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3.98/5 (sur 23 notes)

Nationalité : République tchèque
Né(e) à : Malá Strana, Prague , le 10/07/1834
Mort(e) à : Prague , le 22/08/1891
Biographie :

Jan Nepomuk Neruda est un écrivain réaliste, critique et poète tchèque.

Fils d'un soldat retraité et d'une femme de ménage, il est le type même de l'intellectuel tchèque du xixe siècle, qui, parti de rien, se donne une culture dense et exigeante.

Ses débuts poétiques, en 1875, ne sont pas couronnés de succès, mais il est apprécié comme journaliste. Il travaille comme journaliste pour les journaux "Národní listy" (les Feuilles nationales), "Obrazy domova" (Vues domestiques), "Čas" (le Temps), "Květy" (les Fleurs), et avec V. Hálek il fonde le magazine "Lumír". Il introduit le genre du feuilleton dans la presse tchèque.

Bien qu'il participe à la création du groupe Mai - ainsi appelé en l'honneur du poème "Le Mai" de Mácha (1810-1836) -, Neruda se sent plus proche des poètes à la verve critique tels que Heine.

Homme de lettres, poète, journaliste, Jan Neruda est d'abord l'auteur des "Contes de la Malá Strana" (Povídky Malostranské, 1878), l'un des chefs-d'œuvre de la littérature tchèque.

Son œuvre correspond à la phase finale de la renaissance tchèque, après deux siècles d'oppression. "Les Chants cosmiques" ("Písně kosmickě", 1878) et surtout les posthumes "Chants du vendredi saint" ("Zpěvy páteční", 1896) expriment une foi inébranlable en la nation jadis hussite, vouée, selon l'auteur, à être la messagère des idéaux humanistes et progressistes.

Il est d'ailleurs un des premiers écrivains tchèques à prédire le rôle que doit jouer la classe ouvrière. Quant à ses souvenirs de voyage en Italie, en France, en Turquie ou sur les Lieux saints, ils témoignent toujours d'un regard critique.

Son nom a inspiré le pseudonyme du poète chilien Neftalí Ricardo Reyes Basoalto (1904-1973) plus connu sous le nom de Pablo Neruda, prix Nobel de littérature en 1971.
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Source : http://www.universalis.fr
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
On disait que mademoiselle Schlegel était une beauté.
Je l’admets, mais alors c’était une beauté pour architectes. Tout en elle était à sa place ; partout les plus rigoureuses proportions, nul motif d’étonnement. Mais, pour tout autre qu’un architecte, c’était à désespérer. Son visage était aussi figé que la façade d’un palais. Son œil scintillait, sans expression, comme des vitres qui viennent d’être lavées. Sa bouche, arabesque d’ailleurs jolie, s’ouvrait lentement, comme une porte, et restait ensuite grande ouverte ou se refermait avec la même lenteur. Et, pour comble, cette peau dont on eût dit qu’elle venait d’être fraîchement peinte en blanc. Si mademoiselle Schlegel est encore en vie, elle n’est peut-être plus aussi jolie, mais elle est plus belle. Les édifices de ce genre sont plus beaux sous la patine du temps.
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Je veux écrire une triste histoire, mais la figure de M. Voïtichek m'apparaît comme une gaie enluminure. Un visage radieux de santé, roux et luisant comme un rôti de dimanche, arrosé de beurre frais.
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Je me trouvais donc séparé du dehors, abandonné à moi-même. Une tristesse indéfinissable m’envahit. Je remis mes livres dans ma sacoche et je regardai devant moi, dans le chœur plongé en demi-obscurité. De ci de là je discernai des objets bien connus. Les hauts piliers et les autels latéraux paraissaient couverts de draperies violettes comme pendant la semaine de Pâques. Pour mieux voir, je me penchai sur le rebord de la balustrade. J’aperçus à droite, près de l’oratoire royal, une faible lueur. C’était la lampe éternelle du mineur en pierre suspendu à mi-corps dans le vide. À cette clarté pâle et vacillante, je distinguai à quelques mètres autour le carrelage en losange, et les bancs d’un superbe brun foncé. L’autel le plus rapproché reluisait de dorures. Plus loin se dessinait dans les ténèbres la lourde masse du monument de saint Jean. Mon regard retomba sur la figure du mineur dont la bouche se tordait, me semblait-il, dans un spasme diabolique. La peur de tout à l’heure me reprit. Fermant les yeux, je me mis à prier. Une minute après, me sentant plus fort, je regardai de nouveau. La lampe du mineur répandait toujours sa pâle lueur, mais la figure du mineur ne m’inspirait plus peur comme l’instant d’avant. Je frissonnais tout de même ; mais c’était de faim. L’heure était avancée, et je n’avais rien à me mettre sous la dent. Eh quoi ! — je jeûnerai. Ce sera comme une préparation pour la messe de minuit. Pour me dégourdir les jambes, je me mis à marcher. M’étant aperçu que la porte derrière le petit orgue n’était pas fermée, l’idée me vint de monter à la tribune supérieure. J’allais monter, mais, Dieu de miséricorde, la marche craqua sinistrement sous mon pas. Je retins mon haleine, n’osant pas avancer. Ce ne fut qu’au bout d’un instant, quand je fus bien sûr que rien ne bougeait, que je repris courage et montai, faisant bien attention.
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Derrière eux prendraient rang les anciens chanoines de Saint-Guy. À ce propos, un doute affreux me tourmentait. Les chanoines du chapitre actuel y seraient-ils compris, eux aussi ? Seraient-ils dignes de ce grand honneur ? Et s’il en était ainsi, Mgr Pessina serait-il du nombre ? Je ne pouvais oublier la taloche dont il m’avait gratifié l’autre jour quand j’avais porté un peu de travers la lanterne suspendue à la hampe. J’avais de même en fraîche mémoire « l’âne bâté » qu’il me donna lorsque, sonnant pour la première fois au Salut et me trompant de corde, je mis en branle le tocsin. Non, je ne voyais pas la place de Mgr Pessina dans le cortège. Par contre, j’étais certain que la cérémonie ne se passerait pas sans l’assistance des grands et nobles seigneurs dont les effigies tapissent les murs des chapelles absidiales. Puis après viendraient les archevêques avec saint Jean Népomucène, entouré de ses anges d’argent, et la phalange de vaillants chevaliers, capitaines et woiewodes qui dorment sous les dalles de la cathédrale. Enfin, seul, grave, majestueux, saint Venceslas portant un calice d’or. Du dessous de son casque d’airain ébréché d’un côté s’échappent de magnifiques boucles blondes tombant sur ses épaules. Il a sa légendaire cotte de mailles couverte d’un surplis de soie blanche. Son port, sa figure, son regard respirent une sérénité divine.
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La conversation ne dura pas longtemps. « Si je n’avais point d’autres clients ici que des gens de la sorte ! gronda l’hôte en matière de conclusion, et il monta l’escalier allant à nous.
— « Quel est ce monsieur ? je vous prie, demanda le jeune Polonais, lorsque l’hôte se fut avancé tout près de notre table, comment se nomme-t-il ? — « Eh ! qui diable voulez-vous qui sache comment se nomme cet individu », continua de murmurer l’hôte, et il regarda mécontent au-dessus de la terrasse, « pour nous c’est le vampire ».
— « Un peintre — n’est-ce pas ?
— « Vampire vous dis-je. Propre métier ! Il ne peint que des cadavres. Aussitôt que quelqu’un meurt à Constantinople ou dans les environs, cet individu a déjà fini le portrait du défunt le jour même. Il sent la mort et la peint d’avance sans jamais se tromper, le vautour ! »
La vieille Polonaise poussa un cri d’effroi : dans ses bras sa fille venait de tomber évanouie, blanche comme un linge. Déjà son fiancé avait sauté au bas des escaliers : il saisit d’une main le Grec à la gorge et tendit l’autre vers le carton.
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Le sacristain Havel, que tout le monde au quartier appelait dindon à cause de son nez rubicond, est un de ces rares mortels qui, vivant depuis des années dans la familiarité des choses de l’église, en savent plus long qu’on ne pense sur ce qui se passe à l’ombre des saintes images. Lié d’amitié avec mon père, il vient parfois deviser avec lui tout en dégustant un petit verre d’une fignolette dont ma mère a la recette. L’autre soir, voyant que j’étais occupé à mes devoirs de classe, il se crut moins tenu à la réserve qu’à l’ordinaire et il en arriva à parler de la messe de saint Venceslas. Vous pensez si j’écoutais, n’en faisant cependant rien voir, car Havel, tout en causant, ne négligeait pas de jeter de temps en temps un regard de mon côté. C’est ainsi que j’ai appris ce qui pour le commun des mortels devait rester secret. Comme j’en avais parlé à mes amis, Pierre et Jacques, enfants de chœur comme moi, il fut décidé que nous assisterions chacun à son tour à la mystérieuse cérémonie. Ayant éventé la mèche, j’eus l’honneur de passer avant les deux autres.
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Fort estimé de nous était aussi le chantre au premier pupitre. Parmi les musiciens nous avions le plus de sympathies pour Charlot, fils aîné du sacristain, que l’on n’appelait que dans les grandes occasions pour seconder le timbalier. Quand il se mettait en position, les baguettes en l’air et que M. Rajko, épicier de la grande place, embouchait la trompette, nos cœurs battaient toujours d’une sainte émotion, car nous savions le moment le plus solennel de la messe arrivé. Le maître de chapelle, toujours grave et sévère, dominait de sa petite estrade ce monde de musiciens, chantres et enfants de la maîtrise, de tous obéi à l’œil. Avant le commencement, il donnait à chacun quelque conseil. Puis quand les derniers préparatifs étaient pris et que chacun avait sa feuille de musique, on se rangeait autour des pupitres, attendant un coup de sonnette d’en bas, signal pour les préludes. Le maître de chapelle jette alors un dernier coup d’œil autour pour s’assurer que chacun se trouve à sa place, attentif à son signe, et lève majestueusement le bâton.
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Pris d’un terrible doute, je battis l’air de mes bras pour m’arracher à ma torpeur. Je me levai et titubant je gagnai la balustrade pour voir. Qui vois-je ? M. le curé qui allait lire l’Évangile. À gauche de l’autel, à sa place habituelle, ma mère qui, une vraie image de la douleur, levait les yeux vers saint Venceslas, Elle n’était pas seule dans le banc. Il y avait à côté d’elle une autre forme noire en laquelle je reconnus ; ma tante Marthe. Je compris. Honteux de n’avoir pas mieux résisté au sommeil, bourrelé d’avoir causé de grands soucis à mes parents, je me sentais fort malheureux. Ma première pensée fut de me jeter aux pieds de ma mère. Quand l’office toucha à sa fin, je descendis et me glissai dehors. Il faisait encore sombre, une pluie fine tombait glaciale. Grelottant, la tête basse, je guettai ma mère à la sortie, et quand j’aperçus sa figure dans l’embrasure de la porte, je m’empressai de couvrir sa main ridée de chauds baisers.
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La galerie supérieure m’attirait toujours plus que le reste. J’y étais si bien les jours de grandes fêtes. Toutefois ne pouvait y rester qui voulait. Il fallait avoir la permission du maître de chapelle et ce n’était pas facile à obtenir. Maintenant je pus m’installer où je voulais. Je m’assis en bas de la rangée de gradins courant autour du buffet d’orgues jusqu’à l’étage le plus élevé. Devant moi étaient les timbales. J’en connaissais la sonorité. Comment résister à la tentation d’en toucher une, celle qui était le plus près. Je la touchai très doucement, pas plus que comme pour enlever un grain de poussière Elle ne donna aucun son. J’appuyai alors un peu plus fort. Cette fois il en sortit un son profond, assourdi. Je ne poussai pas le jeu plus loin par respect du lieu où je me trouvais. Mon regard errant autour, sur des objets bien connus, s’arrêta un instant sur les pupitres sur lesquels reposaient d’énormes psautiers.
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Ils étaient sans doute très, très vieux ces géants-là dont la noire splendeur excitait toujours mon admiration. Les fermoirs en étaient bien usés et, chose bizarre, pour tourner les feuilles ébarbées aux coins, il y avait une espèce de cheville en bois. Ce qui m’attirait le plus, c’étaient les enluminures très belles et qui gardaient leur ancienne magnificence de coloris. Sur les pages s’étalaient d’anciens caractères de musique, points carrés, rouges et noirs, si gros que l’on pouvait les distinguer des gradins supérieurs de la tribune. Manier ces livres n’était pas chose aisée. Je me rappelai que, quand il fallait changer un de ces colosses de place, on s’adressait toujours pour cette besogne à M. Vacek, un chantre encore jeune et très robuste dont la voix grave et sonore nous inspirait beaucoup de respect. Les ténors nous imposaient, en général, bien moins que les basses.
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