[Au sujet de To be or not to be (1942) d’Ernst Lubitsch]
[Dans un premier temps] le public a été choqué par les audaces satiriques, le ton ultra-grinçant du film. [ ] Avec les années, ce ‘mauvais goût’ très salubre et extrêmement culotté n’a cessé d’être de mieux en mieux compris et apprécié. [ ]
L’ironie chez Lubitsch, avec sa forte tonalité de farce et de burlesque, correspond au plus nuancé des jugements de valeur. [ ]
On détecte aisément à travers cette œuvre ce que les principaux héritiers doivent à Lubitsch : Billy Wilder, un sens de la cruauté satirique appliqué aux sujets les plus graves ; Mankiewicz, le goût des constructions sophistiqués et elliptiques, mêlant souvent théâtre et réalité ; Preminger, son plus lointain disciple, une élégance distante et un peu sèche qui fuit l’attendrissement comme la peste et cherche dans le même mouvement à divertir et à analyser.
De 1954 (fenêtre sur cour) à 1963 Hitchcock donne en moins de dix ans une série -absolument unique dans l'histoire du cinéma- de neuf chefs-d'oeuvre dont chacun recrée son univers sous un angle nouveau et exploite à fond une ou plusieurs possibilités fondamentales du cinéma.
pp.1062,1063 à propos du film "Les oiseaux" d'Alfred Hitchcock