Gisèle Vienne Jerk - bande annonce du film "Jerk" avec Jonathan Capdevielle, d'après "Jerk', de Dennis Cooper. "Jerk" est une des nouvelles de "Un type immonde", de Dennis Cooper et publié aux éditions P.O.L et traduit de l'américain par Emmelene Landon -
Shellac films - Myra
Je suis un type dans un costume d’ours en mission depuis la mort de mon fils. C’est compliqué. Peu importe, je pense que tu dois l’avoir rencontré au moins une fois. Tommy. À l’origine, c’était sa partie. C’est une longue histoire, mais il est mort et je suis en train de jouer pour lui à présent.
Bla bla bla, dit le petit morveux.
Je sais que mourir n’est pas une grosse affaire. Je comprends que ça équivaut à une petite sieste. Mais où je vis, la mort c’est la fin de tout. Un effacement. Si terrible qu’on décide que la mort est invisible et muette. La mort est quelque chose de si mauvais qu’on préfère devenir fou plutôt que de savoir qu’un seul d’entre nous n’existe plus. Ça c’est moi. Le monde d’où je viens est immense et en pagaille, pas drôle du tout, et rien là-bas ne rend quiconque d’entre nous heureux. Tu fondrais comme un glaçon. Il n’y a que douleur toujours et confusion comme tu ne pourrais pas l’imaginer.
"Robin essaie de rouler à plusieurs reprises sur le côté, n'y arrive pas, tourne brusquement la tête vers la droite, tord son cou en une grossière corde, et vomit une bouillie grumeleuse sur l'oreiller, puis reste immobile, vidé, le souffle court."
Pendant des années j'avais défini le fol marbre à ceux qui me demandaient pourquoi mon père parlait avec des superlatifs comme une sur-stylisation dont l'effet n'était pas plus menaçant que le faux accent russe du bandit moyen.
Les jeunes sont rebutés par la technologie vintage et les ordres de valeur des époques plus anciennes,mais pour les radicaux comme George c’est surtout
décourageant. La petite aura des guitaristes morts et leur image granuleuse, lointaine, font qu’ils pourraient tout aussi bien être en train de trafiquer des carabines chargées qui ne blesseront qu’eux. C’est comme ça que George perçoit la tristesse des autres quand il en a quelque chose à faire.
Puisque par prévention je m'étais étiqueté comme gay, j'étais encore soumis à la ligne du parti homosexuel selon laquelle le commerce sexuel habituel se résumait à une baise acrobatique, et toute association plus excentrique, surtout une qui défiait à la fois les lois françaises et bibliques, était le signe d'une haine de soi.
Peut-être qu’ils écrivent des poèmes sur leurs sentiments et se les lisent entre eux tout en imaginant que leurs auditeurs sont en fait des attachés de presse ou des chasseurs de talents à la solde de groupes musicaux incroyables qui ont juste un peu dexmal à écrire des paroles.Personne peut-être n’écoute.
vraiment personne.
Un bus scolaire descend doucement de la rue. Le conducteur a le regard fixé sur le monument. Il ne le quitte pas des yeux. Je pense qu'il ne voit pas la voiture qui s'est immobilisée devant lui. Le conducteur est en train de prendre une photo. Il entend soudain le bus et klaxonne. C'est l'accident. Plus de bruit que de mal. Quatre secondes plus tard peut-être, un camion remorque débouche sur la gauche à toute vitesse. Son conducteur frôle la collision, puis accélère au loin. Depuis que le journal a fait paraître cet article, notre maison attire tous les camions remorques. Ils patrouillent dans la rue comme des taxis. J'aime m'asseoir dehors et observer les minuscules effets en chaîne provoqués par la mort de mon fils.
« Dennis », cria une voix. Je suis à l’autre bout de la boîte, à présent. Quand je me retourne, plisse les yeux, c’est l’autre, là, Coffee. « Je peux te poser une question ? »
Coffee avait cinq petits anneaux à chaque sourcil, un dans la lèvre inférieure, un gros anneau qui pendait à son nez, et plusieurs anneaux minuscules dans chaque oreille.
« Tu ne vas pas tuer Luke, hein ? » cria-t-il. Je crois qu’il plaisantait. « Parce qu’on est quelques-uns que ça inquiète. » J’en doute. Puis il tourna une oreille démente près de ma bouche.
« Hors de question, je lui crie. Ecoute… Je suis comme toi. Sauf que tu mets des décorations effrayantes à l’extérieur, et moi je les mets à l’intérieur. »
Peut-être que quelqu’un les aura aimés une fois ou deux, ou aura dit qu’il les aimait, ce qu’ils n’imaginaient même pas, ni que les acteurs pouvaient acheter
l’amour de leurs fans qui ne les reconnaissent que par automatisme, leurs sentiments étant des rôles de composition. Alors l’amour s’est perdu et maintenant qu’ils sont à ce point condamnés, ou souhaitent l’être, ils savent que l’addiction partagée devra faire l'affaire, et ils sont précisément en train d’essayer de
rendre quelqu’un accro.
"Peut-être qu'il se baiserait lui même s'il était sûr d'être gay, mais tout le monde sait que ses goûts en matières d'hommes sont primaires, alors... est-ce que ça compte?"