Cette semaine, la librairie Point Virgule vous invite à plonger sous l'océan à travers quatre ouvrages destinés à la jeunesse.
- Le voyage de la goutte d'eau, Gilles Diedderichs & Violaine Costa, Hatier Jeunesse, 13,90
- Récif en danger ! Le Club des NCE, Nadine Debertolis & Céline Deregnaucourt, Gulf Stream, 6,90
- Véga et les eaux sauvages, Rosanne Parry, L'école des loisirs, 15,50
- Au cur de l'océan, collectif, Auzou, 12,95
Musique du générique d'intro par Timo Vollbrecht.
Tu sais que j'aime les photos. Au fond, c'est sans doute parce que j'aime les souvenirs et que je veux pouvoir garder une trace concrète des bonnes choses de la vie. Ce sont celles-l) qui comptent, c'est de celles-là qu'il faut s'occuper.
Les absences de Papa ne la contrariaient pas autant d’habitude. Maman disait que c’était son métier qui voulait ça, qu’elle le savait depuis le début, que ce n’était pas grave, qu’il fallait faire avec et que « tant mieux, puisqu’il adore voyager ».
Ce fameux métier m’avait donné du fil à retordre quand j’étais petit -avant le collège, quoi-, un vrai casse-tête. Je n’arrivais jamais à me souvenir de son nom, encore moins de son orthographe, et j’étais absolument incapable d’expliquer en quoi ça consistait. Anthropologue. Vous aussi, vous trouvez que ça ressemble à une blague, un nom pareil ?
- Pas question, a-t-elle répondu. Déjà, je ne vous laisserai jamais deux semaines seuls, et en plus si tu te sens capable de gérer la cuisine, la maison et tout le reste sans adulte, commence par le prouver en aidant un peu plus souvent !
La voix-tronçonneuse n’était pas loin. Tessa et moi, on a échangé un regard dépité. On savait que ça ne servait à rien de lutter, nos vacances étaient fichues.
Il m'a bien fallu huit essais avant de trouver la bonne clé. C'était fou, ce trousseau ! Maman nous a rejoints au moment où on poussait enfin la porte d'entrée. On s'est avancés tous les trois en même temps et on a froncé le nez. Un an sans aération ! Et avant cela, plusieurs années sans doute, parce que je ne vois pas bien qui aurait pu passer ici quand l'oncle Eustache était en maison de retraite. Il paraît qu'à l'époque, la famille avait insisté pour qu'il loue ou vende sa propriété, mais qu'il avait catégoriquement refusé.
- Il y a trop de bazar à déplacer, qu'est-ce qu'on en ferait ? avait-il dit. Sans parler des secrets, ça ne se vend pas, les secrets !
Sans rien avoir à se dire, on s'est serrés les uns contre les autres, et Papa a tendu son bras le plus possible en tenant l'appareil face à nous. Il a poussé quelques jurons et maudit les selfies qu'il trouvait ridicules, mais comme l'instant était à graver dans le marbre, et qu'il n'y avait personne d'autre pour prendre cette photo, et blablabla. Maintenant qu'il avait décidé de parler davantage, il semblait ne plus pouvoir s'arrêter !
Au fond, sa mère n'avait pas toujours tort, et ses conseils idiots commençaient à lui manquer. Ils ne lui servaient souvent à rien, mais tissaient un filet de sécurité sous ses pieds de rêveuse déterminée.
Déjà qu’avoir un pouvoir magique permettant de faire de la poésie n’était pas franchement ce dont on rêvait pour devenir un super-héros, si en plus c’était de la mauvaise poésie, il valait mieux laisser sa cape au vestiaire.
Quand viendra la vingtième année,
Le Sceau devra céder,
Alors, se révèleront les mots sur le papier.
Toi qui lis, cherche les gylves ennemis,
Eux qui se divisent pour mieux régner,
Eux qui infestent les esprits.
Trouve tes deux alliés pour les contrer
Et perpétue le sceau pour préserver l’Humanité.
Tout le monde s'est trouvé démuni. Tout avait été changé en pétrole, en composants électroniques et en armes. Le sol était devenu un immense goudron, les mers brûlaient nos peaux quand on s'y baignait, et l'air ne pouvait plus être respiré sans un appareil spécial sur le visage. La plupart des animaux ont disparu... Le monde était devenu invivable sans qu'on s'en soit rendu compte.
L'écriture était parsemée de taches rondes transparentes qui la rendaient floue: des larmes. D'innombrables larmes! C'était ce qui me bouleversait dans ce message, j'imaginais la prisonnière de Chanteloube devant moi tout effondrée en pleurs.