AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.42/5 (sur 13 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Normandie , 1960
Biographie :

Étienne Faure est un poète français.
Après des études juridiques et en aménagement du territoire, il vit et travaille à Paris. Il publié dans de nombreuses revues, en particulier la NRF, Conférence, Théodore Balmoral, Rehauts, Europe, Le Mâche-Laurier, Contre-allées, Pleine Marge, sarrazine, Les carnets d’Eucharis, Phoenix, Sur Zone, Poézibao, et Secousse.
Tous ses recueils sont édités par Champ Vallon.

Source : https://www.revuephoenix.com/ecrivains-invites/etienne-faure
Ajouter des informations
Bibliographie de Étienne Faure   (9)Voir plus

étiquettes
Podcast (1)


Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
LA VIE BON TRAIN / PROSES DE GARE


Dès les vacances les liquettes et les shorts sont portés de plein droit, conformément au régime d’été. Les tenues ressorties ont l’air encore neuf quand surgissent hors des trains, peu rompus au soleil, les corps dans leurs maillots qui soulignent tout leur blanc. Les vêtements rétrécis ou débordés par les chairs ont cédé la place à la peau. Elle refait surface, abondante, en paires de seins, de bras, en ventres et en dos, version estivale. Des nus bardés de sangles et de bretelles. Parés pour le bain de mer, les enfants grimpent avec leurs seaux, leurs pelles, des bouées en forme de canard autour du cou, et le sac isotherme, et les mères. Tout le prêt-à-porter des plages. Ce sont les mêmes au retour qui reviendront hâlés, alourdis d’épuisettes et de coquillages. Les mêmes avec les marques du bronzage qui révèleront, par défaut, ce que furent les vacances : les cyclistes aux fronts blancs à hauteur des casquettes, les chevilles pâles des randonneurs à la place des chaussettes, et puis le hâle irréprochable des bords de plage. L’intégrale.
Commenter  J’apprécie          150
promenade amère au jardin public



C'est à la forme du pépin qu'on devine
l'allure du fruit à venir à son tour,
la même pulpe amère qui l'aura porté
parmi d'autres pépins d'orange ou de citron, tétins
qui font les seins des tableaux accrochés haut
dans les musées au soleil encore vert
ou écrasant de chaleur après l'orage
quand l'ocre fruit gisant sur le gravier
est mûr, tombé maintes fois depuis que l'arbre
en surplomb du jardin attend — vanité des mains —
une vague cueillette, un saisissement, vieil enclos
autrefois cerné d'eau, presque une histoire de
paradis terrestre après rachat devenu public,
où il fait bon aller comme on effleure
de l'épaule un agrume, un jasmin — senteurs
d'éther et de citrons pourris par terre
jour et nuit qui exhalent.
Commenter  J’apprécie          90
Neige



Neige o’clock, ouvrant l’œil arrondi par le jour, la rue
est blanche à 7 heures pile devenue abstraite,
pas un pas, aucun pneu n’imprime encore la page
d’un sens, d’une intention de circulation,
le bruit dans la neige est un rêve ancien
d’un Brueghel dit d’Enfer où le gel est tel
qu’on passe à pied la rivière avec des sabots
d’hommes, de bêtes, des charrois, roues de fer
couvrant à peine le cri rayé des corbeaux dans le froid
quand des étangs glacés remontaient les vols
des oiseaux chavirés du sol, maintenant qui claudiquent
aux côtés de noirs passants à l’angle des rues Charonne,
Saint-Maur, la Roquette où s’engouffrent le vent d’hiver,
les vendeurs de jonquilles fraîchement cueillies
doigts gourds dans les bois – printemps à vendre –
colportant déjà les fleurs qui sont à tout le monde,
cultivées par l’errance des sols et du vent,
l’aléa du soleil sous les branches,
à la fenêtre.

blanc réveil
Commenter  J’apprécie          70
Penchants aux fenêtres



Souvent le linge aux fenêtres…

Souvent le linge aux fenêtres annonce
l’âge des enfants et qui porte le pantalon, de quelle
nippe affriole et s’attife la maîtresse
de maison, les dessus, les dessous haut portés qui s’agitent
au vent reverdi du printemps – de la mousse
côtoie les toits sédentaires sous les tuiles –
par jour ouvrable ou férié d’avril, on dirait de loin
des Christs en squelette écartés sur les croix,
jamais descendus de leur fil de supplice
– ni buis ni palme, ni rameau de vainqueur –
quand des bas-fonds jusqu’au plafond que le vent pommèle
montent les bruits de la rue si étroite
qu’ils vont directement au ciel avec les cris, les rires,
les vers inouïs
« Un jour si tu veux je viens avec ma perceuse »
– ce sont des mots que vent emporte
et sèche après la pluie.

au vent d’avril
Commenter  J’apprécie          60
ÉLOGE APPUYÉ DES BANCS



Usant d’un carnet tête-bêche pour écrire, le remplir à l’endroit de ceci, à l’envers de cela, il sait qu’un jour les deux gageures, vers et prose qui progressent, vont se rencontrer, former un front redouté. L’une gagne du terrain – elle en est presque à la moitié du calepin –, quand l’autre ne hâte pas le pas. Piétine, même, tant l’avancée est mesurée. Prose et poème… Ainsi font les bavards du banc aux côtés des taciturnes – ou des résolument silencieux. Tempos et blancs.

[…]
Commenter  J’apprécie          50
LES SOIRS D’ÉTÉ AU PAS DES PORTES…


Les soirs d’été au pas des portes,
toutes chaises et vieux os sortis
dans la rue qui descend vers le port,
on dirait que l’éternité vaut pour tous,
y compris chiens, vieux rubiconds
versés dans la mélancolie des soleils couchants.
Après la décrue du soleil
le soir dans la rue reste en dépôt sur les façades
d’où la lumière entassée tout le jour
s’exhume et vient chauffer les crânes
ombrageux, les éclaire.
Par lente réflexion des murs,
brusque embolie des mots, survient le passé
indivis tel un rêve ancré sous le crâne
d’un chien que la main bleue de veines
très au-dessus de la première sacrée
caresse : hein, Bobby
tu n’as pas le souci, toi, des souvenirs ;
la grève en béton, la jetée en béton
vont nous survivre.


crépuscules indivis
Commenter  J’apprécie          40
Souvent le nez des statues, leurs doigts de pieds…


Souvent le nez des statues, leurs doigts de pieds
ont beaucoup souffert à travers les âges,
en marbres rapportés de toutes pièces
dans le prolongement des courbes visibles
ou laissés à jamais à leur vide
‒ la greffe n’aura pas prisrendus
à l’amputation comme à une origine
et gardés en l’état à l’air libre
dans un jardin clos sur lui-même, son climat,
l’orteil cassé côté pied droit chaussé
d’une sandale du deuxième siècle avant J.-C.
moisie, toutes les extrémités ayant quitté les membres
de marbre ‒ ici la copie de Vénus
coupée aux bras et à la tête
(l’original est resté à la capitale)
n’offre que ventre et buste aux yeux de l’histoire,
plus un trait, érodée
par le temps et le temps.


tronquée
Commenter  J’apprécie          40
    Dix postures pour cueillir les mûres :
            D’un fruit couleur de feu sous la verte ramure
            Paul-Jean Toulet
            Les Contrerimes



Trop verts, etc. Les mûres font des buissons parfois si hauts qu'on songe à repartir en citant La Fontaine. Mais les mûres sont bien mûres, où trouver la parade ? Legs aux oiseaux, largesse de cœur, énième consolation.

Allégée de ses fruits la grappe atteinte à bout de bras progressivement remonte jusqu'à n'être plus touchable il faut redoubler d'effort pour finir la cueillette, membres étirés vers le ciel, prêt aussi à tomber.

Et puis soudain la main qui n'en peut davantage saisir laisse s'échapper la prise. Évadées mûres dans les fourrés, débuts d'une spirituelle morale à propos des yeux plus gros que la paume. Mûrement réfléchie

La mûre est si mûre — trop elle-même — qu'on la cueille finement au bord de l'infatuation, toute à ses pensées autarciques dont elle est oppressée ; la voilà qui s'exprime. Pur jus.
Commenter  J’apprécie          20
passage à découvert



Dans la ville à pied, sans repli, sans arrière
pays, origines, hors cela, il emprunte
au début sous le nom de rue, pont, grève
un parcours exempté de fil, anonyme,
laissant l'impasse pour attraper les quais
via les passages, les cours et circuler
inclus dans la foule en mue sans arrêt
selon l'heure ou l'allure à laquelle on passe,
interdit soudain sous un nom, un bouquet
au mur scellé (mortellement blessé)
après la chute de naguère, le bruit d'un corps au sol,
épitaphe à jamais cernée du crible des impacts
encore aux murs, semblant redire : passant,
nous allons mourir, et personne n'en saura rien,
ou bien continuer de parler aux vivants
plus avant, ceux qui vont te survivre
— et le flâneur éclairé sous un angle
un instant exposé au soleil du soir,
médite à découvert avant de traverser vite,
regagner l'ombre.
Commenter  J’apprécie          20
Un dimanche au zoo on allait voir les singes…


Un dimanche au zoo on allait voir les singes
en pleurs de n’avoir qu’une vie,
rire et guérir des idées post-mortem
que nourrissent ces animaux
à ramasser pareillement aux mots des cacahuètes,
endurer sous telle peau telle âme
d’hominoïde offrant un cul rose dégarni,
ou frappé de psychasthénie singer la souffrance
de ne savoir quoi faire ‒ mourir, déserter, procréer,
pigeon-voler dans le giron des femmes ‒
quand d’autres à tout prix voulaient se reproduire,
à l’infini enfanter pour un peu moins mourir
dans des voyages si brefs qu’aucune idylle,
aucun regard n’aurait le temps de se ficher au cœur,
simple périple en petite couronne
‒ ou bien au musée allait pleurer avec nuance
devant l’œuvre de toute beauté, originale
ou reproduite.


dimanche, reproduction
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Étienne Faure (10)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui a écrit ça ? [3]

QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

Marcel Proust
Virginie Despentes
Guy de Maupassant
Louis Aragon

10 questions
17 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature françaiseCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..