Émilie Zanola

Il pleut à torrent, j’entends un bruit sourd, comme si d’énormes blocs de pierre d’effondraient. Je cours, me rapproche de l’endroit. Une immense cascade s’écrase sur la route, des gros cubes de béton tombent. Un barrage vient de céder. Le boucan est insoutenable. L’eau me glace. Sous les trombes qui s’abattent avec force, je vois une voiture rouge. J’y vais. Je le sens, mon instinct me guide avec justesse, un homme semble prisonnier. Je cours vers lui, guettant la chute des pierres. J’en vois une qui semble nous menacer, j’ai peu de temps. Je saute sur le capot, tape de toutes mes forces dans le pare-brise qui ne cède pas. L’homme se protège le visage à temps, j’arrive enfin à lui dégager un passage. Sa main dans la mienne, je tire de toutes mes forces avant que le béton nous écrase. Je tombe à la renverse et il se vautre sur moi. « Naël ! » Je suis interdite. Les secondes paraissent des minutes, je sens son souffle rouler sur ma peau, il me regarde, me fixe de ses yeux verts. Je ne sais pas comment réagir. Avec effroi je distingue par-dessus son épaule un bloc prêt à s’écraser sur nous, je le pousse avec force sur le côté, le sauvant une nouvelle fois. Il comprend le danger, revient, me prend dans ses bras à temps et me téléporte sur l’autre bord de la route. Je me relève. Il a disparu.

Définition du rêve: « Production psychique involontaire survenant pendant le sommeil, pouvant être partiellement mémorisée. »
Ils peuvent être:
Lucides: Le rêve est conscient d’être dans son rêve, il peut influencer son cours.
Prémonitoires: Rêves prophétiques où le rêveur voit un événement futur, pas forcément lié à sa vie.
Créatifs: Ceux où vous obtenez une réponse à une énigme, où vous voyez une oeuvre que vous peindrez, un concept révolutionnaire…
Cauchemardesques: Rêves anxieux.
Récurrents: Vous faites plusieurs fois des rêves quasiment similaires.
Et les plus courants: Les rêves d’actualité qui retracent votre journée ainsi que les concomitants qui concordent avec un bruit extérieur.

Ses yeux parcouraient l'immense pièce fraiche où de hautes étagères débordantes de livres recouvraient tous les murs. la lumière d'une immense coupole de verre dégoulinait sur les milliers d'ouvrages. Excitée par un tel endroit, elle commença à détailler chaque couverture de cuir quand un homme s'approcha.
-Surprise? entama le bibliothécaire.
-Oh oui, je ne m'attendais pas à cela dans cette cité. qui sont tous ces auteurs?
-Des voyageurs et des hommes, nous avons presque tous les livres qui ont été écrit dans les deux mondes. Au fait, Morphée, enchantée de te connaître, tu dois être Liana

- Sors de là, immédiatement ! lui cria son amie, paniquée.
- Sarah, mais que fais-tu là ?
- Cours, c’est tout ce que j’ai à te dire pour le moment, lâcha-t-elle gravement en actionnant le signal d’alarme du CROUS.
- Les oiseaux, ce sont eux n’est-ce pas ? Qu’as-tu vu ? lui demanda Liana d’une voix essoufflée, une fois arrivées devant leur immeuble.
Sarah resta muette, tirant son amie de toutes ses forces vers la fac.
- Tu me fais flipper, tu apparais comme un fantôme et tu ne dis rien !
Du parking, une vue imprenable sur la vallée environnante, éclairée par la lune, s’imposa à elles. A bout, pliées en deux, elles scrutèrent le ciel. Un avion amorçait sa descente vers le petit aéroport de Chambéry. La décélération de l’appareil leur donna des frissons : il paraissait si proche à cause du éger vent qui soufflait dans leur direction. Puis plus rien, le silence revint. Les filles se regardèrent, interdites. Les oiseaux s’approchèrent à nouveau, volant frénétiquement dans la nuit. Une explosion retentit alors au loin. Dans le ciel, une flamme grossissait à mesure qu’elle avançait. Le moteur d’un avion qui venait de décoller depuis le même aéroport s’était embrasé. Le bruit était assourdissant, des craquements de métal leur parvenaient. Le moteur encore en fonction donna toute sa puissance mais l’appareil ne put se redresser, il rasa le CROUS de très près avant de terminer sa course un peu plus loin, dans un fracas qui leur glaça le sang.

Liana dressa une liste de ce qu’elle souhaitait avoir pour l’aider dans ses recherches. Des livres historiques, une carte de France pour commencer. Elle devait essayer de gagner du temps afin de comprendre pourquoi elle n’arrivait plus à rêver mais aussi de chercher une faille dans leur système de surveillance et ainsi fuir. Même si elle sentait en Kilian un allié, elle avait peur qu’il ne la balance contre cette pseudo-sécurité qu’il ressentait ici. Le don d’hypnose de Gab avait certainement frappé à nouveau. Assise à une table disposée dans un coin de cette grande salle rectangulaire, une idée sembla venir à elle. Tous ces objets appartenaient aux Templiers, la jeune femme demanda donc à Kirios un tableau détaillant le lieu, la date où ils les avaient trouvés, les Trois avaient imaginé leur carte ainsi. Intérieurement, elle se moqua, tout ce cirque ne servait à rien, seul un rêve en particulier pouvait amener Liana à l’Imortis, à la cité, à… Naël, songea-t-elle. « Non, reste concentrée, tu as une mission, sauver les Voyageurs et ta peau d’abord, tu pleureras après ! Mais tais-toi, il n’est peut-être pas mort comme le prétendent les voleurs ». La tristesse la rongeait, cette aventure ne serait peut-être pas de trop pour lui occuper l’esprit.