SORANZO : Je porte l'enfer en moi ; tout mon sang est enflammé d'un désir de prompte vengeance.
VASQUES : Cela se peut. Mais savez-vous comment et sur qui ? Hélas ! Épouser une femme grosse, engrossée à point pour vous, est un jeu habituel de nos jours ; mais découvrir qui est le furet qui s'est glissé dans le terrier de votre lapin, c'est là que réside l'astuce.
Acte IV, Scène 3, (v. 155-161).
SORANZO : En amour mesure est torture.
Acte II, Scène 2.
PUTANA : Il faudra faire attention à vous, vous qui êtes sous ma garde, ou l'on va bientôt vous enlever pendant votre sommeil.
ANNABELLA : Mais, nourrice, ce genre de vie ne me donne aucun plaisir ; mes pensées sont tournées vers d'autres objets.
Je voudrais que tu me laisses.
PUTANA : Vous laisser ? Pas étonnant que vous le souhaitiez ! Laissez-moi ne pas vous laisser, ma petite ; il y a de l'amour là-dessous. Mais je ne vous blâme pas : vous avez un choix digne de la plus grande dame d'Italie.
ANNABELLA : Je t'en prie, parle moins.
PUTANA : Allons du pire au meilleur. Il y a d'abord Grimaldi le soldat, un gaillard bien bâti. On dit que c'est un Romain, neveu du duc de Montferrat ; on dit aussi qu'il a fait des prouesses dans les guerres contre les Milanais ; mais, ma foi, ma petite, je ne l'aime pas, ne serait-ce que parce que c'est un soldat : pas un sur vingt de vos capitaines ferrailleurs qui n'ait reçu quelque blessure très intime, laquelle empêche un membre de se tenir d'aplomb. Il me plaît d'autant moins qu'il n'est pas ferme sur ses jarrets. Pourtant il pourrait faire l'affaire s'il n'y avait pas d'autre homme disponible, mais ce n'est pas lui que je choisirais.
Acte I, Scène 2.
BERGETTO : Fillette, jolie fillette, viens m'embrasser, fillette ! (Il l'embrasse.) Ah, ah ! Poggio !
PHILOTIS : Voilà qui laisse quelque espoir. RICHARDETTO : Vous aurez tout le temps. Écartez-vous un peu ; nous devons discuter la chose à fond.
BERGETTO : Ne m'avez-vous pas apporté des douceurs ou d'élégants colifichets ?
PHILOTIS : Vous en aurez tout votre content, mon cœur.
BERGETTO : " Mon cœur ! " Note-le bien, Poggio ! Par ma foi, je ne peux m'empêcher de t'embrasser une fois de plus pour ce " mon cœur ". 'Il l'embrasse.) Poggio, je sens un je-ne-sais-quoi qui enfle monstrueusement près de mon ventre. POGGIO : On y trouvera remède, monsieur.
Acte III, Scène 5.
DONADO : La Justice habite-t-elle ici ?
FLORIO : La Justice a fui au Ciel, et n'approche plus de nous.
Acte III, Scène 9.
GIOVANNI : Les théologiens enseignent que ce globe terrestre
Sera en une minute tout entier réduit en cendres.
[...] Pourtant, ce serait assez étrange
De voir les eaux brûler. Et si je pouvais croire
Que ce peut être vrai, je pourrais croire aussi
Qu'il existe un enfer et un Ciel.
Acte V, Scène 5.
GIOVANNI : Ah ! si la religion ne tenait pour péché
De faire un dieu de notre amour et l'adorer !
J'ai fatigué le Ciel de mes prières, tari
La source de mes larmes incessantes, et même desséché
Mes veines par des jeûnes quotidiens ; ce que le jugement
Ou la science conseillaient, je l'ai mis en œuvre, mais, hélas !
Je ne découvre là que des songes et des fables de vieillards
Bons pour effrayer la jeunesse inconstante ; je suis inchangé.
Acte I, Scène 2.
BERGETTO : Oh ! au secours, au secours ! Une maille a sauté dans mes entrailles. Oh ! appelez vite un remailleur de chair ! Poggio !
PHILOTIS : De quoi souffrez-vous, mon amour ?
BERGETTO : Je suis sûr de ne pas pouvoir pisser par-devant et par-derrière et pourtant je suis trempé des deux côtés. De la lumière, de la lumière, holà ! Des flambeaux !
PHILOTIS : Hélas ! Un scélérat a tué mon amour !
RICHARDETTO : À Dieu ne plaise ! Réveille les voisins les plus proches à l'instant même, Poggio, et apporte des flambeaux. (Poggio sort.) Comment vous sentez-vous, Bergetto ? Assassiné ? Cela ne se peut ! Êtes-vous sûr d'être blessé ?
BERGETTO : Oh ! mon ventre bouillonne comme une marmite de porridge ; jetez sur moi de l'eau froide ou je vais bouillir. Tout mon corps transpire au point qu'on pourrait tordre ma chemise ; touchez ici.
Acte III, Scène 7.
SORANZO : N'avez-vous point envie d'aimer ?
ANNABELLA : Pas vous.
[...]
SORANZO : Oh ! accordez-moi ma requête !
ANNABELLA : Qu'elle est-elle ?
SORANZO : Que je puisse aller...
ANNABELLA : Allez donc !
SORANZO : En votre cœur.
ANNABELLA : Je ne puis le donner.
[...]
SORANZO : Je suis souffrant, et c'est mon cœur qui souffre.
ANNABELLA : À l'aide ! De l'eau-de-vie !
SORANZO : Que voulez-vous dire ?
ANNABELLA : Ma foi, je vous ai cru malade.
Acte III, Scène 2.
SORANZO : Viens, garce, putain notoire ! Quand chaque goutte
Du sang qui court dans tes veines adultères serait
Une vie, cette épée — tu la vois ? — d'une seul coup
Les trancherait toutes. Catin accomplie, insigne catin,
Qui d'un front d'airain, proclame et justifie ton péché,
N'y avait-il dans Parme d'autre homme que moi
Pour être l'entremetteur de ta putasserie rusée ?
Ta vive démangeaison, ton excès de désir,
L'ardeur de ta lubricité, devais-tu les nourrir
Jusqu'à la satiété ? Nul autre que moi ne pouvait-il
Être choisi pour masquer tes plaisirs secrets,
Les ébats de ton ventre ? Je dois être à présent le papa
De tout ce salmigondis qui remplit
Tes entrailles corrompues où naissent des bâtards.
Pourquoi moi ?
Acte IV, Scène 3.