Nous leur diront que tu n’as pas pleuré
On lavait les pieds de May et on les rebandait tous les trois jours. Chaque mois elle enfilait des chaussures plus petites. Yu-ying mesurait les pieds de la petite fille avec une règle graduée, non pour s'assurer de leur pointure mais des niveaux de plaisir qu'ils promettaient. Chatouillement. Réconfort. Satisfaction. Joie. Félicité. Extase. A mesure de la progression de May sur l'échelle de la capacité à ensorceler, les ose de ses orteils se brisaient lentement, inexorablement. La peau de ses pieds pourrit, tomba et se reforma. Les muscles de ses mollets disparurent. La chair de ses cuisses se ramollit et s'affaissa.Il fallut douze paires de chaussures de moindre pointure avant que May ne réussisse à enfiler les chaussons satin brodé de papillons. Lors de la sieste de Yu-ying, tous les après-midi, Chu'en et May pleuraient dans les bras l'une de l'autre. Ainsi s'écoula l'enfance de la petite fille.