Au cours des vingt-cinq dernières années, les choses ont sensiblement changé. Après tant de centralisme, il était normal que certains voient dans la réforme des années 1980 une source de transformation majeure de la fin du XXe siècle. Donner aux assemblées élues des collectivités territoriales et à leur maire ou président une plus grande latitude de choix et de nouvelles compétences ; éviter que les carrières ne se construisent sur le seul chemin de Paris ; ouvrir de nouveaux lieux de débats susceptibles d'éliminer corporatisme et clientélisme ; dynamiser le tissu économique par en bas et créer les économies locales de conquête ; permettre à chacun de mieux s'exprimer dans son environnement : autant d'éléments qui permettent de comprendre que la politique, le social, l'économique et le culturel sont au rendez-vous de la décentralisation. Le balancier changeait vraiment de sens.
L'histoire et le paysage de la France ont longuement été marqués par la centralisation. L'Etat y est aussi vieux que la nation et il a forgé le pays en agglomérant progressivement des territoires, des populations et des langues. A cet égard, les différences entre la France des Rois et celle des Républiques sont moins fortes qu'on peut le penser : l'égalité succède à la hiérarchie, la démocratie à l'absolutisme, mais le centralisme ne fait que trouver dans ces nouveaux fondements des sources de renouvellement.