L'esprit est, par nature, en constante agitation. Suivant la théorie hindoue il se mue continuellement en la forme des objets dont il prend conscience. Sa substance subtile assume les formes et les couleurs de tout ce qui se présente à lui par les sens, l'imagination, la mémoire, les émotions.
Autrement dit, il est doué d'un pouvoir de transformation ou de métamorphose qui est sans limites et jamais en repos.
L'esprit est ainsi dans une ondulation continuelle, comme la surface d'un étang sous la brise, scintillant de reflets brisés, toujours changeants, se dissipant d'eux-mêmes.
Laissé à son sort, il ne se présenterait jamais comme un miroir parfait, cristallin, dans “son état propre”, imperturbable, reflétant l'être intérieur; pour que ceci est lieu, il faudrait en effet arrêter toutes les impressions des sens venues de l'extérieur (et qui ressemblent aux eaux de ruisselets turbulents, entrant dans la surface translucide et la troublant), arrêter aussi les impulsions du dedans : souvenirs, pressions émotives, incitations de l'imagination (qui sont comme des fontaines intérieures).
Le Yoga, lui, stoppe l'esprit. Et dès lors que s'accomplit cette tranquillisation, l'être intérieur, la monade animée, se révèle – comme un joyau au fond d'un étang tranquille.