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4.09/5 (sur 11 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : La Baule , le 14/08/1944
Biographie :

Dominique Colas est un politologue français, professeur agrégé de science politique à l'Institut d'études politiques de Paris (IEP).

Dominique Colas obtient un diplôme d'études supérieures (DES) de philosophie à la Sorbonne en 1967, puis un DES de science politique à l'Université de Paris I en 1972.
Il soutient en 1980 un doctorat d'État en science politique sous la direction de Maurice Duverger. Sa thèse s'intitule La théorie du parti révolutionnaire chez Lénine et ses implications politiques. Dominique Colas obtient en 1981 l'agrégation de science politique.
Professeur de philosophie dans l'enseignement secondaire de 1970 à 1981, au lycée technique de Saint-Quentin, puis au lycée Guillaume Apollinaire de Thiais.
Professeur à l'Université de Nancy II de 1981 à 1990.
Professeur à l'Université de Paris IX de 1990 à 1995.
Depuis 1995 : Professeur de science politique à l'IEP de Paris. Il succède à Hélène Carrère d'Encausse comme directeur du cycle supérieur d'études soviétiques et est-européennes, qui comprend un DEA et un doctorat. En 1990, suite à la chute du mur de Berlin, la formation change d'intitulé. En 2004, elle est à nouveau transformée du fait du passage au système LMD. La formation existe toujours en tant que spécialité (Russie-CEI) au sein de la mention Politique Comparée du Master recherche. Elle se poursuit par un programme doctoral.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (91) Voir plus Ajouter une citation
(Page 213) :
Zinoviev, le dirigeant communiste de l'ancienne capitale, avait déconseillé des excès dans la riposte. Lénine envoie quelques jours plus tard un télégramme aux dirigeants de la ville :

"Je proteste énergiquement.
Nous nous compromettons : même dans les résolutions des Soviets des députés nous brandissons la menace du terrorisme de masse, mais quand nous arrivons au fait, nous freinons l'initiative révolutionnaire des masses, parfaitement juste.
Cela est im-pos-si-ble.
Les terroristes vont nous prendre pour des chiffes. Temps archimilitaire. Il faut encourager l'énergie et le caractère de masse du terrorisme visant les contre-révolutionnaires, cela particulièrement à Piter, car son exemple est décisif. Salutations."

Par "terrorisme de masse" est entendue une terreur massive et mise en oeuvre par les masses, c'est-à-dire les ouvriers dirigés par les bolcheviks.
Lénine demande, dans le même télégramme, d'envoyer 10 000 ou 20 000 hommes dans la province de Tambov et dans l'Oural pour la lutte contre les koulaks.
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(Page 131) :
Selon une tradition qui remonte aux révolutions du XVIIIe siècle européen, ceux qui avaient renversé le tsar voulaient qu'après une insurrection victorieuse le peuple souverain élise des députés pour élaborer une Constitution organisant les nouveaux pouvoirs publics. Lénine était d'accord avec l'idée de la réunion d'une telle assemblée, mais comme pour les Soviets ou d'autres organismes il ne voulait pas que ce soit au détriment du primat du parti et de sa dictature. Selon sa conviction affichée, le modèle à suivre pour la révolution socialiste était la Commune de Paris, si bien que son adhésion au principe d'une Assemblée constituante était, pour le moins, fragile. Aussi dès les résultats connus il déploya beaucoup d'énergie, en participant à des réunions, en rédigeant des textes pour la disqualifier. Et, en plusieurs étapes, de novembre 1917 à janvier 1918, il l'emporta : la seule Assemblée élue démocratiquement par les hommes et les femmes de la Russie fut dispersée.
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(Pages 189 et 190) :
Mais pour l'heure, il s'agit de s'assurer que les ouvriers se plient aux exigences de l'usine moderne grâce au développement du système Taylor.
(...) Grâce à ses lectures, il a réuni des informations sur les méthodes du taylorisme - chronométrage, observation des gestes de l'ouvrier par le cinéma - et n'ignore rien de ses effets pénibles.
(...) Loin d'appeler les ouvriers à le combattre, il propose que le système Taylor soit étendu à la société tout entière pour éviter chaos, gaspillage, perte de temps, masse de petits intermédiaires, ce qui conduit à des crises destructrices. Ainsi la voie est-elle tracée : passer de l'atelier taylorisé à la société taylorisée.
(...) Car pour Lénine, que le corps du travailleur soit assigné à être une "machine", et une machine prise dans un dispositif disciplinaire, est une exigence du développement des forces productives dont les dégâts sont secondaires.
(...) Soumis à des dictateurs dans l'usine, les ouvriers sont aussi privés de leur principal instrument de lutte, la grève, puisque "qui ne travaille pas ne mange pas". Adage qui fonde aussi une forme de coercition extrême : le service du travail obligatoire, inscrit dans la Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité afin de "supprimer les couches parasitaires". Et cette obligation change radicalement la question de l'indiscipline. En effet, dans le système capitaliste, on pouvait licencier un ouvrier puisque l'on était dans une relation de "contrat civil". Désormais, avec le service du travail obligatoire, la violation de la discipline est, dit Lénine, l'ancien avocat : "un crime de droit commun et il doit être puni en conséquence", à savoir par l'emprisonnement ou pire. Le travail n'est pas dans la sphère de la liberté, mais il est une exigence pour le succès de la dictature du prolétariat, si bien que le travail forcé apparaît comme un droit des travailleurs. Et ce paradoxe se retrouve dans l'appel à la dictature dans les usines.
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(Page 137) :
Il [Lénine] élabore [fin décembre 1917] aussi une dizaine de pages décisives intitulées "Comment organiser l'émulation ?", véhémentes, haineuses et fondamentales, qui désignent les groupes à réprimer et les méthodes efficaces pour y parvenir, texte qu'il ne publia pas mais qui fait bien apparaître les principes qui commandent à son projet politique.
Lénine insiste sur "le contrôle et le recensement" comme étant les bases de la nouvelle gestion de l'économie, thème qu'il avait développé avant Octobre. Ils ne doivent cependant pas s'utiliser dans les seules entreprises, mais aussi contre tous ceux qui entravent la révolution en cours, "le plus grand changement dans l'histoire de l'humanité", rien de moins.
(...) Tout irait bien si des groupes ne faisaient obstacle : les employés de banque, les typographes, les riches et les filous, ainsi que les "laquais" des "esclavagistes" d'hier, les "intellectuels bourgeois", spécialement ceux qui écrivent dans Vie nouvelle, le journal de Gorki, une bête noire de Lénine mais intouchable pour l'heure. "Il faut épurer la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces (les filous), des punaises (les riches) et ainsi de suite."
Certains iront en prison. Ailleurs, on en fusillera un sur dix.
D'autres, plus "chanceux", laveront les latrines publiques. Et l'on combinera diverses méthodes de coercition. Il faut de l'émulation parmi les épurateurs de la nouvelle société en construction et Lénine appelle à la créativité des exterminateurs d'animaux inférieurs et néfastes !
(...) Nettoyer la terre russe des "parasites" qui l'encombrent pour permettre aux enfants des prolétaires d'être correctement alimentés : le projet de Lénine n'est cohérent que si les pénuries sont d'abord l'effet de la goinfrerie des nantis. Aussi reprend-il son antienne : la Russie est riche de blé qu'il faut prélever si besoin par la force et distribuer aux démunis.
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Lénine ne se contente pas de dénoncer la guerre en cours : il veut la transformer en « guerre civile » du prolétariat contre la bourgeoisie. Cela implique que « la violence prenne la place du droit » avant d’aboutir à un monde sans guerre. Il refuse donc aussi bien la logique du bellicisme que celle du pacifisme qui réclame le désarmement. A la veille de son départ de Zurich, dans un article contre les pacifistes au titre explicite, « Programme militaire de la révolution prolétarienne », il appelle à la lutte armée :

« Si la guerre actuelle provoque chez les socialistes chrétiens réactionnaires et les petits bourgeois pleurnichards uniquement de l’épouvante et de l’horreur, de la répulsion pour tout emploi des armes, pour le sang et la mort, etc., nous avons le devoir de dire : la société capitaliste a toujours été et demeure en permanence une horreur sans fin. Et maintenant la guerre actuelle, la plus réactionnaire de toutes les guerres, prépare à cette société une fin pleine d’horreurs, nous n’avons aucune raison de sombrer dans le désespoir. »

Pour sortir de l’horreur de la guerre, il faut une guerre horrible. Les ouvrières doivent dire à leurs fils qu’on leur donnera bientôt un fusil et qu’ils devront apprendre à s’en servir contre les bourgeois. Elles-mêmes devront se militariser, comme ce fut le cas lors de la Commune de Paris, de même que les enfants qui y combattirent dès l’âge de treize ans. Certes, quand la bourgeoisie aura été renversée dans le monde entier la guerre deviendra « impossible », mais d’ici là des « guerres de classes » sont nécessaires pour conduire à ce « magnifique avenir ».

Le prolétariat, hommes, femmes et enfants, doit donc se préparer au sacrifice non seulement de ses ennemis, mais aussi de sa propre vie. (pp. 35-36)
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Son instrument de combat, c’est sa compétence à manipuler les mots, sa virtuosité dans l’écriture et la parole. Lénine est un journaliste, un économiste, un historien, un philosophe, un sociologue, un épistolier, un orateur, un débatteur, le tout sur un ton de pamphlétaire exacerbé. Il écrit beaucoup, presque tous les jours, des heures, autant qu’il lit. Il parle en public, au téléphone, dans des réunions, donne des entretiens en russe ou en anglais. La totalité de ces œuvres publiées en 2017 représente environ 40 000 pages imprimées auxquelles il faut ajouter des milliers de brouillons, esquisses, notes, fragments recopiés. Ainsi, il annote Hegel et Clausewitz, il prend 750 pages de notes pour la rédaction de L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, qui exige de dépouiller 150 livres et 230 articles, surtout en allemand. On comprend qu’en 1921, alors qu’il vit à Cracovie, il écrive à Maxime Gorki pour se lamenter de la pauvreté des bibliothèques : « C’est bien dur sans livre. » (pp. 18-19)
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(Page 134) :
Il [Lénine] souhaite confier aux "comités de locataires" le contrôle des habitants, surtout les riches : chacun devra remplir une fiche avec son nom, son revenu, son métier, qu'il remettra au comité. Lénine veut, dit-il au dirigeant de la Tchéka, qu'on parvienne aussi à instaurer un service du travail obligatoire, qui lui tient à coeur. La Russie soviétique s'achemine vers une forme de surveillance généralisée, non pas un panoptique de Bentham mais plutôt une myriade de regards policiers.
Mais la surveillance par le peuple sous la forme des "comités de locataires" ne peut remplacer un corps de professionnels. Les déclarations de Lénine sur l'abolition de l'armée permanente et de la police d'avant octobre 1917 aboutissent à la création d'une armée classique et de la Tchéka qui se développe en organe spécialisé de répression, avec ses enquêteurs et ses bourreaux.
(...) Sa fonction est de renforcer la dictature, sans autre contrôle que celui du parti unique.
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(Page 191) :
Lénine se plaint que le pouvoir communiste soit trop doux. De la mélasse et non pas de l'airain. Les "tâches" du pouvoir des Soviets sont donc de continuer à réprimer la bourgeoisie qui peut longtemps encore manifester ses pulsions contre-révolutionnaires : aucune révolution ne peut se dérouler sans une guerre civile, dans un climat de "crimes", de "banditisme", de "spéculation". Et il faut une "main de fer" pour en venir à bout. Et Lénine en donne une conséquence : il faut fusiller sur place les voleurs. Et pour que la "main de fer" continue à agir (à fusiller), il ne faut pas compter sur l'"enthousiasme révolutionnaire" : au cours des révolutions passées, cet enthousiasme est souvent retombé trop rapidement en raison de la faiblesse du prolétariat ne lui laissant pas assez de temps pour "écraser" ses ennemis.
Cela ne devrait pas se produire en Russie si les bolcheviks utilisent de la violence pour mater les contre-révolutionnaires.
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(Page 242) :
Dès qu'il apprend l'attentat [contre Lénine], Staline annonce l'organisation d'une "terreur massive" contre la bourgeoisie et ses agents. Trotski, très inquiet, revient de la Volga où il se bat pour reprendre Kazan et prononce des discours exaltant Lénine. Des otages et des prisonniers sont exécutés par centaines. Un décret pris le 5 septembre [1918] instaure la terreur, nécessaire pour "protéger les arrières du front". Ceux qui sont impliqués dans des organisations de "gardes blancs, dans des complots ou des rébellions doivent être fusillés" et les "ennemis de classe" doivent être "isolés" dans des "camps de concentration". Il faut renforcer la Tchéka en y intégrant "le plus grand nombre possible de camarades du parti" : le parti et la Tchéka poursuivent leur rapprochement organique. Mais rien de bien nouveau : la Terreur rouge perpétue des pratiques antérieures qui vont aller en s'amplifiant et que Lénine justifie doctrinalement.
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(Pages 35 et 36) :
Pour sortir de l'horreur de la guerre, il faut une guerre horrible. Les ouvrières doivent dire à leurs fils qu'on leur donnera bientôt un fusil et qu'ils devront apprendre à s'en servir contre les bourgeois. Elles-mêmes devront se militariser, comme ce fut le cas lors de la Commune de Paris, de même que les enfants qui y combattirent dès l'âge de treize ans. Certes, quand la bourgeoisie aura été renversée dans le monde entier la guerre deviendra "impossible", mais d'ici là des "guerres de classes" sont nécessaires pour conduire à ce "magnifique avenir".

Le prolétariat, hommes, femmes et enfants, doit donc se préparer au sacrifice non seulement de ses ennemis, mais aussi de sa propre vie. Nulle hésitation dans cette invitation à la mort : Lénine ne place pas sur le même plan les victimes de la guerre civile et les victimes de la guerre impérialiste, puisque leur mort doit conduire à la paix pour toujours.
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