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3.97/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Besançon , le 04/06/1918
Mort(e) à : Paris , le 28/10/2010
Biographie :

Anne Ubersfeld, élève de l'Ecole normale supérieure, agrégée de lettres en 1945, professeur émérite à l’Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle depuis 1991, longtemps critique théâtrale à L’Humanité, à France Nouvelle et à Révolution. a publié des ouvrages sur le théâtre, envisagé dans les perspec-tives les plus diverses (esthétique, sémiologie, histoire, monographies, éditions de textes) : Armand Salacrou (1970), Le Roi et le bouffon, étude sur le théâtre de Hugo de 1830 à 1839 (1974), Lire le théâtre (1977), Lire le théâtre II. L’Ecole du spectateur (1981), Paroles de Hugo (1983), Le Roman d’« Hernani » (1985), Vinaver dramaturge (1989), Le Théâtre et la cité, de Corneille à Kantor (1991), Théophile Gautier (1992), Le Drame romantique (1993), Antoine Vitez, metteur en scène et poète (1994), Lire le théâtre III. Le Dialogue de théâtre (1996), Bernard-Marie Koltès (1999).


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Source : http://www.histoires-litteraires.org/
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[PODCAST] Au théâtre, le crime politique trouve son illustration dans la tragédie. de l'antiquité jusqu'à nos jours, les mises en scènes successives dotent les drames d'antan d'un sens nouveau. Retrouvez l'épisode sur toutes les plateformes de podcast : https://urlz.fr/pZag Modérateurs :  Sylvain BELLENGER, historien de l'art, alors directeur du château et conservateur des musées De BloisMaurice SARTRE, professeur d'Histoire ancienne à l'université de Tours.  Participant·e·s :  Gérard FONTAINE, philosophe spécialiste d'esthétique et d'opéra Gildas LE BOTERF, alors directeur de la Scène nationale de la Halle aux grains Claude MOSSÉ, historienne spécialiste de la cité grecque à l'âge classique Anne UBERSFELD, historienne du théâtre   Débat issue de la première édition des Rendez-vous de l'histoire, en 1998, sur le thème "Crime et Pouvoir".  © Sylvain Bellenger, Gérard Fontaine, Gildas le Boterf, Claude Mossé, Maurice Sartre, Anne Ubersfeld, 1998. Nous cherchons à entrer en contact avec les ayants droit de Gildas le Boterf, Claude Mossé et Anne Ubersfeld : écrivez-nous à l'adresse archives@rdv-histoire.com si vous avez des informations. Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002) https://rdv-histoire.com/

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Anne Ubersfeld
Une chaise sur la scène n'est pas une chaise sur le monde : le spectateur ne peut s'y asseoir ni la déplacer : elle est interdite, elle n'a pas d'existence pour lui.
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La seconde période est celle du voyant. Dans une lettre du 15 mai
1871 (4) , avec une maladresse pathétique, et dans les quelques
pages de la Saison en Enfer intitulées «Alchimie du Verbe»,
Rimbaud a essayé de nous faire comprendre la «méthode» de cet art
nouveau qu'il inaugure, et qui est vraiment une alchimie, une
espèce de transmutation, une décantation spirituelle des éléments
de ce monde. Dans ce besoin de s'évader qui ne le lâche qu'à la
mort, dans ce désir de «voir» qui tout enfant lui faisait écraser
son oeil avec son poing (les Poètes de sept ans), il y a bien
autre chose que la vague nostalgie romantique. «La vraie vie est
absente. Nous ne sommes pas au monde.» Ce n'est pas de fuir qu'il
s'agit, mais de trouver: «le lieu et la formule», «l'Éden»; de
reconquérir notre état primitif de «Fils du Soleil».-Le matin,
quand l'homme et ses souvenirs ne se sont pas réveillés en même
temps, ou bien encore au cours d'une longue journée de marche sur
les routes, entre l'âme et le corps assujetti à son desport
rhythmique, se produit une solution de continuité. Une espèce
d'hypnose «ouverte» s'établit, un état de réceptivité pure fort
singulier. Le langage en nous prend une valeur moins d'expression
que de signe; les mots fortuits qui montent à la surface de
l'esprit, le refrain, l'obsession d'une phrase continuelle,
forment une espèce d'incantation qui finit par coaguler la
conscience, cependant que notre miroir intime est laissé, par
rapport aux choses du dehors, dans un état de sensibilité presque
matérielle. Leur ombre se projette directement sur notre
imagination et vire sur son iridescence. Nous sommes mis en
communication,-C'est ce double état du marcheur que traduisent les
Illuminations: d'une part les petits vers qui ressemblent à une
ronde, d'enfants et aux paroles d'un libretto, de l'autre les
images décoordonnées qui substituent à l'élaboration grammaticale,
ainsi qu'à la logique extérieure, une espèce d'accouplement direct
et métaphorique. «Je devins un opéra fabuleux.» Le poète trouve
expression non plus en cherchant les mots, mais au contraire en se
mettant dans un état de silence et en faisant passer sur lui la
nature, les espèces sensibles «qui accrochent et tirent» (5). Le
monde et lui-même se découvrent l'un par l'autre. Chez ce puissant
imaginatif, le mot «comme» disparaissant, l'hallucination
s'installe et les deux termes de la métaphore lui paraissent
presque avoir le même degré de réalité. «À chaque être plusieurs
autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu'il fait,
il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens.» Pratiques
extrêmes, espèce de mystique «matérialiste» (6), qui auraient pu
égarer ce cerveau pourtant solide et raisonnable (7) . Mais il
s'agissait d'aller à l'esprit, d'arracher le masque à cette nature
«absente», de posséder enfin le texte accessible à tous les sens,
«la vérité dans une âme et un corps», un monde adapté à notre âme
personnelle (8).
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Il me regardait avec le ciel dans les yeux... Alors il m'a dit: Il
faut tout préparer dans la chambre, tout ranger, le prêtre va
revenir avec les sacrements. Tu vas voir, on va apporter les
cierges et les dentelles, il faut mettre des linges blancs
partout... Eveillé, il achève sa vie dans une sorte de rêve
continuel: il dit à présent des choses bizarres, très doucement,
d'une voix qui m'enchanterait si elle ne me perçait le coeur. Ce
qu'il dit, ce sont des rêves,-pourtant ce n'est pas la même chose
du tout que quand il avait la fièvre. On dirait, et je crois,
qu'il le fait exprès (13) . Comme il murmurait ces choses-là, la
soeur m'a dit tout bas: «Il a donc encore perdu connaissance?»
Mais il a entendu et est devenu tout rouge; il n'a plus rien dit,
mais la soeur partie, il m'a dit: On me croit fou, et toi, le
crois-tu? Non, je ne le crois pas, c'est un être immatériel
presque et sa pensée s'échappe malgré lui. Quelquefois il demande
aux médecins si eux voient les choses extraordinaires qu'il
aperçoit et il leur parle et leur raconte avec douceur, en termes
que je ne saurais rendre, ses impressions: les médecins le
regardent dans les yeux, ces beaux yeux qui n'ont jamais été si
beaux et plus intelligents, et se disent entre eux: c'est
singulier. Il y a dans le cas d'Arthur quelque chose qu'ils ne
comprennent pas. Les médecins d'ailleurs ne viennent presque plus
parce qu'il pleure souvent en leur parlant, et cela les
bouleverse.-Il reconnaît tout le monde, moi il m'appelle parfois
Djami, mais je sais que c'est parce qu'il le veut, et que cela
rentre dans son rêve voulu ainsi; d'ailleurs il mêle tout et...
avec art. Nous sommes au Harrar, nous partons toujours pour Aden,
il faut chercher des chameaux, organiser la caravane; il marche
très facilement avec la nouvelle jambe articulée; nous faisons
quelques tours de promenade sur de beaux mulets richement
harnachés; puis il faut travailler, tenir les écritures, faire des
lettres. Vite, vite, on nous attend, fermons les valises et
partons. Pourquoi l'a-t-on laissé dormir? pourquoi ne l'aidè-je
pas à s'habiller? Que dira-t-on si nous n'arrivons pas
aujourd'hui? On ne le croira pas sur parole, on n'aura plus
confiance en lui! Et il se met à pleurer en regrettant ma
maladresse et ma négligence, car je suis toujours avec lui et
c'est moi qui suis chargée de faire tous les préparatifs...»

Je suis un de ceux qui l'ont cru sur parole, un de ceux qui ont eu
confiance en lui.

Juillet 1912.
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Le théâtre est un art paradoxal. On peut aller plus loin et y voir l'art même du paradoxe, à la fois production littéraire et représentation concrète ; à la fois éternel (indéfiniment reproductible et renouvelable) et instantané (jamais reproductible comme identique à soi) : art de la représentation qui est d'un jour et jamais la même le lendemain ; art à la limite fait pour une seule représentation, un seul aboutissement, comme le voulait Artaud. Art de l'aujourd'hui, la représentation de demain, qui se veut la même que celle d'hier, se jouant avec des hommes qui ont changé devant des spectateurs autres ; la mise en scène d'il y a trois ans, eût-elle toutes les qualités, est à cette heure aussi morte que la jument de Roland. Mais le texte lui, est au moins théoriquement intangible, éternellement fixé.
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Notes.

(1) Premier brouillon: «Quand pour les hommes forts le Christ
vient».

(2) Jean-Arthur Rimbaud, le Poète. (Mercure de France, édit.).

(3) Dès les plus anciennes pièces de Rimbaud, on trouve des vers
comme ceux-ci:
...Où, lentement vainqueur, il domptera les choses
Et montera sur tout comme sur un cheval.
. . . . . . . . . . .
Ce que l'on ne sait pas, c'est peut-être terrible!
(Le Forgeron.)

(4) Récemment retrouvée par M. Paterne Berrichon et publiée par
la Nouvelle Revue française du 1er octobre 1912.

(5) Lettre du 15 mai 1871 précitée.

(6) Lettre précitée.

(7) «Je ne pouvais pas continuer, je serais devenu fou et puis...
c'était mal». (Paroles à Isabelle Rimbaud). Voir aussi: Saison en
Enfer.

(8) : «Il voulut voir la vérité, l'heure du désir et de la
satisfaction essentiels. Que ce fût ou non une aberration de
piété, il voulut. Il possédait au moins un assez large pouvoir
humain. «Voir tout ce Conte qui illustre le côté destructeur de
Rimbaud (Illuminations, p. 222).

(9) : 1873: l'année des Amours jaunes et des Chants de Maldoror.
-C'est ici que Rimbaud a voulu s'arrêter sur la route de Dieu dans
une espèce d'attente suspicieuse. Mais il reste l'Univers «et tout
l'après-midi où ils s'avancèrent du côté des jardins de palmes.»

(10) Ouvrage précité.

(11) «Hélas! je ne tiens plus du tout à la vie et si je vis, je
suis habitué à vivre de fatigue... et à me nourrir de chagrins
aussi véhéments qu'absurdes dans des climats atroces... Puissions-
nous jouir de quelques années de vrai repos dans cette vie; et
heureusement que cette vie est la seule et que cela est évident,
puisqu'on ne peut s'imaginer une autre oie avec un ennui plus
grand que celle-ci!» (Aden, 25 mai 1881). Il a touché le fond, du
moins il le croit. Cette région de la Mer Rouge qui finit par
fixer Terrant est bien celle de la terre qui ressemble le plus à
l'enfer classique, «l'ancien, celui dont le Fils de l'Homme ouvrit
les portes».

(12) À ce moment elle ignorait tout des livres de son frère.
Cette lettre, adressée à Mme Rimbaud, est datée de l'hôpital de la
Conception 28 octobre 1891.
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Anne Ubersfeld
L'une des caractéristiques les plus étonnantes du texte théâtrale, [...] c'est son caractère incomplet. Les autres de fiction doivent [...] combler l'imagination du lecteur. [...] Ce travail de détermination irait contre les possibilités de la scène.
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Je pose la plume, et je revois ce pays qui fut le sien et que je
viens de parcourir: la Meuse pure et noire, Mézières, la vieille
forteresse coincée entre de dures collines, Charleville dans sa
vallée pleine de fournaises et de tonnerre. (C'est là qu'il repose
sous un blanc tombeau de petite fille.) Puis cette région
d'Ardenne, moissons maigres, un petit groupe de toits d'ardoise et
toujours à l'horizon la ligne légendaire des forêts. Pays de
sources où l'eau limpide et captive de sa profondeur tourne
lentement sur elle-même; l'Aisne glauque encombrée de nénuphars et
trois longs roseaux jaunes qui émergent du jade. Et puis cette
gare de Voncq, ce funèbre canal à perte de vue bordé d'un double
rang de peupliers: c'est là qu'un sombre soir, à son retour de
Marseille, l'amputé attendit la voiture qui devait le ramener chez
sa mère. Puis à Roche la grande maison de pierres corrodées avec
sa haute toiture paysanne et la date: 1791 au-dessus de la porte,
la chambre à grains où il écrivit son dernier livre, la cheminée
ornée d'un grand crucifix où il brûla ses manuscrits, le lit où il
a souffert. Et je manie des papiers jaunis, des dessins, des
photographies, celle-ci entre autres si tragique où l'on voit
Rimbaud tout noir comme un nègre, la tête nue, les pieds nus, dans
le costume de ces forçats qu'il admirait jadis, sur le bord d'un
fleuve d'Ethiopie (11) , des portraits à la mine de plomb et cette
lettre enfin d'Isabelle Rimbaud qui raconte les derniers jours de
son frère en l'Hôpital de la Conception à Marseille (12) .
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Troisième période. -J'ai déjà cité souvent la Saison en Enfer (9)
. Il me reste peu de chose à ajouter à l'analyse définitive que
Paterne Berrichon (10) a faite de ce livre si sombre, si amer, et
en même temps pénétré d'une mystérieuse douceur. Là Rimbaud,
arrivé à la pleine maîtrise de son art, va nous faire entendre
cette prose merveilleuse tout imprégnée jusqu'en ses dernières
fibres, comme le bois mœlleux et sec d'un Stradivarius, par le son
intelligible. Après Châteaubriand, après Maurice de Guérin, notre
prose française, dont le travail en son histoire si pleine, et si
différente de celle de notre poésie, n'a jamais connu
d'interruption ni de lacune, a abouti à cela. Toutes les
ressources de l'incidente, tout le concert des terminaisons, le
plus riche et le plus subtil qu'aucune langue humaine puisse
apprêter, sont enfin pleinement utilisés. Le principe de la «rime
intérieure», de l'accord dominant, posé par Pascal, est développé
avec une richesse de modulations et de résolutions incomparable.
Qui une fois a subi l'ensorcellement de Rimbaud est aussi
impuissant désormais à le conjurer que celui d'une phrase de
Wagner. -La marche de la pensée aussi qui procède non plus par
développement logique, mais, comme chez un musicien, par dessins
mélodiques et le rapport de notes juxtaposées, prêterait à
d'importantes remarques.
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«Je vécus, étincelle d'or de la lumière nature! De joie, je
prenais une expression bouffonne et égarée au possible.» Une ou
deux fois, la note, d'une pureté édénique, d'une douceur infinie,
d'une déchirante tristesse, se fait entendre aux oreilles d'un
monde abject et abruti, dans le fracas d'une littérature
grossière. Et cela suffît. «J'ai brassé mon sang. Mon devoir m'est
remis.» Il a fini de parler. On ne confie pas de secrets à un
coeur descellé. Il ne lui reste plus qu'à se taire et à écouter,
sachant, comme cette Sainte encore, que «les pensées ne mûrissent
pas d'être dites». Il regarde avec une ardente et profonde
curiosité, avec une mystérieuse sympathie qui ne peut plus être
exprimée en «paroles païennes», ces choses qui nous entourent et
qu'il sait que nous ne voyons qu'en reflets et en énigmes; «un
certain commencement», une amorce. Toute la vie n'est pas de trop
pour faire la conquête spirituelle de cet univers ouvert par les
explorateurs du siècle qui finit, pour épuiser la création, pour
savoir quelque chose de ce qu'elle veut dire, pour douer de
quelques ques mots enfin cette voix crucifiante au fond de lui-
même.
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Arthur Rimbaud apparaît en 1870, à l'un des moments les plus
tristes de notre histoire, en pleine déroute, en pleine guerre
civile, en pleine déconfiture matérielle et morale, en pleine
stupeur positiviste. Il se lève tout à coup,-«comme Jeanne d'Arc!»
s'écriera-t-il plus tard lamentablement. Il faut lire dans le
livre de Paterne Berrichon (2) le récit tragique de cette
vocation. Mais ce n'est pas une parole qu'il a entendue. Est-ce
une voix? Moins encore une: simple inflexion, mais qui suffit à
lui rendre désormais impossible le repos et «la camaraderie des
femmes». Est-il donc si téméraire de penser que c'est une volonté
supérieure qui le suscite? dans la main de qui nous sommes tous:
muette et qui a choisi de se taire. Est-ce un fait commun que de
voir un enfant de seize ans doué des facultés d'expression d'un
homme de génie? Aussi rare que cette louange de Dieu dans la
bouche d'un nouveau-né dont nous parlent les récits indubitables.
Et quel nom donner à un si étrange événement?
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