Citations de Étienne de La Boétie (178)
J'admets qu'il aime mieux je ne sais quelle assurance de vivre misérablement qu'un espoir douteux de vivre comme il l'entend.
Il me semble que l'on doit avoir pitié de ceux qui, en naissant, se trouvent déjà sous le joug, qu'on doit les excuser ou leur pardonner si, n'ayant pas même vu l'ombre de la liberté, et n'en ayant pas entendu parler, ils ne ressentent pas le malheur d'être esclaves.
Si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien
L'amitié, c'est un nom sacré, c'est une chose sainte. Elle ne se met jamais qu'entre gens de bien et ne se cimente que par une mutuelle estime […] Il ne peut y avoir d’amitié là où il a cruauté, là où est la déloyauté, là où est l’injustice. Et entre les méchants, quand ils s’assemblent, c’est un complot, non une compagnie. Ils ne s’entr’aiment pas mais ils s’entr’craignent : ils ne sont pas amis mais ils sont complices
Qu'une nation ne fasse aucun effort, si elle veut, pour son bonheur, mais qu'elle ne travaille pas elle-même à sa ruine.
Certainement le tyran n'aime jamais, et n'est jamais aimé.
L'amitié est un nom sacré, une chose sainte. Elle n'existe qu'entre gens de bien. Elle naît d'une mutuelle estime et s'entretient moins par les bienfaits que par l'honnêteté. Ce qui rend un ami sûr de l'autre, c'est la connaissance de son intégrité. Il en a pour garants son bon naturel, sa fidélité, sa constance. Il ne peut y avoir d'amitié là où se trouvent la cruauté, la déloyauté, l'injustice. Entre méchants, lorsqu'ils s'assemblent, c'est un complot et non une société. Ils ne s'aiment pas mais se craignent. Ils ne sont pas amis, mais complices.
Le tyran ne croit jamais sa puissance assurée s'il n'est pas parvenu au point de n'avoir pour sujets que des hommes sans valeur. (...) Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie. Ce moyen, cette pratique, ces allèchements étaient ceux qu'employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets sous le joug. Ainsi les peuples abrutis, trouvant beaux tous ces passe-temps, amusés d'un vain plaisir qui les éblouissait, s'habituaient à servir (...).
Refusez de servir et vous serez libres
Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.
L'amitié naît d'une mutuelle estime et s'entretient moins par les bienfaits que par l'honnêteté.
Les livres et la pensée donnent plus que toute autre chose aux hommes le sentiment de leur dignité et la haine de la tyrannie.
Disons donc ainsi, qu'à l'homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoi il se nourrit et accoutume; mais cela seulement lui est naïf, à quoi la nature simple et non altérée l'appelle: ainsi la première raison de la servitude volontaire, c'est la coutume: comme des plus braves courtauds, qui au commencement mordent le frein et puis s'en jouent, et là où naguère ruaient contre la selle, ils se parent maintenant dans les harnais et tout fiers se gorgiassent sous la barde.
Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui avant de commettre leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux. On connaît la formule dont ils font si finement usage : mais peut-on parler de finesse là où il y a tant d’imprudence ?
On ne pleure jamais ce que l'on n'a jamais eu, et le regret ne vient jamais qu'après le plaisir; c'est toujours avec la connaissance du mal que revient le souvenir de la joie passée.
Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres.
Apprenons donc un jour, apprenons donc à bien agir, levons les yeux vers le ciel, ou pour notre honneur ou pour l'amour même de la vertu , ou certes si l'on veut parler à bon escient, pour l'amour et l'honneur de Dieu Tout Puissant, qui est sûr témoin de nos faits et le juste juge de nos fautes.
Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres.
Il vaut mieux une tête bien faite plutôt qu'une tête bien pleine.
les Vénitiens, une poignée de gens vivant si librement que le plus misérable d'entre eux ne voudrait pas être roi, nés et élevés de façon qu'ils
ne connaissent d'autre ambition que celle d'entretenir pour le mieux leur liberté, éduqués et formés dès le berceau de telle sorte qu'ils n'échangeraient pas un brin de leur liberté pour toutes les autres félicités de la terre. (1001 nuits, p.22)
A la vérité c’est le naturel du menu populaire, duquel le nombre est tousjours plus grand dedans les villes ; qu’il est soubçonneus à l’endroit de celui qui l’aime, et simple envers celui qui le trompe, ne pensés pas qu’il y ait nul oiseau qui se prenne mieulx a la pipée, ni poisson aucun qui pour la friandise du ver, s’accroche plus tost dans le haim ; que tous les peuples s’aleschent vistement à la servitude par la moindre plume qu’on leur passe comme l’on dit devant la bouche : et c’est chose merveilleuse qu’ils se laissent aller ainsi tost, mais seulement qu’on les chatouillent.
Les theatres, les jeus, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bestes estranges, les medailles, les tableaus, et autres telles drogueries c’estoient aus peuples anciens les apasts de la servitude, le pris de leur liberté, les outils de la tirannie : ce moien, ceste pratique, ces allechements avoient les anciens tirans, pour endormir leurs subjects sous le joug.