Alcinoos

Dieu est le bien, parce qu’Il répand, selon leur capacité de recevoir, le bien sur toutes choses, puisqu’Il est cause de tout bien ; Il est la beauté, parce qu’Il possède naturellement la perfection et la proportion ; Il est la vérité parce qu’Il est le principe de toute vérité comme le Soleil est le principe de toute lumière ; Il est le Père parce qu’il est la cause de tout et qu’Il ordonne l’intellect céleste et l’âme du monde conformément à Lui-même à et Ses propres pensées.

Par Sa volonté Il a tout rempli de Lui-même, Il a éveillé l’âme du monde et l’a tournée vers Lui, car c’est Lui qui est cause de l’intellect de cette âme, et cet intellect une fois mis en ordre par le Père, met en ordre à son tour l’ensemble de la nature dans notre Univers.

Dieu est ineffable et saisissable seulement par l’intellect, comme nous l’avons dit, parce qu’Il n’est ni genre, ni espèce, ni différence spécifique, qu’Il n’est même sujet d’aucun accident et qu’Il n’est ni mal, car il est impie de dire pareille chose, ni bien, car il serait tel par participation à autre chose, et précisément à la bonté, ni une chose indifférente, car cela n’est pas conforme à la notion que nous avons de Lui, ni une chose douée de qualité, car Il est étranger à la qualité et Sa perfection n’a pas été réalisée par une qualité, ni une chose privée de qualité, car Il ne se trouve pas manquer d’une qualité qui Lui reviendrait ; Il n’est ni la partie de quelque chose, ni un tout qui possède de parties, ni identique à quelque chose, ni différent, car il n’a reçu aucun accident, en vertu de quoi Il puisse être séparé des autres choses, enfin Il n’est ni moteur, ni mû. (pp. 23-24)

Lorsque Platon déclare que le monde est né, il ne faut pas entendre par là qu’il y ait eu un temps où le monde n’existait pas, mais que le monde est en perpétuel devenir et qu’il révèle une cause plus principielle que sa propre existence. Et l’âme du monde, qui est éternelle, Dieu ne la créé pas, mais Il la met en ordre.

On pourrait dire qu’Il l’a créé, étant donné qu’Il l’éveille, qu’Il convertit vers lui-même l’intellect de l’âme et l’âme elle-même, comme s’Il la faisait sortir d’une léthargie profonde ou d’un sommeil, pour qu’elle tourne ses regards vers les objets intelligibles qu’Il lui offre, et en reçoive les idées et les formes, désireuse qu’elle est de partager les pensées de Dieu.

Il est donc évident que le monde est un être vivant et intellectif. (pp. 32-33)