Lee Friedlander

« Il se réclame de la tradition tout en se distinguant du document photographique des années 30 qui devaient signifier le changement du monde », remarque le critique Rosler. Lorsque, la Farm Security Administration charge dans les années 30 la photographie de réparer les maux de la crise au sein d’un vaste programme, elle consacre l’idée de la transparence du médium et de ce fait lui attribue une mission cathartique, salvatrice, morale voire transcendante. Walker Evans, dans son ouvrage « Louons maintenant les grands hommes », illustre parfaitement cette harmonie réinventée ; son testament pour les générations à venir sera du reste l’apparente froideur de sa vision qu’il commente par une formule conclusive : « Je sais maintenant que l’esthétique de Flaubert et la mienne. » Cette même neutralité trouve chez Friedlander un écho jamais atteint avant lui dans le champ photographique et que l’on ne repère finalement que chez son contemporain Warhol.


(extrait de l’introduction de Loïc Malle)

[…] la photographie a commencé comme une sorte de compulsion pour ne devenir qu'une façon de vivre.