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Critiques de Étienne Bompais-Pham (4)
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Tuer le bon gay

Une très belle découverte pour ce premier roman !



Le narrateur a 30 ans. Marié, community manager dans la publicité, il rêve de devenir un écrivain reconnu. Toutefois, il cumule surtout des papiers, des brouillons, des notes et autres romans inachevés.



Étouffant, lasse d’une vie quotidienne rythmée entre ses échecs d’écriture, son emploi, son chien, son mari, ses pulsions et désirs sexuels, du jour au lendemain, il disjoncte. Sans crier gare, il décide de plaquer cette vie réglée au millimètre. Le narrateur fait une valise, écrit quelques lignes sur une feuille, pose son alliance dessus. Sur le pas de la porte, il lance un dernier regard au clébard. Ici commence une vie nouvelle. Une quête de lui-même.



De Paris à Marseille, en passant par Nevers, Le-Puy-en Velay ou encore Le Grau-du-Roi, le narrateur tente de grandir pour vivre en paix avec son image, ses envies et ses convictions, afin de ne plus être que l’ombre de lui-même.
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Tuer le bon gay

J'ai trés apprécié ce livre que j'ai lu en 2 jours tellement il est interressant et prenant,chaque page que je tournais j'attendais avec impatience que arthur retrouve son mari,c'etait intriguant et les histoires tout au long prennantes.Avec sa mere hyper trop catho,c'est pas evident à vivre sa gay.Donc je conseille celivre à tous
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Tuer le bon gay

Pour un enfant qui grandit dans une église chrétienne conservatrice dans une Amérique aussi chrétienne et conservatrice, une façon de faire respecter la conformité au sein de cette communauté sont les contes de mise en garde. Habituellement, ces histoires impliquent un « croyant » chrétien qui souffre après avoir cédé aux tentations du péché. L’auditeur vertueux et moralisateur pouvait en silence hocher la tête en approbation alors que le prédicateur invectivait contre les mauvaises manières du monde : les dangers de la vie dans une grande ville, l’existence désolée et triste de toxicomanes, les pervers sexuels et tous les autres maux associés que le mode de vie laïc et non chrétien promettait à ceux qui s’écartaient du chemin étroit qui mène vers le Paradis.



La Bible propose plusieurs histoires de moralité, comme le Fils prodigue qui est peut-être le préféré de la plupart des catéchistes pour garder leurs jeunes pupilles dans les limites sûres de la foi chrétienne. Un autre dont je me souviens très bien était « Pilgrim’s Progress », un roman du 17e siècle écrit par un prédicateur anglais fougueux (John Bunyan). Notre pasteur, lors de nos retraites d’été, nous le racontait avec de grands effets scéniques et des mises en scène projetées sur un écran de flanelle-graphique qui montraient des figures découpées illustrant le voyage du héros « chrétien » qui essaie d’atteindre la « Ville céleste. » Pour un enfant impressionnable, les épreuves et les tribulations de l’honnête pèlerin ont eu une impression indélébile.



Dans l’ère moderne, la pop culture nous a donné le classique et intemporel « Magicien d’Oz », avec la jeune Dorothy projetée dans un voyage initiatique avec l’aide de son petit chien, et trois compagnons. L’adoption de l’actrice Judy Garland, qui a joué « Dorothy » dans le film, comme mascotte culturelle par les hommes gay dans le milieu du siècle dernier en Amérique, au point d’utiliser « un ami de Dorothy » comme code pour indiquer que l’on était homosexuel, illustre l’appropriation par la communauté gay de sa quête pour la Cité d’Émeraude sur la route de brique jaunes sur un plan universel et personnel.



Nous, hommes gays, menons tous la même quête personnelle.



Étienne Bompais-Pham poursuit cette tradition, offrant au lecteur gay moderne, une pièce de morale au sens classique du terme, avec son premier roman « Tuer le bon gay ». Publiée aux Éditions Maïa en janvier 2021, l’histoire de notre héros anonyme se déroule dans le Paris contemporain. Écrivain en herbe vivant avec son mari de longue date, Arthur, et arrivé à son trentième anniversaire, il subit une crise de panique quand il se rend compte qu’il n’a rien accompli au cours des dix dernières années. Cela ne veut pas dire qu’il n’a rien fait ! En réalité, il mène une vie sexuelle très active comme exhibitionniste en ligne. Avec Arthur, ils fréquentent tous les deux des sites de drague à Paris, dont l’infâmant labyrinthe du jardin du musée du Louvre qui attire la nuit une grande variété d’hommes à la recherche de sexe anonyme et public.



Après avoir construit son propre modèle de moralité et de règles auto-imposées quant à ce qui est permis et interdit dans son mariage, notre protagoniste décide de prendre un congé maladie et d’échapper à toutes les déviations écrasantes de Paris pour se lancer dans un road-trip. Contrairement à Dorothy, il délaisse son chien dans leur appartement, mais amène son mari, Arthur, dans ses pensées. En effet, il mène un dialogue interne avec lui tout au long de son voyage qui va le conduire faire plusieurs arrêts sur son chemin jusqu’à la maison de ses parents dans le centre de la France. Les différents hommes qu’il rencontre en cours de route, d’abord lors d’un séjour prolongé avec un fan de son blog érotique dans une maison isolée de Fontainebleu, puis avec un inconnu qu’il rencontre au hasard dans les toilettes d’une aire d’autoroute, s’avèrent auto-révélateurs pour lui. Il y voit une version de lui-même qu’il commence à révulser.



Cet auto-examen qui consiste à tenir un miroir devant son âme et à être horrifié par ce qu’il révèle à soi-même peut être thérapeutique (« admettre que vous avez un problème est la première étape du rétablissement ») ou peut conduire à une critique sans fin autodestructrice qui nous réduit au néant. Le protagoniste poursuit sa quête pour trouver un moyen de sortir de sa dépression, qui, malgré sa dose quotidienne d’antidépresseurs, ne parvient pas à lui donner une vision lucide de ce qu’il doit faire pour changer sa vie et trouver le bonheur.



Après une descente dans son enfer personnel (sa mère et son père sont des figures pitoyables qui ont depuis longtemps perdu toute trace d’humanité), et arrivé à bout de ses antidépresseurs, il fait une visite cruciale à une personne de son passé. Ce fantôme de son enfance, son premier béguin adolescent, apparaît, et au cours d’une soirée culminante à ses côtés, il tire finalement la leçon que les règles de vie qu’il s’était imposées étaient incomplètes si elles n’incluaient pas un élément crucial.



En fin de compte, c’est une leçon que nous devons tous apprendre, que nous soyons hétéros ou gays. La capacité de l’auteur à nous emmener dans ce pèlerinage, une quête moderne des « amis de Dorothy » pour notre Cité d’Émeraude personnelle, fait entrer « Tuer le bon gay » dans une catégorie de la littérature gay qui sera toujours intemporelle et résonnera avec ses lecteurs.




Lien : https://monsieurbuckjones.com
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Tuer le bon gay

Sans doute pas exempt de défauts, Tuer le bon gay a su me parler directement. Le narrateur, dont le prénom restera secret un bon bout de temps (je reviendrai sur ce point plus tard), après avoir cru mourir, remet toute sa vie en question. Il a épousé le premier garçon avec qui il a construit une relation amoureuse durable, s'est enlisé dans un travail confortable lui laissant assez de temps pour nourrir son rêve de devenir un grand écrivain, enchaîne les projets d'écriture sans en mener un seul à terme... Il profite alors de son congé maladie pour se faire la malle, échapper à sa réalité pour enfin se trouver lui-même. Ne sachant trop où aller, poussé par l'excitation de laisser sa vie derrière lui, le narrateur commence son périple en rejoignant Kum Kardashian, un garçon avec qui il converse via la messagerie de son Tumblr secret, sur lequel il poste des vidéo pornographiques le mettant en scène.



Sans savoir si j'aurais moi-même tourné dans le labyrinthe du Carrousel du Louvre en quête de "têtes" pour me satisfaire si j'avais vécu à Paris, je me suis beaucoup retrouvé dans le narrateur (ne vous enflammez pas, je n'ai pas encore ouvert d'Onlyfans). Comme lui, j'ai eu des rêves qui m'ont semblé plus grands que moi. Comme lui, j'ai parfois l'impression d'étouffer dans une vie trop petite pour moi. Comme lui, il m'est arrivé de me conformer à ce que je pensais qu'on attendait de moi, sans forcément prendre le temps de déterminer ce que je voulais réellement. L'idée de tout laisser en plan pour partir à ma rencontre m'a déjà traversé l'esprit, le narrateur a sauté le pas. Cette identification a pu augmenter ma satisfaction de lecteur, en conférant à ma lecture une fonction cathartique.



Cet effet miroir, le narrateur en bénéficie lui aussi tout au long du roman, au gré des rencontres qui le renvoient à lui-même à chaque instant, et qu'il s'attache à analyser à travers des discussions fictives avec Arthur. Le roman prend des allures de récit érotico-initiatique, dans lequel le but pour le trentenaire est de tuer l'image du bon gay qui commence à lui peser pour enfin se ressembler. Comme pour accentuer la quête d'identité du héros, le prénom du narrateur nous est caché jusqu'à la toute fin, quand on peut supposer qu'il s'est enfin trouvé. Ce procédé m'a semblé de prime abord un peu grossier, attendu. Puis je me suis mis à réfléchir aux raison qui ont pu pousser l'auteur à maintenir le secret du prénom de son personnage principal pendant si longtemps. La collection dans laquelle s'inscrit le texte, "Fiction & réalité", une mention dans les parties liminaires établissant que "ce roman est une œuvre de fiction[ : t]out y est vrai et faux par nature" (mention qui n'est pas sans rappeler l'avertissement de Boris Vian quant à son Écume des jours qui serait "entièrement vraie puisqu'imaginée d'un bout à l'autre") et quelques indices laissés ici et là dans le texte laissent supposer que le "je" du narrateur pourrait se confondre avec l'auteur. Ne pas révéler son prénom permet d'assurer cette confusion, en donnant au texte des aspects de témoignage.



Bien que le roman ne soit pas exempt de certains clichés ou poncifs, c'est plutôt efficace, notamment parce que c'est servi par une écriture sans doute un peu convenue mais qui n'en demeure pas moins fluide et agréable. Je regrette cependant une fin un peu expédiée. Je n'ai rien contre les ellipses, mais celle que nous propose Étienne Bompais-Pham laisse un vide trop grand qui m'a laissé sur ma faim, un goût légèrement amer de "tout ça pour ça" et d'incompréhension.



Enfin, si je ne suis pas certain de pouvoir dire que Tuer le bon gay est le "premier roman résolument queer" que nous promet la quatrième de couverture (il manque selon moi une dimension proposant un regard neuf sur le monde, capable de le transformer), il s'agit en tout cas d'un très bon roman gay, et un très bon roman tout court. Il me tarde de voir ce qu'Etienne Bompais-Pham nous proposera à l'avenir.
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