étranger.
Sauf en ce silence oublié
où se meut l’ardeur d’être ici
clarté confiante en sa source.
Étranger, sauf en cette roche
où affleure une eau impensée
« Étranger », extrait
(éd. Gallimard, coll. Blanche, 2001, p. 200)
p. 217, la parole à Kenny :
« Cela me pesait de plus en plus de ne pas réussir à trouver un travail à plein temps avec un salaire décent. J’avais l’impression d’être enterré vivant. Je me réveillais désormais toutes les nuits, le souffle coupé, oppressé par les souvenirs et la peur irrationnelle d’être retourné là-bas, à la Mission – d’être redevenu un enfant agressé dans son lit par frère John. Alors je sortais sillonner les rues pendant des heures… »
p. 138, c’est Clara qui parle :
« Les journées se succédaient à l’école, sans que rien ne les distingue les unes des autres, sauf le nom de l’élève qui se faisait prendre en train de voler de la nourriture ou qui essuyait les foudres de sœur Mary. Un matin, alors que la lumière pâle du soleil entrait à flots par la fenêtre du dortoir, Clara ouvrit les yeux, mais ne bougea pas, refusant de quitter la chaleur du lit pour affronter les courants d’air du dortoir et le lino froid sous ses pieds. »
Il en avait tellement marre des gens pleins de bonnes intentions lui disant ce qui serait bien pour lui, alors qu'aucune de leurs suggestions ne ramènerait Neal à la vie.

XXXIX -
(…)
J’ajoute qu’en prenant La Défense des droits des indigènes, je prétends être le véritable défenseur des intérêts des colons.
Seulement, je les défends comme je l’entends et non comme ils l’entendent. Je n’aurai pas perdu mon temps, si je peux provoquer quelques réflexions de la part de quelques-uns d’entre eux.
Je voudrais que les colons algériens et les administrateurs méditassent cette maxime d’un homme qui, par sa position, devait bien connaître la psychologie des opprimés, le capitaine des galères du pape, Pantero-Pantera. Dans son Manuel des Chiourmes, il dit :
« L’offenseur écrit l’injustice qu’il commet sur le sable ; l’offensé la grave sur le marbre. »
Je ne dis pas que la faute porte toujours son châtiment avec elle. Mais toute action provoque certainement une réaction.
Voilà un misérable indigène. Il est moins fort, moins bien armé que toi. Tu te crois tout permis à son égard. Il tient sa vengeance. Souvent il la trouve dans sa propre faiblesse. Il s’enfuit, disparaît ; il ne travaille pas, sachant que le fruit de son travail ne lui appartient pas. Il ne cultive que l’étendue de sol indispensable pour ne pas mourir de faim. Le vainqueur s’appauvrit de la misère à laquelle il a réduit l’indigène.
Puis viennent les vengeances (…)
Nous nous comportons avec les indigènes de telle sorte qu’ils ont souvent plus d’intérêt à s’insurger contre nous que de subir nos exigences (...)
Nous les écrasons de notre mépris, ils nous le rendent ; nous leur offrons notre haine, ils l’acceptent pour alimenter la leur ; nous leur dénions toute justice, comme pour leur apprendre que, ne devant pas en attendre de nous, ils ont le droit de n’en avoir aucune à notre égard ; nous leur refusons toute sécurité pour leurs biens et pour leurs personnes, de sorte que, toujours acculés au désespoir, ils n’aient qu’un seul moyen de salut, l’insurrection.
Voilà comment nous avons su remplir en Algérie notre « Mission civilisatrice ! »
—
XL - L’assimilation des indigènes
Le colon français dit d’un air découragé :
— Les arabes ne sont pas assimilables !
Quoi ! (ironie de l'auteur) Voilà 44 ans qu’ils sont en rapport avec nous. Ils nous connaissent surtout par les razzias que nous leur avons fait subir, les coups de fusil et de matraque que nous leur avons donnés, les vexations et les spoliations que nous avons exercées à leur égard. En revanche, ils ignorent notre langue, nos idées, ne comprennent rien à notre agitation, à nos contradictions, à notre politique, choses que nous ne comprenons pas très bien nous-mêmes. Et ils ne se jettent pas dans nos bras, en nous disant : « merci ! Ta civilisation est admirable ; ta religion vaut mieux que la mienne ; ton gouvernement est parfait ; ta justice, toujours équitable ; ton administration, paternelle, désintéressée et si simple que nous en saisissons tous les avantages, rien qu’à l’aspect du képi d’un administrateur civil ou d’un chef de bureau arabe. »
Evidemment, il faut qu’ils soient bien obtus, qu’ils aient l’intelligence bien étroite, un bien mauvais vouloir pour ne pas être devenus français d’esprit et de coeur.
Ils portent encore des burnous et des turbans ; ils n’ont pas de pantalons. Cela ne prouve-t-il pas qu’ils sont incapables de jamais comprendre les beautés de notre civilisation ?
Mais alors que dire des Bas-Bretons qui n’ont pas encore tous échangé leurs braies pour nos pantalons, leur large chapeau pour notre tuyau de poèle, leur langage celtique pour la langue de racine, leurs vieilles idées et leurs vieilles coutumes pour les nôtres et leur galette de Sarrazin pour notre pain de luxe ? Il y a cependant des siècles qu’ils font partie de la France. Faut-il dire qu’ils ne seront jamais assimilables ? Mais ne faudrait-il pas se demander d’abord : qu’est-ce que l’assimilation ?
En France, nous confondons assimilation et uniformité. Nous en sommes encore à la vieille idée platonique du type : et nous voulons façonner tous les gens sur le nôtre, comme s’il avait atteint une perfection absolue, et comme si tous les français étaient des ménechmes.
(…)
Les protagonistes de l’uniformité ont pour idéal une civilisation de mollusques. Les huitres n’ont jamais eu entre elles de divergences théologiques, métaphysiques, scientifiques ou politiques. La paix règne entre elles.
(…)
Tous les cerveaux des français ne sont pas coulés dans le même moule ; ils n’ont ni le même poids, ni la même forme, ni la même composition (…)
Quand vous avez de trouvé de telles résistances que malgré tous les efforts de la monarchie de droit divin, du jacobinisme, du césarisme, en dépit de la centralisation, en dépit de l’université, en dépit de la conscription, vous n’avez pu effacer les différences qui séparent, en France, les gens de langue d’oïl et de langue d’oc ; fusionner Normands et Bretons ; gens du Nord et Champenois ; Provençaux et Languedociens, vous vous étonnez due n’avoir pas taillé sur un type, dont vous n’êtes pas même capable de tracer le patron, le Kabyle ou l’arabe.
Regardez ces arabes, ces femmes enveloppées de voiles, ces ânes, ces troupeaux ; c’est la Bible que vous voyez défiler dans vous sur toutes les routes. Voilà Rebecca à la fontaine et elle fait glisser son amphore le long de son bras d’un geste, et toujours le même, depuis des dizaines de siècles. Et vous voulez que ces gens, qui ont actions réflexes accumulées depuis tant de générations, soient transformables du jour au lendemain !
(…)
Mais vous, dit-il enfin. Selon quelle définition prétendez-vous être une personne?
La mort d'une mère est le premier chagrin qu'on pleure sans elle.
C'est quand l'arbre se couche que l'on mesure sa grandeur.

Lettre XXIV - La sécurité individuelle
- Une loi du 28 juin 1881 a retiré aux juges de paix, pour l’attribuer aux administrateurs, la répression des infractions spéciales à l’indigénat. L’article 17 du décret du 29 août 1874 en laisse la détermination arbitraire aux préfets des départements. En voici quelques-unes :
- Négligence à comparaître sur simple invitation, même verbale, devant les autorités ;
- Acte irrespectueux ou propos offensant vis-à-vis d’un représentant ou agent de l’autorité, même en dehors de ses fonctions ;
- Propos tenus en public dans le but d’affaiblir le respect dû à l’autorité ;
- Habitation isolée, sans autorisation, en dehors du douar ;
- départ du territoire de la commune, sans permis e voyage ;
- réclamation renouvelée après solution régulière
C’est le chapeau de Gessler. Si un malheureux khammès ne s’incline pas devant lui, M. L’adinistrateur, juge et partie, le condamné lui-même de 1 à 15 francs d’amende et de 1 à 5 jours de prison (…)
Un colon envoie un mot à un commissaire de police de ses amis qui met en prison, pendant 3 jours, l’Arabe porteur, sans contre-enquête. Un petit service d’ami.
Un chef indigène est malade : il est obligé de demander la permission d’aller voir un médecin.
Mohamed-ben-Mahmoud, témoin dans une affaire, est en prison : - pourquoi ? - C’est pour être allé à Nefta sans permission : 15 jours de prison !
Un indigène veut aller au marché. Il lui faut un permis. Une absence d’un jour constitue une contravention, sinon un délit. On voit les vexations.
(…)
Tout indigène en retard sur ses impôts est confiné chez lui : ce n’est pas une manière de le mettre en mesure de payer.
(…)
Quelquefois les administrateurs frappent d’internement toute une classe d’individus.
(…)
En vertu d’un décret de 1858, le gouverneur de l’Algérie s’est donné le droit d’interner, par mesure administrative, qui bon lui semble, où bon lui semble. (…) En 1993, l’administrateur de Bou-Kanéfis séquestra pendant 15. Jours 4 indigènes qui avaient eu le tort d’adresser certaines réclamations au gouverneur général.
(…)
En 1882, à Tlemcen, un sergent-major du 1er bataillon d’Afrique, accompagné de deux civils (…), a parcouru une nuit les rues du quartier indigène en frappant à coups de sabre tous les arabes qu’il trouvait ; il en blessa dix. Une bonne farce ! L’autorité militaire ne le poursuivit pas.
Nous remplirions un volume si nous voulions relever tous les exemples d’abus de pouvoir et de violence, commis par les Européens à l’égard des indigènes.
Lettre XXXVII - Les partageux
La loi de 1851 sur l’expropriation a permis de leur enlever les meilleures parties du sol, ou toute partie du sol sur lequel ils avaient l’imprudence de faire une amélioration. En Algérie, c’est l’eau qui a de la valeur et non la terre ; c’est la source qu’achète le Kabyle. Ils ont été refoulés des sources, rejetés dans les portions les plus misérables du pays ; pas d’eau, pas de récolte : une année de sécheresse, c’est la disette. Et en 1868, ce fut une de ces épouvantables famines qui nous rappellent la légende de l’an mille et les angoisses du moyen âge.
Il suffit qu’une terre convienne à un européen pour que l’indigène en soit dépossédé.
(…)
L’administrateur dit à l’indigène : - nous te prenons la terre. On te donne… tant.
C’est généralement le quart de la valeur, quelquefois beaucoup moins. (…)
Il n’y a pas de jury d’expropriation, et c’est fort heureux ; car s’il était entre les mains des colons, il ne donnerait rien du tout ; c’est le tribunal civil qui juge, non d’après débat oral, mais sur rapport ; il n’offre pas de garantie à l’indigène, puisqu’il n’est composé que des conquérants.
L’indigène a obtenu son indemnité plus ou moins dérisoire.
Maintenant, tu viendras la toucher à la Caisse des dépôts et Consignations.
Ici on lui demande ses titres de propriété : ils étaient suffisant pour l’exproprier, ils ne sont pas suffisant pour le payer, de sorte qu’il ne touche jamais rien. Du propriétaire de la veille, vous faites un misérable, un mendiant ; et s’il devient un brigand, s’il tue le propriétaire qui l’a remplacé, à qui la faute ? Qui sera le coupable, de son spoliateur ou de lui ?
(…)
On parle des Arabes nomades, et on se figure qu’ils n’ont aucune attache au sol. Ils ont des habitudes aussi régulières que les bergers de la Crau, qui, pendant l’été, montent dans les Alpes avec leurs troupeaux et en redescendent à l’autonomne. Ils suivent leurs troupeaux selon les saisons, afin de leur procurer des pâturages ; mais ils ont toujours les mêmes terrains de parcours. Si vous les leur enlevez, c’est à la mort que vous les condamnez ; et vous, que ferez-vous des terres que vous leur aurez ravies ? Aujourd’hui, expropriés ici, chassés le lendemain de l’endroit où ils se sont arrêtés, ayant la conscience qu’ils peuvent être chassés le surlendemain, ils errent ainsi au milieu des terres que leur prennent les Européens et que ceux-ci leurs relouent ensuite. Les Kabyles ont été éliminés de la vallée de Tizi-Ouzou et du haut des rochers où on les a refoulés, ils peuvent contempler les terres qui leur appartenaient et que maintenant ils cultivent, moyennant les 3 cinquièmes de la récolte.
Tout son corps lui fait mal. Il a l'impression que ses os s'effritent chaque jour un peu plus et que son squelette ne sera bientôt plus en mesure de soutenir le grand méli-mélo des muscles et des organes. Quand cela arrivera, il s'effondrera sur le sol en une grosse flaque invertébrée, méduse gémissante et grotesque.

XXXII -
De 1815 à 1870, les hommes de tous les partis, les orateurs du gouvernement et même de l’opposition paraphrasaient à La Tribune avec conviction la « Gesta Dei per Francos. » = La france était le peuple élu de Dieu ; De Dieu, elle tenait sa mission. Il eût fallu être bien difficile pour ne pas se contenter d’une explication aussi claire.
Mais depuis, Dieu a perdu son prestige. Ce petit mot n’est plus suffisant pour servir de bouche-trou au vide des affirmations.
Maintenant, on se borne à affirmer que la France remplit : « sa mission civilisatrice », en annonçant les Howas comme des lapins et en faisant servir de cibles les prisonniers Chinois.
Mais si Dieu n’est plus là pour vous donner votre « mission civilisatrice », de qui tenez-vous votre mandat ? Où est-il ?
Vous répondez que « cette mission incombe à tous les peuples d’une civilisation supérieure » et spécialement à la France qui a une civilisation supérieure à toutes les civilisations supérieures.
Mais quelle civilisation supérieure prétendez-vous importer ? Sous quelle forme se manifeste-t-elle auprès des autres peuples ?
Est-ce la douceur ou la férocité que vous allez leur enseigner ? Laquelle de ces deux qualités est l’apanage de la civilisation supérieure ? Si vous répondez que c’est la douceur, l’humanité, la solidarité humaine, tous vos actes démentent vos paroles. Si c’est la férocité, alors la plupart des peuples à l’égard desquels vous prétendez exercer votre mission civilisatrice, n’avaient pas besoin de vos leçons.
Est-ce le respect de la propriété ? Vous commencez par les dépouiller, vous ne savez que mettre à leur égard la fameuse définition du Proudhon : - la propriété, c’est le vol !
Est-ce la chasteté ? (…)
Est-ce la justice ? (…)
XXXIII - Un féodal -
- L’indigène est tenu à obéir à toutes les volontés du conquérant ; le conquérant n’est tenu à remplir aucun de ses engagements envers lui. Telle est la loi, fille légitime des arrangements qui, au moyen âge, réglaient en Europe les rapports du serf et du seigneur.
Vous croyez que le seigneur du XIIIème siècle a disparu, parce que vous ne voyez plus son donjon qu’en ruines, son heaume et son haubert que dans les musées ou chez les marchands de curiosité, ses armoiries que dans les livres illustrés.
Erreur ! Allez sur la place du Gouvernement à Alger.
Vous retrouverez sa survivance mentale chez ce Français, en veston, qui prend son absinthe, en lisant un journal et en fumant une cigarette.
Cependant, il est républicain, très républicain, plus avancé que vous, plus avancé que qui que ce soit. Il est partisan du suffrage universel, mais à la condition que lui et ses (...) concitoyens accaparent tous les votes et que les indigènes n’aient que le droit d’obéir, de payer et de taire. Il est partisan de la liberté : mais il faut une main de fer pour tenir les Arabes.
Il est partisan de l’égalité : mais à la condition que les indigènes paient seuls l’impôt, soient soumis à des lois exceptionnelles et qu’il puisse les exproprier pour ses convenances personnelles. Il est partisan de la fraternité : mais à l’égard des indigènes, il n’y a qu’une seule politique, c’est « la politique à coups de trique. »
Maintenant, ne lui faites pas l’injure de mettre en doute son républicanisme ; il se fâcherait et il aurait raison. Il est tout aussi républicain que vous, plus républicain que vous, mais il l’est autrement.
À un moment Estebano a évoqué les membres du peloton, ceux qui avaient survécu à la guerre, ceux qui étaient morts au cours de notre dernière mission, quand les Américains nous avaient débusqués sur le plateau et nous avaient chassés sous un feu nourri, et que ça avait été la débandade.
𝑬𝒍𝒍𝒆 𝒔𝒆 𝒅𝒆𝒎𝒂𝒏𝒅𝒂 𝒔'𝒊𝒍 𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒐𝒔𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆 𝒅'𝒂𝒊𝒎𝒆𝒓 𝒂̀ 𝒆𝒏 𝒎𝒐𝒖𝒓𝒊𝒓. 𝑺'𝒊𝒍 𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒐𝒔𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆 𝒅'𝒂𝒊𝒎𝒆𝒓 𝒕𝒆𝒍𝒍𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒍𝒆 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒔, 𝒍𝒂 𝒅𝒊𝒔𝒕𝒂𝒏𝒄𝒆 𝒆𝒕 𝒍𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕 𝒏'𝒂𝒗𝒂𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒅'𝒊𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒂𝒏𝒄𝒆.
Les amants délaissés rasaient les murs, le front baissé, les lèvres closes, bleuies de froid. Nul ne les remarquait – on est si fade quand on chute au plus profond du malheur qu’on en devient insignifiant.
𝑨𝒍𝒐𝒓𝒔 𝒍'𝒆𝒔𝒑𝒂𝒄𝒆 𝒅'𝒖𝒏𝒆 𝒓𝒆𝒔𝒑𝒊𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒐𝒖 𝒑𝒆𝒖𝒕-𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒅𝒆𝒖𝒙, 𝒀𝒏𝒂𝒆́ 𝒆𝒕 𝑨𝒊̈𝒏𝒂, 𝑨𝒊̈𝒏𝒂 𝒆𝒕 𝒀𝒏𝒂𝒆́ 𝒂𝒑𝒑𝒓𝒆́𝒉𝒆𝒏𝒅𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒆𝒔 𝒄𝒓𝒂𝒊𝒏𝒕𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆, 𝒔𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒖𝒕𝒆𝒔, 𝒔𝒆𝒔 𝒆𝒔𝒑𝒆́𝒓𝒂𝒏𝒄𝒆𝒔. 𝑬𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒂𝒈𝒆̀𝒓𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒔𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓𝒔, 𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒋𝒐𝒊𝒆𝒔, 𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒔𝒐𝒖𝒇𝒇𝒓𝒂𝒏𝒄𝒆𝒔. 𝑬𝒕 𝒍'𝒆𝒔𝒑𝒂𝒄𝒆 𝒅'𝒖𝒏𝒆 𝒓𝒆𝒔𝒑𝒊𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒐𝒖 𝒑𝒆𝒖𝒕-𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒅𝒆𝒖𝒙, 𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒐𝒖𝒃𝒍𝒊𝒆̀𝒓𝒆𝒏𝒕 𝒍'𝒊𝒎𝒑𝒊𝒕𝒐𝒚𝒂𝒃𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒕𝒖𝒅𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒆𝒙𝒊𝒔𝒕𝒆𝒏𝒄𝒆.
Que Rousseau aille se faire foutre, pensa Servaz, les enfants n'ont besoin de personne pour être cruels, méchants, hypocrites : ils ont ça en eux, comme le reste de l'humanité. C'est l'inverse qui se passe : au contact des autres, on apprend parfois à devenir meilleur et, avec un peu de chance, on le reste toute sa vie.
Dans le bureau du consulat de France à Tananarive - service des visas :
- À part voler, trafiquer, se prostituer, glander, qu'est-ce que vous voulez faire à la Réunion ?
Chaque instant avec elle était euphorique, mais je sais qu'elle est une addiction qui me dévore vivant. J'aurais besoin d'une nouvelle dose et je serais prêt à tout pour l'obtenir
heureusement, aucun navire anglais de passage en Méditerranée n'était disponible pour transporter une charge aussi lourde et les ouvriers se contentèrent de voler une des six Caryatides, sectionnée de son portique de marbre comme on coupe une artère du cœur.
Et voici un passage de la page 99, extrait de la nouvelle Le vice-voyageur :
« Il y a cinquante ans, quand l’épidémie de variole est arrivée, le village de mon grand-père s’est retrouvé désert. Plus que désert : maudis. Les pieds de ceux qui s’y rendaient se métamorphosaient en pierre. Un village sans personne cesse d’avoir un ciel : les nuages s’effondrent par terre, linges blancs inutiles.
Et il est arrivé aux vivants ce qui advient aux défunts : plus personne ne pouvait dire son nom. Qui a apporté cette maladie ? demandaient les villageois surpris. Les maladies ne s’apportent pas, a dit mon grand-père. Elles s’allument. C’est comme le feu : la paille est déjà là, l’allumette arrive sans qu’on sache comment. »