Crab mourait d’ennui. Les voyages, les spectacles, rien ne parvenait à le distraire. Les drogues stimulantes prescrites par ses médecins restaient sans effet. Il cessa de se nourrir. Mâcher, ça va une fois, ça devient aussitôt ennuyeux. Ses forces déclinèrent.
Si le nageur qui renonce à nager coule à pic, pensait Crab, la terre va s’ouvrir sous mes pieds, j’abandonne. C’est ainsi qu’il faudrait mourir, le sol se dérobe et notre corps trop las pour continuer est enseveli debout, planté là sans autre forme de cérémonie, tandis que déjà le calme revient à la surface et que disparaît sous les herbes toute trace de cette rapide sépulture.
Mais Crab n’était pas d’avantage curieux de la mort. La perspective de la vie éternelle n’est pas faite pour réjouir celui que chaque seconde accable. Quant au néant que d’autres lui promettaient, il ne l’attirait pas non plus – qu’a-t-il de moins à offrir que le vide ? Or du vide, Crab en avait le crâne enflé et l’estomac rétréci.
Il dut s’aliter. Convoqués une nouvelle fois, les médecins ne purent que confirmer leur vain diagnostic. Crab mourait d’ennui. Leur science était impuissante.
Alors quelqu’un eut l’idée d’appeler à son chevet un maître horloger, qui le sauva.