux qui n’ont rien lu à propos de ce roman – ce qui m’étonnerait, car il a été maintes fois lu et chroniqué – la suite est un spoil : elle va être violée dans la grande ville qu’elle découvre) est extrêmement rude et traumatisant. Elle est touchée dans sa chair et dans son esprit, et bien plus, dans son intégrité. Le parcours qui est le sien est un parcours total où elle se met en jeu entièrement, par choix ou non, selon les étapes, afin d’être reconstruite et prête pour la découverte finale. Elle est souvent manipulée, souvent l’objet de convoitises et de craintes, d’attentes et d’espoirs. Elle est souvent passive devant ce que lui réserve le destin (ou ceux qui savent, ceux qui possèdent, ceux qui dirigent). Mais aux moments clefs, aux moments où on lui en laisse l’occasion, aux moments où elle a un peu de pouvoir, elle sait affirmer son point de vue et ses décisions. Même si cela a des conséquences énormes sur elle et sur bien d’autres. Kaori devient ainsi un personnage fort et central, qui m’a agréablement changé de certaines héroïnes de littérature de SF young adult (ou non) stéréotypées, aux états d’âme bourrés de clichés et aux préoccupations trop prévisibles. Non, rien de cela ici. Rien qu’une jeune femme perdue souvent, mais lucide et pleine de courage et d’énergie, battante, utilisant ce qu’elle peut comme arme, pour comprendre et survivre.



Autre point qui m’a paru intéressant dans ce roman : la place de l’oral et de l’écrit. En effet, dans la société dont est originaire Kaori, l’écrit est totalement interdit. Posséder un texte et, pire encore, en produire un est passible de la peine de mort. Offerte par les moines et leurs affreuses machines. Après de nombreux interrogatoires douloureux. Tout passe donc par la mémoire. D’où l’importance des conteuses. Cela rappelle de nombreuses sociétés passées. Comme l’Egypte des pharaons, qui fait rêver, mais qui faisait de l’écrit une chasse gardée des puissants, protégé par la caste des scribes. Ou comme la Gaule antique (vous savez bien, nos ancêtres les Gaulois, chevelus et barbus) où l’écrit était d’une grande rareté, car le savoir était transmis de druide en druide, à l’oral, pour éviter que le peuple ne se l’approprie par erreur.

Ici, la raison de ce tabou va être expliquée dans la suite du roman. Et cela se tient parfaitement. Et cela fournit un point de départ mystérieux et, donc, stimulant. D’autant plus stimulant que la langue choisie est le japonais. Et que, pour moi en tout cas, cette langue est entourée d’une aura, sans doute liée à la civilisation qui l’a vue naître et qui me touche (dans ses périodes anciennes comme dans son présent, dans sa société comme dans son imaginaire).



Tous ces éléments font de Quitter les monts d’Automne un roman d’une force et d’une portée qui m’ont surpris, agréablement. Sa lecture a été plaisante et pleine de surprises, dépaysante et vertigineuse. Un très bon moment, sans hésitation !
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Les chants de Nüying

Un roman de SF français qui traînait dans ma PAL depuis quelques temps et que j’ai lu car il est dans la présélection du Prix Imaginales des Bibliothèques.

La quatrième de couverture laissait entendre un Space opéra avec l’exploration d’une planète lointaine néanmoins, la grande partie de ce récit se consacre au voyage, avec la vie qui s’organise à bord du cargo-monde pour un voyage de 24 années lumières. De nombreux sujets sont traités avec un côté très Transperceneige pour ce qui est des relations avec les habitants de ce vaisseau.

Si le roman est plutôt bien écrit, il souffre de nombreuses longueurs. Un avis mitigé.
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