Reportage télévisé, annonçant le décès de l'auteur à l'âge de 77ans.
Je ne suis pas sûr d'avoir une bonne opinion de la photographie. Elle me semble prendre la réalité en otage sans réussir à saisir l'instantanée des pensées qu'on a dans la tête. Un homme peut fort bien se tenir face à l'appareil avec un visage lugubre alors que, dans son for intérieur, il est très joyeux, ou travaillé par des désirs charnels. L'objectif est impuissant à capter l'émoi intime qui bouillonne dans un crâne, de même qu'il ne peut dévoiler les réminiscences lubriques - ce qui, somme toute, n'est pas plus mal.
Jack et nellie étaient les artisans de l'éducation reçue par Rita; ils l'avaient coulée dans un moule dont les vertus mutilatrices étaient aussi efficaces que s'ils avaient sciemment imité les Chinois qui bandaient les pieds des petites filles pour les empêcher de grandir. (p.257)
- Pauvre petite, dit-elle, avant de se relever et de laisser Brenda à son triste sort.
Il recula pour distinguer son visage en entier dans le miroir, mais ne vit que son front, dégarni et encore bronzé des vacances passées en Floride. Un front un peu à la William Shakespeare, bombé, intellectuel, même s’il devait bien reconnaître qu’il n’avait jamais fait de merveilles à la fac.
Il a dit qu’il avait vaincu la peur de la mort et que, même s’il aurait souhaité vivre une longue vie… il y a une forme de grâce dans la longévité… ce n’était pas son problème à ce moment-là, il voulait juste accomplir la volonté de Dieu. Dieu l’avait autorisé à escalader la montagne et il avait regardé autour de lui et il avait vu la Terre promise.
Elle était sortie du tunnel sans se retourner. La mer était en train d’avaler le soleil d’un rouge sang et l’obscurité tombait sur le monde. Dans la lumière mourante, les oyats dansaient en bandes d’argent en travers des dunes mouvantes. Au-dessus de la masse noire de la centrale était apparu le scintillement de la première étoile.
Les battements de son cœur imitaient le mugissement mélancolique de la balise qui se balançait à l’horizon de la mer scintillante. Lorsqu’elle avait lancé violemment le marteau loin d’elle, il était descendu en piqué sur les collines de sable comme un oiseau de proie.
On offrit à Rose un grand verre de quelque chose qui ressemblait à de la limonade. C’était pétillant et incolore, sauf un morceau de citron qui ne cessait de se mettre en travers.
Rien n’avait réussi à se fixer dans sa tête. Elle n’était qu’une boîte vide, il n’y avait que de la poussière sous le couvercle.