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4.04/5 (sur 105 notes)

Nationalité : Yougoslavie
Né(e) à : Belgrade , le 15/10/1929
Mort(e) à : Belgrade , le 30/11/2009
Biographie :

On sait peu de choses de l'homme Milorad Pavic. Il naît en 1929 à Belgrade et, après des études littéraires qui font de lui un spécialiste de la poésie baroque serbe, devient professeur et historien de la littérature (il donne régulièrement des conférences à la Sorbonne, à Vienne, aux Etats Unis...). Bien que membre depuis 1991 de l'Académie Serbe des Sciences et des Arts, il a toujours soigneusement évité de se revendiquer d'une quelconque appartenance politique. Il ne connaît pas les frontières: on le retrouve à la Société Européenne de Culture, et participant au périodique moscovite, Inostrannaya Literatura. Depuis 1991, il était membre de l'Académie serbe des Sciences et des Arts.

Milorad Pavić a écrit des essais et de la poésie, mais il est surtout connu à l'étranger pour ses œuvres de fiction.
Ses romans et nouvelles, empreints de détails mystérieux et de connotations ésotériques, plongent le lecteur dans un univers où rêve et réalité se croisent sans cesse.

Il vit à Belgrade avec son épouse Jasmina Mihajlovic, elle aussi écrivain et critique littéraire. Il est mort en 2009
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Source : http://authologies.free.fr
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Bibliographie de Milorad Pavic   (20)Voir plus

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Le vendredi 13 juillet 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie de recevoir Emmanuel Ruben pour évoquer les récentes publications de "Le coeur de l'Europe" (éditions La Contre Allée) et de "Terminus Schengen" (éditions le Réalgar), et pour effectuer un parcours au sein de la littérature d'ex-Yougoslavie. Il évoquait Milos Crnjanski, Ivo Andric, Aleksandar Tisma, Danilo Kis, Milorad Pavic et David Albahari, tandis que le librairie Charybde 2 évoquait Faruk Sehic, Miljenko Jergovic et Goran Petrovic. Ceci est l'enregistrement de la première heure de la rencontre.

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
VASE KHAZAR
Un lecteur de rêves khazar, encore élève dans un monastère, reçut en cadeau un vase qu’il rangea dans sa cellule. Le soir il y déposa sa bague. Mais lorsqu’il voulut la reprendre le lendemain matin, elle n’y était plus. Vainement il enfonçait son bras dans le vase, il n’arrivait pas à en toucher le fond. Cela le surprit car le récipient semblait moins haut que son bras n’était long. Il le souleva mais, dessous, le sol était plat, et il n’y avait aucune ouverture dans le vase, pas plus que dans n’importe quel autre. Il prit un bâton et essaya d’atteindre le fond, mais toujours sans succès ; le fond du vase semblait se dérober. Il se dit : « Là où je suis, là est ma limite » et il s’adressa à son maître Mokadasa Al Safer, lui demandant d’expliquer ce que signifiait un tel phénomène. Le maître prit un caillou, le jeta dans le vase, et compta. Lorsqu’il arriva à 70, on entendit à l’intérieur du récipient un bruit de plongeon, comme si un objet était tombé dans l’eau et le maître dit :
– Je pourrais t’expliquer ce que représente ton vase, mais demande-toi d’abord si c’est bien utile. Dès que je t’aurai dit ce qu’il en est, le vase prendra, pour toi et les autres, une valeur inférieure à celle qu’il a maintenant. En effet, quelle que soit sa valeur, elle ne peut être supérieure à celle du tout. Et dès que je t’aurai dit ce qu’il est, il ne sera plus tout ce qu’il n’est pas, et donc plus ce qu’il est encore maintenant.
L’élève fut d’accord avec son maître. Mais ce dernier prit un bâton et cassa le vase. Stupéfait, le jeune homme lui demanda le motif de ce dommage et le maître répliqua :
– Le dommage aurait consisté à te dire à quoi servait ce vase avant de le casser. Mais puisque tu ne connais pas son usage, le dommage n’existe pas, car le vase te servira toujours, comme s’il n’était pas cassé…
En effet le vase khazar sert encore, bien qu’il n’existe plus depuis longtemps.
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Au cours des siècles, la polémique khazare a donné lieu à d’innombrables débats dans les milieux hébraïques, chrétiens et islamiques, et cela dure encore de nos jours, bien que les Khazars aient disparu depuis longtemps. L’intérêt pour la question khazare se renouvela soudainement au XVIIe siècle, puisque d’abondantes informations la concernant furent rassemblées et publiées en Prusse en 1691. On étudia des spécimens de monnaies tricornes, les noms inscrits sur des bagues anciennes, les motifs gravés sur des jarres de sel, la correspondance diplomatique, des portraits d’écrivains avec, à l’arrière-plan, des livres dont les titres furent examinés à l’aide d’une loupe, on étudia les rapports des espions, les testaments, les voix des perroquets de la mer Noire dont on croyait qu’ils parlaient la langue khazare disparue, des peintures à thèmes musicaux où l’on déchiffra les notes inscrites sur les partitions, et même une peau humaine tatouée, sans compter les archives d’origine byzantine, juive ou arabe. En un mot, on utilisa tout ce que l’imagination d’un homme du XVIIe siècle pouvait apprivoiser et mettre à son service. Et tout cela se trouva réuni sous la couverture d’un dictionnaire. L’explication de ce regain d’intérêt pour la polémique khazare, mille ans après l’événement, est donnée par un chroniqueur, en quelques phrases énigmatiques : « Chacun de nous promène sa pensée devant lui, comme on promène un singe en laisse. Lorsque tu lis, tu as toujours deux singes devant toi : le tien et celui d’un autre. Ou, pis encore, un singe et une hyène. Arrange-toi alors pour nourrir l’un et l’autre. Car la hyène ne mange pas la même chose que le singe… »
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L’auteur actuel de ce livre assure le lecteur qu’il ne sera pas condamné à mourir après l’avoir lu, comme ce fut le sort de ses prédécesseurs, en 1691, quand Le Dictionnaire Khazar en était encore à sa première édition et avait encore son premier auteur. À propos de cette première édition, il est nécessaire de donner quelques explications mais, afin de ne pas s’étendre inutilement, le lexicographe propose un contrat au lecteur : le lexicographe écrira ses observations avant le dîner, et le lecteur les lira après le repas. Ainsi la faim poussera le lexicographe à être bref et le lecteur, rassasié, lui, ne trouvera pas l’introduction trop longue.
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À mon sentiment, les arts peuvent être classés en arts “réversibles” et arts “non réversibles”. En effet, il existe des arts qui permettent au sujet – le récipiendaire – d’approcher une œuvre sous des angles différents, de tourner autour et même de l’observer en changeant à volonté l’angle d’observation, comme c’est le cas en architecture, en sculpture et en peinture qui sont des arts “réversibles”. Mais il existe également d’autres arts, les arts “non réversibles” comme la musique ou la littérature, qui ressemblent à des rues à sens unique, des voies où tout se meut de son commencement vers sa fin, de sa naissance vers sa mort. Depuis longtemps, j’ai voulu faire de la littéraire – art “non réversible” – un art “réversible”. C’est pourquoi mes romans n’ont ni début ni fin au sens classique de ces mots. Ils sont créés dans une écriture non linéaire. [p. 10]
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A mon sentiment, les arts peuvent être classés en arts "réversibles" et arts "non-réversibles". En effet, il existe des arts qui permettent au sujet - le récipiendaire - d'approcher une œuvre sous des angles différents, de tourner autour et même de l'observer en changeant à volonté l'angle d'observation./, comme c'est le cas en architecture, en sculpture et en peinture qui sont des arts "réversibles". Mais il existe également d'autres arts, las arts "non-réversibles", comme la musique ou la littérature, qui ressemblent à des rues à sens unique, des voies où tout se meut de son commencement vers sa fin, de sa naissance vers sa mort. Depuis longtemps, j'ai voulu faire de la littérature - art "non-réversible" - un art "réversible". C'est pourquoi mes romans n'ont ni début ni fin au sens classique de ces mots. Ils sont créés dans une écriture non-linéaire.
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Virginie Ateh, serveuse à l’hôtel Kingston, témoin dans l’affaire Dorothéa Schultz, s’est présentée devant le Tribunal et a fait la déclaration suivante :
« Le jour en question (2 octobre 1982), le temps était ensoleillé et j’étais très angoissée. Des filaments d’air salé arrivaient du Bosphore, accompagnés de mes pensées rapides qui se faufilaient entre les pensées alanguies comme de petits serpents. Le jardin de l’hôtel Kingston, où l’on sert le petit-déjeuner quand il fait beau, a une forme carrée. Un coin est ensoleillé, l’autre fleuri, le troisième venté, et dans le quatrième coin il y a un puits et pilier à côté. J’ai l’habitude de me tenir derrière ce pilier car je sais que les clients n’aiment pas qu’on les observe quand ils mangent. Ce n’est pas étonnant. Je sais par exemple, en regardant un client prendre son petit déjeuner, que l’œuf brouillé le soutiendra pour se baigner avant midi, le poisson pour aller le soir à Topkapi Sarayi, et que le verre de vin lui donnera la force d’esquisser un sourire avant d’aller dormir, sourire qui ne parviendra jamais jusqu’aux miroirs myopes de la chambre d’hôtel. De cet endroit, près du puits, on voit l’escalier qui mène au jardin et donc tous ceux qui arrivent et qui s’en vont. De même que toutes les eaux des gouttières d’alentour se jettent ensemble dans le puits, toutes les voix du jardin y convergent aussi […]. Le matin en question, les premiers à descendre au jardin furent les clients de la chambre 18, ceux qui avaient un passeport belge, la famille Van der Spaak, le père, la mère et leur fils. Le père a un certain âge, il joue joliment d’un instrument fait de la carapace d’une tortue blanche, on pouvait l’entendre ce soir. Il est un peu bizarre et mange toujours avec sa fourchette personnelle à deux dents, qu’il garde dans sa poche. La mère est jeune et belle, aussi l’avais-je observée de près. Je me suis aperçue qu’elle avait une tare – il n’y avait pas de cloison dans son nez. Elle allait tous les jours à Sainte-Sophie pour y copier, très bien d’ailleurs, des icônes. […] Son petit garçon qui a à peine quatre ans, souffre sans doute aussi d’une tare. En effet, il portait toujours des gants, même pendant les repas. Autre chose cep
endant m’intrigua. Ce matin-là était ensoleillé et je suivais du regard la famille belge qui descendait au jardin pour se rendre au jardin, quand soudain je constatai que le visage du monsieur n’était pas comme les autres visages.
Le Juge – Que voulez-vous dire par là ?
Le Témoin – Mettez deux parties gauches d’un visage l’une à côté de l’autre, et d’un bel homme vous ferez un monstre. Doublez la moitié d’une âme et vous n’obtiendrez pas une âme entière, mais deux moitiés d’âme monstrueuses. L’âme, comme le visage, a un côté gauche et un côté droit. On ne peut pas faire un bipède avec deux jambes gauches. Le visage de monsieur était composé de deux moitiés gauches. […]
Puis arriva le Docteur Schultz, ici présente, qui s’installa à sa table. Avant que je m’approche pour la servir, le Docteur Mouaviya, la victime, l’avait rejointe à sa table, et s’y était assis. On voyait clairement que le temps du Docteur Schultz tombait comme la pluie, et celui de Mouaviya comme la neige. Il y était déjà enseveli jusqu’au cou. J’avais remarqué qu’il ne portait pas de cravate, et qu’elle avait tiré en cachette de son sac un pistolet, mais après avoir échangé quelques mots avec le Docteur Mouaviya elle tendit la main pour saisir un rouleau de feuillets qu’il lui présentait. Puis elle se leva et courut vers l’hôtel, laissant l’arme cachée sous les feuillets, sur la table. Le Docteur Moaviya avait un sourire d’enfant, emprisonné dans sa barbe comme une mite dans l’ambre jaune, et brûlé par le vert de ses yeux tristes.
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Dans le compartiment à l’odeur de santal il y a une petite pipe de femme en argile pour fumer l’opium et une pipe d’homme fabriquée par « Mogul » – ce qui signifie qu’elle ne pouvait pas être achetée dans un magasin, mais seulement sur commande ou reçue en cadeau. La pipe porte une dédicace en français, inscrite par une certaine madame L. pour Monsieur T.M. « en souvenir de la Grèce ». Avec la pipe, il y a une liasse de feuilles de papier circulaires où déposer une pincée de tabac afin d’en faire des « boulettes » dont on bourre rapidement la pipe. Sur l’une de ces feuilles de papier figure l’adresse électronique suivante : http://www.khazars.com/visnjasazlatnomkosticom
À cette adresse on peut effectivement trouver et lire un texte portant ce titre mais la question se pose de savoir si ce texte publié sur internet dans sa langue originale et traduit en français sur un placard volant jeté au hasard dans le présent ouvrage a un rapport avec la boîte à écriture, car c’est le seul élément qui ne fait pas partie de son inventaire, mais se trouve dans l’infini électronique du cyberespace et de l’aléa éditorial. Ceux qui détestent les ordinateurs ou les feuilles jetées au hasard dans les livres ne sont pas obligés de l’y chercher et peuvent tranquillement l’oublier.
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Quand il me donna le rouleau de feuilles, son pouce effleura le mien, et je frémis à ce contact. J'eus le sentiment que nos passés et nos avenirs se trouvaient dans nos doigts et qu'ils s'étaient rencontrés. C'est pourquoi, lorsque je me mis à parcourir le texte, en quelques instants je perdais le fil de ma lecture, le mêlant avec mes sentiments
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Je ressentais une agréable fraîcheur et je respirais une odeur de vernis, raconte-t-il. Des violons se répondaient l’un l’autre et, avec leurs soupirs, on aurait pu composer toute une polonaise, comme les joueurs enchaînent les coups dans une partie d’échecs. Il suffisait de bouleverser un peu les sons et leur ordre. C’est alors qu’arrive enfin le Hongrois, propriétaire de ce magasin d’instruments de musique. Ses yeux ont une couleur de lait tourné. Il est rouge comme s’il allait pondre et sa barbe a la forme d’un petit ventre avec un nombril. Il sort un cendrier portable de sa poche, y secoue sa cendre, le referme soigneusement et me demande si je ne me suis pas trompé de magasin. Celui du fourreur est à côté du sien. Les gens se trompent toujours.
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Les archers tiraient et il comptait. La première flèche toucha toucha la boucle de sa ceinture et entra dans son ventre, y réveillant toutes les douleurs déjà éprouvées dans sa vie. Il réussit à intercepter la deuxième flèche, la troisième lui transperça l’oreille et y resta comme une boucle. Et il comptait toujours. La quatrième le rata. La cinquième le toucha au genou, dévia et traversa l’autre jambe, et il comptait toujours. La sixième le rata, la neuvième lui cloua la main sur la cuisse, et il comptait. La onzième lui déchiqueta le coude, la deuxième l’éventra, et il comptait encore. Il compta jusqu’à dix-sept et, enfin, il tomba à mort. A cet endroit poussa une vigne sauvage dont le raisin ne se vend ni ne s’achète, car ce serait péché.
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