Interview de Eric Buffetaut sur la couleur des plumes de dinosaures
Il y a quelque 300 millions d'années, le Massif Central se trouvait près de l'Équateur.
"Mais Monsieur, à quoi cela sert, ce que vous faites?" Rien d'agressif dans le ton de la dame qui m'interrogeait ainsi, mais une perplexité certaine: quelle utilité cela pouvait-il bien avoir de s'intéresser à des êtres morts depuis des millions d'années?
Ma réponse ne fut peut-être pas de nature à la tirer de sa perplexité. Je mis en avant l'aspect culturel de la paléontologie, son rôle dans l'accroissement des connaissances humaines - et le fait que la recherche fondamentale n'a pas à "servir à quelque chose". Un ami mélomane me fit remarquer, à la fin de la conférence, que j'aurais aussi bien pu répondre à la question par une autre question: "Et la musique de Mozart, à quoi sert-elle?".
Contrairement à ce que peuvent croire les tenants d'un rationalisme étroit, il n'est pas interdit d'introduire une part d'imagination, voire de rêve, dans la recherche scientifique. Si le rêve demeure maîtrisé, elle n'en devient que plus créative.
Les dinosaures ne furent pas les seuls êtres vivants à disparaître brutalement. On a estimé que 70 % des espèces qui vivaient à l'extrême fin du crétacé-tertiaire, victime d'une extinction en masse qui frappa presque tous les milieux.
Dans ce cadre géographique élargi, il devenait clair que certains problèmes posés par l'évolution des vertébrés européens avaient leur solution ailleurs. II apparaissait aussi que la géographie ne pouvait être considérée comme une donnée stable et fixe. La distribution des plantes et des animaux fossiles montrait plus que jamais que la répartition des terres et des mers avait changé au cours des temps géologiques. A partir d'une meilleure connaissance des fossiles extra-européens, il devenait possible de tracer des cartes paléogéographiques mondiales, comme celles publiées en 1895 par le paléontologue autrichien Melchior Neumayr. La distribution de certains groupes fossiles obligeait à admettre que des continents aujourd'hui séparés par de vastes espaces océaniques avaient éte autrefois reliés, et les anciens " supercontinents " dont on commençait alors à soupçonner l'existence furent reconstitués en grande partie sur la base des données paléontologiques (ce fut le cas, par exemple, du célèbre continent de Gondwana, proposé par Eduard Suess, qui regroupait Amérique du Sud, Antarctique, Afrique, Australie et Inde). C'est ainsi que les progrès de l'exploration paléontologique du monde posaient aux géologues des problèmes qui ne trouvèrent de solution qu'au bout de plusieurs décennies.
Les Chinois connaissaient d'ailleurs d'autres vertébrés fossiles que les prétendus dragons. Dès le XIIe siècle, certains auteurs avaient correctement interprété des poissons fossiles bien conservés comme les restes pétrifiés d'animaux réels. Ces fossiles étaient d'ailleurs recherchés, au point que I'on fabriquait déjà des faux en peignant le contour de poissons sur des pierres. On avait aussi entendu parler en Chine des nombreux restes de mammouths conservés dans les sols gelés de Sibérie, et l'ivoire de mammouth était utilisé par les artisans chinois. Se fondant sur les légendes des tribus sibériennes, certains auteurs chinois croyaient que le mammouth était une sorte de taupe gigantesque qui vivait sous terre. D'après un traité d'histoire naturelle du XVIe siècle cité par Cuvier, l'animal en question était appelé tien-schu, ou tun-schu, c'est-à-dire "la souris qui se cache" :
"Il se tient continuellement dans des cavernes souterraines ; il ressemble à une souris, mais égale en grandeur un bœuf ou un buffle. Il n'a point de queue : sa couleur est obscure. Il est très fort, et se creuse des cavernes dans des lieux pleins de rochers et de forêts."
Sans doute devons-nous nous soucier des changements climatiques qui se produisent aujourd'hui, et de l'élévation du niveau des mers qui en est le corollaire, parce que ces modifications peuvent influer sur notre mode de vie. Mais ne perdons pas de vue que pendant des milliards d'années avant que les humains n'apparaissent et commencent à transformer leur propre environnement, la géographie et les climats ont constamment changé. A cette échelle, nos tentatives pour conserver le monde dans un état que nous souhaiterions stable ne peuvent qu'apparaître futiles.
En 1749 parurent les trois premiers volumes de la grande oeuvre de Buffon, "L'Histoire naturelle générale et particulière avec la description du Cabinet du Roy". L'ampleur de l'ouvrage dépassa rapidement les quinze volumes prévus à l'origine, puisqu'à la mort de Buffon en 1788, trente-cinq volumes avaient été publiés, sans d'ailleurs que l'ouvrage fût achevé.
Pour mener à bien cette tâche immense Buffon dut s'entourer de collaborateurs, ce qui n'alla pas toujours sans peine, certains, comme Daubenton, considérant que leur contribution n'était pas suffisamment reconnue et cessant bientôt leur collaboration. Quoi qu'il en soit l'ouvrage connut un grand succès, dû en grande partie au style plus littéraire que scientifique de Buffon, et peut-être aussi à un certain côté assez anthropomorphique de ses descriptions zoologiques.
Buffon n'accepta jamais la classification des êtres vivants que proposait son contemporain le Suédois Linné (1707-1778) qui est pourtant devenue la base de la systématique moderne.
L'énergie dégagée par l'impact de la météorite est estimée à 5 milliards de fois celle de la bombe atomique d'Hiroshima.
En ce qui concerne la Lune, on l'a dit, beaucoup d'astronomes virent longtemps dans ses cratères des structures d'origine volcanique. L'un des premiers à soutenir qu'ils avaient été formés par des collisions de météorites fut Alfred Wegener, dont le génie ne se limitait pas à la dérive des continents...