Avoir de la chance ou en manquer ? Au fond, qu’est ce que ça veut dire ? Quelle que soit ta situation, tu dois vivre de manière résolue. Pose fermement tes pieds sur le sol. Fais simplement ce que tu as à faire. Abandonne ce que tu dois abandonner. Ton degré de sérénité est proportionnel à ton degré d’engagement. Tel est le secret.
Les hommes changent tout le temps, du matin au soir ils continuent de changer comme des caméléons et ils arrivent ainsi jusqu'à la mort sans trouver leur vérité. C'est ce qu'on appelle de vrais fantômes.
Tous les phénomènes sont sans substance. Voir les phénomènes tels qu'ils sont, c'est maintenant voir Bouddha. De même, avec les jumelles, selon qu'on regarde dans un sens ou dans l'autre, on voit grand ou petit. Mais il est difficile d'échapper au mauvais point de vue. Tous les gens continuent à se tromper en parlant et en discutant. Parce que ces gens-là pensent tous à partir de leur ego.
Tu fais fausse route si tu t'engages sur cette voie pour ton seul bénéfice personnel. Jette-toi sur le chemin à corps perdu. Lorsque tu t'abandonnes entièrement à la voie, il ne reste plus rien que la voie elle-même. C'est ça le Satori.
Le Satori n'apporte aucune satisfaction personnelle. Tant que tu es obsédé par toi-même, tu n'es pas sur la voix du bouddha.
Tu résoudras l'énigme de la vie et de la mort lorsque tu te dissoudra entièrement dans la pratique de la voie.
À vous qui pensez qu'il y a quelque chose à être "dans"
Tu t'accroches toujours aux autres. Si quelqu'un mange des frites, vous voulez des frites aussi. Si quelqu'un suce un bonbon, vous voulez aussi un bonbon. Si quelqu'un souffle sur un sifflet, tu cries : "Maman, achète-moi aussi un sifflet ! » Et cela ne va pas seulement pour les enfants.
Quand le printemps arrive, tu laisses le printemps te tourner la tête. Quand l'automne arrive, tu laisses l'automne te tourner la tête. Tout le monde attend juste que quelque chose tourne la tête. Certains gagnent même leur vie en faisant tourner les têtes – ils produisent de la publicité.
Les gens aiment la confusion émotionnelle. Il suffit de regarder les affiches du film devant le cinéma : rien que de la confusion émotionnelle sur leurs visages. Bouddha-dharma signifie ne pas se mettre à la merci de la confusion émotionnelle. Dans le monde, par contre, on fait un grand bruit pour rien.
Cela va avec être une personne ordinaire : il ne peut voir qu'avec les yeux de la stupidité collective.
Si vous avez des questions que vous ne pouvez résoudre, il faut en débattre aussitôt », a dit Yoka (Daishi). Il ajoute : « L’humble moine de la montagne que je suis n’a pas de point de vue personnel. » La doctrine qu’il exprime se situe au-delà de lui-même et de son point de vue. Il l’a expérimentée et il sait qu’elle est bonne.
Dans notre langage actuel, la doctrine parfaite que professe Yoka pourrait être qualifiée de « globaliste ». En effet, elle réunit en un tout l’enfer et le Bouddha, englobe d’un seul regard l’univers entier et découvre le satori en contemplant les illusions. Toutefois, si cette doctrine parfaite n’est pas authentique, il est à craindre que notre pratique ne tombe dans l’ornière du nihilisme et de l’éternalisme. Dans le bouddhisme, toute assertion, positive ou négative est une illusion.
Ces deux positions extrêmes finalement se rejoignent quand, tout d’un coup, on les fourre dans le récipient appelé hishiryo. Le propre d’une doctrine globaliste est d’embrasser les grandes contradictions et de concilier les extrêmes. Tel est l’enseignement parfait. Ajoutons qu’il se situe au-delà des concepts illusoires. Cela ne signifie aps que l’on devient soudain un ballon qui s’envole dans les cieux et que l’on ne souvient plus de rien, mais au contraire que la doctrine est devenue notre moi, notre état d’être, que notre conscience est hishiryo et que nous sommes sans pensées trompeuses. Cette doctrine qui embrasse toute chose doit pénétrer nos entrailles, jusqu’au tréfonds de nous-mêmes, sinon, il est à craindre que notre pratique ne tombe dans l’ornière du nihilisme et de l’éternalisme.
La question n’est pas de savoir qui a raison. Il se trouve simplement que chacun voit midi à sa porte. Arrête de vouloir être quelque chose de spécial, sois simplement ce que tu es. Arrête de tirer à vue et contente-toi de t’asseoir !
Tout commence quand nous disons « je ». Tout ce qui suit est illusion.
Tout le monde s’imagine que son ego est quelque chose d’immuable, une sorte de point fixe autour duquel tout tourne. Il y avait jadis un homme qui disait : ‘Regardez, tout le monde meurt sauf moi !’. Maintenant, il y a belle lurette qu’il est mort.
Chacun d’entre nous se dresse telle une falaise au plus haut du ciel. Aucune comparaison n’est possible : tu es toi, je suis moi.
Tous se moquent de toi parce que tu n’es qu’un bon à rien ? Il suffit que tu te trouves toi-même. Découvre la nature de tes propres talents. Enracine-toi fermement en toi-même, demeure en toi-même de façon stable.
Apprendre à se connaître – existe-t-il quelque chose de plus extraordinaire ?
La position nihiliste est celle de l’esprit simpliste qui limite sa pensée à l’impermanence des chose : hier n’est pas aujourd’hui et aujourd’hui n’est pas demain. Hier, j’ai volé, mais étant donné que tous les phénomènes sont éphémères, aujourd’hui, logiquement, je ne suis plus un voleur. Il y a ainsi des gens qui font table rase de tout leur passé au nom de l’impermanence.
La position éternaliste considère exclusivement l’évidence de la chaîne de causalité. Elle se transmet de parent à enfant et se prolonge sans discontinuer. C’est-à-dire que je suis né Sawaki et que je resterai toujours Sawaki. Mais cet enfant qui a hérité d’un riche patrimoine a-t-il profité des dons qu’il a reçus à la naissance ? Il était toujours le premier de sa classe à l’école primaire et regardez-le maintenant à cinquante ans : il a le nez rouge et le visage bouffi et gras d’un ivrogne.
Toute votre vie, vous êtes complètement fou parce que vous pensez qu'il est évident qu'il y a un "vous" et "les autres". Vous faites un acte pour vous démarquer dans une foule, mais en réalité, il n'y a ni "vous" ni "les autres".
Quand tu mourras, tu comprendras.