Et il ne fait pas de doute que c'est à leur masse, autant qu'à leur sujet, que les lettres de Walpole doivent leur place dans la littérature anglaise. Aucun autre écrivain anglais à l'exception de Byron, aucun dans le monde - hormis Voltaire, qui règne en maître dans ce domaine - , n'a jamais approché sa prolixité.
En quoi réside la vertu la plus caractéristique de l'humanité ? Dans ses bonnes actions ? C'est possible. Dans la création de beaux objets ? Peut-être. Mais certains chercheraient la réponse ailleurs et diraient : dans le détachement.
Le grand monde à cette époque était petit - tout spécialement en Angleterre, les guerres napoléoniennes l'ayant maintenue dans son cocon. En 1812, une ambassade était une nouveauté à Londres...
Il est bon, plus souvent, qu'on ne pense, de savoir ne pas avoir de l'esprit.
Malesherbes
[..] Le destin apparut sous les traits de Mme du Deffand. Cette personne hors du commun entrait dans l'ultime phase de sa carrière. Elle vieillissait, elle devenait aveugle et, malgré toute sa gloire et son pouvoir, elle perdait goût à Paris. Dépitée et malade, elle fuit jusqu'au fin fond de la campagne ; elle passa un été avec les Vichy, et fit la connaissance de Mlle de Lespinasse. Les deux femmes semblent avoir compris presque aussitôt qu'elles étaient faites l'une pour l'autre. Julie avait alors vingt et un ans ; elle était déterminée à échapper à tout prix à une position intolérable ; elle se confia à la spirituelle et affectueuse marquise. Quel que fût son cynisme, quelque froid le regard qu'elle jetait sur un monde qu'elle ne connaissait que trop, il n'y avait pas plus impulsive que Mme du Deffand. Julie était dotée de toutes les vertus, de tous les talents ; elle était "ma reine" ; avec elle il serait possible de revivre ; elle devait venir à Paris ; il n'y avait pas d'autres solution. Julie hésita toute une année avant de franchir le pas. En avril 1754, elle se rendait enfin à Paris et emménageait chez la marquise dans ses appartements du couvent de Saint-Joseph. [...]
Les étapes de l'histoire de la noblesse peuvent se reconnaître aux diverses barrières qu'elle a dressées afin de repousser la populace. Le seigneur féodal utilisait son armure pour se distinguer du reste du monde ; la civilisation progressa et il trouva qu'il y parvenait presque aussi bien avec une perruque (...).
La grande Reine de son imagination, l'héroïne au cœur de lion, qui humilia l'insolence espagnole, qui écrasa la tyrannie romaine avec des gestes splendidement assurés, est aussi loin de la Reine véritable qu'Elisabeth habillée d'Elisabeth nue.
Elle ne dut le salut qu'à sa science d'opposer aux extrêmes qui l'entouraient ce qui chez elle était également extrême, l'astuce et l'art des faux - fuyants.
Telle était sa nature : flotter, pendant la bonace, sur une mer d'incertitudes et quand le vent s'élevait, louvoyer fébrilement d'un bord à l'autre.
C'est seulement le hasard de la naissance qui l'avait fait présider aux intérêts de Protestantisme; son cœur était profondément soumis au siècle.