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Citations à l'affiche
J'ai vu tant de fous

souffler sur la bougie

et s'étonner de l'ombre dans leur vie.

J'en ai vu défaire le jour de leurs épaules

comme d'un manteau la neige et

revenir de la beauté les mains vides.
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Le grand mot "amour",

Il faut l'interdire

De circulation

Et l'emprisonner

Dans le dictionnaire.
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Il franchit à toute allure le rideau d'arbres, parcourant à grandes enjambées le sentier si souvent emprunté, insensible aux coups de fouet et aux gifles assénées par les branches qui dépassaient çà et là. Il atteignit la rivière, le souffle court, et s'arrêta net sur la berge...

Le cours d'eau majestueux n'était plus qu'une cicatrice poussiéreuse. Le lit totalement sec s'étirait en aval comme en amont, ses méandres sinueux traçant le chemin jadis emprunté par les flots. La cuvette creusée au fil des siècles n'était plus qu'un patchwork craquelé de roc et de mauvaise herbe. Le long des rives, des racines d'arbres noueuses et grisâtres étaient à nu, entrelacées comme des toiles d'araignée...

Cette même eau dans laquelle Luke et lui se plongeaient chaque été, s'aspergeant mutuellement, se délectant de sa fraicheur. Cette eau qu'il ne quittait pas des yeux des heures durant, fixant les lignes de pêche animées d'un mouvement hypnotique, sentant le poids solide et rassurant de son père contre son épaule...

Falk essaya de prendre une longue inspiration, mais dans sa bouche l'air avait un arrière goût chaud et écoeurant. Sa propre naïveté le terrassa tel un accès de folie. Comment avait-il pu s'imaginer que de l'eau fraîche coulait encore près de ces fermes quand une bonne partie partie de leur bétail gisait mort dans les champs ? Comment avait-il pu se contenter de hocher bêtement en entendant le mot sécheresse répété à l'infini, sans que jamais lui vienne à l'esprit l'idée que la rivière était à sec ?
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Tout est nommé et tout a une place avec quelques exceptions. Par exemple, la grand-mère a perdu son mari, elle est veuve. Sa mère aussi a perdu son mari, elle est veuve. Lui a perdu son père, il est orphelin de père. La grand-mère a perdu trois fils, ça n'a pas de nom.
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C'était drôle de voir à quel point les gens aimaient se plaindre de leurs parents.
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Mes yeux ont suivi l'arête de son nez.

La ligne fine de ses sourcils.

Elle avait les yeux couleur d'ambre.

Elle était parfaite.
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Je me couchais, la lune un instant pénétrait dans ma chambre et très loin dans des clairières perdues caressait des silex que nul ne voit, la pluie furieuse les enfouissait.
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Après chaque guerre, les gens recommencent à dire : plus jamais ça, c'était tellement épouvantable, il faut à tout prix éviter que cela se répète, et pourtant les gens recommencent toujours à se battre entre eux. Jamais il n'en sera autrement, tant que les gens pourront respirer et vivre, ils se disputeront toujours et, en temps de paix, ils se chercheront de nouveau querelle.



[La vie de Cady]
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— [...] Sigarni n'est qu'une femme.

— Décidément, tu ne vois rien, répliqua le vieil homme, et ta vanité masculine est sans limites. Cette femme a été traînée dans une cellule où quatre hommes l'ont violée, sodomisée, battue de manière totalement gratuite. Ils lui sont tombés dessus comme des animaux...

— Je ne veux pas entendre ça ! rugit Fell en se levant à moitié.

— Tu vas pourtant m'écouter ! tempêta le magicien. Ils lui ont donné des coups de poing, ils l'ont mordue. Ils lui ont tailladé les fesses avec leurs couteaux aiguisés, et l'ont forcée à commettre des actes inavouables. Puis ils l'ont abandonnée sur le sol de la cellule, étendue sur la pierre froide dans son sang et son vomi. Oui, tu peux prendre l'air choqué, car ces hommes ne faisaient que s'amuser, Fell. Elle est restée là et, environ une heure plus tard, un nouveau garde est entré dans la cellule. Lui aussi a voulu goûter sa chair. Elle l'a tué, Fell. Puis elle a traqué les autres. Elle en a abattu un dans l'escalier de la prison. Elle a tué une sentinelle dans la cour, et deux autres soldats devant une taverne. Quant au dernier, tu l'as vu, dans sa belle cape rouge en laine. À lui, elle lui a déchiré la gorge. Ce n'est qu'une femme ? Par tous les dieux des Neuf Mondes ! mon garçon, en dépit des tortures qu'elle a subies, elle a été capable de tuer six hommes forts !
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Andreï Platonov
La terre dormait nue et tourmentée comme une mère dont la couverture aurait glissé.
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Quelques jours plus tôt, elle avait accepté mon invitation au cinéma et, dans la pénombre de la salle, après plusieurs tentatives, j’osai enfin lui prendre la main. Ce seul contact suffit à m’exalter pendant tout le film. Durant ces cent dix minutes, je me vis passer le reste de ma vie avec cette femme magnifique : nous nous mariions, nous avions des enfants, gâtions nos petits-enfants, fêtions nos noces d’or et, à la fin de notre vie, assis sur une pierre à la porte de notre maison, heureux comme des fleurs, nous contemplions le vaste crépuscule de la pampa.
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Les enfants, selon une étrange loi semblant régie par un mouvement pendulaire, vont toujours vers l’extrémité opposée à celle souhaitée par les parents, et plus on prétend définir leur avenir, plus ils s’éloignent de notre désir.
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En chemin, en faisant attention à ce que don Leo ne la voie pas dans le rétroviseur, doña Chayito, le plus naturellement du monde, a passé la main sous sa jupe et sa culotte, et en a sorti une feuille de papier qu’elle a pliée et m’a tendue ; c’était un nouveau communiqué des étudiants, différent de celui que Raúl avait apporté ce matin à la maison, ai-je jugé d’après le titre. J’aurais eu du mal à le lire dans la pénombre. Je l’ai replié et l’ai glissé sous mon soutien-gorge.
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Son regard se posa sur le petit livre gris qu’il avait pu emprunter. Le Poids de la poussière. C’était bien trouvé. Les grains de poussière ne se remarquent pas, et on ne les voit pas parce qu’ils sont tellement microscopiques et parce que, au début, la couche de poussière est transparente si l’on ne possède pas de surmoi à retardement. Si l’on n’a pas peur de sombrer socialement, et si l’on ne voit pas le ménage comme un rempart. Combien d’années faudrait-il pour que la poussière se fasse sentir sur un pèse-lettre ?
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Paul Claudel
Semeur de clochers, venez à Combernon ! nous vous donnerons de la pierre et du bois, mais vous n'aurez pas la fille de la maison !



dans "L'Annonce faite à Marie"
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– Le nom, poursuivit la brebis, est cette chose qui englobe, en un seul mot, tout ce que tu es. J'ai donc choisi Marguerite.
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La vérité contraire aux faits n’existe pas. La vérité est toujours concrète, comme l’écrivait Bertolt Brecht, et seuls les constats en question sont concrets.
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J'ai connu mon père avant moi-même. Je suis donc un peu lui. En l'absence de mère, la poitrine osseuse de Sylvestre Vitalicio fut mon unique giron, sa vieille chemise mon mouchoir, sa maigre épaule mon oreiller. Son ronflement monocorde mon unique berceuse.

Pendant des années, mon père fut une âme douce, ses bras faisaient le tour de la Terre et en eux résidaient les plus anciennes quiétudes.
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Camarade, Beria tombera un jour, et Anikine avec lui, et ils entraîneront dans leur déchéance tous ceux qui se seront faits leurs complices. Regarde ce qui est arrivé aux hommes que nous pensions indéboulonnables : Boukharine, Rykov, Kamenev, Zinoniev. Et ton Beria, qui a pris la place du tout-puissant Iejov, qui avait pris la place du tout-puissant Iagoda, qui avait pris le place du tout-puissant Menjinski, qui avait pris la place du tout-puissant Dzerjinski…

(page 56)
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Leïla murmura :

- C’est la démocratie. On ne peut rien faire.

- Non, maman, ce n’est pas la démocratie. Les islamistes ont très clairement annoncé la couleur : ils veulent prendre le pouvoir par les urnes puis modifier la constitution pour supprimer les urnes.
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