Miguel Benasayag vous présente son ouvrage "Les nouvelles figures de l'agir : penser et s'engager depuis le vivant" aux éditions La Découverte. Entretien avec
Nicolas Patin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2441161/miguel-benasayag-les-nouvelles-figures-de-l-agir-penser-et-s-engager-depuis-le-vivant
Note de musique : © mollat
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Les algorithmes des réseaux sociaux, loin de nous exposer à des points de vue différents et diversifiée, nous présentent de manière quasi exclusive –dans une illusion d’inclusivite – mille raisons de continuer à vénérer nos propres petites croyances étriquées.
Sur le lien entre l’art et l’homme, il y a un très bon passage dans Le Livre du rire et de l’oubli de Milan Kundera. Il raconte comment son père lui a expliqué l’histoire de la musique : au début, il y avait une dominante et toutes les notes étaient au service de la dominante ; après, on a commencé à mettre plusieurs dominantes et cela devenait très compliqué, parce que chaque note était à la fois vassale de l’une et de l’autre. Et, un jour, un grand révolutionnaire est arrivé et a dit : « Toutes les notes sont égales » ; et il a inventé la musique dodécaphonique puis sérielle, avec un système pour que toutes les notes soient égales. Son père conclut par le malheur qu’après lui, on ne pouvait plus rien faire : puisqu’on peut se donner les règles qu’on veut, on se perd et on ne sait plus où commence la musique et où commence le bruit.
Une époque triste...
Si nous voulions de manière schématique caractériser notre époque,nous pourrions dire que c'est une époque d'inquiétude,ou la conscience de la complexité nous plonge dans l'impuissance ,ou le futur ,qui jadis nous fascinait ,car chargé de promesses ,se révèle lourds de menaces apocalyptiques.
"Dans une civilisation qui ne tolère les conflits qu'à condition qu'ils entrent dans les normes, cette nouvelle barbarie vise des figures de l'autre très diverses: l'étranger qui menace nos sociétés, l'intégriste qui met en péril l'ordre républicain, mais aussi le salarié ou le fonctionnaire qui résistent au formatage des directions des ressources humaines, les handicapés, les déviants de tout type, les contestataires qui refusent de se plier aux normes admises de la contestation, celui ou celle qui par leur comportement sont réputés mettre en danger leur santé ou celle de leurs proches. Bref tous ceux qui sont perçus comme source possible d'un chaos menaçant l'ordre social acceptable".
Ce serait plutôt dans un au-delà du capitalisme, et non dans la seule confrontation avec lui, que se situe aujourd’hui la nouvelle radicalité.
« Le “blitz informationnel“inhibe la réflexion. »
Dans le monde du réductionnisme physicaliste actuel, la vieillesse n'est plus pensée que du point de vue biologique. Ce qui était encore autrefois considéré comme le signe d'un accomplissement, voire de l'atteinte d'une certaine sagesse, est désormais devenu synonyme de diminution et de perte. On peut dès lors comprendre les difficultés de nos sociétés occidentales à accepter une mort dont on a éliminé toute valeur anthropologique de passage et de relais. Corollaire de cette transformation : la mort comme la naissance deviennent des spécialités médicales. Il y a désormais une bonne façon de mourir, déniant à la mort son côté vivant et aléatoire.
On ne va pas changer les gens, leur dire d'être autrement que ce qu'ils sont. Mais j'ai réalisé que se battre avec des armes contre un dictateur était finalement beaucoup plus facile que de construire vraiment quelque chose dans le quotidien. Pour moi, désormais, la vie passait par là : si on peut essayer de changer quelque chose, ce sont les liens entre nous.
Triomphe de l'inversion qui fait que les gens nomment "réalité" un agencement d'abstractions virtuelles qui n'ont rien à voir avec le réel de leur propre vie; et ils qualifieront symétriquement "d'abstrait" tout ce qui a à voir avec le devenir et le réel le plus concret.
Le monde algorithmique n'est ni pour, ni contre le vivant, il lui est juste indifférent. Alors par simple "politesse" et avec ce qu'il nous reste d'audace, rendons-lui la pareille… puisque nous sommes vivants !