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3.17/5 (sur 18 notes)

Nationalité : Hongrie
Né(e) à : Cluj (Kolozsvár), Roumanie , le 22/02/1936
Biographie :

Adám Bodor est un romancier et nouvelliste.

Hongrois de Transylvanie, il vit en Roumanie jusqu'à son exil en Hongrie en 1982.

Sous l'influence d'une famille anti-communiste, il milite très tôt pour le retour de la Transylvanie à la Hongrie, ce qui lui vaut d'être arrêté par la Securitate, la police secrète roumaine, et emprisonné de 1952 à 1954.

Connu principalement pour "La vallée de la Sinistra" (1992), accueilli par une presse enthousiaste, et "La visite de l'archevêque", il est aussi l'auteur de "La saga de la prison", un livre d'entretien portant sur son expérience de la prison roumaine.

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Le jour même de son arrivée, Coca Mavrodin-Mahmudia réunit les villageois et sélectionna, à la tête du client, les quelque quinze ou vingt hommes presque identiques qu’elle voulait avoir à sa disposition. Rien ne les distinguait du lot, sinon qu’ils avaient tous – par hasard – le cou long, le crâne arrondi et les yeux en boules de loto. Sur son ordre, ils jetèrent leurs vêtements de gros drap et reçurent chacun un complet gris, des chaussures noires à bout pointu et une cravate à reflets argentés. La ressemblance était si frappante qu’elle éveilla l’attention des villageois, lesquels donnèrent aussitôt le surnom d’oisons gris aux voisins qui s’étaient mués en volatiles. S’il avait fallu les former, le temps aurait été trop court, mais comprenant d’eux-mêmes quel serait leur rôle, ils promenèrent aussitôt des regards sévères partout à la ronde. Quand ils se mettaient en route vers quelque destination inconnue, les dures semelles de cuir martelaient à l’envi les pavés humides.
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Une semaine avant la Saint Médard, les premiers clients du salon de coiffure annoncèrent que, tôt le matin, on avait capturé les sœurs Schenkowitz. Les deux vieilles filles s’étaient évadées, des mois de cela, de l’Isolda, le quartier d’isolement des pulmonaires. Les fugitives auraient été ramenées dans le camp par Gabriel Ventuza, l’aumônier, au bout d’une laisse de cuir, et aussitôt exposées à la curiosité publique dans une cage à poules.
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Nikifor Tescovina arriva un jour avec sa petite fille.
L’enfant était encore loin que sa courte chevelure, rouge comme les baies du sorbier à l’automne, rayonnait déjà à travers le brouillard. Ils étaient presque rendus au moulin, quand je m’aperçus que le père tenait sa fille en laisse. Arrivé à un jet de pierre du moulin, il l’attacha à un piquet et entra seul chez moi.
Il apportait aussi, ce jour-là, une bouteille d’alcool dénaturé ainsi qu’un petit pot et du charbon de bois, dans une casserole percée de trous. Il m’expliqua que, pour être buvable, l’alcool devait passer sur le charbon qui servait de filtre : on le recueillait ensuite dans un autre récipient. Si l’on n’avait pas de charbon de bois sous la main, l’amadou ordinaire ou les airelles faisaient aussi l’affaire.
– Au début, ça te fera vomir, mais tu t’habitueras.
– Sûrement.
Sans plus attendre, il se mit à verser la boisson, peu à peu, sur le charbon, plaça en dessous le petit pot et guetta les premières gouttes.
– Tu pourras commencer bientôt, le colonel a commandé les seaux et les baquets. Il a aussi embauché des femmes pour la cueillette. Elles seront nombreuses à s’agiter autour de toi, mais tu devras faire très attention. Comme je te l’ai dit, il faut que tu restes de marbre, quoiqu’il arrive.
– Je garde très bien mon sang-froid, depuis quelque temps.
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Quinze jours avant sa mort, le colonel Borcan m’emmena en mission de reconnaissance sur l’une des hauteurs dénudées du district forestier. Il me recommanda d’ouvrir l’œil, d’observer surtout les taillis de sorbiers qui bordaient le chemin, pour savoir si les jaseurs étaient arrivés. L’automne était bien avancé, les sous-bois retentissaient du chant des oiseaux migrateurs.
En temps normal, les reconnaissances du commissaire forestier se déroulaient toujours de la même façon : le matin, il allait voir les ours cantonnés dans la réserve biologique, inspectait les effectifs, puis s’en retournait lentement par quelque mamelon montagneux et, tout en s’imprégnant du vertigineux silence qui régnait dans la zone protégée ou du murmure des ruisseaux coulant au fond des vallées, il rédigeait mentalement son rapport. Ce jour-là pourtant, après avoir emprunté des sentiers peu fréquentés, balisés par les chasseurs de montagne, il se rendit directement à son belvédère secret. Le bruit courait que les jaseurs étaient apparus et sur leurs traces, comme chaque hiver, l’épidémie que les gens de Sinistra appelaient fièvre toungouze, allez savoir pourquoi.
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Jour après jour, durant l’hiver en question, j’avais dû chausser mes skis pour arriver jusqu’aux ruisseaux souterrains du Bois-Kolinda. Quelques marginaux s’y étaient réfugiés pour échapper aux chasseurs de montagne ; vivant cachés dans des terriers humides et des cavernes, sourds aux menaces comme aux prières, ils refusaient d’en sortir. Il avait été décidé, d’abord, que je les prendrais au piège, en posant des collets ou des chausse-trappes, mais finalement nous avions trouvé plus simple de colmater les issues avec du ciment. J’avais donc fait le va-et-vient pendant des semaines, un sac de ciment sur le dos, glissant toujours sur les mêmes traces. Sous mon poids – le ciment n’est pas léger -, la neige s’était pétrifiée, elle avait acquis la dureté du diamant.
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Semblables à des ailes languissantes, de grands paquets de chair, véritables fanons, pendaient aux épaules et aux omoplates, ceinturaient les hanches de Mustafa Mukkerman. Encore devait-on oser les mots pour parler d’épaules et de hanches à son propos. Il fallut longuement encourager les dobermans pour qu’ils acceptent d’aller flairer le chauffeur de pied en cap : les oisons gris durent les traîner par le collier l’un après l’autre; les chiens s’étaient littéralement braqués, Mustafa Mukkerman ne les intéressait pas du tout.
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J’en étais au même point, à vrai dire, elle me manquait aussi. Je la plaçai devant moi, sur mes skis, et quand la forêt s’ébranla, à notre droite et à notre gauche, qu’elle glissa de plus en plus vite à contresens vers la clairière des gardes forestiers à la retraite, je déchirai la belle robe à coups de griffes et à coups de dents, je lacérai, tailladai au couteau mon pantalon empesé de ciment, jusqu’au moment où je sentis les fesses de velours se blottir à nouveau contre mon ventre.
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Je m’aperçus qu’Elvira Spiridon, habituellement vive et souple comme sarment de vigne, mésange de braise et serpent de feu, boitillait, clopinait ce jour-là. J’en profitai aussitôt pour formuler un souhait : qu’elle ait une épine dans le pied et que ce soit moi qui la lui retire. Si sotte que fût ma prière, le Très-Haut l’exauça.
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Semblables à des ailes languissantes, de grands paquets de chair, véritables fanons, pendaient aux épaules et aux omoplates, ceinturaient les hanches de Mustafa Mukkerman. Encore devait-on oser les mots pour parler d'épaules et de hanches à son propos. Il fallut longuement encourager les dobermans pour qu'ils acceptent d'aller flairer le chauffeur de pied en cap...
[...]
Selon toute probabilité, c'est donc un mercredi que je débutais à la morgue de Dobrin en qualité de remplaçant du veilleur des morts. Cela consistait à s'asseoir auprès du mort, à le surveiller pendant la durée du service, à guetter – au cas où il en ferait – le moindre de ses gestes.
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