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3.88/5 (sur 228 notes)

Nationalité : Norvège
Né(e) à : Haugesund , le 29/09/1959
Biographie :

Jon Fosse est un écrivain norvégien.

Il débute comme romancier et écrit une trentaine de romans, de récits, d’essais, de recueils de poèmes et de livres pour enfants.

Puis, par pure nécessité économique, il écrit sa première pièce en 1994 "Et jamais nous ne serons séparés" ("Og aldri skal vi skiljast") à l’instigation du jeune metteur en scène Kai Johnsen. Encouragé par son succès, suit en 1995 "Le Nom" ("Namnet"). En 1996, il écrit "Quelqu’un va venir" ("Nokon kjem til å komme", Prix international Ibsen 2010) et le roman "Mélancholia I", deux œuvres que Claude Régy mettra en scène et qui le révéleront par là même en France.

Depuis, avec une fascination pour l’écriture théâtrale, il a écrit plus d’une dizaine de pièces dont la plupart ont été traduites et ce par Terje Sinding, connu pour ses traductions d’Ibsen. Il est désormais mondialement connu en tant que dramaturge.

Considéré comme l'un des plus grands auteurs contemporains, il a été décoré de l'Ordre national du Mérite français en 2007 et a reçu plusieurs prix dont le Prix européen de littérature en 2014 et le Grand prix de littérature du Conseil nordique en 2015.

Il vit à Bergen.
Il obtient le Prix Nobel de Littérature en 2023.
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Source : www.theatredunord.fr
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L'écrivain norvégien Jon Fosse lauréat du prix Nobel de Littérature 2023


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Jon Fosse
Il y a une connaissance qui est de l'ordre de l'indicible mais qu'il est peut-être possible d'exprimer par l'écrit.
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C'est ainsi que ça a commencé, dans l'obscurité, sous la pluie, sur une route qui longeait la grève, dans une vieille remise à bateaux, il y avait les vagues qui ne cessaient de frapper et la peau qui ne cessait de se dilater. Son baiser était une marque sur ma peau, il a pénétré dans mon corps pour y rester.
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.........comme la remise à bateaux, ce qui était si important, toute une vie en quelque sorte, ce n’est plus grand-chose maintenant, c’est toujours comme ça , à la fin il n’en reste plus rien, ça disparaît , tout change, et ce qui existait autrefois devient quelque chose d’entierement différent, ça devient tout petit, rien du tout, c’est comme ça on n’y peut rien, c’est comme ça. p.110
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Asle et Alida arpentaient les rues de Bjorgvin, Asle portait à l'épaule deux ballots renfermant tout ce qu'ils possédaient et il tenait à la main l'étui contenant le violon qu'il avait hérité de son père Sigvald, et Alida était chargée de deux sacs de provisions, et cela faisait plusieurs heures qu'ils arpentaient les rues de Bjorgvin à la recherche d'une chambre, mais il n'y avait pas moyen de trouver une chambre à louer ; non, disaient les gens, on n'a pas de chambre à louer, non, disaient les gens, tout ce qu'on a est déjà loué, voilà ce que disaient les gens, et Asle et Alida se voyaient obligés de continuer à arpenter les rues, à frapper aux portes et à demander si on pouvait louer une chambre à louer, et où aller, où s'abriter du froid et de l'obscurité de cette fin d'automne, quelque part ils trouveraient bien une chambre à louer, et heureusement qu'il ne pleuvait pas, mais bientôt il se mettrait surement à pleuvoir et ils ne pourraient pas continuer à errer comme ça, et pourquoi les gens refusaient-ils de les héberger, était-ce parce qu'on voyait qu'Alida allait bientôt accoucher, ce n'était plus qu'une question de jours, ou parce qu'ils n'étaient pas mariés et ne formaient pas un couple légitime...
(Incipit)
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...je me lève et je regarde le ciel et je vois les nuages se mouvoir dans leur blancheur sur le bleu du ciel et je regarde la mer dans son bleu plus profond et la mer est pleine de mouvements blancs et je me dis que Lars est comme la mer et comme le ciel, toujours changeant, de la lumière à l'obscurité, du blanc au noir le plus noir, c'est comme ça qu'il est, Lars, exactement comme la mer, me dis-je, alors que moi je suis plutôt comme la pierre ou comme les marais, pas vraiment inégale, mais marron et jaune, et moi aussi j'ai sans doute mes fleurs, me dis-je ...
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C'était un baiser prudent, elle dit
et il pose une main sur ses cheveux, mais il pose sa main sans lui toucher les cheveux, et ils s'enlacent, et ils s'étreignent, blottis l'un contre l'autre, et il pose la main sur les cheveux, et il se met à caresser ses longs cheveux foncés, de haut en bas, et elle pose sa tête sur son épaule, et je vois qu'ils restent comme ça, dans cette position, sans bouger, et ils ressemblent à une nouvelle image, à l'une de ces images que je n'oublierai jamais, à une image que je vais peindre, je vais les peindre et les dé-peindre, je vais les peindre et les dé-peindre dans cette position, je pense, car on a l'impression qu'une lumière sort d'eux quand ils sont dans cette position, enlacés, blottis l'un contre l'autre, comme s'ils ne formaient plus qu'un, dans cette position on a l'impression qu'ils ne forment plus qu'un, oui, blottis l'un contre l'autre pendant que la nuit tombe, pendant que l'obscurité tombe sur eux comme de la neige, l'obscurité tombe comme une chute de flocons mais une obscurité qui n'en demeure pas moins inentamée, non comme des pans d'obscurité mais comme une obscurité floconneuse, neigeuse, et plus cette obscurité s'épaissit plus la lumière jaillit, oui, une espèce de lumière sort d'eux, je le vois, et même si on ne voit pas la lumière on la voit quand même, car la lumière peut aussi sortir des gens, surtout de l’œil, et surtout par des étincelles, sous la forme d'une invisible lumière étincelante, mais d'eux sort une silencieuse lumière régulière, qui reste la même et ne change pas, comme si blottis l'un contre l'autre dans cette position ils étaient une seule et même lumière...
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Les vêtements noirs et blancs, et la robe noire et moulante de madame Winckelmann, la collerette de dentelle blanche, ses cheveux châtain foncé, parfois presque noirs comme les miens, et puis sa bouche qui s'ouvre en un sourire et son sourire est un grand trou, noir, humide, son sourire est un trou marécageux, un lourd marécage qui me retient le pied, qui m'empêche de le soulever, je suis là, avec un pied qui s'enfonce dans le marécage, au-dessus de moi volent les mouettes, et là-bas, au bout du marécage, il y a la baie et la mer toujours remontée, les vagues qui frappent la grève, les galets, le sable et les rochers noirs, et mon pied qui est pris dans l'eau froide du marécage, l'humidité qui remonte jusqu'en haut de mon pantalon, je tire sur ma jambe, je me penche en avant et je tire et ça fait un bruit de succion et mon pied est libre et je fais un pas en avant, j'allonge la jambe autant que je peux, mais mon autre pied aussi est pris dans le marécage, et je dois avancer autant que je peux, et puis mon pied s'enfonce un peu plus dans le marécage et je dois tirer sur mon autre jambe pour la sortir du marécage, la tirer vers moi, puis avancer jusqu'au tertre, là-bas il y a un tertre, puis sortir du marécage et parvenir jusqu'à la lisière de la forêt, jusqu'aux arbustes de genévrier, parvenir jusqu'à l'endroit où est la lumière, sortir mon pied du marécage, comme une bouche, une bouche ouverte, puis avancer, doucement et avec précaution, jusqu'à l'endroit où la lumière se répand sur l'eau, jaune et blanche en dessous, jusqu'à la lumière, jusque là-bas où la lumière est blanche, jaune, puis blanche en-dessous et puis, là-haut, jusqu'aux nuages, là-haut, dans les airs là-haut, jusqu'aux nuages, là-haut dans les airs, les bleu, les blancs, les évanescents nuages blancs et bleus, là-haut dans les nuages blancs et bleus, là-haut, là, avancer, se dégager, avancer, se dégager, avancer, sortir le pied de la vase, de la terre humide du marécage, et puis avancer, se tendre en avant, silencieux, silencieux comme une fenêtre ouverte, peinte en blanc...
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...là Ales m'attend, elle et notre enfant, et je dois rentrer chez moi, je dois rentrer les retrouver, retrouver ma femme, retrouver notre enfant, mais qu'est-ce que je suis en train de penser ? Je pense, car je vis seul, je vais rentrer dans ma vieille maison à Dylgja, là où je vivais autrefois avec Ales, elle qui est partie à présent, elle qui repose en Dieu à présent, comme je le sens très distinctement, au plus profond de moi, elle qui ne marche plus sur terre mais à qui je parle quand même quand je le désire, oui, aussi étrange que cela puisse paraitre, car la différence n'est pas si grande, oui, la différence entre la vie et la mort, bien que cette différence paraisse indépassable elle ne l'est pas, car c'est vrai, je lui parle tous les jours à Ales, oui, presque tout le temps, et nous nous parlons sans prononcer de mots, presque toujours, et bien sûr qu'elle me manque, mais comme nous sommes très proches l'un de l'autre, et comme il ne reste plus très longtemps avant que n'arrive l'heure où moi-même je devrai aller là où elle est, oui, dans ces conditions, je m'en sors bien dans la vie, même si c'est moche, oui, la perdre revenait à tout perdre dans cette vie, oui, sa perte a presque eu raison de moi, et nous n'avons jamais eu d'enfant ensemble, donc pourquoi suis-je en train de penser que je rentre retrouver ma femme et notre enfant ? c'est sans doute parce que je glisse dans un assoupissement quand je conduis, et c'est dans l'assoupissement que cette pensée peut surgir, mais bon, je le sais, je ne suis pas plus fou que je le laisse penser...
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Düsseldorf, après-midi de fin d'automne, 1853 :
je suis allongé sur mon lit, vêtu de mon costume de velours mauve, de mon joli costume, et je ne veux pas rencontrer Hans Gude. Je ne veux pas entendre Hans Gude dire qu'il n'aime pas le tableau que je peins. Je veux rester allongé sur mon lit. Aujourd'hui je n'ai pas le courage de rencontrer Hans Gude. Car imaginons que Hans Gude n'aime pas le tableau que je peins, qu'il le trouve atrocement mauvais, qu'il trouve que je ne sais pas peindre, imaginons que Hans Gude se caresse la barbe de sa main osseuse et qu'il me regarde en plissant les yeux et qu'il me dise que je ne sais pas peindre, que je n'ai rien à faire à l’École des Beaux-Arts de Düsseldorf, ni d'ailleurs à quelque école des Beaux-Arts que ce soit, imaginons que Hans Gude me dise que je ne pourrai jamais devenir peintre. Je ne dois pas permettre à Hans Gude de me dire cela. Je dois rester allongé sur mon lit, car aujourd'hui Hans Gude va venir à l'atelier, dans ce grenier où nous sommes tous alignés en train de peindre, et il va dire ce qu'il pense de chaque tableau, et il va aussi regarder mon tableau à moi et en dire quelque chose. Je ne veux pas rencontrer Hans Gude.
(Incipit)
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Je suis assis, mon verre de bière à la main, et il y a beaucoup de visages autour de moi, de tous les côtés, au-dessus de mon épaule, autour de mes bras, partout il y a des visages et les visages me regardent et je suis assis, mon verre de bière à la main, et je lève le verre jusqu’à ma bouche et je bois, je prends une bonne gorgée, je regarde droit devant moi et les visages sont des yeux qui me regardent et ils ne cessent de me regarder et je bois et les vêtements sont là, des vêtements noirs et blancs, les visages se retournent, lentement, les visages se retournent et je suis entouré de vêtements noirs et blancs et les vêtements se retournent, je ne vois que les vêtements noirs et blancs qui bougent tout près de moi, puis qui s’éloignent un peu, les vêtements noirs et blancs bougent sans cesse, ils s’approchent, ils s’éloignent, les vêtements ne cessent de bouger et ils s’approchent de mon visage et maintenant ils bougent si près de mes yeux que je ne vois que du noir et puis je vois le mouvement d’un vêtement noir et blanc, maintenant je ne vois rien, tout n’est que noir et il va bien falloir que je fasse quelque chose, mais que faire ? car il va bien falloir faire quelque chose, mais que faire ? il faudra bien faire quelque chose ? et je ne peux pas rester là et ne rien faire ? car les vêtements vont me recouvrir les yeux, les vêtements vont m’emplir la bouche, des vêtements noirs et blancs vont entrer dans ma bouche et les vêtements vont emplir ma bouche, les vêtements vont rester dans ma bouche et je vais disparaître et me transformer en un vêtement noir et blanc qui bouge dans l’air et qui disparaît, je disparais, je me transforme en quelque chose qui n’est plus là, voilà ce qui va se passer, et je dois poser mon verre de bière, même si tout est noir et que je ne vois rien, car maintenant je ne vois plus rien et j’entends toutes ces voix et puis, parmi toutes ces voix, il y a sa voix à elle, la voix d’Hélène, […]

pp. 89-90
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