Buffalo Bill (1908) - William F. Cody on Horseback - Wild West Show Tour
Puis on dressa deux poteaux, et, au son de chants perçants et lugubres, les guerriers Cheyennes se mirent à danser autour. Buffalo Bill connaissait trop bien les us et coutumes des Indiens pour ne pas aussitôt pressentir qu’un spectacle affreux allait lui être offert.
Évidemment les Cheyennes avaient fait des prisonniers, qu’ils se préparaient à attacher au poteau du supplice.
Buffalo Bill savait que ces malheureux prisonniers commenceraient par être percés de lances, criblés de flèches, hachés à coups de tomahawks, et qu’à la fin, comme conclusion de ces cruels et lugubres jeux, on amoncellerait autour des victimes des broussailles et du bois, auxquels on mettrait le feu pour que ces pitoyables créatures finissent misérablement sur un bûcher.
En fait, l’Arkansas était alors le rendez-vous d’une quantité de gens sans aveux qui, pour les colons honnêtes du pays, constituaient un bien plus grand danger que les Indiens avec qui les fermiers étaient en lutte perpétuelle. La manière dont les hommes rouges pratiquaient la guerre, tout abondante qu’elle fût en ruses et en traîtrises, pouvait être qualifiée de loyale en comparaison de la lâche et ignoble perfidie que déployaient les voleurs blancs pour arriver à leurs fins.
Il n’y avait que les hommes courageux et résolus, habiles à manier le fusil, qui osassent à cette époque se risquer dans la prairie et quitter la protection des établissements d’exploitation rurale, ordinairement bien fortifiés.
La cause du Nord était en danger. Déjà avait été livrée, la terrible bataille de Bull Run, qui s’était terminée par une victoire éclatante des Confédérés. Une nouvelle défaite de cette gravité serait fatale à l’Union et finirait décidément la guerre en faveur des esclavagistes du Sud.
J’obéis à une loi non écrite, qui est au-dessus de tous les règlements des hommes: ma mère m’appelle et désire me voir. J’irai à elle, devrais-je traverser tous les épouvantements de l’Enfer.
Il ne lui avait pas encore répondu, lorsque survint un homme de haute stature, extraordinairement taillé en force et qui, des pieds à la tête, était vêtu de cuir.Ses cheveux d’un roux sombre pendaient en boucles sur son cou. Il portait toute sa barbe. Ses yeux clairs et lumineux lançaient des regards perçants. Mais il avait un bras en écharpe; il traînait la jambe gauche et une bande de linge sanglante lui entourait le front.D’un geste paternel il posa sa main saine sur l’épaule du jeune homme, près de qui il s’était arrêté.—Je réponds de lui! dit-il d’une voix profonde. Si ma dernière sortie aux renseignements n’avait pas fait de moi un estropié, je n’aurais laissé à personne l’honneur de faire la nique aux Peaux-Rouges. Mais ma carabine est trop lourde pour moi. Quant à lui, un enfant par les années, mais un hé-ros par l’audace et la vaillance! Plus malin que le plus rusé Peau-Rouge! Sa carabine ne manque jamais le but. Si quelqu’un peut s’en tirer, c’est Bill Cody
Depuis un moment déjà Bill considérait avec méfiance la masse abrupte d’un rocher qui se dressait directement devant lui dans le fond du ravin. Tout à coup un point noir se montra sur la crête du roc, pour disparaître aussitôt. Les Indiens ! Aussitôt le jeune homme distingua un filet de fumée, fin comme un cheveu, qui raya, l’espace d’un clin d’œil, le disque argenté de la lune, et qui venait de derrière les roches. Bill comprit qu’il était tombé dans un piège. Il y avait derrière lui des Peaux-Rouges aux aguets, et leurs éclaireurs d’avant-garde venaient, avec cette fumée, de leur donner le signal convenu.
— Eh bien ! Serpent Sam, vous aurez à combattre, dit Buffalo Bill d’un ton résolu.
Il se trouvait aux mains des Sioux, ses ennemis mortels ! Si ceux-ci, lorsqu’il gisait inconscient, ne l’avaient pas tout de suite tué et scalpé, c’était pour lui, si bien au courant des mœurs atroces de ces sauvages, la preuve certaine qu’ils lui réservaient une fin plus terrible encore.
En fait, l’Arkansas était alors le rendez-vous d’une quantité de gens sans aveux qui, pour les colons honnêtes du pays, constituaient un bien plus grand danger que les Indiens avec qui les fermiers étaient en lutte perpétuelle. La manière dont les hommes rouges pratiquaient la guerre, tout abondante qu’elle fût en ruses et en traîtrises, pouvait être qualifiée de loyale en comparaison de la lâche et ignoble perfidie que déployaient les voleurs blancs pour arriver à leurs fins.
C’était une époque terrible. Cette guerre fratricide d’alors compte parmi les plus sanguinaires de l’histoire.
La génération d’aujourd’hui qui sait seulement que les États-Unis forment un tout indissoluble, ne songe guère que cette unité si enviable n’a pu être cimentée que par le fer et dans le sang.
Mais aux jours où se déroule cette histoire, il n’y avait point d’ennemis plus haineux et plus irréconciliables que les citoyens des États du Nord et ceux des États du Sud. Quand on y pense! C’étaient les enfants de la même patrie! Aussi braves, aussi forts, de cœur aussi généreux les uns que les autres, et doués d’un amour aussi ardent de la patrie, comme il convient à un peuple vraiment noble!
Les deux partis considéraient la victoire de leurs intérêts comme une condition absolument indispensable au bonheur de leur patrie bien aimée. Les hommes du Nord voyaient dans le maintien de l’esclavage des nègres la plaie vive du pays, les États du Sud en considéraient la suppression comme sa ruine.
Et les esprits avaient pris feu sur cette différence d’opinion et s’étaient montés jusqu’à la passion la plus effrénée. Un déchirement s’était produit d’un bout à l’autre de cette glorieuse nation