Henri Tincq,
Jean-Marie Lustiger : le cardinal prophète .
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Henri Tincq présente son livre "
Jean-Marie Lustiger : le cardinal prophète" paru aux éditions Grasset
Jésuite comme le pape François, connu et estimé dans le monde entier, le cardinal Carlo Maria Martini, ancien archevêque de Milan, le plus grand diocèse du monde, déclarait dans un entretien au "Corriere della Sera" peu de temps avant a mort, le 31 août 2015 : "L'Eglise est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont trop grandes, nos maisons religieuses se vident et l'appareil bureaucratique de l'Eglise se développe. Nos rites et nos vêtements sont trop pompeux. Nous sommes dans la situation du jeune homme riche qui s'éloigne tristement quand Jésus l'appelle à devenir son disciple." Et le cardinal Martini concluait ainsi cette leçon de lucidité : "Nous avons deux cents ans de retard. Nous avons peur, nous les catholiques. Peur, au lieu de courage. Notre foi pourtant, c'est la confiance et le courage."
Depuis, deux camps de catholiques se font face. D'un côté, un courant "progressiste" qui ne désarme pas, fait toujours le pari de l'ouverture, chasse les réflexes de citadelle assiégée. Il rêve moins de reconquête chrétienne que de ressourcement dan les intentions réformatrices du concile Vatican II sur la fidélité aux pauvres et le rapprochement avec les luttes des hommes d'aujourd'hui (...) De l'autre, un courant "identitaire" qui progresse, qui refuse la marginalisation culturelle et sociale de la foi catholique (...) Ces "identitaires" cherchent une réassurance doctrinale et morale, réinvestissent le champ politique (...) se saisissent donc de tous les débats de société pour réaffirmer des règles et des points de repère.
La laïcité est un acquis irréversible. Mais elle ne peut se confondre avec la négation hystérique de religions qui inspirent notre histoire, nos références culturelles , nos valeurs de civilisations, qui sont des réservoirs d'expérience, des patrimoines, des racines et des traditions. Elles sont des instances de normes et de sens et, à ce titre, légitimes pour faire des propositions sur l'éducation, la bioéthique, la famille, la fin de vie, la solidarité avec les exclus, les réfugiés, les sans-papiers, les prisonniers.
Avec les intégristes, le rite nest jamais loin de la politique. On trouve aussi dans leurs rangs, dans leur presse, dans leurs clans, des orphelins de la vieille Action française de Charles Maurras (1868-1962), un agnostique pour qui le catholicisme romain est le seul facteur de défense de la civilisation. Le succès de Maurras puise dans les idées et les méthodes de l'antimodernisme le plus musclé. Son «nationalisme intégral» et le « catholicisme intégral» ont partie liée dans la guerre menée à la fois contre le modernisme, contre la République, contre l'étranger. (27)
Avec la crise qui s'amplifie, le Vatican est devenu un champ de mines et François le symbole d'une fin de cycle. La fin d'une gouvernance mondialisée de l’Église autour d'un monarque incontesté et d'un entourage aux ordres, arc-bouté sur une routine, des privilèges, une tradition centralisatrice et machiste devenue obsolète. (pp.89-90)
Il devient archevêque, premier pasteur de cette capitale où il est né, a subi les épreuves de l'occupation, a étudié et accompli ses premiers ministères de prêtres.
[Le pape] François, c'est un art nouveau de gouverner, allant jusqu'à la guerre assumée avec la Curie et avec le "cléricalisme" promu ennemi numéro un. (pp.81-82)
La reconquête d'une crédibilité morale est au prix d'une réforme profonde du ministère ordonné et de la gouvernance de l’Église. (p.161)
Le décalage entre ce que vivent sexuellement les couples et les prescription de l’Église est devenu abyssal. (p.196)