Si, par le moyen de quelque oracle, le physicien pouvait identifier d’emblée toutes les vérités qui peuvent être dites avec les termes de sens commun renvoyant à des choses ordinaires, la distinction qu’il fait entre les phrases vraies et fausses concernant les molécules resterait cependant fort mal tracées. Nous pouvons imaginer qu’il tracera cette ligne de démarcation en appliquant ce qu’on appelle de façon vague la méthode scientifique : en considérant la simplicité de la théorie englobant les molécules et les choses ordinaires […] Et c’est tant mieux, naturellement, pour les molécules
Le caractère de la réalité, c'est l'affaire de l'homme de science, au sens le plus large du terme, de la conjecturer laborieusement.
Plusieurs individus élevés dans le même milieu linguistique se ressemblent entre eux comme ces arbustes qu'on taille en forme d'éléphants.
En science, tout est provisoire.
Nos souvenirs actuels sont, le plus souvent, non des trace de sensations passées, mais des traces de conceptualisations ou de verbalisations passées.
This book has been mainly a factual account of external things and events as they have impinged on me and I in my faltering way on them.
La méthode des hypothèses analytiques est une façon de se catapulter soi-même dans le langage de la jungle par la vitesse acquise du langage domestique. C’est une manière de se greffer des greffons exotiques sur le vieux buissons familier jusqu’à ce que seuls les greffons exotiques frappent la vue.
Nous tendons à négliger le fait que nous apprenons la plupart des choses, la plupart des traits présomptifs du prétendu monde, par l'intermédiaire du langage ; que nous croyons en leur existence à travers une projection depuis le langage. C'est ainsi que certaines personnes qui manquent de sens critique en arrivent à une théorie du langage-copie ; elles tiennent les élements du langage pour des noms des éléments de la réalité, et le discours vrai pour une carte de la réalité. Elles projettent sans discrimination les caprices du langage sur le monde et truffent l'univers de ets et de ous, de définis et d'indéfinis, de faits et d'états de choses, pour la simple raison que des éléments et des distinctions parallèles existent du côté linguistique.
Comment décidons-nous, à propos du monde réel, quelles choses existent ? En fin de compte, je pense que nous le décidons en prenant en considération la simplicité [...] nous postulons qu'il y a des molécules, et finalement des électrons, alors même que ceux-ci ne sont pas accessibles à notre expérience directe, mais simplement parce qu'ils contribuent à un système général qui, en tant que tout, est plus simple que ses alternatives connues [...] Au fond, je m'attends à ce que les tables et les moutons soient, en dernière analyse, sur le même plan que les molécules et les électrons.
Une question ne cesse de revenir : devons-nous affirmer ou nier qu'il y a des choses telles que les sensations, conçues comme des expériences immédiates et subjectives ? Je me pencherai sur cette question, mais pas dans l'immédiat. Dans un premier temps, il sera plus commode de m'exprimer comme s'il y en avait.