De sa chambre, le voyageur avait vue sur les quartiers sud de Taka- Maklun. C'était une cité à la fois ancienne et moderne, avec des murailles en pisé. Ses édifices les plus élevés - des immeubles de verre à vingt et trente étages - étaient souvent bombardés d'azur quand, plus bas, les rues baignaient dans le brouillard. "Voilà donc à quoi ressemble Taka-Maklan", se disait-il...Comme les habitants ne quittaient plus la ville, les riches s'offraient des vacances en louant un appartement à terrasse aux étages les plus élevés, à trente ou quarante mètres au moins au dessus du niveau de l'hiver. Les saisons n'avaient plus guère de sens temporel. On montait voir un ami en été; on descendait faire son marché en hiver. Hiver et printemps étaient les quartiers les plus représentatifs de la ville, bien plus que les quartiers sud, nord, est ou ouest puisque les points cardinaux n'avaient plus cours : on avait confisqué les boussoles.