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Critiques de Åsa Ericsdotter (89)
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L'épidémie

L’Épidémie n’est pas celle qu’on croit, même si la Masse critique s’est révélée opportuniste : ici, nous sommes en Suède et la campagne électorale du futur dirigeant s’est axée sur l’obésité. Las de voir ses contemporains représenter un fardeau grevant le budget santé de la nation, l’éradication de ce fléau devient son leitmotiv.



On commence par les slogans, les campagnes d’information, puis montée en puissance avec la prise en charge des opérations bariatriques par le système de santé national, intervention l’on propose de plus en plus tôt jusqu’à perdre la raison, après les jeunes enfants ce sont les nouveau-nés dont les antécédents familiaux augmentent le risque de les avoir un jour dépasser l’indice corporel ajusté qui identifie mieux qu’une étoile jaune les individus considérés peu à peu comme des criminels.



Dans un premier temps, l’induction de troubles du comportement alimentaire est un premier effet secondaire, qui touche de près Landon, le héros de cette farce glaçante.



Et puis comme même les bases de la médecine scientifique sont bafouées, et qu’il existe toujours dans le pays des résistants, la solution extrême, que l’on pourrait appeler finale est organisée.



Si le processus remet en place progressivement, il s’accélère, avec le rythme du roman qui devient vite un thriller. Et c’est la boule au ventre que l’on parcourt les dernières pages.



L’obésité devient vite une métaphore d’une autre exclusion, elle aussi orchestrée à grande échelle naguère, avec les mêmes mécanismes et les mêmes dilutions des responsabilités qui permettent aux décideurs de se laver les mains et aux exécutants de nier toute responsabilité, tout est possible.



Le résultat est un bon thriller, à la fois sans le rythme de la narration et pour ce qu’il suggère de la capacité des instances gouvernantes de perdre toute capacité de raisonnement logique.



Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour leur confiance.
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L'épidémie

En ces temps covidesques, il me semblait tout à fait approprié de lire un roman intitulé "L'épidémie", surtout en sachant...que ça n'avait rien à voir avec un quelconque virus !

Non non, nous sommes en Suède, et l'épidémie que souhaite juguler le premier ministre Johan Svärd est d'un tout autre ordre : il s'agit d'éradiquer l'obésité, génératrice de frais médicaux et qui selon lui menace l'équilibre du pays. Soyons beaux, soyons sains, soyons minces et nous serons plus heureux, fiers de notre pays où règne la santé. Veillons à maintenir notre IMGM (Indice de Masse Grasse et Musculaire) aussi bas que possible et mangeons de l'Airfood goût noisette, ça ressemble à de la nourriture, mais ça ne nourrit pas ! Allons à l'église, non pas pour écouter un sermon, mais pour faire de l'exercice, puisque les lieux de culte se transforment l'un après l'autre en salles de sport.

Mais tout ceci ne suffit pas à Johan Svärd, les élections approchent et il voudrait bien rempiler. Problème : les gros ne voteront pas pour lui, ces porcs ! Il va donc falloir aller bien plus loin pour éradiquer l'obésité, et le temps presse.

Parmi ces vilains gros non coopératifs, il y a Helena dont la fille Molly a du intégrer une classe "spéciale" pour enfants en surpoids dont les programmes tiennent plus du bourrage...de crâne que de l'instruction. Le jour où la fillette rentre avec une brochure sur la chirurgie bariatrique, c'est l'humiliation de trop pour Helena : elle quitte la ville pour se réfugier dans la vieille maison de son père. C'est là qu'elle va rencontrer Landon, jeune chercheur séparé de sa fiancée Rita qui est entrée dans une spirale mortifère d'amaigrissement forcené.

A Stockholm, Gloria a perdu son poste d'enseignante à l'université d'Uppsala, à cause de son surpoids. Depuis, elle se morfond seule dans son appartement où seule sa voisine Bibi vient la voir. Un jour, elle reçoit une mystérieuse convocation...

Le décor est planté, les personnages en place.

A partir de là, l'auteure nous emmène dans le délire d'un dirigeant barré dans son délire totalitaire, qui rêve d'un pays sans gras où tout le monde respirerait la santé, qui serait un exemple pour le monde entier, et surtout pour les USA et la France, pays que Johan exècre depuis qu'Amy, son amour de jeunesse l'a quitté à New York pour un frenchie.

Les mesures de rétorsion passent de simples incitations à des brimades de plus en plus intrusives, que ce soit dans la vie professionnelle ou privée. Les personnes en surpoids sont stigmatisées, moquées par les "normaux" et la violence psychologique à leur égard s'insinue dans tous les domaines.

Moi qui suis un peu "limite" au niveau poids, je vous jure qu'à certains moments je me rongeais les ongles pendant ma lecture, en pensant au chocolat que j'avais mangé pour accompagner mon café ! L'angoisse monte progressivement jusqu'à atteindre un paroxysme, on suit, haletants, Helena, Landon et Gloria qui cherchent à échapper à ce régime (!) de nazis de la minceur. Le parallèle est d'ailleurs facile à établir entre les partisans de Johan Svärd et ceux qui cherchèrent à éradiquer une autre partie de la population, jugée elle aussi "indésirable" en son temps. Simplement l'intolérance et la haine sont placés sur un autre plan : l'apparence physique, le culte de la forme (et non des formes !).

J'ai parfois eu des difficultés à poursuivre ma lecture, je me sentais presque mal à l'aise en me disant que oui, ce n'est pas totalement irréaliste, cela pourrait même arriver, tellement certains sont obsédés par le culte du paraître, de la minceur. Le masque peut cacher les boutons, mais pas les kilos !

Mais malgré une lecture discontinue, j'ai apprécié ce roman bien construit, plausible même si l'idée peut sembler invraisemblable au départ. J'ai eu peur pour les trois héros et la petite Molly, j'ai espéré que quelqu'un réagisse et dise "stop, vous êtes de grands malades ! ", j'ai détesté ces moutons qui adhèrent à une idéologie totalitaire sans comprendre la manipulation dont ils sont complices. Et je me suis dit avec inquiétude que certains pays d'Europe ne sont pas loin de basculer dans des dictatures de ce type, même si l'approche n'est pas la même.

J'ai alterné ce roman avec "Né d'aucune femme" de Franck Bouysse, guère plus joyeux, et un traité sur la déconsommation ! Autant vous dire que mon pauvre cerveau en a pris de tous les côtés entre ces trois bouquins...

Bon, je m'en vais manger un yaourt à 0% en réfléchissant à tout ce que je pourrais jeter dans ma maison, et j'espère ne pas rêver de dictateur fou ou de forgeron psychopathe !

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L'épidémie

Jamais un titre n’a été plus d’actualité et il arrive à pic dans le catalogue de chez Actes Sud. Mais je vous rassure, ici il n’est pas question de Corona virus.



La Suède a élu Johan Svärg, comme Premier ministre, il y a quatre ans. Il était nouveau dans le paysage politique, et peu de gens l’on prit au sérieux. Pourtant son programme de santé, ce veut radical : éliminer l’obésité et les gens en surpoids. Les prochaines élections sont dans six mois et il tient absolument à être réélu.



On suit donc quatre personnages

- Johan Svräg, lui-même, qui met en place son plan diabolique pour sa réélection. Sa mégalomanie est absolument incroyable et fait froid dans le dos. C’est un homme sans scrupule, prêt à tout pour le pouvoir et l’argent.

- Landon, qui est en surpoids mais ne fait pas encore partie de ceux qui sont classés comme très vulnérables par le gouvernement. Il ne rêve que de quitter le pays pour s’installer aux États-Unis et ça se comprend vu les discriminations auxquelles il doit faire face.

- et Gloria, qui avec ses 150 kilos est déjà aux prises avec le changement de société.Tout comme Helena qui se bat pour sauver sa fille.



L'auteur nous montre très ouvertement et directement quelles dimensions les actions politiques peuvent prendre, et c’est terrifiant. Propagande, endoctrinement (et ça dès le plus jeune âge), discrimination…. Tout est bon pour le gouvernement pour arriver à ses fins. On débarque dans une Suède ou toute la société à reçu un lavage de cerveau. Depuis l’arrivée de Johan Svärg au pouvoir, des centres de fitness ont remplacé les églises, les cliniques de liposuccion ou de chirurgie gastro-intestinale sont partout, les émissions de cuisine avec des nutritionnistes tournent en boucle sur toutes les chaines et l'industrie pharmaceutique est bien sûr en plein essor!



C’est un récit captivant, prenant dès les premières pages. Une fois commencé, il est impossible de le lâcher. Certaines méthodes employées dans le roman ne sont pas sans rappeler Hitler et l'on est toujours aussi consterné / fasciné par la façon dont on pourrait contrôler une société entière sans que personne ne semble le remarquer. Il y a un côté voyeur, on est souvent très mal à l’aise au fil du récit et j’ai vraiment eu peur d’une fin terrible. Je me demandais sans cesse comment tout cela pouvait finir. La tension est présente du début à la fin et j’ai dévoré ce roman en à peine 48h.



En tout cas, c’est vraiment très bien écrit, original et effrayant. Åsa Ericsdotter est, définitivement, une auteure à suivre ! Elle décrite à merveille la sphère politique et son roman est encore et toujours d’actualité. Un livre qui fait réfléchir sur ce que nous tenons souvent pour acquis dans la société d'aujourd'hui : la Démocratie, la liberté d'expression et, surtout, les droits de l'homme qui au final pourrait être très vite supprimés au profit d’une société comme celle décrite dans ce roman.
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L'épidémie

Ce récit dystopique, qui revêt des airs d'anticipation, est suffisamment vraisemblable pour marquer les esprits et interroger le·a lecteur·rice. À mon sens, il est ici question de la manière dont tout peut basculer, la déchéance d'un état et l'asservissement de sa population, en raison d'une seule personne détenant assez de pouvoir pour ériger ses peurs et sa haine au rang de programme politique. C'est alors l'histoire d'un homme, premier ministre suédois gangrené par sa répulsion des personnes grosses, qui corrompt alors progressivement le régime en appliquant -au départ- quelques lois à l'encontre des individu·es qu'il estime un peu trop enrobé·es. Peu à peu, ces lois se multiplient et se font de plus en plus sévères, allant de l'interdiction de travailler à la ghettoïsation des habitant·es en passant par la sur-médication et les opérations chirurgicales amaigrissantes dès le plus jeune âge.



Ce thriller, captivant, nous rappelle combien il faut se méfier de l'état et des personnes au pouvoir qui se servent de la "justice" et des médias pour diffuser leurs idées, contrôler les esprits et les anéantir. L'autrice, Åsa Ericsdotter, décrit à merveille les dérives politiques totalitaristes et ses mécanismes jusqu'au déclin d'une société, la suppression des droits des hommes et femmes, la liberté et le glissement terrible vers le génocide. La folie et la phobie d'un homme deviennent alors ici l'occasion d'un extrémisme politique, religieux et médical qui chute vers une horreur indicible. Si le roman décrit finement l'abnégation d'un collectif par la construction d'un système politique infernal que nous refusons d'imaginer possible, il glace par son actualité et son acuité quant à nos obsessions d'être en bonne santé, d'avoir un corps parfait et d'être dans la norme.



L'autrice manie un récit haletant, le dérapage d'une société qui devient complice des psychoses d'un homme : l'occasion de dresser une fresque critique de nos sociétés actuelles...



Merci à Babelio et Actes Sud pour l'envoi de ce livre !
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L'épidémie

Le Parti de la santé est au pouvoir en Suède depuis 4 ans.

Son cheval de bataille ? L’obésité. Tous les maux de la société sont le résultat de la voracité, de la paresse, du manque de volonté des obèses qui n’ont seulement imposent à tous la vue de leur corps difforme mais coûtent à la communauté tout entière avec leurs problèmes de santé spécifiques : diabète, maladies cardiaques…

Tous doivent faire un effort en menant une chasse sans merci aux calories, en épuisant leur corps avec du sport, du sport, du sport. C’est ce que martèlent les autorités, la propagande d’Etat, la publicité…

Landon est un peu enrobé et s’il n’est pas victime de discrimination directe, il subit quand même les regards désapprobateurs de ses collègues quand il mange une barre chocolatée.

Helena est franchement ronde et s’en porte très bien. Pourtant, quand l’école de sa fille de 9 ans laisse planer la menace de la pose d’un anneau gastrique à la petiote, elle décide d’aller s’isoler à la campagne pour protéger Molly de la folie ambiante.

Gloria n’ose plus sortir de chez elle. Elle se fait livrer à la maison et ne reçoit plus que la visite de son amie Bibi.

Quant à Johann Svärd, le si sexy 1er ministre, craignant pour sa réélection, il décide de durcir les mesures de discriminations déjà fortes pour avoir des résultats indiscutables avant le retour aux urnes.

Cette dystopie, qui certes transpose le modèle mis en place par les nazis à l’endroit des Juifs aux Suédois d’aujourd’hui, est fort bien pensée et fort bien menée. Détournant le culte du paraître qui submerge nos sociétés occidentales, elle montre parfaitement comment des mesures menées d’abord à bas bruit, soutenues par un endoctrinement forcené, avec le soutien d’instance bénéficiant d’une aura d’autorité (milieux de la police, médical, pharmaceutique) s’imposent dans la population qui finit par accepter l’inacceptable.

Tout au long de ma lecture j’ai craint pour Landon, Helena, Molly, Gloria, espérant qu’ils s’en sortent mais ne voyant pas comment…

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L'épidémie

L'épidémie... oui mais pas celle à laquelle vous pensez ! Il s'agit ici de l'obésité vue comme un fléau et une épidémie à combattre par l'ambitieux politicien suédois Johan Svärd, porté au pouvoir par sa campagne populiste contre cette maladie qui selon lui ravage le pays. Si les premières mesures prises par son gouvernement semblent de bon sens pour inciter les personnes en surpoids à se faire aider et à maigrir, la surenchère permanente nécessaire pour entretenir sa cote de popularité et le faire réélire va peu à peu trop loin dans son obsession d'une société saine et "purifiée".



J'ai acheté ce roman lors du déconfinement l'année dernière trouvant que son titre faisait écho à ce que nous vivions et ayant lu de très bonnes critiques mais je n'avais pas osé le lire jusqu'ici, craignant un contenu trop noir et déprimant. Et bien je confirme : c'est une excellente lecture mais qui fait froid dans le dos. C'est paradoxalement la première partie du roman qui m'a le plus glacée, au point que j'ai été obligée d'interrompre temporairement ma lecture tellement celle-ci m'angoissait. On y découvre la Suède en version à peine modifiée où l'obsession du poids et la forme physique ont été érigées en valeurs ultimes. Toute la société semble s'être réorganisée en fonction de cet objectif : maigrir, rester en forme, avoir une silhouette idéale. Au départ, cela paraît presque normal : après tout, après la lutte contre le tabac, l'alcool et le "manger 5 fruits et légumes par jour", n'est-il pas naturel qu'un gouvernement se préoccupe ainsi de la santé de ses citoyens ? Et puis, les légère, ô si légères, bizarreries ou aberrations se multiplient : des restrictions imposées aux obèses, de la chirurgie baryatique ou des médicaments coupe faim érigés comme solution à tous les problèmes y compris ceux des enfants en surpoids, des incitations à être maigres par ci, des discriminations par là... On découvre petit à petit ce monde pas si idéal mais qui encore une fois ne paraît pas si loin du nôtre. Et enfin c'est cette réunion où sont conviés et regroupés dans un stade des milliers d'obèses : et là le lecteur refuse d'y croire, il se dit mais non ce n'est pas possible, l'auteur n'osera pas, mais que va-t-il se passer... (et c'est là que j'ai interrompu temporairement ma lecture car elle me mettait trop mal à l'aise !).



Paradoxalement, la seconde partie du roman où on commence à se douter de ce qu'est vraiment cette société idéale sans obèses à laquelle rêve Johan Svärd m'a presque parue moins forte et moins percutante. Finalement l'horreur imaginée et suggérée fait parfois plus d'effet que sa description détaillée... On s'attache néanmoins aux différents personnages croisés dans la première partie et dont on découvre les liens et surtout on frissonne en sentant l'étau se resserrer petit à petit autour de Landon, qui seul va vouloir savoir ce qui se passe vraiment, et Helena, jeune femme en surpoids réfugiée à la campagne pour éviter à sa fille un peu trop grosse aussi les humiliations et souffrances visant à la faire maigrir. L'auteur mène son intrigue tambour battant, sans temps mort, et ce roman se dévore comme un excellent thriller, le petit côté réaliste en plus.



La grande force de ce livre est pour moi le réalisme du début et le glissement progressif qu'il décrit entre une politique de santé publique qui ne veut que le bien de ses citoyens et le totalitarisme et les discriminations qu'elle va petit à petit entraîner. Une lecture glaçante et qui fait réfléchir : après avoir lu ce roman, je ne peux m'empêcher de voir d'un autre œil certains articles de journaux ou débats concernant l'obésité et la lutte contre le surpoids. C'est aussi une excellente dénonciation du populisme et de la manière dont un homme doté d'un fort charisme et prêt à tout pour réussir peut s'emparer du pouvoir et mener tout un pays à sa perte... car après tout ici c'était les obèses mais pourquoi pas un autre prétexte. Un roman fort et original à ne pas rater mais à découvrir, de préférence un jour où le soleil brille et où vous avez le moral !
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L'épidémie



Ce roman suédois publié dans l'excellente collection Actes noirs des Éditions ACTES SUD est sorti en France peu avant le confinement. Son titre n'évoque pourtant pas l'épidémie virale, mais l'épidémie mondiale d'obésité en mettant en scène une intrigue se déroulant en Suède. Un parti politique y a pris le pouvoir en promouvant l'absolue nécessité de faire maigrir les personnes "trop" fortes.



Ce premier livre d'Asa Ericsdotter traduit en France est sensé proposer une réflexion sur notre façon de percevoir l'autre dans sa différence et la capacité de nos démocraties à résister à la montée de l'intolérance.

En effet, subrepticement, le régime politique du parti de la santé devient "le couvre - feu des personnes obèses" et fait aussi le lit à celles qui acceptent des pertes de poids toujours plus conséquentes pour préserver leur emploi et leur logement.



L'argument le plus retentissant entendu dans le pays étant que les soins liés à l'obésité coûtent trop chers à l'état. "Les gros sont des paresseux qui bouffent le budget de l'état avec leurs maladies de gros" .

C'est évidemment l'antipathie générale pour les obèses qui se révèlera la condition sine qua non pour que le plan machiavélique du premier ministre suédois puisse fonctionner.

Ça ne vous rappelle rien ?



Accrochez - vous car vous n'avez encore rien vu !

Peu à peu, ce parti devient une idéologie et derrière l'image d'une " Suède forte et saine" qui refuse que le trou des dépenses de santé se grève, on comprend vite que "ce n'est pas le parti le problème, c'est ses convictions" qui ont généré une nouvelle société basée sur la surveillance et le contrôle. Sur l'intolérance et le rejet.

Cette propagande de la haine a pris de l'ampleur avec une rapidité déconcertante. La manipulation médiatique aux mains du pouvoirs et les fakes news servent ainsi le machiavélique projet.



Asa Ericsdotter sait raconter les histoires, c'est indéniable. Sa construction classique voit quelques personnages (peu nombreux) avancer en se croisant, s'épaulant, s'opposant. On les suit presqu'au jour le jour.

Son sujet est passionnant, mais si je viens d'écrire juste avant « est sensé proposer une réflexion sur notre façon de percevoir l'autre dans sa différence… » c'est parce que j'ai trouvé dès le début qu'il lui manquait un souffle, un supplément d'âme avec, par exemple des personnages supplémentaires et surtout un chouia de matière réflexive dans les échanges ou les descriptions.



J'ai regretté un démarrage un peu mou, une première partie longue, redondante, contenant des monologues intérieurs et des dialogues répétitifs, voire creux parfois.

De plus, ce qui fait le suspens de ce récit m'a paru trop gros (excusez !). Je n'ai pas pu croire que la population ne s'inquiète pas des disparitions soudaines et si massives.

La fin est certes trépidante, j'ai tourné fiévreusement les pages pour savoir comment tout cela allait se terminer. Quelle voie choisissait l'auteure.



Mais, du début à la fin, l'introspection sociétale a fait défaut.

Car attention, la haine, ce cafard indestructible, est une idéologie qui ne disparaît jamais vraiment. C'est pourquoi « L'épidémie » aurait dû être traitée autrement.



Demain, (ou déjà ?!), la haine peut prendre n'importe quel autre visage et il faut donc comprendre mieux comment l'homme peut se transformer si vite en LOUP pour son voisin. Ce roman est passé à côté de ce processus (très humain).

Quel dommage !




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L'épidémie

Je lis peu (voire pas) de dystopie, uchronie etc.... Pourtant j'ai aimé regarder avec mes filles les films "Hunger Games". Ma fille aînée a dévoré les 3 tomes en si peu de temps. Mais rien à faire ça ne me tentait pas....

Pourtant j'ai emprunté cette "Epidémie", et je n'ai pas réussi à lâcher ce livre.... je l'avoue je me suis régalée (conclusion : ne jamais dire "fontaine je ne boirai pas de ton eau").

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Ici on va décortiquer l'horreur.

L'épidémie en question est l'obésité. le Parti de la Santé a été élu, démocratiquement, pour faire maigrir la Suède. Et va désigner les coupables : les obèses.

Evidemment le rapprochement avec la Shoah est là, et j'ai pensé aussi aux Tutsis présentés comme des "cafards" préparant ainsi l'acceptation et la participation aux massacres. le principe des boucs émissaires....

L'auteure en profite pour critiquer et griffer le culte du corps parfait que nous vivons actuellement.

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Le livre est tristement réaliste car il se base sur des faits réels en les adaptant à sa problématique.

On n'est pas dans un monde loin de nous, on est dans aujourd'hui, dans ce qui pourrait nous arriver selon les résultats de nos votes.... C'est une dystopie certes, mais très réaliste et très proche. C'en est d'autant plus effarant.

Une lecture intéressante que j'ai déjà conseillée à mon mari....

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L'épidémie



Deux romans de suite sur les dérives totalitaires de gouvernements, quelle idée ! Mais ça ne m’a pas empêché de profiter de celui-ci et de finir totalement révulsée !



Tout peut arriver et la dystopie est là pour nous le rappeler et elle est bien souvent la répétition de d’événements déjà arrivés mais dont le sujet change : inquisition, chasse aux sorcières, nazisme et bien d’autres à toutes époques !



Dans celui-ci c’est la chasse aux gros, au gras, à la laideur des rondeurs ! Petit à petit le Parti de la Santé, initié par le premier ministre, fait avaler la couleuvre à la population : devenir mince voire maigre !



Déjà à notre époque tout est fait afin de pousser le plus grand nombre à penser que si les gens sont obèses c’est de leur faute et non pas un problème de santé ou de société ! La pauvreté pousse à mal manger car c’est ce qui est le moins cher et les gros sont largement stigmatisés, publicité, mode, régimes multiples...



Il n’a donc pas été difficile à l’auteure de pousser cette dérive à l’extrême en jouant sur l’importance du paraître et la culpabilité sous prétexte de santé !



C’est une réussite !



CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020

CHALLENGE PLUMES FEMININES 2020
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L'épidémie

Cela semble si invraisemblable et pourtant L Histoire nous rappelle tant d'horreurs invraisemblables.



L'Epidémie est un roman dystopique qui d'après moi, possède plusieurs niveaux de lecture.



La première évidente : La Shoah, les différents génocides de masse... Bref, on est dans un rappel de l'Histoire :" Landon avait suffisamment lu de livres sur l'histoire politique pour savoir ce qui risquait de se passer après. Les attitudes fuyantes. le déni. Tous soudain innocents." Je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler l'inimaginable mais vous avez compris.



Mon second niveau de lecture : l'obsession de la santé liée à la nourriture. D'ailleurs parler d'épidémie pour aborder l'apparence... Lorsque j'étais petite fille, je regardais quel cadeau j'allais gagner dans mon paquet de céréales, aujourd'hui mes enfants regardent le Nutriscore. Vous me direz :"c'est chouette!" oui mais jusqu'à quel degré un enfant de 7 ans doit-il faire attention à ses phobies alimentaires? Et comment vont-ils grandir? Quel regard auront-ils sur ceux qui ne font pas attention? Dans ce roman, l'obsession de la santé se situe dans les choix de sa nourriture, mis en avant sur ce que mangent les "gros" et qui contribue forcément à leur "mauvais" poids et leur "mauvaise" santé. On y parle d'obésité morbide, mais à aucun moment on ne parle des carences alimentaires de ceux qui veulent rester maigres, des anorexiques, des pertes de cheveux de ceux qui ne mangent plus, de la peau sur les os, ni de ceux qui sont en bonne santé même avec une surcharge pondérale. Une amie qui a de l'embonpoint, me disait récemment :"quand vous rentrez dans une boulangerie, les gens se disent, ils ont faim. Moi quand je rentre dans une boulangerie, les gens disent elle se goinfre. Les gros n'ont pas le droit d'avoir faim." Parce que tout de suite, on associe la surcharge pondérale à une mauvaise hygiène de vie... Mais ce n'est pas toujours le cas. Et dans ce roman, le "dictateur" met l'accent uniquement sur cela. En fait, c'est de la grossophobie déguisée. C'est de la haine.



Mon troisième niveau de lecture, c'est celui de la nourriture : la façon dont on traite nos porcs dans les fermes-usines versus la saucisse de tofu que les personnages n'aiment pas. On sait ce qui est mal, mais on sait aussi ce qui est bon. Pour se sentir humain ne doit-on pas sacrifier le plaisir de manger? Dans ce roman, il n'est pas question de famine, donc l'éthique se situe dans les choix de sa nourriture. Je voudrais détailler le paradoxe entre la façon dont on traite les porcs et les humains mais je risquerais de dévoiler trop d'intrigues alors je m'arrête là.

C'est un roman très riche en réflexions.
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L'épidémie

Quand une population donne son accord à des restrictions de libertés publiques au nom de la sécurité sanitaire... Sujet d'actualité. Covid !?!

Ici, il s'agit plutôt pour le chef du gouvernement suédois d'éradiquer l'obésité. La grossophobie est devenu une politique d'État. La chasse aux gros peut commencer. Ce roman dystopique nous relate le délitement d'une démocratie, la fascination pour un chef, l'ascension d'un cauchemar totalitaire, ... Bref un rappel percutant de la fragilité de nos démocraties au sein desquelles nous ne sommes pas à l'abri d'une folie dictatoriale. Un ouvrage effrayant et captivant.
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L'épidémie

Eugénisme.



Le Premier ministre Johan Svärd a une obsession unique: éradiquer l'obésité. Quel qu'en soit le prix.



Une dystopie particulièrement glaçante. La Suède est devenue un immense centre de remise en forme. L'obésité doit disparaître coûte que coûte. Les enfants, puis les nouveaux-nés sont également concernés. Au programme: sport, nourriture très allégée, médicaments coupe-faim, et pour les cas les plus désespérés, chirurgie bariatrique. Mais il reste des récalcitrants malgré tout.



Landon en fait partie. Sa fiancée s'est laissée mourir de faim, puis sa charmante voisine a disparu sans laisser de traces. De quoi le révolter et essayer de découvrir la vérité coûte que coûte, aussi effroyable soit-elle.



J'ai beaucoup aimé ce roman. L'autrice nous rend les (anti)-héros très attachants, et infiniment détestables les agents de Svärd. Ce roman montre également la montée du totalitarisme. Il faut tout d'abord monter la population contre une minorité honnie (ici les obèses), puis passer des mesures de plus en plus fortes contre celle-ci. La population considérera ces mesures comme légitimes et n'interviendra pas. Ou bien trop tard, quand le mal sera fait.



L'autrice fait très bien monter la tension. C'était au point que vers le milieu du roman j'avais peur pour les personnages principaux. Elle essaye également d'expliquer les raisons de l'action de Svärd. Cela le rend plus complexe mais n'excuse aucunement ses actions.



En somme, ce roman est très bon.
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L'épidémie

Si l’autrice Åsa Ericdotter est loin d’être une inconnue en Suède, c’est pourtant la première fois qu’elle connaît les honneurs d’une traduction en langue française avec L’épidémie, roman dystopique glaçant sur les dérives totalitaires d’un régime démocratique qui perd pied. Bien que l’on s’interroge sur la place de l’ouvrage au sein de la collection noire de l’éditeur Actes Sud, L’épidémie n’en reste pas moins un ouvrage captivant de bout en bout.

Chronique d’une chute sociétale.



Dégraisser la Suède

Le lecteur entre dans L’épidémie avec une certitude : quelque chose a mal tourné au sein du gouvernement suédois.

Le responsable ? Johan Svärd, premier ministre et icône populaire du Parti de la Santé. Son obsession : faire de la Suède le pays le plus sain d’Europe où la graisse n’aurait pu le droit de citer.

Pour se faire, Svärd a lancé une campagne nationale visant à réduire drastiquement le nombre d’obèses du Royaume. Chirurgie bariatrique, coercition financière, propagande et matraquage publicitaire, discrimination à l’emploi…tout est bon pour que les habitants à l’Indice de Masse Grasse et Masse Musculaire (IMGM) supérieur à 42 disparaissent.

Et si la taxe sur le sucre, l’interdiction des élevage de porcs, l’accès au logement en fonction du poids ou encore l’eugénisme ne fonctionnent pas… Johan Svärd a d’autres idées toujours plus extrêmes !

En face, parmi les « porcs », nous suivons Helena, une ancienne infirmière ou encore Gloria, professeure à l’embonpoint trop évident pour lui permettre d’exercer devant des élèves minces et sveltes. Entre les deux, on trouve Landon, pas assez gros pour être obèse et pas assez mince pour être conforme au régime en place. Le cul entre deux chaises pour ainsi dire.

Dans une Suède qui glisse dans le gouffre du totalitarisme le plus terrible, Landon, Helena et Gloria vont découvrir la solution finale pour se débarrasser des derniers « porcs » suédois.

Åsa Ericdotter nous livre donc sa version du génocide en remplaçant les critères ethniques par un IMC 2.0 à la sauce suédoise. Si la comparaison crève les yeux et pourrait paraître facile, il n’en est en réalité rien.

En choisissant le poids (et par extension l’apparence physique) comme point fondamental de cette dictature, la suédoise fait écho aux préoccupations toujours plus fortes dans la population générale vis-à-vis de l’image de soi.

En poussant l’obsession du régime et du sport à un niveau grotesque, Åsa Ericdotter ne fait pas que transposer l’expérience de la Shoah sur un autre plan, elle reflète l’un des problèmes de santé publique les plus importants de ces dernières années en Occident et ailleurs : l’obésité.



Trouble du comportement et de l’humanité

Le postulat de l’obésité et la fixation du Parti de la Santé deviennent un terreau fertile pour le développement d’un extrémisme qui glace le sang.

La chose est d’autant plus efficace qu’elle s’appuie sur quelque chose de rationnel, le problème de l’obésité, pour déformer tellement le propos et les moyens de lutte que le malade devient l’ennemi, que l’humain devient du bétail. Ici, les gros ne sont pas des cafards, mais des porcs.

Comme toujours, le totalitarisme déshumanise et permet ainsi les entreprises les plus effroyables.

Åsa Ericdotter met non seulement en évidence la déformation et le manque total de discernement d’un parti extrémiste en jouant sur la peur des gens, mais elle explique en quoi les solutions apportées au départ ne sont même pas les plus adaptées. La discrimination des personnes obèses et la préoccupation pondérale omniprésente provoquent l’effet inverse sur un certain nombre de personnes qui développent des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) ou les entretient dans cette déformation du réel. Boulimiques et anorexiques étouffent tout autant que les obèses, confortés dans leur obsession maladive pour la nourriture.

Autour, les gens « normaux » ne s’aperçoivent même pas de ce lent glissement vers l’intolérable. Lois après lois, décisions politiques après décisions politiques, la Suède chute dans l’horreur, sans trompette ni tambour.

La religion devient celle du corps, les églises laissent la place aux salles de sports, les dieux nouveaux s’appellent régime et liposuccion.

Pourtant, derrière cette politique, il reste des hommes et des femmes, telles que Gloria ou Héléna, qui offrent au lecteur le vrai visage de ces gens qu’on décrit volontiers comme faibles et paresseux. La réalité, elle, est tout autre.



Thriller dystopique venu du froid

Pour décrire cette société, Åsa Ericdotter tranche son roman en plusieurs parties. Après la description des mesures coercitives et autres brimades envers les gens en surpoids, la suédoise reprend une histoire plus conventionnelle où l’enjeu principal est d’empêcher un massacre et de révéler au monde entier l’horreur mise en oeuvre par le Parti de la Santé.

Sous la forme d’une course contre la montre et d’une simili-enquête menée par Landon Thomson-Jaeger, un jeune universitaire en surpoids, L’épidémie s’enfonce graduellement dans l’horreur avec une remarquable efficacité.

Si l’on peut déplorer le manque d’originalité du message final (la haine survit malgré tout…), l’ensemble constitue une brillante synthèse de la construction d’un système fasciste et de la complicité silencieuse de tout un peuple… tant que cela ne le touche pas, lui, derrière le bulletin de vote et sa télévision.



Si l’on connaît bien la musique de cette dystopie suédoise, L’épidémie trouve la faille en s’engouffrant dans notre obsession moderne pour l’apparence et le poids. Terrifiant dès les premières pages et bourré de bonnes idées, le roman d’Åsa Ericdotter nous emmène dans un futur glaçant où le gros devient un autre, un porc écœurant qu’il faut neutraliser par tous les moyens possibles, quitte à perdre son humanité.

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L'épidémie

La Suède fait face à une épidémie d'obésité, un problème sanitaire et esthétique encombrant pour ce pays peu habitué à ce problème qui est a priori une malheureuse conséquence de la mondialisation. Pour y remédier, le gouvernement met des moyens conséquents en œuvre pour aider les Suédois à retrouver un IMC acceptable. Objectif : faire de la Suède le pays le plus mince d'Europe.

En parallèle, Landon Thomson-Jaeger , un universitaire désabusé et déconnecté de la vie quotidienne réelle se retrouve embarqué dans une course contre la montre pour retrouver Helena, sa voisine, qui a été enlevée un soir, après avoir caché sa petite fille qui aurait dû elle aussi être enlevée.

S'ensuit alors une aventure trépidante où la politique moderne joue un rôle pas négligeable et très dérangeant...



Lu après en avoir entendu parlé sur une chaîne YouTube (pas d'un booktubeur pourtant!) , j'ai d'abord été surprise par ce roman. Divisé en quatre parties, les deux premières sont en fait très descriptives et servent de mise en place des personnages et de leur environnement ainsi qu'à un changement progressif mais si imperceptible qu'on ne le comprend pas avant la troisième partie , beaucoup plus haletante et dynamique. Enquête, menace, corruption, fuite à l'étranger : plus possible de lâcher ce roman à partir de là (d'où le fait qu'il est parfois nécessaire de persévérer).

J'ai été absolument éblouie par le portrait de Johan Svärd, l'archétype du young leader , dont le dynamisme et la jeunesse sont les seuls atouts, le reste n'est que communication. Asa Ericsdotter fait une analyse extrêmement fine de ce nouveau "phénomène" de société et des éléments de langages qu'elle met en place pour s'assurer l'adhésion de la population ; avec l'aide de la presse.

J'ai été absolument bluffée par la façon dont la romancière montre l'installation si progressive de ce nouveau régime totalitaire qui sous couvert d'une plus grande tolérance érige en fait les moqueries et le dénigrement systémiques des individus qui s'écartent des normes. Elle nous montre à quel point cette politique est malade (schizo), sous des dehors de nouveauté et d'un regain de Jouvence apportée à nos vieilles institutions, alors qu'en réalité elle est ultra conformiste et méprisante et perverse au point d'utiliser les insécurités (ou peurs viscérales) et haine de soi des citoyens.



Il est difficile de dire que ce roman a été "un coup de foudre" et pourtant ce sera sans aucun doute une de mes lectures les plus marquantes de cette année, avec des scènes qui m'ont retourné l'estomac et que je ne suis pas prête d'oublier...

Écrit avant le confinement, lire ce roman quelques années après a quelque chose de glaçant car il nous heurte et nous questionne autant qu'il nous fait penser que finalement, nous aussi nous serions peut-être prêt à tolérer un tel système... Un livre que j'ai déjà beaucoup conseillé tant il m'a remuée.

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L'épidémie

J'ai décidé de lire ce livre dont je ne connaissais ni l'auteur ni le thème tout simplement en raison de son titre. En effet, j'ai commencé sa lecture au tout début de l'épidémie de COVID-19 et je trouvais qu'il arrivait bien à propos. Sur ce point, Acte Sud n'aurait pas pu rêver d'un meilleur timing !



Ici point d'épidémie due à un virus mais plutôt une "épidémie" ou plutôt un mal de notre siècle, à savoir "le surpoids". Dans ce thriller écrit par Asa Ericsdotter, l'état, par l'entremise de son président, va prendre en charge la résolution de ce "problème grave". Au fur et à mesure que le récit avance, la tension monte progressivement pour passer de "Big Brother" à la dénonciation pour se terminer par des mesures plus extrêmes qui nous rappellent un passé abject pas si lointain. On plonge alors dans une vraie dystopie.



Heureusement, ce qui est décrit dans ce récit semble impensable voir impossible à mettre en place politiquement. Toutefois, quand on voit la montée des partis extrémistes dans certains pays européens et malheureusement dans le mien également, on se dit que ceci n'est peut-être pas une fiction et que l'être humain ne semble pas avoir une très bonne mémoire !



Espérons que Asa Ericsdotter ne soit pas un visionnaire !
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L'épidémie



Paru en France en pleine crise du Covid-19, ce roman ne pouvait qu’aiguiser ma curiosité par son titre devenu provocateur.

Mais il ne s’agit pas d’un virus, ici. L’épidémie rapportée est celle de l’obésité, fustigée par un gouvernement qui sous prétexte d’apporter une bonne santé à ses concitoyens va organiser une éradication de la maladie par des moyens très éloignés du respect des Droits de l’Homme.

J’ai beaucoup aimé ce thriller qui dépeint la société en construction et la machine infernale contre laquelle le personnage principal va devoir lutter pour sauver ceux qu’il aime.

Un excellent thriller dystopique qui bien qu’en grossissant le trait (si je puis me permettre), nous alerte sur la grossophobie et les ravages de toute discrimination.

Si le style est convenu, l’angle sociéto-politique est fascinant.

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L'épidémie

Depuis deux ou trois ans j'aime beaucoup lire des dystopies. Et le résumé de celle-ci me tentait beaucoup. La couverture, d'ailleurs, où l'on voit ces hommes grands, blonds et musclés, chantant à l'unisson et tenant un énorme ballon devant eux m'a glacé le sang, j'avais l'impression d'avoir une publicité pour les jeunesses hitlériennes devant moi. Le ton était donné.



Imaginez une société où l'obésité est devenue plus qu'un tabou ou une maladie mais un délit. Une société où le moindre kilo en trop est traqué, la plus petite prise de poids interdite. Une société où être au-delà d'un IMC dans la norme vous vaut de payer une taxe. C'est à partir de ce postulat que l'autrice a imaginé un roman aussi troublant que saisissant, tant il s'inscrit pleinement dans l'air du temps. A l'heure du zéro sucre, zéro gras et du sans gluten, il devient difficile parfois d'assumer quelques rondeurs ou de prendre un sandwich à l'heure du midi sans être jugé lorsqu'on affiche des kilos en trop sur la balance. C'est ce que vivent beaucoup de gens dans notre société, pas loin de 50% si on en croit les chiffres et les études, et aussi à regarder le nombre de publicités grandissant pour inciter les gens à perdre du poids.

Loin de moi l'idée de dire qu'être obèse c'est cool, en effet, cela engendre à court, moyen ou long terme de sacrés désagréments voire des maladies graves, mais j'ai envie aussi de dire de laisser les "gros" tranquilles.

Ils savent bien ce que leur surpoids risque de leur causer, ils voient bien qu'ils ne peuvent pas se mouvoir ou s'habiller comme ils le souhaitent, sans oublier le regard des autres qui pèse - lourdement - sur eux. Ne vous "préoccupez" par pour eux, à leur place, ils le font suffisamment eux-mêmes.



J'ai réellement lu ce roman à travers ce prisme et en imaginant ce qu'une société deviendrait si elle venait à éradiquer ses "gros" qui, bien souvent, ne le sont pas par fainéantise comme on peut être parfois tenté de le penser, mais par hérédité ou suite à une maladie, quelle qu'elle soit. Et je me suis aussi demandé si on n'en était pas déjà arrivé là au vu du nombre d'organismes grandissant nous proposant de nous faire perdre du poids, même si on a que deux ou trois petits kilos en trop. Alors, est-ce finalement une dystopie que j'ai lue ou un simple miroir de notre époque?



Lu en mars 2021



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L'épidémie

On prend une énorme claque en lisant ce roman qui devrait faire réfléchir ceux qui pensent que seul un gouvernement dictatorial pourrait aboutir à un monde "parfait ".

Dans la société actuelle ,les canons de la mode ont entrainé certains à devenir anorexiques ,mais il semblerait qu'on ait essayé d'enrayer ce phénomène dans le mannequinat.

La privation des Libertés pour enrayer l'épidémie que nous subissons pourrait aboutir à des dérives comparables à ce qui se passe dans ce roman .Espérons que l' humanité plus ou moins cachée au fond de chacun triomphe sur le mal avec lequel il cohabite.

Tellement à dire sur ce roman que je n'arrive pas à faire un choix: lisez le donc ,pour voir!

Ecrivain qui mérite d'être connue.

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L'épidémie

Toutes les dystopies ne se valent pas. La question de la vraisemblance, en particulier, est primordiale, pour adhérer ou non à ce type de récit. Celle d'Asa Ericsdotter (dont c'est le premier roman traduit en français, elle qui est publiée depuis l'âge de 17 ans), dans L'épidémie, frappe par son côté très crédible et dont les développements, pour radicaux qu'ils soient, ne semblent pas non plus impossibles, dès aujourd'hui, dans tel ou tel pays du monde. En l'occurrence, il s'agit de la Suède qui, dans le roman, a porté au pouvoir un Premier Ministre dont le programme est essentiellement sanitaire. L'objectif : faire de la Suède un pays à zéro pour cent de matière grasse. En d'autres termes, combattre l'obésité par tous les moyens et fixer un seuil à partir duquel les citoyens en surpoids sont appelés à "se soigner", sous peine d'être stigmatisés et pris en charge par les autorités compétentes. Le livre focalise son attention sur plusieurs personnages emblématiques, dont ledit chef de gouvernement, un journaliste et plusieurs suédois qui ont dépassé les limites pondérales autorisées. Mais il y a quelque chose de pourri au Royaume de Suède et un engrenage fatal va se mettre en mouvement, illustré par la dérive des mesures prises par les hommes au pouvoir avec une sorte d'acquiescement et de collaboration tacites des médias et de la plus grande partie du peuple. L'épidémie est de plus en plus terrifiant au fil des pages, riche en suspense et efficace comme un bon thriller mais surtout incroyablement juste dans l'analyse du renoncement collectif d'une nation lorsqu'elle est aux prises avec une dictature qui ne dissimule pourtant presque plus son caractère fasciste. Inutile de préciser que Asa Ericsdotter a beaucoup étudié l'arrivée au pouvoir d'Hitler dans l'Allemagne de 1933 et la façon dont une grande partie d'un pays a, sinon adhéré, du moins accepté, en se cachant les yeux, quand nécessaire, ses exactions à l'encontre d'une certaine partie de la population, présumée coupable de tous les maux et à éliminer pour préserver la "pureté" de la nation. L'épidémie va loin dans l'horreur et certaines pages ne sont sans doutes pas à mettre sous tous les yeux. La mécanique du livre est aussi implacable que celle employée par les bourreaux qu'elle décrit avec une abondance de détails. Ce n'est pas une lecture de tout repos mais instructive, pour ceux douteraient encore de la "facilité" de manipuler les masses, à partir d'une notion, la santé, qui parle à tout un chacun dans sa propre vie.
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L'épidémie

L'épidémie dont il est question ici n'est pas le fait d'un virus, mais bien de la bêtise humaine. Le parti pour la santé de la Suède déclare la guerre à l'obésité et prend des mesures de plus en plus draconiennes pour l'endiguer. En cette période de confinement dû à la Corvid 19, cette lecture porte à réflexion et pose de nombreuses questions pertinentes. Comment une bonne intention de départ peut complètement déraper? Qu'est-ce qui fait que la population devient complice d'abus envers une minorité persécutée? À quel moment un gouvernement tombe-t-il dans l'abus de pouvoir au nom du bien-être national? Bref en plus d'être un assez bon thriller, cette lecture est malheureusement d'une actualité troublante...
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