La difficulté en sciences sociales, c’est que le concept est non seulement, comme le souligne l’historien Gabriel Martinez-Gros, une « saisie inventive du réel », mais également un migrant traversant à la fois l’histoire de la pensée et des faits et gardant les traces sédimentaires et les stratifications de leur évolution. Le risque de les tirer à hue et à dia fait quasiment partie de leur constitution.
Le résultat est que le concept, en sciences sociales, dès sa naissance, est atteint par ce péché originel d’être une matière instable. Le concept de révolution n’échappe pas à cette règle. Ce sera l’objet de la première étape de notre analyse. Sa genèse, seconde étape, strictement liée aux révolutions modernes, n’empêche cependant pas son élasticité, son expatriation, sa rétroaction, sa mythification. Comme de nombreux concepts, celui de révolution déborde sa genèse et toute définition ne peut être que provisoire.
Le plus important dans une révolution, c'est le message et les ressources symboliques qu'elle laisse en héritage aux générations futures.