Elia Kazan : la mort de Tennessee Williams (1983)
Wanger me dit un jour : " Seigneur ! on ne peut pas faire du cinéma avec un nom comme EE LI A KAY ZAN ! ce n'est pas possible. J'ai un ami spécialiste des noms, allez le voir".
Le type a une inspiration subite : " Cezanne, CEZANNE !"
Je réponds : Monsieur, c'est le nom d'un peintre célèbre. Et lui : Ecoutez-moi bien, quand vous aurez fait deux films, on l'aura complètement oublié.
Brando a tout.
Une sensibilité et une violence terribles, une grande intelligence; il a une intuition extrême. Il est bisexué, a des choses une perception la fois masculine et féminine.
Il est honnête et vous parle franchement. Il est tortueux aussi et masque ses démarches et ses réactions : cela ne vous regarde pas.
On ne sait pas comment il obtient ces résultats. Si le rôle se trouve dans sa gamme ( qui est étendue ), alors personne ne peut l'égaler.
Brando vous offrait vraiment quelque chose qui était en soi une oeuvre d'art.
Les laboratoires Technicolor ont été conçus pour produire de la guimauve -- autre façon de distraire les gens.
" Oh ! quelles jolies couleurs ! Regarde ces couleurs! " Les couleurs sont jolies, et c'est un désastre.
Si je devais aujourd'hui citer le meilleur film que j'ai jamais vu, ce serait " La Règle du jeu ".
Renoir est un homme assez grand pour trouver les gens à la fois tragiques, très drôles, ridicules, beaux, sensibles, insensibles, cruels, généreux, stupides, héroïques.
C'est en fait ce que j'ai toute ma vie tenté de faire. C'est ainsi que je vois la vie.
- Tu ne peux pas le supporter. Lui, oui. Tu ne peux pas affronter la réalité.
- Essaie voir. Qui encore?
- Un Noir que je connaissais au lycée et qui était amoureux de moi dans le temps [...]
- Qui encore?
- Son meilleur ami.
- Un Noir, aussi?
- Tu as quelque chose contre les Noirs?
- Oui. Je ne veux pas qu'ils baisent ma femme. Ni les Blancs, d'ailleurs, ni les Chinetoques, ni les Espingouins, ni les Ritals, ni les Grenouillards !
Nous vivons par la grâce d'une entente tacite, celle de ne jamais nous dire la vérité les uns aux autres.
De très loin, on découvre l'imposante et harmonieuse masse du mont Aergieus entièrement capitonnée de neige. On entend une chanson, les voix de deux hommes. On ne comprend pas les paroles cet elle sont dans une langue étrangère.
Très haut sur le flanc nord de la montagne, il y a un champ de glace. Une charrette et un vieux cheval stationnent en lisière. Deux hommes découpent la glace en morceaux transportables.
La tâche est pénible, mais ils sont jeunes et robustes. Ils se dépensent sans compter au rythme des hommes qui travaillent pour eux-mêmes. Leurs voix, bien qu'incultes, se mêlent plaisamment. Ce sont là deux amis intimes.
Ce fut vers ce moment-là que je commençai à avoir de l’amitié pour moi-même, pour la première fois de ma vie. C’était nouveau. Je m’aperçus d’abord que je voulais réussir ma tentative, quelle qu’elle fût. Je pouvais contempler maintenant mon passé d’en haut, comme lorsqu’on est perdu après une longue promenade à pied dans un pays boisé et qu’on arrive dans une clairière au sommet d’une colline, on regarde derrière soi et l’on s’aperçoit du chemin qu’on a parcouru, en sachant qu’on n’y retournera pas. On est peut-être encore perdu mais on n’est plus au même endroit.
J’étais à présent mon ami, et tout en sachant que je passais par une crise réelle, que j’étais en fait à une croisée de chemins, je me plaisais parce que j’étais arrivé jusque là. Je m’encourageais à profiter de la pause et du petit sommet pour mettre les choses au point avant de repartir dans les fourrés
'De tous les acteurs que j'ai rencontrés Marlon est celui qui approchait le plus près du génie. Il était à un niveau différent des autres. Il y avait en lui quelque chose de miraculeux. Je lui expliquais ce que je voulais et il écoutait, mais son attention était si totale que lui parler était une expérience stupéfiante; il ne répondait pas tout de suite, mais il s'en allait et faisait quelque chose qui souvent me surprenait. Ce qu'on pensait c'était 'Seigneur, c'est mieux que ce que je lui ai dit' ce qu'on pensait encore c'était 'Oh que je lui suis reconnaissant d'avoir fait çà' C'était comme s'il vous faisait un cadeau... Parfois on ne sait même pas qu'il joue, il fait quelque chose et on se dit 'Oui, Oh, c'est celà, c'est exactement ce qu'il fait'
Le crime de toute minorité sous n'importe quel régime tyrannique, c'est d'être là au lieu d'être ailleurs, d'être quelque part, bref, d'exister.