C`est une idée qui a surgi d`un coup, comme le font parfois magiquement les idées. Le conte du "Joueur de flûte de Hamelin" constitue une matière très intéressante, pour plusieurs raisons.
D`une part, il est laconique. Dans ses différentes versions (chez Mérimée, Les frères Grimm, Robert Browning...), il tient sur une page. Son intrigue très concise laisse la liberté de combler plein de blancs.
D`autre part, c`est un conte très sombre, il a gardé la noirceur des versions orales anciennes de nos récits les plus connus. Les contes comme La Belle au bois dormant ou Cendrillon ont été beaucoup édulcorés, par Charles Perrault d`abord, puis Walt Disney, entre autres... Avec beaucoup de charme, certes ! Mais ce qui est intéressant, c`est que le Joueur de flûte y a échappé : aujourd`hui encore, on ne le connaît que sous une version courte, brute, et assez violente. Et c`est ça qui me plait !
Le choix de l`héroïne allait de pair avec celui de reprendre le Joueur de flûte : un des moteurs de la réécriture était de remplacer le personnage masculin central par une jeune fille. Et, à travers cette héroïne, de raconter l`histoire d`une émancipation. Mirella commence l`histoire comme une enfant rabaissée, brimée, soumise, physiquement malmenée. Elle la termine jeune femme, libre, ayant trouvé sa voix (et sa voie).
C`estoit fort esbaudissant d`ainsi escrire en la manière du temps jadis ! Pour autant, je ne m`apense point reproduire telle aventure en mes prochains escrits.
L`estrange Malaventure de Mirella est en effet écrit dans une langue faussement médiévale, avec des termes archaïques glissés dans notre français moderne. Le récit reste très lisible. Il s`agissait juste de donner une couleur ancienne au texte.
Puisqu`on est sur le sujet, je précise que le Moyen âge raconté dans L`Estrange malaventure de Mirella est également une invention. C`est un temps d`obscurantisme tel qu`on se le représente dans l`imaginaire collectif, une époque des extrêmes, avec beaucoup de saleté, une vie très brève... image qui est en partie fausse et à nuancer. Mais c`était bien plus drôle de dépeindre une époque horrible et incroyable ! Et d`y ajouter du fantastique. J`ai une fâcheuse tendance à prendre de grosses libertés avec L`Histoire, je l`ai fait dans tous mes romans.
C`est vrai, j`aime les héroïnes fortes, ou les personnages marginaux qui échappent aux conventions sociales et renversent l`ordre établi. Quant à la liberté de l`enfance : bien vu, Babelio. C`est un des thèmes qui sous-tend le récit. On le retrouve dans le conte, et aussi dans la version cinématographique de Jacques Demy. J`aime cette idée que les enfants inconscients sont les plus courageux.
Par contre, s`il y a une bascule, je ne l`ai pas vue. de mon côté, j`avais l`impression que le récit était d`emblée assez sombre (il y a une scène au tout début où l`héroïne supporte les mains baladeuses d`un mendiant), et que la seconde partie du récit comportait encore beaucoup d`humour noir (je pense au chirurgien-barbier qui ampute à tout va, ou au joueur de flûte qui tente de séduire l`héroïne en lui offrant des fleurs mortuaires). Mais c`est ça qui est beau : y a autant de lectures d`un texte que de lecteurs !
Ah, c`est que dans mes romans, j`essaye d`avoir une voix narratrice présente et reconnaissable. C`est en fait très égocentrique, mais j`assume : le narrateur du récit aime raconter et s`écouter raconter, au point qu`on l`entend parfois plus que les personnages. Ça permet, aussi, de donner ce ton de "conte" à un roman.
Bon, les personnages s`expriment, hein, mais je veux bien reconnaître qu`il y a sans doute une proportion de dialogue un peu moindre que dans beaucoup d`autres romans jeunesse.
Et sinon, oui, tu as raison Babelio : Mirella chante, et c`est là son pouvoir. C`est mon second roman où une héroïne a la parole pour don...
Cela dit, le narrateur chante aussi, même si c`est plus discret : parfois, le temps d`une demi-page, le texte se charge d`allitérations et de retours à la ligne, pour donner du rythme et une certaine mélodie au texte. Et le roman se termine sur une sorte de moralité écrite avec des rimes internes. Là encore, l`idée était d`apporter la tonalité du conte à un roman sombre et fantastique.
Oui ! J`ai en effet glané du vocabulaire chez Rabelais, mais aussi chez Robert Merle dans sa série Fortune de France. Je suis une inconditionnelle des Monty Python, et j`ai re-regardé Les Visiteurs, de Jean-Marie Poiré (on ne s`en lasse pas). J`ai aussi découvert le Joueur de flûte de Jacques Demy, mais assez tardivement, alors que j`avais terminé l`écriture du premier jet.
Et tu as bien raison, cher Babelio ! (je peux t`appeler Babelio ? Babelinou ?) Je note d`ailleurs que tu t`es retenu de m`interroger sur l`atelier d`écriture nudiste, tu n`as sans doute pas osé, et c`est mieux comme ça. Donc, pour cette histoire de mariage par erreur en Papouasie... c`est une anecdote somme toute banale : je me promenais, il y avait des autochtones, j`ai emprunté une jolie allée fleurie, on m`a demandé quelque chose dans une langue étrangère, j`ai répondu dans un anglais approximatif, et hop ! sans me rendre compte, j`étais mariée. Ces choses-là sont plus courantes qu`on ne pense. Un jour, je te raconterai comment j`ai joué dans une grosse production hollywoodienne sans le faire exprès.
Princess Bride, de William Goldman.
Princess Bride, de William Goldman.
Je peux répondre encore une fois Princess Bride, de William Goldman ? Ou je vais avoir l`air de me répéter / de bâcler l`interview / d`avoir lu un seul livre dans ma vie ? Allez, pour changer, je vais répondre Orgueil et préjugés.
Je ne savais pas encore lire, et je n`avais absolument pas capté qui était Ionesco, mais j`ai adoré ses Contes n°1, n°2, n°3 et n°4 pour enfants de moins de trois ans. du coup, je ne vous dis pas mon étonnement quand, lycéenne, je suis retombée sur Ionesco en cours de littérature, et que j`ai réalisé que cet extrait dont je devais faire un commentaire composé était écrit par le même type génial qui avait enchanté mon enfance. Celui qui racontait qu`un "téléphone" se dit "fromage", que "pain" se dit "descente de lit", et que "images" ne se dit pas "`images", mais "images".
Babelio, si tu veux mon humble avis, tu poses là une question discutable. Ma réponse sera : aucun. Pour la bonne raison qu`il y a énormément de livres que je n`ai pas lus, mais je n`en ai absolument, mais alors absolument pas honte.
Je trouve magnifique The Little White Bird (Le petit oiseau blanc) de J. M. Barrie, et j`ai l`impression que beaucoup de lecteurs ne connaissent de lui que son formidable Peter Pan.
Vous vous rappelez le génialissime début de Peter Pan, avec le Londres de l`époque édouardienne, la famille Darling, ses difficultés financières, la chienne qui sert de nounou, les relations entre les parents et les enfants ? Ben, le Petit oiseau blanc, c`est exactement cet esprit-là : pas de monde perdu et de merveilleux, ou très peu, mais plein d`humour et une relation drôle et tendre entre un célibataire endurci, ancien militaire, et un petit garçon.
Ah ah, cher Babelio, petit malin, tu poses une question alléchante mais casse-gueule. Parce que là, il faut que je trouve un moyen de répondre sans avoir l`air prétentieuse. Je ne peux décemment pas affirmer tout haut : "En même temps, La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau c`est plutôt neuneu" ou "André Gide, quand même, qu`est-ce qu`il se la pète par moments". Non. Respect des anciens. Je saute cette question.
J`aime beaucoup le passage sur le pouvoir de la parole dans Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski :
"La parole, c`est de l`or. La parole, c`est du bien. La parole, c`est du fer, du poison, du baume. La parole, c`est du sexe, de la mémoire, de l`avenir. de la divinité. La preuve : je commence à l`échauffer un peu, l`aimable lecteur, non ? Il s`en tape pas mal, de mes distingues diptérophiles ; il s`en contrefiche que je puisse le poinçonner, il n`y croit guère, il se demande surtout quand je vais passer à la suite.".
Mes voisins les Goolz, de Gary Ghislain.
Payot - Marque Page - Flore Vesco - de Cape et de Mots
Que souhaite faire la mère de Serine à la mort de son mari ?