Christine Ockrent - La guerre des récits
Le prince Sultan, demi-frère aîné de MBS, demandait à Abdul Aziz Ibn Bas( aveugle de naissance) le juge religieux, le plus influent du pays, comment il pouvait s'acquitter des 5 prières obligatoires, dans l'espace.
Sultan s'entraînait pour partir dans l'espace, à bord de la mission américaine Discovery, et être premier musulman à vivre cette expérience.
Au retour, fêté comme un héros, Sultan dut répondre à toutes sortes de questions, avant de convaincre le juge religieux, (AVEUGLE)que oui la Terre est un globe, et...
Et qu'elle n'est pas plate, comme l'enseigne la religion islamique (sic!)
Quel a été son rôle : celui de l'épouse bornée et trompée ou celui de la complice hypocrite ? Est-elle jusqu'au bout une femme cocue ou une partenaire cynique ? Entre les deux hypothèses, l'Amérique ne cessera d'osciller. Les bien-pensants opinent : qu'elle préserve les apparences, l'institution et sa famille ! Les féministes trépignent : qu'elle le quitte ! Qu'à l'image de sa génération, elle préserve la dignité de la femme bafouée et libérée !
Dans ses Mémoires, Hillary se contentera de cet argument, qui ne va pas loin dans la confidence mais qui correspond sans doute à sa conviction profonde : "Je voulais lui tordre le cou, mais il n'était pas simplement mon mari : il était le président des Etats-Unis."
Hillary et Donald ont au moins deux caractéristiques en commun, et elles ne sont pas à leur avantage. Ils sont l'une et l'autre détestés par une majorité de leurs concitoyens. En effet, 60% des Américains ne font pas confiance à Mme Clinton, alourdie par trente-cinq ans de présence dans la vie publique et nombre de scandales associés à son patronyme. M. Trump est détesté par 60% des Américains, essentiellement issus des minorités ethniques, qui lui reprochent d'avoir exalté et nourri les pires préjugés de la majorité blanche.
Autre singularité partagée : leur âge, avancé par rapport à la norme politique américaine. La candidate démocrate aura 69 ans au moment de l'élection de novembre, le républicain 70 - seul Ronald Reagan était plus vieux quand il s'est installé à la Maison-Blanche. Du coup la probabilité que le vainqueur ne fasse qu'un seul mandat aiguise déjà dans les deux camps calculs et appétits.
En l’absence de chiffres officiels, Amnesty International estime que quelque cinq cents exécutions ont été pratiquées depuis l’avènement du roi Salman. Une cinquantaine de personnes ont été exécutées lors des premiers mois de 2018, dont la moitié pour des affaires de drogue sans violence, dénonce de son côté Human Rights Watch. Dans le cas d’individus ayant commis des crimes ou des vols particulièrement scandaleux, une fois la tête recousue, leur cadavre est parfois crucifié et exposé en public. Le vol entraîne l'amputation de la main droite et quelquefois des pieds. Sont punis de mort le blasphème, l’homosexualité, la trahison et le meurtre. L’adultère expose la femme mariée à la mort par lapidation ; cent coups de fouet châtient son partenaire.
La campagne présidentielle américaine illustre à grande échelle une autre mutation. Sous l'impulsion des réseaux sociaux, l'information ou ce qui en tient lieu se répand en silos, réservée de façon tribale à ceux qui pensent déjà à l'identique. On est entré dans un monde d'"auto-référencement", selon l'expression de Richard Edelman, président de la société éponyme. Les études d'opinion démontrent qu'"une personne comme "moi", c'est-à-dire un ami faisant partie des 1,7 milliard d'utilisateurs de Facebook, est perçue comme une source d'information plus crédible qu'un chef de gouvernement ou une personne d'autorité".
Le monde, selon lui et contrairement à la vulgate républicaine, n'est pas divisé entre la droite et la gauche, entre le bien et le mal, mais entre les gagnants et les perdants.
"Moi, j'adore l'argent, répète l'homme d'affaires de meeting en meeting. L'argent, on va en accumuler pour l'Amérique. On va en prendre, en prendre, en prendre ! On va faire rentrer tellement d'argent, tellement !" Les supporteurs applaudissent à tout rompre.
Pas question cependant d'augmenter le salaire minimum. Au contraire, les rémunérations sont trop élevées, c'est mauvais pour la compétitivité.
La dissolution de l’Union soviétique a été « la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle . Il lui revient donc de restaurer la Russie dans sa gloire, d’effacer ses humiliations, de redorer son Église orthodoxe, d’embrasser les icônes et de brûler les encens, de lui rendre son statut de puissance globale, d’exalter sa victoire contre le fascisme, de célébrer les symboles de sa force ancienne, quitte à ressusciter ceux du communisme.
La Crimée a toujours été une partie intégrale de la Russie dans les esprits et dans les cœurs. Nous réparons une erreur de l’histoire ! » affirme-t-il dénonçant « l’infâme politique d’endiguement conduite au XVIIIe, au XIXe et au XXe siècle » pour affaiblir et humilier Moscou. L’Ukraine n’aurait jamais dû être séparée de la Russie, ajoute-t-il, accusant les Occidentaux de l’avoir « trompé et franchi une ligne rouge ». « Nous nous engageons à protéger toutes les populations russes […]. Le peuple russe est devenu l’un des plus grands, voire le plus grand peuple dispersé du monde ! »
À Moscou, les médias s’en donnent à cœur joie, ressuscitant un vocabulaire soviétique que l’on croyait disparu : bandits, fascistes, cinquième colonne, contre-révolutionnaires, traîtres nationaux – les qualificatifs pleuvent dans un torrent d’invectives et de désinformation. L’opinion publique s’embrase, les rares opposants se manifestent à peine, la popularité de Vladimir Poutine est au pinacle.
Quand on a, par métier , regardé le dessous de table et l'envers des cartes pendant longtemps, il ne reste plus que trois attitudes: ou préparer une liste de gens "à flinguer", ce qui est fastidieux et illégal, ou se flinguer soi -même, ce qui est inconfortable, ou faire l'appel à une vertu cardinale , le sens de l'humour, ce qui permet de sourire pour le restant de vos jours.