Joseph O'Connor commente son roman, "Muse".
Les hommes, quand ils ont été fabriqués avec soin, sont merveilleux dans toutes sortes de rôles que la vie peut leur offrir, ils font d'excellents amis, amants, mineurs de fond, dompteurs de lions, explorateurs de régions désertiques ou jamais cartographiées, papes, tireurs, compagnons de beuverie. Ils sont d'une simplicité admirable, si prévisibles que c'en est apaisant. Parlez avec un homme pendant un quart d'heure, et vous le connaissez définitivement, jamais plus il ne vous surprendra, il en serait bien incapable; le lui demander ne ferait que l'effrayer. Seulement, hélas, ils ne font pas de bons maris. N'importe quelle femme rencontrée par hasard, dans la queue pour les fruits et légumes par exemple, ou à côté de vous dans le train, ferait un meilleur mari que pratiquement tous les hommes jamais venus au monde.
(p.427)
Chez certains hommes, il ne faut surtout pas prêter attention à ce qu'ils disent après dix heures du soir s'ils ont bu une bière. Harry appartenait à cette race de mammifères.
Ils ne veulent absolument pas faire les idiots. Seulement, cela revient à demander à un catholique de ne pas se sentir coupable. Autant dire au ruisseau de remonter la colline.
(page 104)
Il n’aime pas se souvenir, trop de douleur, de déceptions. Il est important de se maintenir à flot, les yeux braqués sur l’horizon, toujours. Le passé est un fou qui se noie ; lancez-lui une corde, il vous entraînera avec lui.
Si seulement ils pouvaient prendre le temps de vivre leurs sentiments plutôt que de rechercher de nouvelles manières de les dire.
Vous savez, être comédien, ce n'est pas faire semblant d'être quelqu'un d'autre, mais trouver l'autre en nous, et le mettre en avant. Ça n'a rien de compliqué, les enfants le font ; vous n'avez qu'à les regarder lors-qu'ils jouent. Ce n'est pas paraître, c'est être. Je l'ai appris dans mon enfance, mon père était un comédien itinérant qui jouait la pantomime. Jamais il ne me disait : « Joue à être une fée. » Non, il me disait : « Aujourd'hui, tu es une fée, Len. Envole-toi. » Voilà pourquoi je n'aime pas voir interpréter un rôle, j'aime voir les fées s' envoler.
Questionnements. Pensées de l'aube. L'esprit qui tic-taque comme une montre. Quatre heures du matin mais vous restez plantée devant votre fenêtre. Et si j'avais épousé cette personne ? Ou si je ne m'étais pas mariée ? Et si j'avais accepté ce travail, ou émigré ? Si j'étais restée, si j'avais vécu ma vie d'une autre manière, pour être plus fidèle à moi-même, peut-être, mais j'avais peur de ce que les gens pouvaient dire ou penser ?
Vous voyez, une partie de vous a vraiment vécu tout ça. Parce qu'imaginer, c'est aussi vivre.
D'habitude, je ne bois pas.
— Pourquoi donc ?
— Ca me rend ordinaire.
- Je ne suis pas gros, Ranj. Il n'y a jamais eu de gros dans ma famille.
- Tu sais, c'est comme chez les Bates, il n'y avait jamais eu de psychopathes avant l'arrivée du petit Norman.
Jouer la comédie, c'est ma profession, ce qui me nourrit. Mais l'art est aussi spirituel, c'est une chambre secrète de l'âme. Il est difficile de savoir où elle se trouve, ou encore où se trouve la clef qui en ouvre la porte, par conséquent parfois il faut briser cette porte avec violence. Voilà ce que signifie avoir du style. C'est la force. Une fois entré dans son propre style, les proportions changent. La pièce peut se transformer en n'importe quel lieu : une forêt, un océan, une cellule de prison, le monde des fées, un nombre de sphères tournant l'une à l'intérieur de l'autre, tout cela en même temps, chacune sur un axe dont l'autre ne sait rien. En tout cas, voilà comment on voit les choses ici. Être un artiste, c'est savoir que les fantômes existent.
Leur souvenir demeure dans l'air de cette ville d'immigrants; leur souvenir demeure dans un immeuble de la ville de New-York.Vide. Livré aux ombres.Bâtiment aux vieux couloirs fatigués.Par où couraient les enfants , où l'on faisait face à la vie, supportait ses pertes,où l'on nourrissait de folles espérances, tandis que dehors, dans la rue,le monde se pressait, sans jamais lever les yeux vers ces fenêtres.