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3.92/5 (sur 673 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Brive-la-Gaillarde , le 25/05/1949
Biographie :

Pierre Bergounioux est un écrivain français.

Ancien élève de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, à l'occasion critique littéraire, il est aussi sculpteur, professeur de lettres et militant de gauche.

Après avoir passé l'essentiel de sa carrière en collège, Pierre Bergounioux dispense depuis 2007 des cours sur l'histoire de la création littéraire aux Beaux-Arts de Paris.

Pierre Bergounioux a mené une réflexion sur l'école dans un livre d'entretiens paru en octobre 2006, ironiquement intitulé "École : mission accomplie".

Lauréat du Prix Alain-Fournier 1986 pour "Ce pas et le suivant", il est aussi lauréat du grand prix de littérature de la SGDL 2002 et du Prix Roger Caillois 2009 pour l'ensemble de son œuvre.

Pierre Bergounioux tient son propre rôle dans le film "Notre musique" (2004) de Jean-Luc Godard.

En 2013, Henry Colomer lui consacre un film intitulé Vies métalliques, et sous-titré "Rencontres avec Pierre Bergounioux", témoignage sur la créativité plastique de l'écrivain.

Il est le frère de l'écrivain et linguiste Gabriel Bergounioux (1954).
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Cette semaine, Augustin Trapenard est allé à la rencontre de Pierre Bergounioux à l'occasion de la sortie en poche de son livre "Le Matin des origines" aux éditions Verdier. Ce merveilleux ouvrage célèbre l'ancrage profond dans ses racines, dans les terres du Quercy entre Lot et Corrèze, où l'auteur a grandi, dans la chaleur de la maison rose et au sein des paysages qui ont façonné son être. Ces souvenirs, imprégnés dans sa mémoire, représentent une part essentielle de son identité qui demeure là-bas. À travers ces pages, Pierre Bergounioux évoque avec justesse le lien puissant que la terre tisse avec nos souvenirs et nos émotions, révélant ainsi le pouvoir des lieux familiers pour donner du sens à notre passé et à nos moments les plus heureux. Il était donc évident qu'Augustin Trapenard se déplace au coeur de cette histoire, sur les contreforts du plateau des Millevaches, dans sa maison de Corrèze pour un retour aux origines de la vie et de l'écriture.

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Citations et extraits (358) Voir plus Ajouter une citation
Les tendances majeures de ce temps sont à l'abstraction, à la dématérialisation. Le travail a définitivement perdu sa dimension utilitaire. On échange des produits tarifés sur le marché global, dominé par des groupes qui conditionnent la demande à laquelle ils s'offrent à répondre. Les zones imprécises, marginales, personnelles où l'on avait le loisir de se réfugier après avoir fourni sa quote-part de labeur socialement utile, sont quadrillées, investies par d'autres groupes - à moins que ce ne soient les mêmes - qui proposent la musique en boîte, des séries télévisées, des films à grand spectacle et effets spéciaux qui parachèvent la mainmise sur les rêves et la pensée du capital financier multinational.
La généralisation des rapports abstraits s'est comme incarnée dans le décor. D'abord dans les grandes masses, avec les villes nouvelles et autres ZUP des années soixante et soixante-dix, les barres, les tours aux allures de boites de Kleenex jetées en plein champ avec, pour centre d'échange, la supérette, le bistrot PMU et la pharmacie posée sur la dalle. Et comme la vie et le travail se trouvaient dissociés, on a tiré au cordeau des voies rapides remparées de glissières en acier zingué, connectées au moyen d'échangeurs et de rocades où il vaut mieux éviter de se tromper parce qu'il n'est plus question de faire demi-tour et de recommencer. Le droit à l'hésitation, le goût ténu de la liberté ont disparu de la circulation.
Elle a pris la fixité d'un destin où il me semble reconnaître, lorsque je me hasarde sur les autoroutes de ceinture, l'esprit désastreux du présent.
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La cuisine ouvrait directement sur l'extérieur dont elle recevait le bois, les légumes et les visiteurs. C'est par là que Baptiste arrivait, au sortir de la forêt, fatigué, farouche, ses chaussures pleines de terre, ses vêtements mouillés, incrustés d'écorce et d'aiguilles. Mais Berthe, la sœur de Jeanne, y passait, vers la fin, ses journées à lire. Jeanne mobilisait la grande table pour la confection des pâtés, des gâteaux et des confitures ainsi que pour les travaux de couture d'une certaine ampleur et Baptiste lui-même s'y reposait, dans une chaise longue, après déjeuner. Bref, c'était un lieu partagé, une portion du dedans où le dehors avait ses entrées.
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Nous avions vu croître à quelques pas de nous et si haut qu’à la fin elle nous cachait le ciel la créature à la gueule déchirante. J’avais dû vaincre le froid intense, l’épouvante dont je gardais le goût aigrelet dans la bouche, me dresser contre l’arbre de fonte, porter la main gauche en avant, l’index tendu, en guise de canon, lever la droite sous le menton, l’index replié sur l’invisible détente. Puis j’avais crié de toutes mes forces pour rendre la balle aussi pointue et rapide que je pouvais, afin qu’elle atteigne sous l’épaisse toison fauve le cœur sauvage.
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Mais l'important ne va pas forcément de pair avec l'agitation, le bruit, ce qui se voit, le temps. C'est parce qu'on tend à les confondre que des tas de gens se montrent beaucoup, parlent d'abondance. Tout l'effet que ça fait, c'est celui d'un rideau dont le vent s'empare ou qu'un enfant agite dans ses jeux. Alors que le silence, quand il est fait des mots amers qu'on a tus, les larmes ravalées, l'absence pratiquée dès le temps qu'on est présent au monde parce qu'on y fut contraint et forcé, c'est le contraire. On en tient compte. On n'agit pas comme on ferait si cela n'avait pas été, n'était plus. C'est pour ça que l'air, la lumière ne sont pas, comme on croit, inhabités, vides mais, parfois, par endroits, vibrants, vivants, chargés de présences éminentes.
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Le patron portait sur le bras droit, en équilibre, de la betterave rouge, l’assiette de blanquette et une corbeille de pain. La main gauche tenait un petit carafon de vin, un verre et les couverts. Il remercia, mit de côté la betterave rouge qu’il n’aimait pas et attaqua vigoureusement un morceau de veau. Manger de la viande et du pain lui procura un tel plaisir qu’il en oublia un instant toute vergogne, occupé seulement à se bourrer les joues puis à sentir descendre la boule compacte. Il avait vers le genre humain, la paysannerie, les bouchers, la femme du patron, invisible dans la cuisine, un grand élan de gratitude. Ce n’est qu’un peu réconcilié avec la nourriture et le vin qui lui chauffait la figure qu’une gêne lui vint d’être seul, dans son coin, comme un chien auquel on a donné sa gamelle. Le besoin que nous avons régulièrement de nous remplir est aussi honteux que les autres.
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Les temps sont finis où l'homme, aidé ou non de l'animal, devait imprimer la force motrice à l'outil qu'il guidait.
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La pluie avait cessé. Les arbres s’égouttaient pesamment dans le silence. Il eut un regard morne, écœuré, pour les cartons fermés, sous l’abat-jour vieillot d’épais verre bleu. Cela n’avait plus de sens, à l’orée des bois, dans la nuit campagnarde. Il faut un appartement en ville, des toits, de vieilles avenues avec des ormes, des bibliothèques et, tout autour, la rumeur des gens qui vont et passent. Quand l’univers est un cube de cinq mètres sur cinq, le ciel un étroit rectangle que visite parfois le soleil, on se convainc facilement qu’on existe et que ça n’est pas dénué d’importance. On peut vivre de papier imprimé. On s’imagine qu’il serait terrible que cela finisse un jour. On craint la mort. Les forêts, les rivières – les vraies – sont loin, à peine réelles. On n’a pas l’espoir de les atteindre. Tandis qu’ici ! Que je sois ou non dans le tableau cesse de présenter beaucoup d’intérêt.
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C’est au pied de l’escalier, au bout du corridor, que j’ai entendu la voix de maman. Je dis de maman parce que nous la reconnaîtrions toujours, quelque altérée qu’elle soit, de si loin qu’elle nous parvienne, malgré le fracas de l’ouragan, de la bataille ou de la fin du monde et parce que je la voyais, maman, par la porte entrebâillée, agenouillée aux pieds de grand-père qui, lui, dans le fauteuil, nous faisait face, nous voyait, aurait dû nous voir rassemblant notre courage devant la première marche. Mais nous étions encore diaphanes, transparents au regard vide que j’avais croisé. Le chuchotement liquide, la voix de petite fille – de maman – nous parvenait toujours par la porte entrouverte du bureau. C’est la troisième marche qui nous a trahis. Le filet clair s’est brisé.
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Nous nous sommes enfermés dans la chambre bleue. J’ai ouvert le bocal. Les sphinx ont jailli vers la lumière mais nous les avons repris l’un après l’autre, sans difficulté, dans les plis du rideau. Michel les a transpercés tous les deux et piqués au fond du carton. Ils vrombissaient toujours, immobiles, flamboyants, autour de l’épingle. Nous pouvions effleurer du doigt leur petit toupet d’oiseau, la substance ductile et plumeuse du temps. Mais un remords se mêlait à notre joie secrète et nous évitions de trop nous regarder.
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Par mon père, j’ai partie liée avec l’eau, les vallons et les friches, la pierre dure, l’ardoise, le sombre, l’ennui de vivre, l’impatience d’en finir. C’est lui. C’est l’inclémence de la terre limousine, livrée depuis le fond des âges à la bruyère et aux ajoncs. C’est là que j’ai vécu.
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