La morte di Agamennone - Vittorio Alfieri
Mais les conjurations, lors même qu'elles réussissent, ont le plus souvent de très funestes conséquences, parce qu'elles se font presque toujours contre le tyran et non contre la tyrannie ; d'où il arrive que, pour venger une injure privée, on multiplie sans utilité les malheureux, soit que le tyran échappe aux dangers, soit qu'un autre lui succède : on finit de toute manière par multiplier, par cette vengeance personnelle, les moyens de la tyrannie et les calamités publiques.
(1802 - De la Tyrannie)
On doit donner indistinctement le nom de tyrannie à toute espèce de gouvernement dans lequel celui qui est chargé de l'exécution des lois peut les faire, les détruire, les violer, les interpréter, les empêcher, les suspendre, ou même seulement les éluder avec assurance d'impunité.
Il y a certaine classe de gens qui fait preuve et se vante avec orgueil d'être «illustre» depuis plusieurs générations, quoique depuis le temps elle reste dans une oisive inutilité. Elle s'appelle la noblesse.
Les hommes et notamment ceux qui, comme nous, sont asservis, pèchent surtout par l'absence du sentiment. Je crois que, du moins parmi nous, cela provient de l'habitude de trop parler, de peu penser, et de ne point agir : existence tout à fait passive; existence dont nous nous montrons dignes par notre bonne grâce à la supporter, ce que même un grand nombre d'entre nous fait sans s'en apercevoir. (...). Le plus léger mouvement suffit pour provoquer le lion et le tigre; mais quel aiguillon serait assez aigu pour irriter un bœuf paisiblement courbé sous le joug.
Quoique personne de nous n'ignore que toute autorité illimitée ne peut naître que de notre faiblesse, (...), il n'en est pas moins vrai que chaque jour nous obéissons aveuglément, et sans murmurer, à tous les caprices de nos maîtres.
L'aveuglement et l'ignorance de tous les sujets seraient donc très utiles au gouvernement, et je ne crois pas que cette proposition ait besoin d'être démontrée.
Ainsi, après avoir examiné l'état actuel des choses, on demeurera convaincu que la politique du XVIIIème siècle, convenable à tous les princes, grands ou petits, consiste à récompenser, protéger et entretenir les écrivains, parce que le moyen le plus infaillible d'ôter aux lettres leur renommée et leur gloire est de les avilir en salariant ceux qui les cultivent.
Vivre sans âme est le moyen le plus court et le plus sûr de vivre longtemps et en sécurité sous une tyrannie.
Je ne demande aucun soulagement ; la mort est ce que je veux, ce que j'implore, ce que je souhaite ; mais, pour redoubler mes supplices, la nature m'enchaîne à la vie. Tantôt je me plains, tantôt je m'abhorre : des larmes, des accès de fureur et des larmes encore ; voici dans quelles vicissitudes éternelles, horribles, insupportables, s'écoulent mes jours infortunés.
Les Cours sont donc nécessairement envahies de mauvaises gens; et si le hasard y introduit quelqu'un de bon, souhaitant rester bon tout en s'y maintenant, il sera tôt ou tard la victime de tous les scélérats qui lui tendent des pièges, le craignent et le haïssent, car ils sont vivement offensés par son insupportable vertu.