LE DIRECTEUR : Le cœur des plus instruits se défie de lui-même.
Prologue.
La souffrance partagée avec des êtres chers devient un mal tolérable.
Acte III, Strophe 7.
MÂLAVIKÂ : Lui dont le cœur m'est inconnu, mon maître, je le désire pourtant, et de moi-même je rougis. Où trouver le courage de confier à ma chère compagne ce qui m'arrive ? Non ! Cette souffrance qui pèse sur moi est sans remède, je ne sais combien de temps l'Amour m'y réduira.
Acte III.
LE BOUFFON : Hélas, ami ! Je ne puis remuer ni bras ni jambe. Il me reste la voix pour te souhaiter la victoire.
LE ROI : D'où te vient cette infirmité ?
[...]
LE BOUFFON : Fallait-il donc que, délaissant les devoirs d'un roi, tu viennes en cette contrée sauvage adopter les manières d'un homme des bois ? Puisque, en vérité, je ne suis plus le maître de mes membres, tant, chaque jour, les chasses aux bêtes sauvages en ont ébranlé les tendons, je te prierais de me donner congé, ne serait-ce qu'un jour, afin que je prenne un peu de repos.
[...]
LE ROI : Je ne puis dédaigner les paroles d'un ami, je m'y arrête.
LE BOUFFON : Puisses-tu vivre longtemps ! (Il s'apprête à partir.)
LE ROI : Ami, demeure ! Il me reste quelque chose à dire.
LE BOUFFON : Ordonnez !
LE ROI : Quand vous serez reposé, il faudra que vous m'aidiez aussi en quelque autre tâche où vous n'aurez pas d'effort à fournir.
LE BOUFFON : Serait-ce à croquer des friandises ? En ce cas, je me saisis de l'occasion.
Acte II, strophes 2-3.
SÂRNGARAVA : Même chaste, on soupçonne une femme mariée
Qui élit pour séjour la maison paternelle.
C'est pourquoi ses parents veulent la jeune femme,
Aimée ou délaissée, auprès de son époux.
LE ROI : Comment ? Je l'aurais autrefois épousée ?
SAKUNTALÂ (consternée, à part) : Ô mon cœur, voilà ce que tu craignais !
SÂRNGARAVA : Est-ce haïr son acte,
Éviter son devoir
Ou mépriser sa flamme ?
LE ROI : Comment ! on me questionne sur de vains soupçons !
SÂRNGARAVA : Dans un cœur ivre de puissance,
Volontiers enflent ces caprices.
LE ROI : C'est moi que l'on insulte avec cette violence !
GAUTAMÎ : Mon enfant, oublie un instant ta pudeur. Je vais écarter ton voile, et ton époux te reconnaîtra. (Elle le fait.)
LE ROI (à part) : Cette beauté qui m'est donnée
Dans la fraîcheur de son éclat,
Hésitant à savoir si je la pris pour femme,
Ainsi que l'abeille, au matin,
Près du jasmin pénétré de rosée,
Je manque à y goûter comme à y renoncer. (Il reste songeur.)
LA GARDIENNE DES PORTES : Ah ! quel respect de la loi chez mon maître ! Qui d'autre hésiterait, voyant s'offrir à lui une beauté pareille !
SÂRNGARAVA : Roi, pourquoi gardes-tu le silence ?
LE ROI : Solitaires, bien que je m'absorbe en moi-même, je ne me souviens pas d'avoir épousé cette femme. Quand il est visible qu'elle porte un enfant, comment la recevrais-je si je soupçonne qu'alors je ne serais son époux que de nom ?
Acte V, Strophes 17 à 19.
{N. B. : J'adore la vision de la femme et de son statut qui transpire de ce passage. D'où probablement mon appréciation de l'œuvre.}
KÂSYAPA : Ma fille, c'est toi qu'il faut instruire à présent. Quoique habitante de la forêt, nous connaissons le monde.
SÂRNGAVARA : Il n'est, en effet, rien d'étranger aux sages.
KÂSYAPA : Quand tu auras rejoint la maison de ton époux,
Écoute tes aînés,
Sois une amie pour les épouses, tes compagnes.
Si ton époux te blesse,
Ne te rebelle pas, cédant à la colère.
Témoigne aux serviteurs une grande bonté.
Et, comblée du destin, n'éprouve pas d'orgueil.
Les vierges, de la sorte, au rang d'épouse accèdent.
Qui veut s'y dérober afflige sa maison.
Qu'en pense Gautamî ?
GAUTAMÎ : Telles sont en effet les instructions destinées aux femmes mariées. Chère enfant, suis-les en tout point.
Acte IV, Strophe 18.
Il faut examiner avec plus d'attention
Une secrète union. Quand s'ignorent deux cœurs,
En discorde en effet la tendresse se change.
Acte V, Strophe 24.
LE ROI : La gloire n'accomplit qu'un lancinant désir,
On se fatigue encor d'en conserver le gain.
Acte V, strophe 6.
SÂNUMATÎ : Mais comment pareil amour avait-il besoin d'un signe de reconnaissance ?
LE ROI : Maudit soit cet anneau ! [...] Pourquoi faut-il que, moi, j'aie méprisé l'aimée ?
Acte VI, Strophe 13.
LE ROI : Ami, le proverbe est vrai qui dit que les malheurs s'engouffrent par la première brèche.
Acte VI, Strophe 8.