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3.58/5 (sur 245 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Coronel Pringles , le 23/02/1949
Biographie :

César Aira est un romancier, nouvelliste, essayiste, dramaturge et traducteur argentin.

Peu connu en France, il est considéré comme un un grand nom de la littérature latino-américaine.
Il réside à Buenos Aires depuis 1967, dans le quartier de Flores. Ce quartier ainsi que son lieu de naissance sont très présents dans son écriture.
Comme beaucoup d’intellectuels argentins, il est polyglotte et a lu en profondeur les romans d’aventure et les grands auteurs français.

Son roman "La preuve" a fait l'objet d'une adaptation pour le cinéma en 2002 sous le titre Tan de repente réalisé par Diego Lerman, déjà auteur d'un court-métrage d'après "La guerre des gymnases".

Il obtient le Prix Roger-Caillois 2014 et le Prix Formentor en 2021.

Source : Wikipedia ; www.ameriquelatine.msh-paris.fr
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Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
Je me lève aux premières lueurs de l’aube, après une nuit d’insomnie et de fantasmagories exténuantes… Je suis si fatigué, si troublé. Je n’en peux plus. Je ne peux plus continuer comme ça. Tous les chemins de l’ombre conduisent à cette certitude atroce : il m’est arrivé ce dont j’avais le plus peur. Et le pire est que je ne sais pas si c’est vrai, si c’est fini ou s’il manque encore quelque chose, causes ou effets… Tout est épars, flottant, incohérent. Je ne sais pas si c’est la vérité ou si je suis en train de l’inventer… J’ai inventé tant de choses, la réalité m’a démenti tant de fois, qu’il m’est impossible de ne pas avoir des doutes… Il n’est pas possible qu’il fasse déjà jour. La nuit se prolonge, elle se balance comme un grand bateau obscur, entre la pensée et le rêve, entre la terreur et le réalisme. Je voudrais attraper une idée, une seule, et la contempler… Mais elles passent toutes hors de ma portée.
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Et dire que pendant des années j’avais vécu dans la crainte que Claudia ne soit lesbienne ! Maintenant, la peur qui me paralysait, c’était que, lorsque nous aurions enfin une explication, Claudia, en proie à la folie où je la voyais s’enfoncer, me jetterait à la figure que le membre d’Isso était plus grand que le mien… qu’il restait dressé des nuits entières… Je pris la décision de me suicider, en me jetant du balcon.
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Et mon âme s’élevait irrésistiblement, dans une spirale, vers le rose et le violet… Elle devenait aussi vaste que l’univers, aussi vaste qu’un trou noir ou que le passage du temps, tout en restant clouée à un point minuscule, à l’articulation du nom de l’Argentine. Il y avait autre chose en même temps, qui était et qui n’était pas mon âme : cette chaleur en hiver, ces ciels que ma personne parcourait en quête d’étoiles, cette présence du soleil… n’étaient-ils pas aussi une fable phallique venant s’installer dans ma vie ? Si, bien sûr, et pour être précis je dois en venir à quelques détails plus privés. Les mois qui suivirent ma séparation furent la saison la plus chaste de ma vie. J’étais si déprimés que je n’avais même pas envie de jouir seul. Mais la chasteté, comme tout le monde le sait, est en général une expérience phallique. Toutes les énergies qui auraient pu se perdre (il est vrai que cette perte est aussi une multiplication ; mais ce que personne ne considère, c’est que toute multiplication est une perte), je les conservais en moi, même sous la forme de mélancolie, comme un sculpteur conserve la pierre en lui donnant tel ou tel aspect.
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Le seul résident étranger du village était un vieux français, qui s’était établi sur l'île comme naturaliste dans un passé lointain et qui, après avoir achevé le catalogue de la flore, de la faune et de la formation géologique, s’était mis à repousser indéfiniment son départ. Nouvelle victime de la mollesse tropicale, enchainé par les délices de la sieste et de la prévarication il n'attendait plus que la décadence (qui l'avait deja frappé) et l'extinction. En réalité, il n’était pas si vieux (il n'avait pas soixante ans), mais il s’était fané prématurément, comme il arrive aux Européens sous les climats chauds, et sa vie sans objet l'avait dépouillé du peu d’intelligence de ses débuts. Faute de pratique, il lui semblait qu'il avait oublié sa langue maternelle ; et il ne parvint jamais à apprendre vraiment l'espagnol, au milieu de ces pécheurs taciturnes qu'il ne fréquentait guère. Ses voisins l'observaient avec ironie, non sans motif. Il était efféminé, hypocondriaque, pusillanime : il s'enfermait dès qu'il tombait deux gouttes, gémissait au moindre grondement du tonnerre, ne s’approchait jamais du rivage et se protégeait du soleil avec une ombrelle ridicule, qu'il avait lui-même fabriquée. A la fois pour justifier son inutilité et parce que personne ne peut vivre sans l'illusion d'une histoire, il s’était inventé, tout au fond de son cœur, un amour secret pour la Princesse Printemps, qu'il n'avait jamais aperçue que de loin. Quand à elle, elle n'était informée de son existence que par les conversations de ses gens. Il s'appelait Henri Lissaurrie, mais il était, pour tout le monde "le vieux pédé".
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Que voulait Claudia ? Je devais reconnaître mon impuissance face à cette question. Et cette impuissance faisait peser de sérieux doutes sur ma propre virilité. On dit souvent qu’un homme qui ne comprend pas les femmes n’est pas un homme digne de ce nom. Qu’est-ce que j’étais alors ? Un faux homme ? Je me sentais emporté dans un tourbillon.
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Silhouettes hautes et fines semblant chevaucher des girafes, visibles malgré l'obscurité, ils étaient aspirés par des espaces successifs, de plus en plus lointains, et s'infiltraient dans les interstices gris de tout ce noir. L'écho de leur galop les précédait et leur revenait en les prévenant des obstacles. En cela, ils ressemblaient aux chauve-souris. Mais ils ne se contentaient pas de leur ressembler, ils les frôlaient, car c'était l'heure où les chauve-souris, qui pullulaient sur ces coteaux, sortaient de leurs grottes. Il est très rare de sentir le frôlement d'une chauve-souris, vu que ces petites bêtes sont dotées d'un mécanisme antichoc infaillible. Mais le frôlement n'est pas un choc, et dans de telles occasions, c'est la vitesse qui est en cause. Ce fut ce qui arriva à Rugendas. Une chauve-souris qui venait en sens inverse lui caressa le front. A peine un centième de seconde ; on aurait pu la confondre avec le souffle d'une brise ou avec l'excitation ponctuelle d'une cellule. Mais la légèreté était suprême ; rien ne pouvait lui être comparé, en raison de la mécanique qui la produisait, et surtout de la matière sur laquelle elle s'exerçait : un front dont toutes les ramifications nerveuses étaient déconnectées. Que rêver de plus doux, de plus subtil ? p 80
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Dans mes bouquets, chaque fleur était un objet. Un objet très fragile, impalpable, d'une couleur violente et pure. Il y avait quelque chose que l'on pouvait prendre dans la main, dans le poing. Et en même temps, on ne le pouvait pas. Parce que la fleur était objet du regard seul, du regard sans main...
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Le roman gothique tel que je le pratiquais n'était qu'une combinaison éculée des mêmes ingrédients à n'en plus finir. Je les connaissais par coeur : le manuscrit médiéval retrouvé au fond d'un coffre dans le grenier d'un couvent, écrit en grec ou en araméen et traduit par un moine errant providentiel ; le château en haut de la montagne, encerclé par une fosse profonde, avec son pont-levis, ses pièces délabrées, ses arches à l'abri desquelles les chauve-souris allaient se cacher ; le méchant comte, seigneur et maître des lieux, si possible après avoir usurpé le domaine ; la belle demoiselle orpheline enfermée dans un cachot tant qu'elle refuse de céder aux avances lascives du seigneur féodal ; le jeune garçon élevé par des paysans qui l'ont trouvé abandonné dans une forêt, la chevalière en or gravée d'un dessin étrange posée à côté de lui, si possible également une marque de naissance à l'épaule, en forme de flèche, de croix ou d'étoile ; le vieux prêtre qui a gardé quarante années durant le secret qui lui a été confié par la reine ou la duchesse sur son lit de mort ; le spectre qui ne cesse de déambuler en haut des tours tant que n'aura pas été versée la dernière goutte de sang du dernier descendant des usurpateurs ; la statue qui prend vie, la rose qui saigne, les catalepsies prolongées, les bruits inexpliqués ; et, pour circuler parmi toutes ces fadaises, les sempiternelles portes dérobées, passages souterrains, tunnels, couloirs interminables éclairés par une seule bougie qu'un courant d'air intempestif vient éteindre à minuit ...
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Ils passèrent quelques jours dans cette impasse. La Princesse cloîtrée, pleurnichant et se plaignant de la manière la plus inefficace du monde ; Wanda et le Français se réunissant tous les après-midi pour rédiger des rapports fantaisistes ; Arbre de Noël se réjouissant de ces rapports, qui convenaient parfaitement à ses intentions dilatatoires et qu'il faxait tels quels au général Hiver, qui ne savait qu'en faire et se rongeait les sangs sur son navire.
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Voyage et peinture s'entrelaçaient comme les fils d'une corde. Les dangers et les obstacles terribles du chemin se métamorphosaient à leur passage, puis retournaient au néant. Terrible était le mot : on avait du mal à croire que ce fût un chemin, parcouru presque à longueur d'année par des voyageurs, des charretiers et des commerçants. Une personne normale l'aurait pris pour un dispositif de suicide. Vers le centre, à deux mille mètres d'altitude, au milieu de sommets perdus dans les nuages, le chemin cessait d'être un passage entre deux points et devenait simplement l'issue de tous les points à la fois. Lignes abruptes aux angles impossibles, arbres poussant à l'envers sur des toits de roche, ravins plongeant dans des rideaux de neige, sous un soleil de braise. Lances de pluie plantées dans de petits nuages jaunes, agates gantées de mousse, aubépines roses. Le puma, le lièvre et la couleuvre étaient l'aristocratie de la montagne. Les chevaux s'ébrouaient bruyamment, ils trébuchaient, il fallait faire halte ; les mules étaient constamment de mauvaise humeur. p 17-18
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Pastiches littéraires

"L'hiver, la Glavoise est un torrent boueux dont les flots tumultueux charrient des arbres morts, des rochers noirs et des sangliers surgelés. Pourtant, sitôt passées les dernières neiges de mai, elle se métamorphose en une rivière paisible qu'on traverse à pied sec au lieudit du Gué-de-la-Corde. C'est là que le voyageur qui arrive à Courtonac par la route de Saint-Hilaire franchit la Glavoise, au Roc-de-la-Châtre. Un peu en aval, la route en pierre traverse le moulin abandonné du père Plasson. Devant le triste spectacle des ronces qui dévorent les meulines à foulon et les flaterets à courroie, on a bien du mal à croire que, jadis, les ânes, les boeufs et les femmes de Courtonac déchargeaient là leurs ballots de bressac frais pour qu'on les y moulût. Solide comme un linteau, son éternelle bamborgne à la bouche, le père Plasson transformait ici les précieuses gousses en une fécule à cataplasme, délicate comme de la peau d'oreille et fraîche comme un cul de pouliche." "Les engoulevents de la Grange-aux-Loups" est un pastiche des romans signés:

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